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sur 258 notes
°°° Rentrée littéraire 2019 # 12 °°°

Tayari Jones est une auteure américaine. Noire. Ses personnages, les mariés du titre, Roy et Celestial sont noirs, mais elle a choisi de ne pas leur faire porter leur couleur en étendard pour un propos universel – comme le suggère le titre.

« La race, c'est essentiel pour définir un individu d'un point de vue politique et social. Mais en même temps, c'est un critère vide, qui n'a pas davantage de sens que le sexe ou la couleur des yeux : la race ne dit rien de la personne que vous avez en face de vous. J'écris sur la communauté noire américaine mais je me sens très exactement comme un écrivain russe qui écrit sur les Russes : ce qui compte vraiment, c'est qu'ils sont des êtres humains, et que, partageant la même expérience humaine, le lecteur se sente lié à eux. »

Ces mots sont de la grande Toni Morrison. Nul doute que Tayari Jones se place ( modestement ) dans ses pas. Celestial et Roy sont traités comme des êtres humains au-delà de leur couleur de peau. Ce qui rend tout le propos du roman extrêmement subtil, surtout lorsqu'il s'agit de traiter du racisme et des discriminations qui frappent la communauté afro-américaine.

Roy est condamné à tort pour un viol. Il était juste au mauvais endroit, à la mauvaise heure, avec la mauvaise couleur de peau aux yeux d'un jury judiciaire qui n'avait pas la même. Plutôt que de s'attarder sur les procès qui le condamnent, Tayari Jones choisit de carrément les zapper dans un art de l'ellipse remarquable. Cela a déconcerté et déçu pas mal de lecteurs au vu des retours de lecture sur Babelio, pas moi.

Au contraire, elle préfère resserrer son action sur le vécu de Roy et Celestial, ainsi que les conséquences sur leur couple de très jeunes mariés. C'est à travers leur correspondance épistolaire qu'on découvre toute l'injustice du système judiciaro – carcéral américain. Cette plongée dans l'intimité du couple permet de comprendre sa colonne vertébrale et son délitement progressif. Ces lettres sont sans doute les moments les plus réussis, les plus forts du roman.

Car ce qui intéresse Tayari Jones, c'est avant tout de décortiquer les ressorts d'un couple dans la tourmente, quel que soit sa couleur de peau. Elle le fait avec une acuité folle et beaucoup de classe, explorant tous ses ressorts, les interrogeant avec intelligence ( loyauté, trahison, accomplissement personnel, sens du sacrifice, culpabilité, rapports de force ). Personne ne se trompe, ni Celestial, ni Roy, ni Andre ( le nouveau compagnon de Celestial ), tous sont blessés et tous se racontent dans ce roman choral à trois voix.

Et pourtant, ce ne sont pas des personnages particulièrement aimables, ils sont plein de défauts ce qui les rend très intéressants, complexes et profondément humains. C'est d'autant plus fort de parvenir à rendre leur histoire aussi déchirante. Mais le personnage qui m'a le plus saisie est le père de Roy. Il est magnifique dans sa dignité à soutenir et aimer plus que tout ce fils qui n'était même pas le sien au départ, ce fils qui a cru avec arrogance au rêve américain comme une revanche pour s'extraire de la pauvreté de sa famille et qui s'est fait broyé. Il est bouleversant lorsqu'il parle de son mariage américain à lui qui a tout surmonté, né à une époque où la ségrégation frappait encore. Concernant la thématique de la filiation, juste pas emballée par l'épisode fortuit de chez fortuit qui concerne le père biologique de Roy, pas nécessaire et pas à la hauteur de la subtilité du roman.

J'ai dévoré ce remarquable roman, complètement happée dès les premières pages par ce thriller de l'intime où se joue le devenir d'un couple dans ce qu'il a de plus banal et de plus singulier.


Lu dans le cadre du jury Grand Prix des Lectrices Elle 2020 ( n°2 )
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Qu'est-ce que ça représente d'être noir, afro-américain dans les états du Sud des Etats-Unis de nos jours? Certes, des lois ont aboli la ségrégation et sur le papier instauré une égalité incontestable. Il n'empêche, et les prisons en sont la preuve, que dans les faits, la couleur de la peau reste une circonstance aggravante dans toute situation litigieuse .

