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3,77

sur 378 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans ce livre, plusieurs voix s'entrelacent. Avec une très grande sensibilité et beaucoup de délicatesse, Gaëlle Josse tisse très habilement son histoire en donnant la parole tour à tour à une femme qui sort d'une histoire douloureuse, à Georges de la Tour et à son apprenti Laurent.

Cette jeune femme nous raconte comment elle est happée par un tableau de George de la Tour. Elle décrit ce qui la subjugue et fait des parallèles avec son grand amour perdu. Elle raconte ce qui l'avait éblouie, ce qui l'avait fait souffrir. Sa perte et son aveuglement, son amour à sens unique. Tous les tourments de l'amour, de la passion. Elle observe la beauté douloureuse d'Irène sur le tableau, l'expression de son visage.

Un livre poétique qui nous transporte à travers le temps et l'espace dans un monde clair-obscur.

Envie d'accrocher une belle plume délicate qui tremble sous le vent à ce beau livre !

4/5
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Je continue ma découverte de Gaëlle Josse (grâce à ma bibliothèque qui les possède presque tous) et de son univers si riche, varié et sensible.

Je pars cette fois-ci en Lorraine, dans la famille du peintre Georges de la Tour, qui entreprend son tableau Sainte Irène soignant Saint Sébastien et à nouveau, comme pour les Heures Silencieuses, l'auteure nous fait pénétrer dans l'oeuvre, afin d'en imaginer la création. 

Comme le tableau tout en clair-obscur où la lumière joue un rôle important, où les visages ne vous regardent jamais mais sont concentrés sur les actes, les différents acteurs de ce récit nous éclairent sur leurs pensées. Nous voilà partis pour Lunéville, dans la famille du peintre qui décide de donner à Ste Irène le visage de sa fille Claude, à la servante porteuse de la lanterne celui de Marthe, elle aussi servante et Saint Sébastien sera Jérôme, le fils de voisins. Nous découvrons le quotidien d'une famille d'artiste au 17ème siècle, avec la peste qui rôde, les guerres destructrices, mais surtout le travail de l'artiste, sa recherche, pas à pas, et la composition du tableau se réalise sous nos yeux.

Il y a plusieurs voix qui s'élèvent : celle de Georges de la Tour mais aussi la voix de Laurent, l'apprenti, recueilli par le Maître après la perte de toute sa famille pendant l'épidémie de peste. Doué pour le dessin et attiré par Claude, il nous offre sa vision du Maître, de son travail mais aussi de la vie qui l'entoure.

Elle dit (Madame de la Tour) que le Maître sait peindre les silences.(p17)

Il apprend, il regarde et il admire son Maître. Il en devient une sorte de double.

Parallèlement il y a le récit d'une femme, en 2014, dans l'attente d'un train, venue se réfugier au Musée de Rouen et qui, face à une copie de ce tableau plongera dans ses souvenirs eux-aussi en clair-obscur. Clair pour elle cet amour total, absolu et lumineux pour un homme aux sentiments plus obscurs, brutal parfois et destructeur.

Entre la création d'une oeuvre, son élaboration et la construction d'une relation les mêmes zones d'ombre et de lumière. L'auteure nous révèle avec toujours autant de douceur, de sensibilité ce qu'aurait pu être cette création, ce qu'elle révélera à chacun.

Peut-être parce que je commence à bien connaître l'univers de cette auteure, peut-être parce que l'ambiance ressemble aux Heures Silencieuses, mais j'ai eu moins d'émotions, de ressenti pour ce récit sans pour autant ne pas y prendre beaucoup de plaisir. Il y a comme d'habitude un travail de recherches, cela fourmille de petits faits historiques, c'est une écriture féminine, délicate et précise. Elle a cette faculté d'imaginer, de passer du figé au vivant,  et à travers cela de révéler des tranches de vie en plongeant dans les pensées des figurants , de l'artiste et des quidams.

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1639, Lunéville. Maître de la Tour est seul dans son atelier. Sa femme, Diane, et Claude, sa fille, sont montées préparer le dîner auquel assisteront également Étienne, le fils décevant du peintre et Laurent, Collet, l'apprenti, recueilli avec grande bonté après la mort de toute sa famille, décimée par la peste.

Car nous vivons, sous la plume de Gaëlle Josse, tous les malheurs d'une époque sans douceur : la guerre sur le sol lorrain, avec les exactions des Français, après celles des Allemands, des Italiens et des Suédois. La peste, qui ravage villes et campagnes, la chasse (à laquelle s'adonne pourtant le Maître), qui détruit les récoltes ; sans compter les charges qui pèsent sur les paysans, l'avenir incertain qui pousse les fils de famille à être soldat, ecclésiastique. Devenir artiste était un sacré défi ! C'est ce qu'a fait Georges de la Tour, peintre doué notamment pour les clair-obscurs, qui peint des scènes d'intérieur et se refuse à flatter le hobereau par des portraits convenus et hypocrites.

