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EAN : 9782226245236
160 pages
Albin Michel (01/02/2013)
3.16/5   19 notes
Résumé :
Le 11 février prochain, on commémorera les cinquante ans de la mort de la poétesse Sylvia Plath, suicidée à 31 ans. Oriane Jeancourt Galignani, en s'inspirant du roman autobiographique de l'écrivain, La Cloche de détresse, et de ses poésies les plus personnelles, imagine le récit, à la première personne, de sa dernière année.
En entrelaçant son récit d'extraits de Plath, l'auteur nous donne à découvrir ses vers, mais encore son style, le récit imaginaire appo... >Voir plus
Que lire après Mourir est un art, comme tout le resteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique

À quelques jours de mes 72 ans, la mort commence inévitablement à se pointer à mon esprit. Non pas que j'ai à me plaindre de ma santé, mais arrivé à cet âge cela peut très vite changer. Et ces derniers temps la mort a été fort présente dans mes pensées, à la suite du décès de ma première et grande amie sur Babelio, ClaireG ou Claire Gérard de Bruxelles, à qui les derniers honneurs seront rendus aujourd'hui même et à qui je rends ici mon humble hommage.

Cet ouvrage d'Oriane Jeancourt Galignani nous raconte la vie dramatique de Sylvia Plath, la grande poétesse américaine, morte suicidée à l'âge de seulement 30 ans. La qualité de sa poésie et sa fin tragique font que ce roman de 2013 n'est pas le premier et certainement pas le dernier à être inspiré par sa vie. Presque 20 ans après s'être gazé dans la cuisine de son appartement à Londres, le 11 février 1963, elle a reçu le fameux prix Pulitzer, ce qui est unique !

À part son oeuvre littéraire et sa mort, Sylvia Plath continue à faire l'objet d'écrits pour sa véritable place dans l'histoire du féminisme anglo-saxon et son mariage avec le poète anglais Ted Hughes (1930-1998). de la philosophe et écrivaine émérite néerlandaise Connie Palmen j'avais lu "Ton histoire. Mon histoire" qui explore justement les rapports parfois tumultueux entre ces 2 poètes célèbres. Cet ouvrage m'a incité à lire son recueil de poèmes "Ariel", publié après sa mort et qui m'a impressionné par sa qualité.

Sylvia Plath a été toute sa vie maniaco-dépressive. Depuis la mort de son père, un émigré allemand et entomologue connu, lorsqu'elle avait 8 ans, elle a été confrontée à ce que l'on appelle de nos jours des troubles bipolaires graves, qui lui ont valu des hospitalisations en psychiatrie. Au moment de la mort de son père chéri, qui venait d'avoir 40 ans, la petite Sylvia aurait (selon Wikipédia) murmuré : "Je ne parlerai plus à Dieu". Qu'elle ait été considérablement affectée, voire perturbée, par ce décès ne fait pas l'ombre d'un doute. Dans quelle mesure il a eu des conséquences néfastes sur son équilibre mental à plus longue échéance est une question sujette à spéculations contradictoires.

Toujours est-il que la pauvre poétesse a connu des moments de grandes souffrances psychologiques, comme il ressort nettement de son unique roman autobiographique "La cloche de détresse" , publié l'année de sa mort sous un pseudonyme, qui constitue une espèce de "Chronique d'une mort annoncée", pour reprendre le titre d'une oeuvre du Nobel colombien, Gabriel Garcia Márquez. Un roman incontestablement beau, mais que je ne recommande pas, car trop triste.

Sylvia Plath, née près de Boston aux États-Unis en 1932, a étonné son monde par son intelligence précoce exceptionnelle. À l'âge de 8 ans elle a réussi à publier son premier poème. Elle a obtenu son diplôme au Smith Collège, une institution renommée, avec "summa cum laude" et en 1956 elle a gagné une bourse Fulbright (pas évident du tout) pour aller étudier à l'université de Cambridge en Angleterre.

