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sur 457 notes
Un grand merci à Babelio et aux éditions Sonatine...

Il n'en a que faire, Darl Moddy, de la saison de la chasse. Alors même s'il a deux mois d'avance, il ne va pas le louper, ce cerf majestueux qu'il voit passer depuis deux ans de la ferme des Buchanan aux bois du vieux Coon Coward. D'autant qu'il sait ce dernier absent pour une semaine. Tard, un soir, alors que le soleil est déjà couché, armé de son fusil, il se cache dans les bois, certain que le cerf va bientôt se montrer. Malheureusement, ce qu'il prend pour l'animal n'est autre qu'un homme. Gisant sur le ventre, la chemise rendue presque noire par le sang. Que faisait ici, en pleine nuit, Carol Brewer, ce simple d'esprit, sur les terres de Coward ? Paniqué, il appelle aussitôt son meilleur ami, Calvin, lui demandant de se pointer vite fait avec sa pelleteuse. Si celui-ci accepte de l'aider, les deux hommes savent pertinemment que rien ne sera plus comme avant, d'autant que le frère du défunt, Dwayne, une vraie terreur de la région, va rapidement s'inquiéter de la disparition de celui-ci...

C'est au coeur des montagnes Appalachiennes, ces immensités à la fois majestueuses et dangereuses, que David Joy plante le décor de son dernier roman. S'inspirant d'un fait réel, à savoir un homme qui en a tué un autre, le confondant avec un sanglier, il tisse une sombre histoire de vengeance. Si Darl et Moddy ne voient en Dwayne qu'un homme violent et rustre, ils n'imaginent pas un seul instant le lien très fort qui le lie à son frère. Blessé, meurtri, presque amputé, Dwayne n'a, semble-t-il, pas d'autre choix que de venger ce dernier, un homme simple d'esprit qu'il aura tenté de protéger toute sa vie. David Joy dépeint, avec force et intensité, la face sombre des hommes. Et s'il est question de vengeance, de culpabilité, de survie, il aborde également les liens qui unissent les hommes, l'amitié et l'amour. L'on ressent, à travers ses mots, qu'il connait les gens et les histoires qu'il raconte, qu'il traverse lui aussi ces décors de montagnes si tragiquement dépeints. À la fois sombre et lumineux, ce roman, servi par une plume magnifique, nous plonge, avec une justesse remarquable, au coeur de l'Amérique miséreuse...
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Sur l'étal, ce roman ne peut pas échapper à notre regard ni manquer de susciter notre curiosité. La couverture , déjà, ne rutile pas , non , plutôt sombre , grise , esthétiquement superbe avec des dégradés obscurs ...Pas forcément attirants , ces dégradés, mais bigrement intriguants , voire menaçants ....Une belle réussite, à mon avis , et déjà porteuse d'une ambiance dans laquelle il va bien nous falloir nous immerger . Les Appalaches . Un nom qui fait rêver, un nom qui fait frémir, lieux de liberté, lieux nourriciers aussi , là où abonde un gibier salvateur pour les populations en quête de survie , braconniers , " cultivateurs " de produits interdits .
C'est dans ces lieux et ces contextes qu'un braconnier , confondant sa victime avec un animal sauvage , devient un criminel....
Triste événement, aggravé par l'affolement , l'appel à un ami , la dissimulation du corps dans des terres glaiseuses , loin d'être aussi salvatrices qu'auraient pu le croire ceux qui y avaient " confié " un corps indésirable . Deux hommes dans une galère, bientôt rejoints par un troisième, le frère de la victime , bien décidé à retrouver et venger "son petit- frère Sissy " . Un rustre ?
La force de l'auteur est de " donner de la hauteur " à son récit en analysant les pensées des personnages , décortiquant au scalpel leurs pensées profondes , mettant " à nu " leurs personnalités. Est- ce la présence obsédante d'une nature luxuriante , mais actions et réflexions se succèdent pour donner au récit beaucoup de " corps " et un intérêt dramatique de premier plan , intérêt d'autant plus prégnant que le nombre de personnages sera extrêmement restreint et focalisera toute notre attention . J'ai adoré cette implication obligatoire et , finalement , pas si " facile " du lecteur dans cette sordide histoire .
La traduction , même si c'est toujours délicat à dire , me semble bien " coller au projet " et le roman se lit avec avidité.
Personnellement , cet auteur est désormais " dans mon fichier " , j'avoue avoir été séduit mais , si j'en crois certaines critiques , je sens que l'équipe des " fans " va vite s'étoffer.
C'est un roman noir , très noir , avec des passages difficiles bien maîtrisés afin de ne pas rebuter le lecteur mais , plutôt, de laisser la porte ouverte à tous pour provoquer la réflexion. La fin du roman est juste.....Vous verrez bien. le chemin sera long , ardu , désespérant mais ...peut- être pas ..désespéré. Bonne lecture et ...bon courage .


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Un chasseur sachant chasser sans...
Visiblement, non.

Darl Moody vient de commettre l'irréparable.
Un truc tout con qui pourtant survient régulièrement.
Confondre un animal traqué avec un être humain.
Ballot. D'autant que le plus souvent, c'est la balle qui gagne.
D'autant plus bêta lorsqu'on connait le frangin du défunt, un mec que l'on souhaiterait croiser le moins souvent possible pour la pérennité de son assurance-vie.
Darl se retrouve donc avec un léger problème.
Plutôt que d'en avertir Houston, c'est à Calvin, son "best friend for ever", qu'il échoira de le tirer de cette fosse à purin.

Tu aimes la nature et une certaine rugosité dans les rapports humains ?
Alors ce Joy tu adoreras.

