Paula et Brigitte. Brigitte et Paula. Une fille de la ville, l'autre des champs. Mais les mêmes attentes, des ambitions similaires pour autant qu'on appelle ambition, la recherche du bon partit, entendez celui qui rapporte. L'opération nécessite des artifices, de la patience et surtout des idées bien arrêtées, une boussole en guise de coeur, indiquant le nord de la réussiste, par procuration en l'occurence. La femme doit donner sans se donner avant que le poisson soit définitivement ferré : mariage, enfant, parfois dans le désordre. L'une réussira son rêve petit bourgeois, l'autre finira à faire des passes sur le bas-côté des routes.
Atroce.
Elfriede Jelinek, étale façon frontale, dans un style dépouillé et très appuyé, la dégoûtante petite ronde nuptiale, véritable jeu de dupe. le style est d'un cynisme délibéré qu'on ne saurait qualifier d'ironique tant l'intention est évidente. le roman paru en 1975 date un peu, non que la "situation" ne rentre pas en ligne de compte dans la recherche amoureuse, loin de là, l'argument est toujours massue, mais il semble que les femmes ne soient plus assignées à ce point à cette sujétion, qu'il leur faille obligatoirement un homme pour concevoir un avenir un tant soit peu ambitieux. Cela dit l'atroce confine au jubilatoire pour les lecteurs irrévérencieux mais pour les amateurs de grand style, de nuance et de subtilité dans le propos, on repassera.