Alors, quand il se lance dans le projet de recréer la scène de la vie de Saint Sébastien, percé de flèches mais pas mort, pas encore, il fixe les personnages dans sa tête : ce seront Claude, sa fille, dans le rôle d'Irène, Jérôme, le petit voisin, dans celui de Sébastien, et Marthe, sa servante, comme témoin de la scène.
Nous assistons à la lente élaboration de l'oeuvre, les couleurs (ni bleu, ni vert, des nuances de brun de rouge et d'or), les lumières , notamment celle de la lanterne qui vient donner à la scène son caractère hiératique, l'expression des visages, des mains. Douceur, calme religieux, chair nacrée du saint, finesse des étoffes, chaleur des rouges sublimés par la lumière.

Avec le Maître, nous construisons les scènes de pose, interminables. Nous imaginons la flèche, une seule (loin de ces Sébastien-hérissons peints par les Italiens !), fichée dans la cuisse, représentée d'abord comme un calame dans une pomme. Et ce regard d'Irène, ces mains, pleins de douceur et de compassion. Une infirmière sur un champ de bataille.

Jusqu'au jour où, défiant l'ordre établi qui voudrait qu'un Lorrain ne se rendît pas en terre ennemie, le Maître part pour Paris avec le rêve fou de soumettre sa toile à Louis XIII, l'ennemi du moment.
Le tableau à peine fini (petite erreur : on ne fait pas voyager une toile pas encore sèche et cela nécessite plusieurs mois), ils partent en carriole puis en coche sur la Marne jusqu'à Paris. Et Gaëlle Josse se fait historienne, recréant pour nous les voyages et la vie à Paris en 1639.

Gaëlle Josse a réussi à nous faire vivre l'art du peintre, le souffle du pinceau, l'exigence et le feu qui dévorent l'artiste, cette sommation intérieure qui l'anime et le pousse. J'avais regretté l'absence d'une telle implication du lecteur dans l'art dans « Les heures impatientes ». Ici, je suis comblée. Une véritable immersion dans le souffle créateur.

A côté de ces moments fabuleux, se trouve une autre narration, située en 2014, à Rouen : sous la plume de « Elle », amante passionnée s'adresse à l'homme sans lequel, dit-elle, elle se sent « incomplète ». Après les emportements de la passion, le doute, la trahison, le chagrin.

Le trait d'union avec l'artiste qui deviendra le peintre officiel de Louis XIII reste à mon sens très artificiel. Quoi ? Une passion pour une autre ? La peinture et l'amour dévorant ? La rêverie douloureuse provoquée par la contemplation d'une scène religieuse  même en prenant le mot passion au sens étymologique, me semble tiré par les cheveux ! Ou bien je n'ai pas compris.