Roy se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, et lorsqu'une femme blanche l'accuse de viol, et cela malgré les témoignages de son épouse avec qui il séjournait dans le même hôtel que la plaignante , il écope de douze années de prison. Pour un jeune marié, la pilule st difficile à avaler.

Les années passent et pour Célestial, la jeune épouse, elles sont longues, et mettent à rude épreuve la stabilité du jeune couple.

L'incarcération modifie profondément les relations à l'entourage, et constitue un inducteur pour les confidences. Et de nombreux secrets de famille seront mis à jour au cours des séances de parloir. La prison est aussi le lieu de rencontres inattendues.

Le sujet est amer : racisme ambiant, fragilité des liens familiaux, et pourtant l'auteur n'hésite pas à utiliser un ton léger, et même humoristique, qui contribue largement à l'agrément de la lecture.

Ce roman, qu'Obama a qualifié de bouleversant, est en effet un excellent état des lieux de l'identité afro-américaine dans l'Amérique du Nord de nos jours, et prodigue de surcroît d'agréables heures de lecture.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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➖Cher Mariage,

« La vérité allait me déchirer comme une morsure de chien. »

Je t'écris cette lettre à la table de mon jardin, près de mon olivier. Je suis seule. Seule à réfléchir à la souffrance, peut-être déjà en train de changer, à me questionner sur Toi, Mariage, et l'avenir…

Je réfléchis au vide, à l'amour qui s'enfuie, au trou que ça laisse dans le coeur. Tu ne rends pas la vie facile à tes adeptes, parfois. Mais si l'injustice même s'en mêle alors on pourrait carrément douter de toi. Tout s'effondre.

Pas évident d'être Un Mariage Américain quand le racisme, la discrimination, la ségrégation viennent obscurcir les lèvres de certains, et pourtant, tu restes encore un doux rêve pour les idéalistes. J'y ai cru en toi, en eux, en ta valeur. Et pourtant, comment résister face à l'emprisonnement?

Ce n'est qu'il y est vraiment de « mot sécurité », mais la vie commune a son importance pour un couple. le besoin de contact et les coeurs à l'unisson. Or Roy et Celestial ont été tronqué de ce bonheur simple à cause d'une fausse accusation. Alors finalement, qu'est-ce qu'il peut bien rester de toi, cher Mariage, s'ils vivent avec une déchirure à l'intérieur. Ni dans l'abandon, ni dans le sacrifice digne, ils essaient, luttent, s'acharnent. Chacun dans un rôle qu'il n'a pas choisi. Entravé, enchaîné contre leur volonté, que va-t-il rester de toi?

Cher Mariage Américain, tu es une tornade qui frappe avec fureur. Ni amour mièvre ni vengeance acerbe, juste un moment d'intimité intense qui est venu me bouleverser bien au-delà des mots, qui est venu me toucher comme une marque-fantôme sur la peau.

Cher Mariage, cette lettre pour témoigner que l'amour peut prendre plusieurs formes, que ce n'est pas toi, Mariage, qui détermine la valeur des sentiments ou de la loyauté mais bien la vie et l'endroit où tu es né. Ça et ta couleur de peau parfois. C'est triste de voir que de si beaux jeunes amoureux, fougueux et pleins d'avenir se soient ainsi consumés sous nos yeux.

Mes salutations,

Un mariage américain de Tayari Jones

Je retourne auprès de mon arbre…

✨Stelphique🧚🏻‍♀️


Lien : https://fairystelphique.word..
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Ce livre est le récit d'une histoire d'Amour entre Celestial et Roy, amour qui leur a été volé quand Roy a été injustement accusé de viol et jeté en prison. Encore jeunes mariés, ils ont vécu moins longtemps ensemble qu'éloignés. L'amour a ses limites et notamment, quand survient une séparation. Mais le deuil d'une histoire d'amour ne se fait pas de la même façon selon les individus et Roy, une fois sorti de prison, compte bien reprendre sa place dans la société mais aussi dans sa vie, dans son couple.

Roy et Celestial sont des afro-américains. C'est clairement spécifié dans la quatrième de couverture mais sans en faire un roman revendicatif, l'auteure Tayari Jones n'est pas sans rappeler le talent de la regrettée Toni Morrison. Avant de les différencier par leur couleur, Celestial et Roy sont avant tout des êtres humains, qui partagent des ambitions, des rêves comme tout un chacun. Mais vivre comme eux dans un état sudiste lorsque l'on a une autre couleur de peau que blanche, va malheureusement engendrer des différences, des formes lascives de racisme au quotidien.