C'est à Cambridge qu'elle a fait la connaissance d'Edward ou Ted Hughes, qui a eu l'honneur d'être nommé le "poète de la Reine" et avec qui elle s'est mariée, très très peu de temps après son arrivée outre-Manche, et de qui elle a eu 2 enfants : une fille Frieda (prénommée ainsi en hommage à l'artiste peintre mexicaine Frida Kahlo ?), née en 1960 et un fils Nicolas 2 ans plus tard. Ce Nicholas a été victime de fortes déprimes et s'est également suicidé, à l'âge de 47 ans.
J'ignore s'il y a eu un rapport avec la séparation de ses parents l'année même de sa naissance, 1962 ? Une séparation due à l'état psychique de Sylvia et l'infidélité de Ted.

Peu de temps après ces bouleversements importants se situe le suicide de Sylvia Plath. C'est par cet événement saisissant que commence "Mourir est un art, comme tout le reste". Elle bâillonne la porte de la cuisine avec du sparadrap pour sauver Frieda et Nicholas, avant de metre la tête dans le four de la gazinière.

Ce passage m'a donné envie d'arrêter ma lecture, tellement qu'il m'a horripilé, surtout que je sois loin de ma forme des grands jours, à cause du décès mentionné plus haut. Puis, je me suis souvenu que c'était exactement Claire qui m'a convaincu de persévérer lorsque à mes débuts sur Babelio, j'ai failli, légèrement déçu, arrêter mes billets sur notre site. C'est grâce à elle, en somme, si un an et demi plus tard j'y suis toujours activement présent.

Par ailleurs, abandonner cet ouvrage n'aurait pas été très respectueux de ma part envers le travail formidable d'Oriane Jeancourt Galignani, dont c'était la première oeuvre littéraire. Par la suite, l'écrivaine a publié 2 autres ouvrages : "L'Audience" en 2014 et qui a eu un franc succès sur Babelio, et l'année dernière "Hadamar".

Oriane Jeancourt Galignani, comme journaliste sait manier sa plume et comme directrice des pages littéraires du magazine "Transfuge" peut nous apprendre beaucoup sur les belles-lettres et leur évolution. Son style est précis tout en étant remarquablement fluide. Ce roman qui "s'est accordé toute liberté" (page 213) ressemble à une "vie imaginaire" basée sur l'existence de personnalités réelles. À cette fin, l'auteure s'est documentée à fond sur la brève et riche existence de Sylvia Plath.
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J'avoue humblement que je n'avais jamais entendu parler de Ted Hughes, grand poète britannique contemporain, ni de sa femme Sylvia Plath, poétesse elle aussi, auteure de « La Cloche de détresse » et de « Ariel ». Et personne n'a célébré le cinquantenaire de son suicide, en février 1963. J'ai acheté ce livre sur le nom de son auteure, jeune journaliste, dont c'est le premier roman.
Et j'avoue qu'après l'avoir commencé, et malgré l'évidente qualité de l'écriture, le sérieux de la documentation, la capacité rare à susciter des images fortes … la tristesse est tellement prégnante qu'il m'a fallu beaucoup de courage pour aller jusqu'au bout. A la dernière page, on est sonné, comme un boxeur près du K.O. et qui descend du ring, les arcades sourcilières tuméfiées, chancelant.
Car l'histoire est celle d'un amour fou entre deux étudiants, tous les deux poètes, tous les deux doués. Mais l'un va dévorer l'autre, lui, le poète célébré très jeune va la convaincre, elle, qu'elle n'est pas à la hauteur, qu'elle ne vaut rien. C'est une histoire classique d'emprise, de désespoir et d'amour tari, avec les conséquences désastreuses chez une femme fragile, au passé familial passablement difficile, qui ne surmonte pas cet abaissement permanent de l'homme auquel elle a tout consacré. Encore plus dramatique est sa conviction qu'elle sera incapable de s'occuper correctement de ses deux très jeunes enfants. Lui, Ted, la trompe puis la quitte pour une femme susceptible de favoriser sa carrière.
Alors un matin d'hiver, froid comme l'enfer, Sylvia trempe des serviettes dans l'eau froide, calfeutre la porte de la cuisine, ouvre les robinets du gaz et met sa tête dans le four. Son mari publiera son dernier recueil de poèmes après sa mort, non sans en avoir élagué ce qui lui apparaît comme redondant …. On rêve ! Son infidélité ne réussira cependant pas à sa nouvelle égérie, qui elle aussi, se suicidera … Mais ça, ce n'est pas dans le roman.
Alors, je préviens, ceci n'est en aucun cas un livre à laisser entre toutes les mains, dépressifs s'abstenir …
Une question troublante me taraude : comment une jolie jeune femme, elle aussi douée pour l'écriture, peut-elle ainsi se glisser dans la tête en miettes d'une artiste perturbée, dans les derniers jours qui précèdent son suicide, certes, à partir de documents et d'études abondamment publiés depuis 50 ans à propos de cet épisode dramatique – ce qui est précisé à la fin de l'ouvrage - et surtout à partir des poèmes retraduits par l'auteure elle-même, qui jalonnent le texte d'images saisissantes ?
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La vie de Sylvia Plath me fascine autant que ses écrits. C'est pourquoi j'aime lire des livres qui parlent de ce qu'elle a vécu, même lorsque c'est en grande partie imaginé.



