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sur 465 notes
Darl Moody braconne depuis toujours dans des bois privés de Caroline du Nord, il rêve d'abattre un cerf aperçu à plusieurs reprises, et dans l'obscurité crépusculaire de la forêt il commet l'irréparable en tuant par erreur le malheureux Carol Brewer qu'il a confondu avec un sanglier. Au milieu de la nuit, Darl réveille son ami d'enfance Calvin Hooper et le convainc de l'aider à faire disparaître le corps du défunt, enterré comme un animal à l'aide d'une pelleteuse. Tandis que les deux hommes imaginent avoir brouillé toute trace de l'accident, Dwayne, le terrifiant frère aîné de Carol, remonte plus vite que prévu la piste du crime et semble prêt à tout pour venger son frère.

« Ce lien entre nous » est une plongée d'une noirceur rare, parfois insoutenable au coeur des Appalaches. le contraste entre la beauté d'une nature indomptée et l'improbable mélange de bêtise et de cruauté des protagonistes est saisissant. David Joy a été l'élève de Ron Rash : on retrouve dans son dernier roman une écriture à la fois sèche et soignée, le traitement presque naturaliste des personnages et la place accordée à la poésie d'un lever de soleil qui « peignait les arbres en rouge, illuminait le lac en lui donnant la couleur du sang ».

La difficulté que rencontre le lecteur à s'identifier aux protagonistes font du roman de David Joy un livre parfois difficile à appréhender. A l'exception d'Angie, la superbe petite amie de Calvin et dans une moindre mesure du policier qui essaie tant bien que mal de mener son enquête et d'éviter le pire, il semble en effet difficile d'éprouver une quelconque empathie envers les principaux acteurs du récit.

La lâcheté teintée d'ignorance de Darl, le piège de la fidélité à une amitié d'enfance dans lequel tombe Calvin en font des personnages pathétiques mais néanmoins compréhensibles. En revanche, les traumatismes d'une enfance volée, la force de l'amour fraternel ne suffisent pas à justifier, ni même à comprendre la soif inextinguible de vengeance qui s'empare de Dwayne. le sadisme insoutenable d'une brute qui cite à longueur de journée la Bible du roi Jacques, éprouve une forme de supériorité morale malsaine et se complaît dans une impossible auto-justification m'a totalement désarçonné.

Si l'écriture ciselée et empreinte de poésie de David Joy confère à « Ce Lien entre nous » une indéniable beauté formelle, une certaine complaisance envers la cruauté qui se déploie au fur et à mesure de la terrifiante vengeance de Dwayne semble la limite d'un roman qui n'a pas réussi à m'emporter.
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Si vous croisez David Joy, vous découvrirez un grand gaillard assez costaud à la barbe rousse broussailleuse, au regard doux avec une éternelle casquette vissée sur la tête. Une allure impressionnante d'homme des bois, issu des Appalaches dans le comté de Jackson où il semble vivre depuis toujours. Que l'on ne se méprenne pas sur cette apparence, car David Joy n'a rien d'un bouseux ignare et peut vous pondre un essai pertinent dans le New-York Times au sujet de la culture des armes en Amérique, lui qui en possède toute une collection et avec lesquelles il pose pour les journaux. Il faut dire que l'homme est issu d'un cursus universitaire en Caroline du Nord et a eu comme professeur de littérature Ron Rash qui l'a encouragé dans sa démarche d'écriture au terme de laquelle on a tout d'abord découvert Là Où Se Perdent Les Lumières (Sonatine 2016) et le Poids du Monde (Sonatine 2018) deux romans très sombres évoquant l'univers de marginaux ayant une forte propension à consommer alcool et méthamphétamine. Au-delà de cet univers, les ouvrages de David Joy ont la particularité de se dérouler dans la région où il séjourne, car l'auteur explique qu'il ne sait écrire que sur ce qui l'entoure. Mais il faut bien admettre qu'en plus d'observer son entourage, le romancier à cette capacité singulière à restituer avec le mot juste tous les aspects géographiques mais également sociaux du comté de Jackson, ceci avec une pincée de poésie, qui en font des textes uniques. Même s'il s'éloigne du monde de la marginalité, Ce Lien Entre Nous, se focalisent donc une nouvelle fois sur les petites gens du comté qui deviennent ainsi la source d'inspiration principale de David Joy.