Alors, je laisse de côté l'histoire sentimentale de 2014 à Rouen, d'autant que la dépendance de cette femme vis à vis de son amant m'insupporte un peu...Et je reprends, avec délices , les pages lumineuses, sensibles, intelligentes, nourries de références artistiques, qui concernent Georges de la Tour...
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Très très bon moment passé avec cette petite histoire où l'on suit le peintre Georges de la Tour à l'époque où il peint son célèbre tableau Saint Sébastien, et une jeune femme, à notre époque qui se retrouve au musée devant la même oeuvre. L'écriture est poétique, et fluide. On passe d'une époque à une autre avec une grande facilité et on suit avec plaisir les deux récits. On ressent bien les émotions de chacun et on en redemanderai presque.
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« L'ombre de nos nuits » est un très beau roman qui nous plonge immédiatement dans l'atmosphère sombre et magnétique du magnifique tableau de Georges de la Tour, « Saint Sébastien soigné par Irène », que nous contemplons à côté de la narratrice, postée devant la toile, au musée de Rouen.
Janvier 1639, à Lunéville, alors que la guerre de trente ans et que la peste dévastent la Loraine, le peintre à l'intuition de ce tableau, pour lequel ses proches, sa fille en particulier, vont poser. Cette toile que le peintre destine, dans le secret de son âme, au roi de France. Nous le suivons, lui, son fils, son apprenti, dans la réalisation de cette toile magistrale. Oeuvre intrépide, gigantesque, passion et folie d'un maitre qui fait surgir de ses peintures et de ses pinceaux, des visages, des ombres, des teintes que l'on pourra contempler pendant des siècles avec toujours autant de passion et de bonheur. Comment de simples pigments, couleurs, tonalités, peuvent-ils exprimer autant de force et de douceur, voilà bien un mystère.
En 2014, aux Musées des Beaux-Arts de Rouen, prostrée devant la toile, la narratrice va suivre un chemin intérieur vers le souvenir d'un amour passé, qu'elle avait cru oublié, quelle a cru recevoir en retour, qu'elle a perdu, qui ne sera plus jamais, et qui lui laisse un si grand vide au milieu du clair-obscur de ses souvenirs, de la passion, de ses regrets sans doute.
Les deux récits alternent, chapitre après chapitre, d'un siècle à l'autre, d'une souffrance et d'un amour exprimé à l'autre, pour finalement réussir à se rejoindre et s'émouvoir. le jeu des écritures et des italiques nous permet de suivre aisément plusieurs personnages, leurs sentiments et leurs questionnements. L'écriture est belle, les époques et les sentiments se rejoignent sans heurt, et lorsque l'auteur s'exprime par la voix du peintre, de son apprenti, de sa narratrice, nous la suivons. Tout comme lorsqu'elle nous donne envie de courir à Rouen redécouvrir ce tableau.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Deux récits qui se croisent et une écriture savoureuse, douce, toute en finesse. le premier récit est celui de la naissance d'un tableau par le Maître Georges de la Tour, le « San Sebastien à la lanterne soigné par Irène» et de sa consécration lorsque l'oeuvre est présentée au roi de France. Nous sommes en 1639 en Lorraine, la guerre et la peste sévissent et déciment les populations. le Maître, lui, se consacre à sa création. Il est assisté par son fils et un jeune talent qui mêle son récit à celui du Maître. Les pages sont magiques, hors du temps, le tableau naît sous les yeux du lecteur ébahi.
Le second récit, en 2014, campe une femme qui tombe sous le charme du tableau lors d'une visite inopinée de musée. Elle se remémore son histoire d'amour douloureuse avec un homme qu'elle pensait délivrer de ses maux comme la jeune Irène du tableau qui ôte délicatement la flèche de la cuisse de San Sebastien.
Les deux histoires se croisent. La femme du musée est hors du temps présent comme le lecteur conquis par cette écriture sensible. Même si j'ai été beaucoup plus conquise par le récit plus ancien j'ai passé un moment de lecture savoureux et inattendu. Un très beau roman délicat et poétique.
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Un joli roman pendant lequel on suit un bout de parcours de Georges de la Tour qui espère devenir peintre de la cour de Louis XIII. On alterne chapitres dans le passé et retour au présent avec l'histoire d'une jeune femme au coeur brisé. Pour être honnête j'ai largement préféré la partie historique du livre, contée par l'apprenti du peintre qui nous raconte sa fascination pour le travail de son maître, la captation des émotions, lors de la conception du tableau qui est d'ailleurs en couverture du roman. C'est délicat, haletant quelque part quand on ne connait pas ce peintre, et un hommage artistique intéressant.
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4*pour l'écriture poétique même si je n'apprécie pas trop deux histoires qui se chevauchent. Ce livre donne envie d'entrer dans l'univers de Josse.
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Lorraine, Lunéville. Début 1639, le peintre Georges de la Tour s'attelle à un nouveau tableau. Son travail est reconnu dans le pays mais il destine cette nouvelle oeuvre au roi de France. Deux apprentis l'aident : son propre fils peu doué et un orphelin qu'il a recueilli. Ce dernier observe les techniques du Maître et possède déjà du talent. le tableau représente Saint Sébastien une flèche dans la cuisse soigné par Irène. Dans le clair-obscur de la pièce, son visage se dessine : calme, empreint de douceur et d'amour. Son modèle est sa fille Claude âgée de quinze ans, Son père lui demande pour la pose de penser à ce qui lui est plus cher. le peintre travaille dans un atelier sombre dont seule la lumière du feu offre un peu de lumière.

2014 pour s'abriter de la pluie, la narratrice entre dans le musée de Rouen et observe admirative ce tableau qui la renvoie à des souvenirs proches. Son amour pour un homme et comment elle s'en est libérée.

Le roman alterne les deux histoires : la genèse du tableau et celui de l'ampou de cette femme. Gaëlle Josse nous fait revivre la création de ce tableau, la quête voulue par Georges de la Tour d'exprimer au plus juste par son pinceau les sentiments et l'histoire d'amour toxique de la jeune femme " je m'effaçais derrière les mots des autres, comme je me suis effacée pour toi dans ma propre vie".
Avec une écriture ciselée, subtile et tout en nuances où chaque mot est pesé, on est "littéralement" dans ces deux récits. Gaëlle Josse nous livre les pensées les plus intimes des personnages que le tableau relie.
Amour du peintre pour son art et pour sa famille mais également ses angoisses, l'amour du jeune apprenti pour Claude dont le coeur bat pour un autre. Et le deuil de l'amour de la narratrice.

Il y a une finesse incroyable, une sensibilité et une sobriété qui nous imprègnent et nous fait vibrer profondément. Pour mieux savourer ce roman, j'ai pris mon temps et je me suis glissée dans ces deux histoires. C'est tout simplement très, très beau !

Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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En 1639,Georges de la Tour est en train de peindre une œuvre ambitieuse Saint Sébastien soigné par Irène.
On suit ses choix de modèles,sa façon de travailler,de choisir ses couleurs.
En parallèle en 2014 une femme rentre au musée et s'installe devant Irène penché sur le martyr blessé,se laisse envahir par les sentiments ,les souvenirs d'une passion mal partagée.
Gaëlle Josse nous emmène dans l'atelier du peintre avec doutes,avec son apprenti qui nous décrit la vie au domicile des de la Tour,et de l'autre une partie très contemporaine avec cette femme et l'analyse de ses sentiments.
Une écriture limpide,subtile,et délicate.
Un chef d’œuvre comme tous les livres de Gaelle Josse.
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