Tayari Jones décortique les relations humaines et plus particulièrement celles de ce couple. Elle n'approfondit pas l'épisode du procès et de la problématique des erreurs judiciaires pour se concentrer sur la psychologie de ses personnages, leurs ressentis, leurs blessures. Cet évitement pourra en rebuter plus d'un mais je ne pense pas qu'elle ait voulu écrire sur le système judiciaire américain mais bien sur une société dont les dissemblances pullulent. Alors séparés par la prison, Celestial et Roy s'écrivent des lettres, souvent touchantes, sensibles et si sincères.

Ainsi, alors que Roy s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, la terre a continué de tourner, les sentiments d'être partagés ou non. L'écriture de Tayari Jones est tendre, ne rendant pas ses personnages parfaits mais dotés de défauts comme tout être quelconque. Cette histoire si réelle et captivante rend compte de l'American Dream qui n'est finalement destiné qu'à une certaine franche de la population dans un pays si riche de diversités pourtant. Intelligemment écrit, sans tomber dans le pathos, l'auteure sait faire comprendre ce racisme latent, pourtant ô combien dangereux.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Ils sont jeunes mariés (Celestial dit que leur mariage se comptait encore en mois comme pour les enfants) quand l'injustice absolue leur tombe dessus, qui va séparer Celestial et Roy pour de longues années.

Comment vivre cette situation révoltante ? Comment être, rester mariés quand on n'a eu que dix-huit mois de vie commune comme époux ? Comment maintenir le lien alors que les préoccupations de chacun divergent déjà si rapidement après la catastrophe ? Où vont les loyautés ?

Les voix de Roy, son épouse Celestial, et Andre, le meilleur ami de cette dernière, vont s'entremêler pour raconter : Roy tout d'abord, puis vient le point de vue de Celestial, et celui d'Andre lui succède. Leurs interventions sont entrecoupées d'échanges épistolaires, qui amènent un nouveau regard sur le couple s'enfonçant dans une crise apparemment inévitable.

Entamé comme l'histoire d'un couple récent cherchant encore ses marques entre les deux familles, sa place au sein de chacune d'entre elles, avant de basculer dans une catastrophe qui laisse KO, cet ouvrage aurait pu être une nouvelle pierre au gigantesque édifice dénonçant les conséquences d'un racisme resté assez ordinaire aux États-Unis.
On comprend dès les premières pages que ça ne sera pas le cas. Il n'y a pas de repère chronologique clair dans la première partie du livre, quelques cailloux semés par-ci par-là permettant de se faire une idée ensuite. Le déroulement de l'intrigue est "hors-sol", sans contexte précis, apportant un caractère immuable à la tragédie que vivent Celestial et Roy, parce qu'ils sont noirs.

Cette tragédie, ils ne la vivent pas dans l'Amérique clairement ségrégationniste des années 50 et 60. Ils ne la vivent pas dans les années 90 lors des émeutes de Los Angeles.
Il y a pourtant, parce que Celestial est née en Géorgie et Roy en Louisiane, comme un écho des révoltes, des luttes menées par les mouvements afro-américains en eux. La certitude que cette horreur judiciaire ne devrait pas leur arriver après tous ces combats et les lois qui en ont découlées. Qu'elle ne devrait plus jamais être possible.

Mais le sujet du livre est ailleurs. Il est dans ce couple, ces deux êtres qui le forment avec leurs convictions et leurs contradictions, avec leur histoire familiale et le milieu dont ils sont issus.
Celestial est une jeune femme de la bonne société d'Atlanta, tandis que Roy a grandi dans une famille modeste et qu'il a poursuivi un cursus universitaire grâce aux "dispositifs d'aide aux enfants issus de milieux défavorisés", dit-il.
Celestial veut mener sa vie et se réaliser comme une artiste, et pas uniquement comme la fille unique de parents aisés. Roy veut garder, puis reprendre la vie que douze jurés lui ont confisquée.

J'aurais aimé les aimer davantage, une fois passée la catastrophe, quand la toile s'effiloche, pour reprendre une métaphore de Celestial. Ça n'a pas été possible. Bien entendu, j'ai été atterrée par ce qui leur tombait dessus… après avoir été agacée par leurs disputes et le contexte familial qui m'a semblé assez caricatural. Mais rien ensuite ne m'a réellement fait vibrer, l'évolution de leur situation à tous étant franchement conventionnelle et sans surprise.

