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Fin des années 50 dans une petite ville des environs de Liège. Mme Vandelamalle entre chez les Bjor pour leur proposer de prendre sa protégée, Josée, comme apprentie vendeuse en boulangerie.

"Le destin n'est pas une puissance occulte. Ce peut être tout simplement une dame bien mise en imperméable beige qui entre dans une boulangerie un samedi matin. Elle-même ignore qu'elle s'apprête à ruiner la vie de personnes contre lesquelles elle ne nourrit aucun noir dessein. Elle a franchi le seuil avec les meilleures intentions du monde. Si elle savait sur quel gouffre ce seuil bée, n'en doutons pas, elle quitterait les lieux aussitôt." (pp.10-11)

Cette prédiction fataliste donne le ton : des vies, la quiétude de la petite famille et des habitants de Marfort vont être détruites. Quelle belle manière, dés les premières pages du roman, de créer le suspense qui ne m'a pas lâchée jusqu'à la fin du roman ! D'emblée, on sait que quelque chose de tragique va arriver, reste à découvrir comment vont s'articuler les événements. Au fil des pages, les passions qui habitent les personnages, jalousie, désir, vengeance, remord se découvrent peu à peu. L'auteur nous plonge avec une étonnante facilité au coeur même des pensées et des sentiments des acteurs de la tragédie. Les non-dits lourds de sens, les indices savamment distillés, les réflexions ironiques du narrateur préparent la fin tragique jusqu'au point de rupture. Et, à la dernière ligne, un brin surprise d'avoir lu les 270 pages d'une seule traite, je me suis dis : "Diantre, c'était trop court!"

Comme toujours, quand je lis un livre d'Armel Job...
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Un régal !
Il y a tellement de choses à savourer dans ce roman ! Il est à la fois un très beau roman d'ambiance, très fin, très bien écrit, un thriller psychologique difficile à lâcher, un livre sur la fragilité de l'être, l'innocence peu récompensées et le côté clair-obscur du passé…
On y trouve un descriptif habile de la mentalité de village : les commérages, les rumeurs, le mal, les souvenirs qui reviennent douloureusement. On y côtoie la jalousie et la haine, les rancoeurs et les secrets de famille…
Un très beau livre, à lire absolument !
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Fin des années 50. le couple Borj tient une boulangerie dans un petit village de Belgique. Un commerce de famille fondé par les parents de Ruben. Gilda devenue son épouse y avait effectué son apprentissage de serveuse. Ils mènent une vie tranquille avec leurs deux enfants jusqu'au jour où la directrice de l'Oeuvre nationale des orphelins de guerre se présente chez eux. Elle leur demande de prendre en apprentissage une orpheline prénommée Josée. Bien que réticents au départ, ils acceptent. Josée a seize ans comme leur fille Astrid et elle pourra délester Gilda de certaines tâches. La jeune fille a perdu a mère durant un bombardement et depuis, elle présente quelques petites séquelles. Rien de bien méchant car selon la directrice, sa marraine, elle est en bonne santé.

Le décor est planté et très vite, on est piqué de curiosité. Josée est touchante par sa candeur. Une fille un brin naïve, trop gentille et serviable. Et c'est vrai qu'elle rend bien service. La preuve, Gilda a désormais du temps pour elle. Mais un événement anodin, en apparence, va provoquer bien des remous et révéler des failles profondes. Rumeur, jalousie vont faire surface provoquant l'érosion des apparences. Les personnalités se révèlent, le poids des non-dits craquèlent le vernis dans cette petite ville provinciale aux lendemains de la guerre.

Bien troussé avec un sens de la formulation réjouissant et des personnages bien campés, les pages de ce roman se tournent toute seules. Armel Job ausculte l'âme humaine avec finesse et restitue une ambiance de façon très convaincante.
Sans prêcher dans un excès de rebondissements, cette lecture maintient une tension jusqu'à la dernière page. C'est efficace et bien tourné !

