une saga paysanne qui commence en juillet 76 alors que, déjà, comme aujourd'hui, la canicule fait rage.
On est près de Cahors, à la ferme des Fabrier tenue par les parents et la fratrie composée de trois filles et d'un garçon. Les grands grands-parents ont quitté l'exploitation, retirés dans un pavillon neuf à portée de fusil pour donner la main (et les conseils) quand c'est nécessaire. On imagine déjà que, plus tard, les filles gagneront la ville alors qu'Alexandre, le garçon, honorera l'héritage familial isolé.
Un voisin, un seul, militant sur le Larzac et réfractaire à ce fichu progrès qui ne peut semer que la discorde.
Le décor est planté, comme les crocus qu'on vient de mettre en terre pour cinq années de récolte de safran, le dernier français.
On est bien là, au coeur des insouciantes années 70 (de Giscard et de Sardou) qui voient s'installer la profusion et le miroir aux alouettes de la grande distribution et de son historique Mammouth qui n'écrase pas que les prix !
Viendront les années 80, 90 puis 2000, Supertramp, Madness et Police, les antinucléaires, les activistes, le terrorisme international, l'arrivée de la gauche au pouvoir, le fameux 10 mai 81, le SIDA, Chernobyl, l'Erika, la chute du mur à Berlin, le Roundup et…la productivité !
Au milieu de cette ‘grande histoire' contemporaine, celle, plus intime d'Alexandre, né pour reprendre le domaine familial, pour grandir, vivre, vieillir et mourir, ici, à la ferme ancestrale, dans ce paysage immaculé que l'état voudrait fracturer pour tracer une autoroute.
Ses espoirs de jeune homme, ses engagements de citoyen, ses amours compliquées, ses dérapages violents aussi font le lit des méandres de ce roman majestueux. Une histoire tricotée finement, plus du point qu'un chemin de croix, une destinée brodée habilement dont on a, en permanence, envie de dérouler l'écheveau tant belle est l'écriture. Une leçon d'histoire également ou un rappel pour ceux qui on gardé en fil rouge les moments charnières de ces dernières décennies.
J'avais aimé ‘
chien loup', j'ai adoré cette ‘
nature humaine' qui porte si bien son titre, emporté ai-je été par ce personnage attachant, viscéralement attaché à son lopin de terre natal, un homme qui se bâtit en faisant corps avec cette nature qui fait battre son coeur, les yeux grand ouverts pour embrasser la chance qu'il a d'être de là. Une nature qui, peut-être, le lui rendra bien.
En un mot : Une vie.