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408 pages
Dentu (31/12/1881)
4/5   1 notes
Résumé :
Jeune provinciale sans le sou, vendue hâtivement par sa mère au premier venu, Aurore Championnet se retrouve dans une luxueuse propriété versaillaise appartenant à un comte polonais, où on la prépare comme vestale...
Or, cette propriété où elle est prisonnière se nomme le Parc-aux-Cerfs, et le Comte qui souhaite exercer sur elle son droit de cuissage n'est autre que le roi Louis XV... Celui-ci s'éprend vite de la jeune fille, au point de lui faire un enfant i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Si les ombres d'Alexandre Dumas et de Paul Féval, ces grands pionniers du roman de cape et d'épée, planent ostensiblement, sur ce roman, Charles Joliet y apporte un caractère nouveau et résolument expérimental. Tour à tour histoire d'amour, évocation symboliste et roman-feuilleton, « Aurore » est un curieux collage qui a dû quelque peu décontenancer son public. D'abord, parce que même à l'époque de sa parution, le roman s'inscrivait dans un genre littéraire qui glorifiait le XVIIIème siècle, et où Charles Joliet impose une assez stupéfiante noirceur et une contestation extrêmement dure de l'Ancien Régime. Ensuite, après une évocation presque surnaturelle du comte de Saint-Germain, Joliet enchaîne avec un portrait à charge extrêmement cruel de la marquise de Pompadour, qui est décrite comme une sorte de démon femelle, décharné et amaigri, vieillissant et reptilien, ce qui peut sembler excessif pour une femme qui n'a pas encore 40 ans, au moment où débute cette histoire.
Il n'empêche, malgré sa bizarrerie, malgré son éparpillement et ses incohérences, malgré une dernière partie plus ordinairement feuilletonnesque, « Aurore » est un livre assez envoûtant. D'abord parce qu'il est merveilleusement écrit et avec beaucoup de soin : les dialogues y sont exceptionnellement brillants, les descriptions sont flamboyantes, les personnages bien dessinés, l'ambiance baroque du XVIIIème siècle parfaitement restituée. Ensuite, parce que Charles Joliet ne s'essaye au roman de cape et d'épée que pour mieux le malmener, le contester, y glisser des opinions audacieuses et des parti-pris réjouissants. Il y a véritablement quelque chose d'expérimental, voire même de provocateur. Enfin, on a au final trois romans en un seul, appartenant à trois genres littéraires différents, et cela peut aussi avoir un intérêt même si paradoxalement on ne s'attend pas à autant de surprises dans un roman de cape et d'épée.
Bref, « Aurore » est un roman éminemment discutable sur bien des plans, mais il a du charme, non seulement celui de son époque, mais aussi celui de l'époque dont il parle et celui même de ses imperfections orageuses. Un récit doublement daté, triplement déconcertant, mais où l'on aime se perdre comme s'il s'agissait de ruines médiévales à peine subsistantes mais dont l'incompréhensible labyrinthe aurait quelque chose de fascinant.
Lien : https://mortefontaine.wordpr..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Vous voyez cette ville, dit le comte de Saint-Germain, enveloppant l’horizon d’un geste circulaire, couchée au soleil devant son château comme une sultane aux pieds du maître.
Le petit auditoire, groupé comme autrefois les pieds du « Décameron », devint attentif à la parole du magicien qui passionnait alors l’Europe entière par ses prodiges.
Debout sur le bord de la plate-forme, immobile comme une statue, le bras étendu, l’œil fixe, son attitude, sa voix, son geste, tout lui donnait l’aspect d’un génie qui commande aux éléments. À cette heure, si quelque phénomène inattendu s’était produit dans l’atmosphère, il eût été observé sans surprise.
– Avant un demi-siècle, continua-t-il après une pause, comme s’il répétait les paroles qu’une voix aérienne murmurait à son oreille, avant un demi-siècle, tout ce qui est doué de vie dans cette brillante et joyeuse capitale, rois, princes et princesses, seigneurs de haut lignage et grandes dames, bourgeois et gens du populaire, tous dormiront sous la terre où ils s’agitent et qu’ils foulent avec insouciance, comme s’ils ne devaient jamais mourir. Ce château, sur lequel nous sommes rassemblés, élevé par le rois Louis XIV, et que nous pouvons encore admirer dans toute sa beauté architecturale, était l’orgueil de ce royal domaine. Où sont maintenant ceux qui l’animaient au milieu des fêtes ? À peine sa base est-elle aujourd’hui assez solide pour ne pas fléchir sous son propre poids; il va disparaître. Et l’homme, ivre d’orgueil, se flatte comme si les dieux lui avaient donné l’immortalité de la vie.
Bientôt, oui, bientôt, et ceci est l’ordre inévitable des choses, l’inexorable arrêt du destin, cette capitale sera abandonnée, et ce palais qui la domine sera vide comme un cercueil profané. Oui, je vois se dérouler l’action de la grande Tragédie royale, dans ce décor de pierre blanche et de verdoyant feuillage.
Versailles, ton nom majestueux et sonore résonne avec une vibration tombale. On n’entend plus le bruit métallique de tes longues grilles à flèches dorées, le roulement de tes lourds carrosses, le coup d’archet de tes fêtes. L’herbe pousse sur le sable, effaçant les empreintes de nos pas; les flots de velours et de satin ne glissent plus sur les dalles de marbre rose. Dans ton parc, désert et silencieux, les blanches statues s’alignent sous les voûtes ombreuses des allées, un satyre ricane derrière les charmilles, la tête élégante d’une nymphe apparait dans les roseaux, Diane s’élance avec ses lévriers. Les fleuves de bronze à la barbe limoneuse, se penchent sur leurs urnes vides, Hercule s’appuie sur sa lourde massue, Neptune allonge son trident sur la mer, Apollon lance son quadrige. Les jeux d’Amours observent les bustes sévères des empereurs romains, à l’œil calme, à la lèvre courbée; le Gladiateur mourant git à terre, et Vénus lui sourit en tordant ses cheveux d’or…
Dormez, dormez, dormez, dieux immobiles, rois de l’olympe, héros de la Grèce, dormez, habitants des forêts et des ondes, divinités charmantes, dormez, peuple de bronze et de marbre, frappé d’enchantement dans le palais du Sommeil, dormez, fantômes du passé, dormez autour de la tombe de la grande Monarchie.
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