Darl Moody se moque bien des périodes autorisées pour la chasse. Pour lui une seule chose compte : remplir son congélateur de viande afin de faire face à la période hivernal où le travail commence à manquer dans cette région de la Caroline du Nord. Ainsi Darl Moody ne chasse pas ce grand cerf qui rôde sur la propriété du vieux Coward, uniquement pour le plaisir, mais bien pour économiser sur le prix de la viande qu'il devrait acheter au supermarché afin de nourrir ses proches. Mais en fin de journée, alors qu'il est à l'affut, il tue accidentellement un homme qu'il identifie rapidement. Il s'agit de Carol Brewer dont le grand frère Dwayne est connu dans toute la région pour sa violence et sa cruauté. Darl se tourne donc vers Calvin Hooper qui accepte de l'aider à dissimuler le corps. Mais malgré toutes les précautions prises, Dwayne découvre rapidement ce qu'il est advenu de son petit frère. Et sa vengeance sera dévastatrice.



On s'éloigne donc de la marginalité avec Ce Lien Entre Nous dont le titre fait référence à cette solidarité qui unit des hommes et des femmes ordinaires, mais de conditions modeste, vivant dans le comté de Jackson où la nature fait également fonction de garde-manger pour ces habitants qui peinent à joindre les deux bouts. La particularité du récit réside dans le fait qu'il n'y pas vraiment de héros ou de personnages vertueux à l'instar de Darl Moody et de Calvin Hooper qui brillent par leur lâcheté à un point tel que l'on est obligé de ressentir une certaine empathie à l'égard Dwayne Brewer dont la raison se disloque à la mort de son frère qu'il doit venger. Bien évidemment, il y a la fureur décuplée de ce personnage hors norme ravagé par le chagrin qui remet continuellement en question le bienfondé de sa démarche, ceci d'autant plus qu'il écarte police et justice pour lesquels il estime n'avoir aucun compte à rendre. On se retrouve donc face à un personnage exceptionnel animé par toute une nuée de sentiments dévastateurs qu'il entretient avec le souvenir de son petit frère dont il observe la carcasse qui se décompose. Entre les réminiscences d'un passé qu'il ressasse et les actions terribles qu'il entame pour punir les responsables de la mort de son frère, le récit oscille entre des période contemplatives assez touchantes, imprégnée d'une certaine forme de mélancolie et de terribles confrontations qui vont faire frémir le lecteur, ceci d'autant plus que l'on ne sait quelle direction il va prendre avec la disparition assez abrupte de certains protagonistes. Pour revenir aux personnages de Darl Moody et de Calvin Hooper, c'est l'occasion d'observer ces hommes du terroir et leur entourage qui tentent de survivre dans une région où les perspectives économiques sont sur le déclin et où l'on se débrouille comme on peut pour subvenir à ses besoins en comptant sur l'aide de l'autre pour faire face aux difficultés. Et au-delà de cette lâcheté dont il font preuve avec la mort de Carol Brewer qu'ils tentent de dissimuler on devine cette volonté de survivre non pas égoïstement mais pour protéger leurs proches qui ont besoin d'eux à l'exemple de la soeur de Darl Moody dont le mari a perdu son emploi suite à des problèmes de santé.



C'est ainsi que l'air de rien, au travers d'un roman noir exceptionnel, David Joy dépeint, avec cette justesse remarquable qui le caractérise, cette Amérique de la marge qu'il côtoie quotidiennement et qui font de Ce Lien Entre Nous, un récit marquant dont l'impact nous fera encore frémir une fois la dernière page tournée. Vertigineux.





David Joy : Ce Lien Entre Nous (The Line That Held Us). Editions Sonatine 2020. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Fabrice Pointeau.



A lire en écoutant : Sideways de Citizen Cope. Album : The Clarence Greenwood Recording. 2004 Arista Records, Inc.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Une psychologie très forte dans cette histoire qu'il me sera impossible de lâcher une fois la première page tournée, tellement l'intrigue est maitrisée.
Un livre à la beauté âpre, entre poésie des grands espaces et réalisme le plus cru.

Un malheureux accident de chasse qui vire au carnage !
L'auteur nous emmène dans les Appalaches, en Caroline du Nord :
Une région oubliée, figée dans le temps, reculée et austère où une jeunesse marginale lutte pour survivre : les laissés-pour-compte.
Ils portent en permanence une arme, un couteau et ils chassent. Pas par goût mais par nécessité, pour se nourrir.
Parce que la grande majorité n'a pas les moyens d'aller faire ses courses au supermarché du coin.