La structure du texte était une idée intéressante, elle nécessitait pour fonctionner qu'on puisse reconnaître chaque narrateur autrement que par le nom en tête de chapitre ou à la fin des lettres. Or, j'ai eu du mal à les distinguer et suis retournée plusieurs fois vérifier le nom de celui ou celle qui apportait son point de vue.
Le ton un brin monotone de l'ensemble n'est pas parvenu non plus à me convaincre des élans passionnés censés traverser ces êtres, que dis-je, les couper en deux, les dévaster, les ravager, oui ! ni de la lutte dantesque qu'ils ont à mener.
J'ai refermé cet ouvrage après quelques heures d'une lecture qui n'a pas été déplaisante mais qui aurait dû me laisser au moins sur le flanc, à l'aune des épreuves traversées.
Je suis peut-être passée à côté…

Merci aux éditions Plon et à Babelio pour leur confiance. J'ai été ravie de recevoir ce livre à la couverture attirante avec cette illustration d'un arbre dont le tronc se brise et fait basculer la cîme.
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Cela faisait un long moment que je souhaitais lire un livre d'amour. Pas une sorte de comédie romantique, non, mais un livre qui serait centré sur des personnes qui s'aiment dans le monde d'aujourd'hui, et qui montrerait comment elles se débrouillent pour vivre leur histoire par les temps qui courent...

Un mariage américain a parfaitement répondu à ce souhait. J'ai été emportée par ce récit, la partie épistolaire est magistrale et l'auteur sait tenir en haleine sans avoir besoin d'en rajouter dans le mélodrame.

Alors, oui, il y a quelques faiblesses, notamment le personnage secondaire d'Andre, trop lisse à mon goût, mais j'ai pleuré à chaudes larmes à la fin, et sans me sentir flouée, donc que dire de plus quand un livre vous fait vivre des émotions si fortes ?
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Un couple afro américain dans le Sud des États Unis
Un mariage à qui sourit la vie,
Et en une nuit tout bascule.
Roy est incarcéré pour viol et enfermé pour 12 ans.
« Il n'est pas toujours bon d'être noir dans ce pays »

Par l'injustice d'une erreur judiciaire, Roy va tout perdre. le couple va tenter de préserver le peu qu'il a pu construire. Mais le temps est un facteur essentiel et cruel. Un amour peut-il toujours survivre à une séparation longue, où l'un continue de vivre quand l'autre fait du surplace? La difficulté de rester loyal n'est-elle pas le reflet d'un mariage qui avait peu d'avenir?

Un roman à trois voix (où s'invite un ami proche), des échanges pétris de douleur et d'émotions, et un décorticage du tumulte des sentiments. Un récit entrelacé qui offre de beaux passages pour évoquer l'amour, le vide de l'absence, Mais aussi la rancoeur, les reproches, le sens du devoir, les différences de perception des événements.

C'est une étude intelligente et pertinente de la fidélité, de la virilité, de l'indépendance des femmes, de la séparation et du temps qui passe.
Et en creux, une vision du système pénal américain qui fait frémir.
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Roy et Celestial sont de jeunes mariés dont le couple n'est pas un long fleuve tranquille. Mais qu'importe les engueulades sur ce que l'un veut et l'autre pas, les scènes de jalousie théâtrales ou les dissensions familiales qui vous rappellent que vous ne venez pas du même milieu, quand l'amour brûle de la même passion. Jusqu'au jour où leur monde s'écroule : Roy est injustement accusé de viol.

Il faut dire que Roy et Celestial sont noirs et que nous sommes aux Etats-Unis. Faut-il y voir une raison à cette condamnation expéditive ? Question rhétorique.
Toujours est-il que Roy en prend pour douze ans. Une éternité entre les murs étriqués d'une sinistre cellule. Une éternité pour un jeune mariage.

Cette histoire nous raconte la séparation que crée l'incarcération, le douloureux délitement d'un couple.
Tout se concentre là-dessus et c'est ce que j'ai regretté.
J'aurais aimé que soit développée la vie de Roy en prison. Elle n'y est qu'effleurée sans nous dépeindre les conditions de vie et la vie intérieure d'un homme injustement condamné.
J'aurais aimé aussi que l'injustice de cette condamnation dénonce le racisme aux Etats-Unis. Mais même si les Blancs sont quelque peu écornés tout au long de l'histoire, le racisme n'est qu'assez timidement évoqué.

