Bon, ben c'est une déception, hein. Je pensais que ce serait mieux ficelé que ça, pour tout dire.
On suit une inspectrice de la brigade criminelle islandaise, Hulda, qui doit partir à la retraite quelques mois plus tard. Sauf qu'on lui demande de prendre sa retraite plus tôt que prévu et de partir dans la quinzaine, tout en l' autorisant à jeter un oeil sur de vieux dossiers et à enquêter sur une vieille affaire de son choix. La voilà donc partie pour s'intéresser à la mort d'une jeune réfugiée russe qu'on a retrouvée noyée un an auparavant.
C'est pas que l'enquête en elle-même soit totalement dépourvue d'intérêt ou qu'elle soit ennuyeuse, mais pour faire vite, c'est davantage le personnage de Hulda qui accroche que l'énigme en elle-même. On la voit à la fois montrer de l'empathie pour une morte que tout le monde s'est empressé d'oublier, se préparer à ce qui pourrait être une nouvelle relation de couple (elle est veuve), et freiner des quatre fers pour partir en retraite. Et puis on va s'apercevoir, dans le dernier tiers du roman, que de l'empathie, elle n'en a pas tant que ça. Qu'elle commet bourde sur bourde, alors qu'on la prenait pour une bonne flic. Et qu'elle a un passé chargé, mais ce qui s'appelle chargé, mais alors très très chargé. Beaucoup trop chargé. Qui regarde des séries policières scandinaves sait que les Danois et les Suédois ont la main lourde sur leur scénarios. Ce sont de tels adeptes du retournement de situation (une révélation à la fin de chaque épisode !) que c'est toujours trop. J'ai tendance à me faire avoir souvent (très souvent), parce que je suis tenue en haleine, mais à la fin je me demande toujours "Oui mais comment Machin a pu être à deux endroits à la fois, ou faire ceci, ou faire cela ?" Bon, là, ça fonctionne autrement, mais avec cette même idée d'en rajouter des tonnes.
J'ai pas bien vu l'intérêt d'alterner les chapitres sur l'enquête avec, d'abord, des chapitres sur une femme dont on ne sait pas qui elle est, ni à quelle époque elle vit. Ce qu'on comprendra petit à petit, avant LA révélation (ben oui, quand même, bien que cette révélation soit inutile puisqu'on a très bien compris qui était la femme). Quand ces chapitres sont clos, l'auteur les remplace alors par les dernières heures de la vie d'une victime (de meurtre, suppose-t-on). Ragnar s'est ingénié à utiliser des astuces pour qu'on ne comprenne pas non plus qui est cette victime. Bon, d'accord, admettons. Mais à part essayer de perdre le lecteur (qui n'est tout de même pas si bête), c'est assez inutile, car tout ce qu'on apprend dans ces chapitres sera résumé plus tard. Et ça, je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est sûrement dû au fait que l'auteur a revu la première version de son roman. Or, il aurait fallu se débarrasser de tout ce qui était superficiel - car ce procédé n'installe pas à proprement parler une ambiance, mais montre surtout qu'on cherche à nous faire découvrir la fin le plus tard possible. C'est juste une astuce, et au final c'est donc du remplissage.
J'en viens par conséquent au véritable mystère de ce livre, qui touche, à ce que j'ai compris, tous les romans ou presque de
Ragnar Jónasson. La traduction française est en fait la traduction d'une traduction. le roman a été écrit en islandais, mais pour une raison que j'ignore (problème avec l'éditeur islandais ?),
Ragnar Jónasson a souhaité reprendre la version anglaise uniquement, qui est devenue la base de travail pour les traducteurs du monde entier. Certes, je suis à peu près certaine que c'est lui qui a effectué la traduction en anglais. Il n'en reste pas moins que ce n'est qu'une traduction, et qu'en français comme dans de nombreuses autres langues, on se retrouve avec une traduction d'une traduction. Que ça soit là la volonté de l'auteur ne change rien à cette absurdité totale. Et comme en plus notre traducteur français n'a pas été hyper consciencieux, on se retrouve avec des personnages qui se vouvoient alors que les Islandais se tutoient (décidément, ce truc du tutoiement ne passe pas chez les traducteurs), ou, pire, avec une tournure de phrase typiquement anglaise traduite littéralement en français (donc qui ne ressemble à rien).
Je suis un peu fatiguée de ces idioties éditoriales. Pour ce qui est de l'intrigue à proprement parler, disons que le roman se lit vite, qu'il n'est pas ennuyeux, mais loin d'être passionnant à mes yeux. Je passerai donc mon chemin pour ce qui est des deux autres enquêtes de Hulda.