J'avais lu « Froidure » de Kate Moses, mais bien qu'il était intéressant, je l'avais parfois trouvé trop abstrait. J'ai nettement préféré « Mourir est un art, comme tout le reste » car même si les vers intercalés (réellement écrits par Sylvia) indiquent une sorte de voix intérieure, c'est beaucoup plus concret. On s'y perd moins.



L'auteure imagine la dernière soirée de Sylvia Plath. On navigue entre ce moment et le passé : son enfance, ses parents, sa première dépression, sa rencontre avec Ted Hughes, leurs enfants Frieda et Nicholas, la tromperie de Ted, le divorce, le froid, le rejet de son travail, « l'oiseau de panique » jamais très loin… la descente aux enfers. C'est éprouvant car il est difficile d'imaginer que cette histoire soit si différente de ce qu'il s'est passé en réalité. On sent tout le désespoir de Sylvia, cette si grande dame. En lisant ce livre, j'ai tellement eu envie de lui dire « accroche-toi, tu peux y arriver seule ! ». Elle semblait si forte et méritait tellement mieux, malgré tout ce qu'elle pouvait penser. Je mets d'ailleurs la note de 4,5/5 car c'est un très bon livre, mais qui insiste parfois trop sur le côté « dépendante » de Sylvia.



Je n'ai jamais eu une bonne image de Ted Hughes. Je l'ai toujours vu de la même façon que l'auteure, c'est-à-dire : un macho insensible et égocentrique. Ce livre m'a donc encore plus conforté dans mes idées, même si je garde en tête que cela reste une fiction écrite par une personne qui n'est ni Ted ni Sylvia. 
Ted n'est pas le seul homme qui a une mauvaise image dans ce livre, il y a aussi Otto (le père de Sylvia), un homme détestable avec des idées nazies…et qui semblait ne pas pouvoir s'empêcher de rabaisser Sylvia.



La question de la maternité est assez omniprésente. Étant donné son ultime geste, Sylvia pourrait être mal-vue par certains, mais ce livre nous fait bien ressentir tout l'amour qu'elle leur portait, et les vies heureuses qu'elle voulait qu'ils aient. Et même si c'est une fiction, on ne peut s'empêcher d'y croire. Si elle n'a pas continué, ce n'est pas parce qu'elle ne voulait pas mais parce qu'elle ne pouvait plus. J'ai d'ailleurs aimé les derniers paragraphes qui semblent faire le point entre la fin tragique de Sylvia et celle de son fils, comme si les deux s'étaient finalement retrouvés dans un monde meilleur.
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Exercice délicat que d'inventer les parties non renseignées de la vie de Sylvia Plath.
S'immiscer entre des faits bien réels, faire des jonctions tout en conservant l'âme de la poétesse.
Mourir est un art, comme tout le reste pourrait être une biographie de Sylvia Plath.
Ce qui est fascinant chez Sylvia, c'est l'amour inconditionnel qu'elle porte à son mentor, poète et mari, Ted Hugues. Il ne la respecte pas et ne la soutient pas plus, mais la dépendance amoureuse de Sylvia est au-delà du mépris de son mari.
Ce qui me semble le moins réussi dans le roman sont les extraits de poèmes de Sylvia dans le texte d'Oriane Jeancourt Galignani.
Les vers de la poétesse étant traduit en français, la musicalité des poèmes est malheureusement compliquée voire impossible à restituer.
Oriane Jeancourt Galignani fait de Sylvia Plath un authentique personnage romanesque, dans l'imbrication étroite de la fiction et de la réalité.
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« Mourir est un art, comme tout le reste » de Oriane Jeancourt Galignani est le genre de livre que j'aime (une biographie romancée) d'autant plus que ce roman est dédicacé par l'autrice. Il s'agit d'un cadeau du magazine Transfuge qui m'a passionnée pour son sujet - la fin de la vie de Sylvia Plath - et pour son écriture.
Je l'avais noté depuis longtemps comme référence et pour cause, cette poétesse américaine du 20ème siècle souvent comparée à Virginia Wolf. Comme elle, Sylvia Plath s'est donné la mort accablée par les tortures de l'esprit et créatrice de textes puissants.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
" Je n'ai que trente ans. Comme les chats, je dois mourir neuf fois. "