Quatre destins vont basculer : les deux frères unis par un lien indéfectible et les deux meilleurs amis .
Ce roman noir est rempli de désespoir, pétrie de douleur et de rage et pourtant une lumière dans cette noirceur
Sur l'amour fraternel et la culpabilité . Un peu d'humanité !
Cette histoire interroge sur les liens qui se créent entre les gens :
Ils sont prêts à tout pour protéger leurs proches,
leur seule raison d'exister !
Les hommes qui s'affrontent sont nés dans le même périmètre enracinés dans leurs terres.
J'ai été touchée par ces deux personnages Dwayne, le méchant, prêt à tout pour venger son frère et le gentil, Calvin le meilleur pote prêt à tout pour aider son copain.
Je fus surprise de ressentir de l'empathie pour Dwayne parce que franchement son côté animal , rustre, sans compassion, sans pitié oeil pour oeil, dent pour dent ne devait pas ...
Tout est rage au plus profond de lui, il a son propre sens de la réalité, ses croyances, son rapport à la bible mais un amour inconditionnel pour son frère prêt à tout pour lui !
Il s'est construit sans amour, humilié, rejeté et violenté : sa réponse une fois adulte fut le contrôle par la violence, une réaction défensive.
Mais le talent de l'auteur en jouant avec le passé des protagonistes nous laissent juges, offre une légitimité à leurs actes et les rend plus humains avec leurs erreurs et leurs convictions .

“Tout le monde a besoin d'être dompté, pensa-t-il. L'empathie, ce n'est pas se tenir au-dessus d'un trou en disant qu'on comprend, l'empathie, c'est avoir soi-même été dans ce trou.”

« Pour qui est tu prêt à donner ta vie ? » « Que serais-tu capable de faire pour un être aimé ? ». David Joy met ses personnages face à ces dilemmes. Il les pousse dans leurs retranchements et observe le résultat.

Une lecture riche en analyses, émotions et questionnements.
Et toujours la même conclusion : la violence, la maltraitance, la misère, le manque d'amour engendre une rage viscérale.
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Quand vous habitez dans les Appalaches, qu'il n'est pas péjoratif de qualifier de rural profond, la notion de braconnage est relative. Profiter de l'absence d'un voisin, par ailleurs cultivateur de ginseng (une des richesses de la région !), pour chasser n'est pas surprenant. Seulement voilà, malgré votre expertise cynégétique, votre situation devient fâcheuse quand, au lieu d'un sanglier, vous dégommez malencontreusement, et définitivement, le simplet du village. Malchanceux bougre, qui, lui, était en train de carotter les précieuses racines, car, chez ces gens-là, décidément, il n'y a pas de petits profits et les prestations sociales outre-atlantique ne permettent pas toujours de rester dans la légalité.
Vous voilà donc contraint de vous débarrasser du corps puisque vous êtes désormais clairement en infraction. Circonstance aggravante : le frère du défunt a la carrure de Sébastien Chabal et la mansuétude de Poutine.
Habitant un espace assez peu densément peuplé, vous pouvez raisonnablement envisager que cette démarche se déroulera en toute discrétion d'autant que vous avez des amis fidèles susceptibles de vous épauler. Ainsi, le présent roman pourra se conclure en une trentaine de pages…
Heureusement pour le lecteur, beaucoup moins pour le braconnier, le bouseux de Caroline maîtrise les NTI. Je ne parle pas du fiancé de ma cousine mais de l'autochtone producteur de ginseng de l'Etat Américain dont la capitale est Charlotte (le deuxième prénom de ma cousine, anecdote cadeau…). En effet, le rusé péquenaud a installé des caméras de surveillance sur sa propriété et Vladimir Chabal les visionne. Dès lors, les trente pages peuvent être multipliées par dix.
Pendant les trois quarts du bouquin, c'est un régal, tant pour le rendu de l'ambiance champêtre, qui rappelle le regretté William G. Tapply, que pour l'intrigue et la manière très subtile dont les différents personnages sont présentés ou tirent leur révérence.
La fin m'a moins emballé. Sans dévoiler la chute, disons simplement que les références un peu trop poussées à un destin biblique a tempéré mon enthousiasme. Cette propension très américaine, mais également marotte de notre Grangé national, à forcer le trait du religieusement incorrect, n'a cependant pas entièrement gâché un ressenti qui reste très bon et qui, surtout, me donne envie de découvrir d'autre livres de Joy, le pas vraiment bien nommé.
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Ce lien entre nous de David Joy est l'histoire de Darl Moody, chasseur, qui aimerait bien avoir ce foutu cerf, et sa viande pour pouvoir nourrir sa famille. Alors il décide de passer outre l'interdiction de chasser et va carrément franchir les terres de son voisin absent, pour pouvoir chasser l'animal. Mais finalement, ce ne sera pas l'animal qu'il tuera… mais nooooon chuuuuuut je n'en dirai pas plus !