Lien : https://claraetlesmots.blogs..
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Ce 13 septembre 1958, Léopoldine Vandelamalle pousse la porte de la boulangerie Borj, à Marfort. Elle ne veut ni pain, ni pâtisserie. Elle représente l'oeuvre nationale des orphelins de guerre. de l'argent ? Non, elle ne vient pas non plus demander l'aumône. Elle propose aux Borj d'engager sa protégée comme apprentie vendeuse. « Josée était en parfaite santé, mais souffrait d'une légère déficience mentale consécutive au traumatisme », car elle est la seule rescapée du bombardement qui a décimé toute sa famille.
Les Borj n'ont pas vraiment besoin d'aide, pourtant, Gilda se souvient avec émotion de ses débuts dans le commerce, et imagine avec volupté du temps libre pour elle. Josée a l'âge d'Astrid, leur fille, Gilda est donc habituée à gérer une adolescente, cela ne coûte rien de la prendre à l'essai.
Qui aurait pu croire que ce simple geste allait mettre Marfort en ébullition ?
Depuis 2000, Armel Job publie un roman presque chaque année, au mois de février. J'ai découvert cet auteur avec sa première oeuvre, « La femme manquée ». Depuis, j'attends fidèlement le moment de le retrouver, un moment de grâce où il ne faut pas me déranger pendant ma lecture. Il ne m'a jamais déçue.
Cette « Drôle de fille », je la guettais avec impatience, sans savoir ce qu'elle me réservait. Je préfère garder la surprise et ne pas lire la quatrième de couverture. En effet, il vaut mieux en divulguer le moins possible, car Amel Job ne manque jamais de nous étonner.
Nous voici transportés à Marfort, un petit village campagnard, en 1958. D'entrée de jeu, l'auteur crée une ambiance. A la suite de cette « femme élégante sanglée dans un imperméable beige », entrons dans la boulangerie Borj où Ruben pétrit sa pâte et cuit ses pains. Il se lève à trois heures du matin pour enfourner ces trésors qui charment l'oeil et l'odorat des gourmands. « Contre le mur, sur la rangée supérieure d'une étagère en bois, les gros pains ronds sévèrement alignés parurent un instant plus dorés. La lumière caressa encore la rangée au-dessous qui contenait des modèles plus petits, mais ne put atteindre, par terre, les deux corbeilles de "pistolets", les uns allongés et vernis, les autres comme la réplique en miniature des pains avec même d'attendrissantes petites baisures. »
Comme si j'avais découvert la machine à remonter le temps, me voilà ramenée à l'époque bénie de mon enfance. Ma mère nous envoyait à la boulangerie du village, sans nul doute la soeur de celle des Borj. Dans notre cuisine rudimentaire, un gros poêle à charbon, sur lequel, comme chez Gilda, « une cafetière en tôle émaillée bleue (la nôtre était verte) (…) somnole en permanence au coin du fourneau. » Chez nous aussi, on achetait une tarte ou des gâteaux pour le dessert du dimanche. Les mokas de Gilda sont couronnés « à la crème des quatre lettres BORJ qui sortent en arabesques de la poche à douille » et sur les nôtres, le nom de la pâtisserie « Malmedy ». Une fois par an, on se lance dans le « grand nettoyage », et, quand on repasse, comme Ida, nous avons de lourds fers en fonte. « Pendant qu'elle en utilisait un, les autres chauffaient à même la taque. » Je m'émerveille de ces détails que je retrouve avec nostalgie et qui me donnent l'impression d'avoir vécu il y a des siècles.
Les personnages sont campés avec précision sans qu'il soit besoin de s'emberlificoter dans de fastidieuses descriptions. Mme Vandelamalle, « nez droit, lèvres tranchantes (…) cheveux noirs, lisses, coupés court à la mode lancée par Audrey Hepburn dans "Vacances romaines" » Gilda, « jupe trapèze, un simple chemisier qui laisse nus ses bras et son cou bien en chair. » Ruben a l'air d'un rustre, en « short de football flottant et (…) tricot de peau dont les bretelles découpent une impressionnante carrure (…) le taillis de poils qui montent de sa poitrine a envahi ses épaules et ses bras à l'exception d'une zone restée aride autour de ses biceps. » « Abstraction faite de sa bobine un peu béate, Josée est une belle plante. »
Alors qu'Astrid se pavane dans une « canadienne fantaisie (…) un peu chère » et que, avant de se coucher, Gilda laisse langoureusement glisser « sa robe de chambre de soie dont les pans frissonnent légèrement », Josée est trop contente de « la robe à fleurs violettes que Gilda lui a repêchée dans la malle » ou de « l'uniforme trop étroit d'Astrid ».
Josée « lisait lentement, pouvait écrire quelques mots simple » et « prononce son prénom avec l'accent liégeois », alors qu'Astrid affecte une « dict-i-on aussi nette que les plis de sa jupe. »
L'atmosphère du village est croquée avec une ironie malicieuse. Dès que les Borj ont engagé une apprentie, les habitants défilent avec curiosité pour voir la tête de la nouvelle.
Lors des incidents qui émaillent le récit, la rumeur va bon train. « Elle glisse, elle rôde. Dans l'oreille des gens, elle s'introduit adroitement (…) En sortant de la bouche, le tapage va croissant », comme le dit cet « Air de la calomnie » du « Barbier de Séville » de Rossini.
Dans ce récit, tout est vrai et rien ne l'est. Chacun est persuadé d'agir au mieux et arrange la réalité à sa façon.
Finalement, la principale intéressée est la seule dont personne ne se soucie. « Elle n'aura été que l'innocent instrument du drôle de destin des Borj, cette drôle de fille. »
Une histoire de famille où chacun cache ses petits secrets, plus ou moins honteux, c'est évidemment fait pour moi. Alors, ce livre, je l'ai dévoré. Il m'a laissé une étrange impression douce-amère. Souvent, on a envie d'entrer dans l'histoire pour empêcher ceci, avertir celui-là, rétablir une vérité. Impossible, bien entendu. Comme le disait si justement Anouilh, dans « Antigone », dès que « le ressort est bandé, cela n'a plus qu'à se dérouler tout seul (…) On est tous innocents, en somme ! Ce n'est pas parce qu'il y en a un qui tue et l'autre qui est tué. C'est une question de distribution. » C'est le destin qui, contrairement à ce qu'on pourrait croire, « n'est pas une puissance occulte. Ce peut être simplement une dame bien mise en imperméable beige qui entre dans une boulangerie un samedi matin. »
J'ai donc adoré ce roman que je recommanderais chaleureusement.
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Un.roman qui se lit facilement mais un peu trop lisse sans aspérité qui m'a laissé une impression moyenne.
L'histoire porte sur l'arrivée de Josée dans une famille belge qui tient une boulangerie. Son arrivée va venir réveiller le passé, remuer chaque membre de cette famille, bouleverser un équilibre précaire finalement. J'ai bien aimé le fond du roman mais jaurai aimé trouver un peu plus de relief dans les mots.
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J'ai été très surprise de découvrir que ce roman était en fait basé sur des faits réels. En effet, l'auteur raconte une partie de l'histoire de sa famille et le lecteur ne l'apprend qu'à la toute fin de l'histoire.
C'est la première fois que je lis un ouvrage de cet auteur et, qui plus est, un livre se déroulant en Belgique. Etant belge, j'ai particulièrement apprécié ce point car j'ai retrouvé pas mal d'expressions purement belges, de même que des villes ou des petits rituel propres à mon pays.
L'histoire en elle-même est sympa mais sans plus. Je dirais qu'elle n'a rien de transcendant. Peu de suspens et, au final, peu de rebondissement.
Je crois que l'auteur a surtout voulu mettre l'accent sur l'importance des rumeurs et de l'hérédité au sein d'une famille. Les vices de l'un se transmettent-ils irrémédiablement à la descendance ?
On sent que l'histoire a été réellement vécue car les personnages sont très réels et plausibles.
Je dirais qu'il s'agit d'un livre intéressant, mais pas non plus indispensable à lire.
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un livre qui m'a plu , je ne connaissais pas cet auteur que j 'ai découvert pour un challenge.
Je ne m'attendais pas cette fin.
C'est un secret de famille qui se dévoile au fil des passages , l'histoire est menée tambour battant
Où peut mener la jalousie de certains habitants de ce petit village ?
un bon moment
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Une drôle de fille...

