[...] parce qu’un chien tout seul c’est très con mais un chien en meute ça l’est pour deux chiens tout seuls.
Jusqu'à ne plus être que des fantômes, des brindilles qui cassent sous les regards et sous les mots.
C'était tout ce qu'on était, des brindilles. On brûlait si fort d'un regard qui ne réchauffait personne et qui se consumait dans l'air humide de cet endroit sans but.
Sur le chemin l'eau des nuages nous faisait comme des perles sur la peau. Je commençais à croire que c'était ça le brouillard, l'esprit de tous les animaux morts ici qui flottait dans l'air.
J'ai fini par sortir la tête de l'eau, juste au moment où les poumons me brûlaient tellement que j'étais obligé de revenir à l'air, même si je suis mieux la tête sous l'eau vu que ça empêche les souvenirs de bouillir.
Ça les refroidit les souvenirs. Ça fait comme un panorama froid qui me traverse, ça secoue moins que de penser dehors, se souvenir sous l'eau c'est comme penser à rien ce qui est presque comme pas penser du tout, comme quand on dort des fois pendant que la voiture roule.
La vache on aurait dit qu’il faisait au moins deux fois son poids au singe rien qu’avec son cul si bien que nous on se demandait comment il écrasait pas l’autre en cuisine. On l’appelait la vache parce qu’il était tellement gras qu’il avait des seins qui pendaient comme des pis, alors quand il passait dans les couloirs ça mugissait doucement.
Mon père il dit qu’il faut pas donner son argent à quelqu’un qui va le boire ou se le mettre dans le bras, il vaut mieux filer des choses à manger.
C’est souvent comme ça, quand on marche avec Jonas on parle pas trop mais comme on marche beaucoup ensemble moi je pense à plein de choses différentes en même temps.
Tuer les agneaux c’est pas vraiment ce qu’ils préfèrent, c’est pour ça qu’ils apprécient les Marocains de la ville d’en dessous qui les achètent vivants même s’ils sont chiants à toujours vouloir négocier, le père il dit “le prix, c’est le prix !”.
Personne ne savait exactement ce que c’était qu’un Arabe, on avait appelé ça comme ça parce qu’un jour un grand du village nous avait raconté une histoire où un Français, un Allemand et un Arabe font le pari de tenir le plus longtemps possible dans une cabane où est enfermé un bouc puant la mort.
Manger des insectes ça m’est égal, un été on a fait griller des sauterelles j’avais trouvé ça cool, mais je veux pas manger ceux qui se nourrissent avec ma propre merde.