Il est des fois où le temps, l'espace, permettent aux vivants et aux regrettés de se rencontrer.
Il est d'ailleurs une fois où la nature a sonné cette venue grandiose, fait valser sa tempête, éclairé le ciel sombre de ses foudres sauvages et le miracle fut.
C'est cette histoire qui est raconté, celle du petit pêcheur et du squelette.
Il était une fois un petit pêcheur qui habitait une petite cabane en bambou, à l'orée d'une jungle urbaine où se dressent une forêt de tours grises.
Ce jour, où les choses impossibles arrivent, le petit pêcheur décida de braver les précieuses recommandations de feu son père et de rapporter ce jour déchaîné un poisson de choix.
« Il ne faut jamais sortir en mer quand les nuages sont couleur de suie et que les oiseaux s'enfuient vers le rivage ».
Défiant les énormes rouleaux d'eaux noires et d'écume argentées, ne se laissant pas effrayer par les éclairs, Tong trouvera face à lui un squelette déposé dans sa barque par la mer en furie.
D'abord, épouvanté par cette pêche dont il ne reste que les os, la peur cédera à la bonté d'un jeune Tong, généreux et bien élevé.
Que de souvenirs qui reviennent aussi, réchauffent les os qui cliquettent, éternellement chatouillés par l'insupportable froid.
La saveur et l'odeur d'un bol de soupe, la chaleur d'une couverture chaude, le souvenir de l'amour que l'on vous porte.
Et devant les yeux de l'enfant ébahi, le miracle se produisit.
Le nouvel album de
Chen Jiang Hong sonne comme un air de conte, résonne comme une leçon de vie sur la générosité et le respect des anciens par ailleurs.Tong se voit récompensé de sa générosité désintéressée comme l'a été la jeune fille de notre conte français, « Les Fées », qui offre son eau puisée à la vieille femme qui à soif.
Aucun bijou ni bouton de fleur sortant de sa bouche à chaque parole mais un cadeau pour Tong tout aussi précieux, qui vient répondre à l'un de ses besoins essentiels.
Un nouveau papa.
Nous pouvons noter que certaines cultures asiatiques portent un très grand respect aux âmes défuntes en célébrant les regrettés à des moments conviviaux du quotidien, avant certains repas par exemple et non juste à la période de Halloween comme en occident.
Nous retrouvons cet aspect décomplexé au travers de l'aventure magique de ce squelette qui d'ailleurs est invité à partager le repas de ce petit garçon, qui n'hésite pas à se montrer un hôte complet, offrant généreusement toute sa nourriture et son maigre confort. Nous retrouvons aussi l'importance de l'accueil de l'Asie légendaire, de la transmission des valeurs, de la tradition.
Ce nouveau papa continuera d'offrir la sagesse, le savoir, l'expérience et l'amour que lui avait transmis le parent défunt dont parle l'histoire.
C'est étrange puis émouvant. le merveilleux chasse les nuages lourds, remet dans cette histoire l'importance de la simplicité, de la famille au coeur d'un décor grisé par une modernité qui en manque peut-être.
Entre la robinsonnade et le conte merveilleux,
le petit pêcheur et le squelette est réellement très agréable à découvrir dans son grand format à l'italienne.
Chen Jiang Hong donne la part belle à l'illustration pleine page. Une nouveauté de rentrée qui réjouit, le 31 octobre arrive à grands pas. Une fantastique histoire de saison !