Ce tome est le premier de 2, consacrés à la réédition des épisodes de la série écrits par
Geoff Johns. Il comprend les épisodes 1 à 14, ainsi que le numéro Hawkman Secret files, initialement parus en 2002/2003.
James Robinson et
Geoff Johns ont coécrits les épisodes 1 à 6, 9, 10.
James Robinson a écrit l'épisode 7 ;
Geoff Johns a écrit les épisodes 8, 11 à 14 et Hawkman: Secret files and origins.
Rags Morales a dessiné les épisodes 1 à 12 avec un encrage de
Michael Bair, sauf l'épisode 7 encré par
Timothy Truman. Prentis Rollins a aidé pour l'encrage de l'épisode 8, et Dennis Janke pour celui de l'épisode 12. L'épisode 13 a été dessiné par
Ethan van Sciver et encré par
Mick Gray. L'épisode 14 a été dessiné par
Don Kramer et encré par Prentis Rollins. Enfin le numéro Secret files and origins a été dessiné par Pat Gleason et encré par
Christian Alamy. Ces épisodes correspondent à la continuité du personnage entre
Crisis on infinite Earths (1985, par
Marv Wolfman & George Perez) et
Infinite Crisis (2005/2006, par
Geoff Johns &
Phil Jimenez). Dans cette version, Hawkman est Carter Hall, un être humain qui a conscience du cycle de réincarnation dont il bénéficie. Hawkgirl est Kendra Saunders qui n'a pas conscience dudit cycle de réincarnation.
Dans le ciel de la ville de
Saint Roch, un preneur d'otage dans un petit avion de tourisme est neutralisé par l'intervention d'Hawkman, de Sentinel (Alan Scott), de Power Girl (Karen Starr) et de Star-Spangled Kid (Courtney Whitmore). Pendant ce temps-là, Hawkgirl a réussi à retrouver son grand-père Speed Saunders en voyage en montgolfière pour l'interroger sur le meurtre de ses parents Trina & Michael Evans. Il la dirige vers le musée Stonechat de
Saint Roch (une ville fictive de l'univers partagé DC). Au musée, elle commence à interroger le propriétaire Oliver Evans, quand Hawkman fait son apparition. le conservateur leur apprend que son fils Danny Evans est en mission au Punjab en Inde pour retrouver un objet précieux qui permettra de remettre le musée à flots. À leur insu, Kristopher Roderic a envoyé un groupe de 3 supercriminels Shadow Thief (Carl Sands), Copperhead et Tigress (Artemis Crock) pour s'approprier la même relique : le troisième Oeil de Shiva. Cette première mission va amener Hawkgirl & Hawkman à se battre aux côtés d'un peuple d'éléphants anthropomorphes.
Par la suite, Carter Hall va essayer de faire en sorte que Kendra Saunders se souvienne de ses vies antérieures, puis arrêter du fait de la malédiction qui pèse sur eux s'il y parvient. Ils vont recevoir l'aide de Green Arrow (Oliver Queen) pour arrêter un archer qui abat des citoyens à
Saint Roch. Ils vont se retrouver à nouveau confrontés à Hath-Set. Hawkman va se souvenir de son incarnation en tant que Nighthawk (Hannibal Hawkes), avec Cinnamon (Kate Manser) à ses côtés. Carter Hall renoue son amitié avec Ray Palmer (The Atom). Il reçoit la visite de son fils Hector Hall (Doctor Fate). Après une autre aventure dans une cité enneigée peuplée de yétis, Hawkgirl mène à son terme l'enquête sur le meurtre de ses parents.
Hawkman est un personnage qui a été créé en 1940 par
Gardner Fox et Dennis Neville. Comme beaucoup de superhéros de première génération DC, il a connu une nouvelle version une vingtaine d'années plus tard à l'occasion du retour en grâce des superhéros, passant ainsi du statut d'égyptologue à celui d'officier venu d'une autre planète. Après
Crisis on infinite Earths, les responsables éditoriaux décident de retenir la version extraterrestre qui bénéficie d'un nouveau récit des origines :
Hawkworld (1989) par
Timothy Truman, avec
Enrique Alcatena. Mais au cours de la série qui lui fut consacrée par la suite, c'est finalement la version humaine qui a réussi à la supplanter, créant une situation complexe, dans laquelle le lecteur n'est jamais bien sûr de la continuité officielle du personnage. Ici chaque épisode comporte un encart de texte concis en page de titre rappelant qui est Carter Hall, ainsi que le cycle des réincarnations. le lecteur se rend vite compte que le personnage n'a pas de doute sur son histoire personnelle et qu'il est convaincu que Kendra Saunders finira par accepter qu'elle est, elle aussi, la réincarnation d'une princesse égyptienne, amoureuse de lui de tout temps, dès leur première incarnation.
