Green Lantern - Urban, tome 0 : Le retour d'Hal Jordan

Le Green Lantern revisité par Geoff Johns et Ethan van Sciver constitue une chouette interprétation du personnage et du corps de police spatiale que sont les Green Lantern (GL).

Les auteurs décident de ramener Hal Jordan, le GL original, qui est non seulement dominé par l'incarnation de la vengeance qu'est le Spectre, mais recèle en lui le reliquat de l'incarnation de la Peur : Parallax. Sans entrer dans les détails, Parallax constitue l'ennemi primaire des GL, la peur qui anéantit la volonté, le jaune qui anéantit le vert (les émotions sont des forces fondamentales associées à des couleurs dans l'univers de GL). Il s'agit ici de faire briser cette entité hybride et de faire revenir Hal.

Les auteurs approfondissent plusieurs points de détail qui n'ont l'air de rien mais enrichissent bien l'univers. Comme le fait qu'un anneau GL ne permet pas la traduction universelle au-delà d'une certaine distance, ou l'explication du désamour de Batman pour Hal : Batman règne grâce à la peur qu'il inspire, et Hal, lui, ne connait pas la peur. La diversité des constructions générées par les anneaux GL, qui dépend de son porteur, est également intéressante. On voit clairement la différence entre ce que fait un ingénieur et un sportif.
Le dessin est aussi de qualité.

Évidemment, je parle chinois pour les non-amateurs de comics. Alors retenons que cela a été un bon moment de détente.

J'ai été exposé à Geoff Johns pour la première fois en lisant Infinite Crisis. Ce fut une révélation : ce scénariste sait de quoi il parle, il gère une distribution de centaines de personnages avec facilité, il connaît les détails les plus obscures de chaque héros ; il fait partie de la prochaine étape de l'évolution humaine, l'homo scénaritus superior. Et le résultat est passionnant, lisible, plein d'émotion...

Peu après ce crossover (à la hauteur de l'original qu'était Crisis on infinite earth), il choisit de faire revenir le 2ème Green Lantern du nom : Hal Jordan. Ce personnage est célèbre pour avoir été dessiné par Neal Adams (un road movie avec Green Arrow) et pour avoir une continuité plus compliquée, plus révisée, plus incohérente et plus chaotique que presque tout le monde. En plus il a été cloné à mort sous forme d'autres Lantern terrestres et extra-terrestres (3.600 pour être exact).

Problème : Hal Jordan n'a jamais titillé de corde sensible en moi et je préfère de loin la dernière incarnation, à savoir Kyle Rayner. Mais bon, c'est du Geoff Johns, alors essayons quand même.

Ne reculant devant rien, Geoff Johns promet la lune : dans cette mini-série de 6 épisodes il jure de remettre de l'ordre, de la cohérence et même de la logique dans la continuité de Jordan. Et il le fait. Il réussit à rendre Sinestro inquiétant (un type à la peau couleur rose bonbon déjà sucé, à la carrure aussi épaisse qu'un sandwich SNCF et doté d'un anneau de pouvoir au rabais). Et ce n'est pas tout mesdames, messieurs ! monsieur Johns répond également aux questions suivantes. Qu'est ce que c'est que cette histoire de Parallax ? Sinestro est-il mort ? Où est passé le corps d'Hal Jordan ? Pourquoi avait-il les tempes blanches ? Pourquoi les anneaux des Green Lantern sont-ils impuissant contre le jaune ? Que vient faire le Spectre dans cette histoire ? Comment Hal Jordan revient-il à la vie ? Les autres héros lui pardonneront-ils d'avoir tué toute la population de Coast City et d'avoir rasé la ville ?

Tout ça et plus vous le saurez en lisant Rebirth. Et tout se tient, ce tome se lit d'une seule traite, on en redemande. Et j'en viens à me dire que finalement Hal Jordan est un type qui mérite d'être suivi. Chapeau bas, monsieur Johns.

Les éditeurs de DC Comics ont bien compris qu'ils tenaient là une histoire exceptionnelle et ils ont pacsé Johns avec un dessinateur au dessus de la moyenne habituelle : Ethan van Sciver. Ses illustrations font penser à un croisement entre Neal Adams et Phil Jimenez : un trait clair et précis, une mise en scène dynamique, des décors détaillés dans la plupart des cases, du très bon travail.

Une histoire exceptionnelle, un très bon dessinateur, le retour du Green Lantern Corps, un Guy Gardner fidèle à lui même sans être caricatural... Tout est parfait. Je n'arrive même pas à en vouloir à DC Comics d'avoir ramené des morts un héros de plus. Pire, j'attends avec impatience que la même équipe (Johns + van Sciver) ramène un autre héros des morts (Barry Allen). Merci monsieur Johns.