Sylvia Plath (1932-1963)

(page 94)
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Avant de quitter Court Green, Ted lui a jeté "pourquoi tu fais ça?" Elle tourne dans le salon et égrène "parce que Nicholas hurle jour et nuit et que tu ne l'entends pas. Parce que nos deux corps s'ignorent et que tu t'en contentes. Parce que je n'ose pas te désirer avec mon ventre informe. Parce que je m'étais promis le jour où l'on s'est rencontrés de ne jamais te faire de reproches mais de partir lorsque la vie serait trop dure. Parce que je ne tiens pas mes promesses. Parce que je ne serai jamais celle qui part. Parce que j'étouffe dans ton pays d'eau et de cyprès. Parce que l'année prochaine les choses ne changeront pas. Parce que j'avais tellement espéré qu'elle changeraient. Parce que ta vie restera l'officielle et la mienne l'officieuse. Parce que tu ne vois pas que je me noie...
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La Volkswagen roule à fond sur la route du Connemara. La maison de Richard n’est qu’à quelques kilomètres de Cleggan. Le vent s’est levé, la pluie cogne contre les vitres, l’océan, comme un séisme dans la nuit, gronde sous leurs pneus. Sylvia, pelotonnée sur la banquette arrière, se colle à la fenêtre. Les mots reviennent, elle les écrira demain. La fin des terres : le bout des doigts, noueux et douloureux, crispés sur rien. Des falaises noires et moralisantes, et la mer qui explose sans fond, sans fin, sans rien à affronter, blanchie par les visages des noyés. Sous les voitures, la voiture titube. Sylvia ne craint pas l’embardée. Elle aime le vent, il courbe arbres et hommes dans la même direction : le monde prend soudain sens.
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Elle se voit encore la veille ramasser les assiettes dans la nuit, élaborant des répliques aux débats lancés par Assia, alors même que plus personne ne l’écoutait. Vieux sentiment de parler muselée, de marmotter des phrases inaudibles. 
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Ce seize juin, ses abeilles sont gonflées de pollen, on entend leur bourdonnement à des centaines de mètres à la ronde. La chaleur leur infuse une énergie démente, une de ces ivresses caniculaires que seul le sang apaise.
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Videos de Oriane Jeancourt Galignani (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Oriane Jeancourt Galignani
Les arbres tombent-ils vraiment dans le grand parc de la propriété du Val de Loire auquel Paul a prodigué tous ses soins ? le vieil homme qui vit là, seul, depuis qu'il a quitté Paris et la vie active, alerte sa fille et lui demande de l'aider. Zélie le rejoint, comprenant que ce père, jadis si puissant, lui lance un ultime appel au secours. L'amour d'un père et d'une fille est un sentiment pudique et délicat : les voici qui tentent de se parler sous les frondaisons, soignant ensemble les bois dans lesquels, quinze ans plus tôt, ils n'ont pas su empêcher leur fils et frère de se donner la mort. Survient Luc, qui trouble leurs retrouvailles en les obligeant à se confronter à leurs secrets. Un roman d'une beauté simple et tragique, qui révèle toute la maturité littéraire de l'auteur.
Oriane Jeancourt Galignani a publie plusieurs romans, dont Hadamar (Grasset, 2017, prix de la Closerie des Lilas) et La Femme-écrevisse (Grasset, 2020). Elle est critique litteraire et theatrale et redactrice en chef de la revue culturelle Transfuge.
En savoir plus : https://bit.ly/3uoRKyO
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