S'étant ainsi repéré dans la continuité, ou ayant simplement compris la dynamique de la série, le lecteur peut se plonger dans les intrigues. Il s'agit d'histoires de superhéros, avec des personnages en tenue moulante aux couleurs vives. le lecteur détermine rapidement l'apport de
James Robinson dans la série. Il applique la même approche que dans la série Starman, en construisant progressivement une histoire autour des personnages et de la ville. Comme pour la dynastie Starman, le cycle de réincarnations du prince Khufu et de la princesse Chay-Ara se prête particulièrement à leur présence répétée dans l'histoire de
Saint Roch. En cela l'épisode 7 illustre parfaitement l'apport de ce scénariste à cette série. En outre, chacun à leur manière,
James Robinson et
Geoff Johns sont férus de l'histoire de l'univers partagé DC et savent aller piocher des personnages à demi-oubliés, largement sous-employés ou rattachés aux superhéros qu'ils mettent en scène. Si le lecteur est sensible à la fibre de la continuité, il est à la fête car elle est intégrée avec élégance et pertinence dans cette série. Cette composante atteint sa limite dans l'épisode 9 avec l'apparition de la version alors en cours de Doctor Fate que le lecteur n'arrive pas bien à rattacher au reste, au-delà de son lien biologique avec Carter Hall.
En termes d'intrigue, les coscénaristes concoctent un mélange d'aventures, de découverte de territoires inconnus, avec la connexion superhéros. Ainsi pour la première histoire, ils projettent Hawkman dans une dimension parallèle, fortement influencée par l'apparence des divinités hindoues (mais sans la spiritualité qui les accompagne) et pour l'avant dernière, ils envoient le couple de faucons en Himalaya, au milieu d'un peuple de yétis. le lecteur retrouve dans ces récits la fibre des explorateurs des récits pulp, avec une pincée de science-fiction rétro. Les enjeux sont aussi bien la recherche d'un objet précieux, que la lutte pour la liberté d'un peuple, ou bien encore la réapparition de l'ennemi récurrent des faucons depuis l'Égypte antique. Ils mettent également à profit les connexions avec l'univers partagé DC, en piochant dans les amitiés d'Hawkman avec d'autre superhéros comme Green Arrow et The Atom. Pour finir, ils racontent une enquête policière bien construite, et assez originale. le lecteur remarque également l'utilisation d'accroches pour des intrigues secondaires menées à l'échelle de plusieurs épisodes, comme la première apparition de Gentleman Ghost (au moins ses mains) dans l'épisode 2, 10 épisodes avant sa réelle entrée en scène dans l'épisode 13.
La majorité des épisodes est dessinée par
Rags Morales, qui a également été l'artiste de Identity Crisis (scénario de
Brad Meltzer) et Action Comics (New 52) (scénario de
Grant Morrison). le lecteur est tout de suite séduit par ses dessins. Cet artiste s'investit dans les détails (costumes, environnements, ameublements, etc.), en arrondissement discrètement les contours. le travail d'encrage de
Michael Bair se marie remarquablement bien avec les crayonnés, pour une finition léchée et précise. En le comparant à l'encrage de
Timothy Truman pour l'épisode 7, le lecteur peut voir la patte esthétique de Bair et en quoi il participe à cette impression agréable et au degré de finition. L'encrage de Truman est plus sec, et tout à fait adapté à ce passage au temps du far-West, plus imprégné de poussière. Morales maîtrise parfaitement les conventions visuelles des comics, que ce soit les angles de vue pour accentuer la dramatisation et la puissance des superhéros, les musculatures sculptées jusqu'à l'obsession, les courbes bien remplies d'Hawkgirl (avec un plan ou deux sur ses fesses, trop insistants dans l'épisode 9), ou encore les apparences saugrenues des différents ennemis. le lecteur se régale de cette narration visuelle énergique et enlevée, transcrivant bien le sentiment d'aventure propre aux récits dans des contrées inexplorées, ou aux affrontements physiques rendus spectaculaires par l'usage de superpouvoirs. Tout en étant soucieux du détail et de la précision,
Rags Morales conserve cette apparence légèrement édulcorée qui dédramatise ce qui est représenté, pour le conserver dans le domaine du divertissement tout public.
Au cours de ces épisodes, le lecteur apprécie également les dessins de
Patrick Gleason pour l'épisode Secret files and origins, avec des arrondis tout aussi sympathiques pour les contours, et des aplats de noir un peu plus prononcés, donnant un peu plus de poids à la narration. Il observe le degré de minutie incroyable des dessins d'Ethan van Sciver pour l'épisode 13, avec un encrage méticuleux de
Mick Gray. Les dessins gagnent en densité et consistance de manière significative. Les dessins de
Don Kramer pour le dernier épisode se situent à mi-chemin entre ceux de Morales et ceux de van Sciver, un peu plus rigides que ceux du premier, et un peu plus légers que ceux du second.
Sous réserve que le lecteur soit prêt à s'immerger dans une continuité DC rendue caduque depuis, il découvre une version d'Hawkman bien construite, nourrie par le savoir-faire de 2 auteurs enamourés de l'univers partagé DC. Il apprécie la cohérence de cette version, les aventures plus grandes que nature, et la dynamique inhabituelle du duo entre les 2 personnages principaux, en se demandant si Kendra Saunders n'est pas quand même un petit peu jeune pour Carter Hall. Les dessins utilisent à plein les conventions de superhéros avec un dynamisme et une consistance appréciables. Il ne manque qu'un peu de nuance dans les personnalités dans les protagonistes pour constituer une excellente série.