Voilà une histoire que j'ai terminée le coeur serré, meurtri, avec un goût amer.

Celui de la face cachée de l'âme humaine, analysée finement par Armel Job.

Un roman à l'atmosphère psychologique dérangeante mais tellement bien décrite.

Où l'on découvre les petites faussetés, les mensonges, les secrets, les hontes et trahisons d'un petit village, d'une famille, du "qu'en dira t'on".

Que cache t'on derrière les apparences?

Lorsqu'on gratte le vernis, que découvre t'on au sein des familles qui ont pignon sur rue?

On découvre parfois des "drôles de filles" comme Josée qui n'a pas été dotée de cadeaux de la vie.
Les fées ne se sont pas penchées sur son berceau. Elle n'en demeure pas moins une fille touchante, naïve de par son innocence, manquant cruellement d'amitié et d'amour.

On découvre aussi l'étroitesse d'esprit d'une famille, des habitants d'un village, les commérages, les jugements, les cancans, les petites jalousies qui détruisent.

Insidieusement, sournoisement, toutes ces petitesses, ces mentalités bornées, étroites,... tissent une toile qui rend le quotidien intolérable.

Un roman d'ambiance, où chaque personnage est finement analysé, où l'on se rend compte qu'il en faut peu, pour qu'une famille vole en éclat.

A découvrir! Vraiment
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On est en 1958 du côté de Liège, où on fait la connaissance de la famille Borj.
Le père, Ruben, boulanger, son épouse Gilda et les enfants Astrid et Rémi, cette famille, en apparence heureuse, va se retrouver bouleversée pas l'arrivée de Josée, une jeune orpheline envoyée en apprentissage à la boulangerie Borj.

Une jeune fille un peu simplette et épileptique avec une voix d'ange, qui va remuer le passé de certains habitants.

Doutes, jalousies, mensonges, désirs réprimés; une histoire bien pensée qui se dévoile petit à petit, un roman captivant dont on ne peut que tourner les pages rapidement pour découvrir le fin mot de l'histoire.
Une chouette découverte qu'est ce roman agréable et fluide.

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Premier livre que je lis de cet auteur. Et véritable coup de coeur !
L'auteur dénonce avec une grande justesse les travers de l'âme humaine.

On est à la fin des années 50, l'action se situe dans un petit village où tout le monde se connait...tout est dit.
Un très bon livre qui dénonce l'hypocrisie, le poids de la rumeur, l'importance du qu'en dira t-on...
Un livre sur les faiblesses, la jalousie, la betise humaine, la méchanceté.
J'ai souvent souri face au personnage de Ruben, lâche entre tous.
J'ai aimé le personnage de Madame Michaux, sage et courageuse...avec cependant ses limites de mère.
Astrid m'a énervée, Gilda a réussi à me toucher, femme blessée, après m'avoir agacée.
J'ai été émue par Josée, innocente parmi eux.
Un livre qui ne laisse pas insensible.

Vraiment un bon moment de lecture !
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