Dans ce livre on vogue en plein cauchemar et si vous pensez détenir un livre sympa et gentillet, oubliez… ici on plonge dans des eaux sombres et une atmosphère que seul un thriller détient, quand son auteur manie le genre correctement. Ce qui fût le cas ici.
Avec ces personnages peu attrayants et finalement pas si attachants que ça, l'auteur embarque son lecteur facilement dans cette histoire ou le suspense est à son comble et l'atmosphère bien dégueulasse.
Malgré le fait que je n'aime pas trop les thrillers, je dois dire qu'ici le tout marchait bien pour moi, même si certaines situations m'ont laissé un peu perplexe.

J'ai donc beaucoup aimé lire ce livre. Par contre, la fin m'a un peu déçu, j'aurais voulu que l'auteur pousse jusqu'à l'extrême.
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Caroline du Nord. Alors qu'il est en train de braconner dans une propriété où il ne devait pas se trouver, Darl tire et tue par erreur un homme. Lorsqu'il se rend compte que cet homme n'est autre que Carol, il est prit de panique. En effet, Darl connaît très bien son frère, Dwayne, ainsi que la violence dont il fait preuve. Il décidera de demander de l'aide à son meilleur ami Calvin pour cacher le corps. Il va alors s'ensuivre une chasse à l'homme sans précédent où la vengeance sera le mot d'ordre.

Quel roman pesant. L'auteur a un talent immense pour rendre toute noirceur possible à une intrigue qui est pourtant assez simple au départ. C'est la manière dont David va dérouler son scénario qui est impressionnante.

Le cadre choisi par l'auteur est vraiment judicieux. Cela ajoute indéniablement un supplément de noirceur. Ici, pas de grandes villes, pas de richesse. C'est presque un thriller d'ambiance. La pauvreté des personnages, ainsi que leur désoeuvrement va donner lieu à des situations noires.

Il ne faudra pas s'attendre à un thriller qui va à toute vitesse, bien au contraire. David Joy va se focaliser sur la psychologie de ses personnages et prendra le temps de bien camper son décor. Les descriptions immersives sont très présentes. L'auteur le fait à merveille, mais malgré tout, à certains moments, j'ai trouvé qu'il en usait peut-être un peu trop. C'est vraiment le seul bémol que je peux trouver à ce roman.

La plume de l'auteur est très belle. Comme je l'ai dit, elle est immersive et très visuelle. Les chapitres ne sont pas très longs, et cela se lit vraiment très bien.

