J'ai beaucoup aimé l'insolence dont P. Jourde fait preuve, dans la "Littérature sans estomac" et son "Jourde/Naulleau" à l'égard de pontes de la littérature dont il montre combien leur réputation est totalement injustifiée, tant leur écriture est plate et leur pensée inexistante. Je ne connaissais pas ses romans: j'ai commencé par celui-ci, que j'abandonne après 150p. d'ennui mortel. Il ne s'y passe rien. On balade un canapé familial de Paris en Auvergne... C'est peu pour faire une histoire susceptible d'intéresser. Il convoque
Diderot: mais lui raconte des non-histoires en amusant et en enrichissant son lecteur.
Jourde raconte quantité d'anecdotes sur ses voyages au Guatémala, au Népal, comment son frère a perdu un sac contenant du shit... On a l'impression de lire un universitaire qui s'encanaille en révélant qu'il picole, fume des joints, a été un sacré cancre dans l'enfance (comme pour s'excuser d'être prof de fac aujourd'hui), parle de"chiottes" et de chiasse pour bien se démarquer des auteurs bien élevés... Il dit qu'on ne pisse pas, chez Gracq: c'est faux, ce dernier évoque dans les "Lettrines" la compagnie de voltigeurs qu'il dirigeait en 1940, des soldats qui "pissent en marchant", parlent "de leur dernière masturbation ou de la consistance de leurs matières fécales".
Un long et lourd passage décrit sa réception à l'Académie française, pour y recevoir un prix. L'auteur décrit alors avec beaucoup de mépris ces vieillards cacochymes et leurs attitudes pour lui ridicules... Mais une question se pose: pourquoi n'a-t-il pas alors refusé ce prix de l'Académie? Il crache dans la soupe où il s'abreuve! P. Jourde devait savoir qu'il y rencontrerait de tels personnages... C'est mesquin et hypocrite. Mais il n'a pas craché sur les 1500€ du prix!
Jourde nous balance jusqu'à plus soif ses figures de style genre "épanorthose" comme pour s'en moquer, mais ça reste du pédantisme et c'est pas drôle. Rien n'est drôle, d'ailleurs, dans ce récit ennuyeux qui n'aurait sûrement pas été publié s'il l'avait envoyé à Gallimard sous un autre nom... C'est bien de critiquer les autres ,mais faudrait être capable de faire mieux! Bizarre qu'il n'ait pas la lucidité de voir combien ce texte est nul, son écriture plate malgré des affectations de style copain-copain. C'est sans doute Jourde qui a écrit sa p. 4 de couv', où il s'attribue "un récit hilarant", "plein de tendresse bourrue", de "hargne réjouissante", d' "érudition goguenarde"... C'est tout? Je n'ai pas souri une fois en 150p. Il étale sa culture stylistique avec fausse modestie, s'il a honte d'être un ponte, que ne démissionne-t-il pas? Nullissime, à ajouter dans "
La littérature sans estomac" ou le "Jourde et Naulleau"...