J'attendais donc autre chose, une profondeur qui dépasse la seule fracture de ce couple. Mais il faut reconnaitre que l'auteure a su décliner les sentiments qui se jouent dans la chronique de cette rupture annoncée. D'autant que les points de vue s'alternent d'un chapitre à l'autre ce qui apporte un répondant à l'écho de l'autre et qui par ce fait enrichit leur histoire.

Un mariage américain est un livre dont je sors mitigée et que j'ai trainé en longueur simplement parce que j'en avais d'autres attentes. La faute peut être à cette quatrième de couverture...
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A-t-il vraiment quelque chose de plus, ou d'unique, ce roman porté aux nues aux Etats-Unis?
C'est un roman choral dans lequel les trois protagonistes prennent tour à tour la parole, ce qui est le cas d'un très grand nombre de romans américains depuis l'expansion du creative writing.
C'est un roman qui parle de couple, de vies accidentées , et de rupture. de joies, de souffrances injustes, de frustrations et de besoin d'épanouissement. Rien que de très banal, là encore.

Sauf que ces protagonistes sont Noirs, et qu'être Noir aux Etats-Unis ce n'est toujours pas banal. Même si l'on appartient à la classe moyenne supérieure - qui ne sera jamais, nous glisse d'ailleurs l'auteur, que l'équivalent de la classe moyenne des Blancs.
Sauf que les personnages noirs de roman ne sont jamais présentés comme ça : banals. Avec la singularité de leurs personnalités et de leur parcours sociologique, familial et sentimental, mais sans ces traits particuliers qui font que l'on sait que l'on a affaire à un personnage noir, parce que ces traits ne sont jamais appliqués aux Blancs.

C'est ce qui me semble-t-il fait la particularité de ce roman délicat et poignant, car l'injustice raciale faite à Roy est ainsi mise à nu et présentée pour ce qu'elle est : une insondable, inacceptable saloperie, pendant que l'éloignement de Celesta pendant l'incarcération de son mari est quant à elle également présentée pour ce qu'elle est : banale, la banale évolution d'une femme qui doit vivre sa vie.

En refermant ce roman, la causticité de son titre brûle comme un acide.
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Roy et Celestial, trentenaires, mariés depuis un peu plus d'un an, séjournent dans un petit motel dans la ville du Mississipi où Roy a passé sa jeunesse. Au petit matin, la police débarque et arrête Roy pour le viol d'une femme que le jeune homme avait croisé la veille...L'incarcération du jeune homme va faire exploser la relation que le couple pensait solide, Celestial se rapprochant d'un amour de jeunesse; une situation qui va remettre en cause leurs valeurs autant humaines qu'affectives.

Avec Un mariage américain, Tayari Jones plonge et décrit avec subtilité l'intimité de la jeunesse afro-américaine de la classe moyenne - Roy, d'un milieu modeste a réussi grâce à des bourses et des capacité intellectuelles, à s'élever et changer de milieu social, devenant un financier prometteur, Celestial, diplômée des Beaux Arts à Atlanta, crée des poupées originales qui ont trouvé leur public.
Dans ce roman, Tayari Jones s'attache plus à décrire le délitement de la relation conjugale que l'enquête sur les accusations de viol et le déroulement du procès...elle passe sous silence les évènements du parcours judiciaire, où racisme et clichés auraient peut-être été intéressants à évoquer, et préfère orienter son propos vers l'échange épistolaire puis les règlements de compte d'un couple qui se sépare, chacun des protagonistes rencontrant un partenaire qui lui convient mieux...
Un mariage américain est une lecture mitigée, qui m'a laissée un peu sur ma faim (au vu des critiques favorables émises sur ce roman), certes l'écriture est fluide mais je l'ai trouvée monocorde rendant la lecture un peu ennuyeuse, des références bibliques et religieuses nombreuses, des coïncidences peu crédibles, notamment concernant le père biologique de Roy et au final, une partie judiciaire qui aurait pu être captivante mais n'est pas traitée, pour ne laisser place qu'à des problèmes de couples qui concernent autant les noirs que les blancs...
Au final un contexte intéressant et bien écrit mais un roman qui rate un peu sa cible.
Je remercie les éditions Plon et Babelio pour cette opération Masse critique privilégiée.
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