Un thriller à lire pour son ambiance emplie de noirceur, sans s'attendre à de l'action, mais plutôt à une grande dimension psychologique. C'est une lecture peu ordinaire et qui ne peut laisser son lecteur indifférent. À découvrir.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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David Joy les connaît bien les laissés pour compte de l'Amérique du dollar, ceux qui se débrouillent entre combines, braconnage et petits boulots. Si le génie littéraire ne s'était pas penché sur son berceau, peut-être même aurait-il pu être l'un des personnages de ses romans ?
Entre confrontations violentes et envolées poétiques, David Joy nous emmène sur ses terres, les Appalaches, dans une nature aussi rude que ses habitants et nous embarque dans un roman aussi noir que génial où se mêlent amitié, lâcheté, amitié, vengeance, violence et rédemption.
Quand on touche à la famille, mieux vaut courir aussi loin que possible car la vengeance est terrible !
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Premier roman de David Joy que je lis. Les éditions Sonatine sont un gage de qualité pour moi mais aussi de noirceur et là, pour être noir, ce roman est vraiment noir.
Il se passe en Caroline du Nord, dans les Appalaches.
Darl est un jeune homme passionné de chasse, il ne respecte pas spécialement les périodes où cela est autorisé ni les propriétés privées. Il a repéré un grand cerf et est prêt à tout pour le tuer et ainsi nourrir sa famille.
Un soir, il part chasser et croit voir un sanglier au bout de ses jumelles, il tire et le tue mais réalise ensuite qu'il s'agit d'un homme, un autre braconnier comme lui. "Sissy" est un jeune homme un peu handicapé qui était sur un terrain privé occupé à voler du ginseng. Paniqué par son acte, il décide avant tout de cacher le corps afin de ne pas être accusé. de plus, il connaît ce jeune homme et aussi son frère Dwayne, qui est un homme très robuste, connu pour sa violence.
Il appelle donc son meilleur ami Calvin et ils vont ensemble creuser une tombe et faire disparaître le corps.
A partir de ce moment-là, s'engage une véritable chasse à l'homme entre Dwayne et les deux complices.
Ce roman est d'une très grande violence car les fermiers sont tous armés et adeptes de l'auto-défense et la loi du talion. Certaines scènes sont à la limite du supportable. J'ai apprécié aussi les dialogues et la psychologie des personnages, ce ne sont pas les "rustres" que l'on pourrait croire, ils ont aussi des valeurs, des interrogations, une quête philosophique. En dépit de toute cette violence et cruauté, il se dégage un peu de poésie également de certaines descriptions de la nature.
En tout cas un roman très fort, dans la veine de ceux de Ron Rash.
Je le recommande vivement. L'année 2021 commence bien pour mes choix de lecture.
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J'avais déjà beaucoup aimé "Le poids du monde", du même auteur, et indéniablement ce dernier titre découvert m'y fait beaucoup penser, tant les thèmes sont proches.
Un accident de chasse pour commencer, un meilleur ami impliqué un peu contre son gré, une vendetta du frère de la victime, le tout sur fond de rancoeurs sociales et de tentatives pour s'en sortir, dans ce coin de l'Amérique où on peut labourer avec des chevaux et sortir de sa poche le smartphone dernier cri...
J'aime décidément beaucoup cet auteur, ses ambiances, sa façon de croquer cette Amérique violente, armée, rurale.
Un roman que j'ai dévoré et que j'imagine absolument en film !
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« La balle de .45 à pointe creuse avait coupé le corps de l'animal en deux. La partie arrière du rat se débattait sur le sol tandis que la partie avant, toujours consciente, se mit à tourner sur elle-même sur ses pattes, puis rampa jusqu'à la moitié arrière qui gigotait et se jeta dessus comme si ce sale truc vivant était le responsable. Dwayne Brewer éclata de rire comme si c'était la chose la plus drôle qu'il ait vue de sa vie. Il était presque en larmes lorsqu'il reposa le pistolet à côté de lui sur le canapé et regarda l'endroit où le sang avait éclaboussé le mur, la viande d‘un violet rougeâtre semblable à de la chair de gibier. »
La banalisation de la violence emprunte dans ce roman le visage de cet homme, Dwayne Brewer, dont le frère un peu simplet, Carol dit Sissy, est abattu accidentellement un soir par un braconnier à l'affût, lequel s'empresse de camoufler son forfait avec l'aide d'un ami appelé à la rescousse. S'enclenche alors une spirale vengeresse portée par un homme spolié du seul être qu'il aimait et dont la fureur, tempérée parfois par la lecture de versets bibliques, peine à être assouvie.
David Joy connaît bien ces habitants des montagnes sauvages des deux Caroline. Chaque foyer possède ses armes à feu que l'on se transmet de père en fils avec fierté et qu'on utilise officiellement à des fins de chasse et de survie, mais qu'on réserve aussi pour se faire justice, une tenace arrière-pensée qu'un jour, il faudra se défendre ou se venger en les retournant contre un voisin, un parent, un policier ou quiconque aura offensé l'autre.
Il y a quelques années, mon mari et moi avions campé dans les Blue Ridge Mountains, en toute candeur, émerveillés par la beauté farouche de l'endroit et sa nature luxuriante. Mais en terminant ce roman, je n'ai pu empêcher un frisson glacé me parcourir l'échine.

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