Les Appalaches en toile de fond.
Une misère sociale et affective, comme moteur, couplée à un évident manque de bol, et c'est avec un brio implacable que l'auteur avance des pions qui, à n'en pas douter, devraient être bien peu nombreux à passer la ligne d'arrivée.

Joy fait dans la psychologie sans jamais être chiantissimement démonstratif.
Il assoit une dramaturgie solide et crédible en tablant sur l'humain et ses choix de vie... ou de mort.
Des dilemmes conscientisés, véritables supplices psychiques, où bien et mal se livreraient à un combat sans merci en usant de votre boîte crânienne comme d'un octogone de MMA.
De fait, ici, point de véritable victime, ni de parfait salaud, mais bel et bien deux êtres en perdition face à leurs contradictions, leur sens respectif de la justice et ses répercussions collatérales.
C'est violent, terriblement désespérant mais d'une effroyable justesse de ton et de narration.

Un grand Joie porteur d'une immense Joy !
Et vice-versa...
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Quand un chasseur -braconnier croit , en pleine nuit dans les Appalaches en Caroline du nord, voir un sanglier, et tire sur un autre braconnier, ça peut , s'il prend la mauvaise décision, avoir de terribles répercussions...
Et Darl prendra la mauvaise décision, qui est de ne pas aller voir la police... C'est que le frère du défunt n'est pas un gentil garçon, et il adorait son frère...
Un petit coup de fil qui finit en grosse avalanche de violence, le tout enveloppé dans un papier cadeau XXL... Celui des grands espaces, celui de la chasse , nature , pêche et dureté de la vie; celui d'un monde où la moitié de la population a un flingue (au moins) chez lui, celui de la nature sauvage.
Bref, le monde dans lequel baigne l'auteur , puisqu'en plus d' être un jeune brillant écrivain , il vit dans ce cadre grandiose que sont les Appalaches, il y chasse et il y pêche, ce qui donne une authenticité à son histoire, qui ne peut être feinte.
j'ai lu , le petit portrait que mettent à notre disposition, les Editions Sonatine, David Joy a été l'étudiant d'un autre écrivain célèbre Ron Rash, qui l'a encouragé... Merveilleuse Amérique , qui voit sur le berceau des "aspirants écrivains inscrits en master des métiers de l'écrit", des "parrains-la bonne fée" aussi illustres que cela, je ne suis pas sûre qu'en France, ce soit le cas...
David Joy nous délivre un roman qui parle de violence, de vengeance, du curseur entre le bien et le mal, de dureté de la vie mais qui est peut- être, le plus optimiste de son oeuvre , sur la fin (en cherchant un peu et en se penchant pour y trouver le bon angle ...).
Joy , le bien nommé, nous fait voyager, prendre des bouffées d'air pur au delà de nos petits 20 kms autorisés en cette période de confinement, et ça mesdames et messieurs, cela n'a pas de prix ! Merci Mr Joy....
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Je termine avec plaisir cette histoire de vengeance et de rédemption en plein coeur des Appalaches.
Dans un paysage de campagne où pratiquement tout le monde au village et dans ceux environnants se connaît de génération en génération, on y fait la rencontre de trois personnages: Darl Moody, son meilleur ami Calvin Hooper et celui, avec bien mauvaise réputation, Dwayne Brewer.

Dans ce milieu rural, le labeur est dur. On travaille les champs, la terre, on bidouille dans des garages, on travaille de ses mains. Les gens sont généralement pauvres et habitent dans des maisons mobiles plus ou moins rafistolées. Les gens vivent avec peu mais les liens familiaux sont forts et importants.

"Darl Moody n'avait strictement rien à foutre de ce que l'État considérait comme du braconnage. Selon lui, quiconque réduisait la saison de la chasse à deux semaines sans allouer une seule journée à la biche se fichait qu'on meure de faim. La viande dans le congélateur était une viande qui n'avait pas besoin d'être achetée et payée, et ça finissait par signifier beaucoup quand le boulot se faisait rare chaque hiver."

Un soir, alors que la lumière décline, Darl part braconner sur les terres d'un voisin à la recherche d'un gros cerf qu'il pourchasse depuis un certain temps et à bonne distance, tire sur le frère cadet de Dwayne sans le faire exprès, l'ayant pris pour un sanglier. Paniqué et mortifié, il cherchera comment se sortir de ce pétrin car il sait que le frère Dwayne n'est pas genre d'homme à écouter, quelles que soient les circonstances. Darl ne prendra peut-être pas la meilleure des décisions...C'est l'histoire de ces trois hommes, ce lien entre eux, que nous découvrirons.

David Joy nous emporte dans son texte rempli d'émotions et, bien que nous ne soyons pas toujours d'accord avec Dwayne, sa façon de penser, son comportement qui tend à la violence, son personnage est quand même bien campé et on peut comprendre comment il en est venu à voir le monde ainsi, une vision plutôt sombre et négative. Ce n'est pas un personnage aimable, pourtant, on peut palper sa tristesse et il arrive à susciter la pitié. Tout comme son défunt frère Sissy, un peu simple d'esprit mais inoffensif.
Toute leur vie, ils n'ont pu compter que l'un sur l'autre.

Quant à Darl et Calvin, on ne comprend pas nécessairement leur façon d'agir, mais ils ont un bon fond et, comme chaque humain, ressentent du remords, de la honte, de la peur, font des choix. Pensent aux autres avant eux-mêmes. Une histoire imprévisible qui nous emmène en terrain peu connu...où la nature est omniprésente.

Une histoire saisissante qui m'a tenue en haleine jusqu'à la fin ! Un roman que je recommanderais si vous avez envie d'une histoire de vengeance mais pas totalement gratuite (dans le sens où chaque personnage a ses convictions, même si on peut les désapprouver) et avec des parcelles de lumière à travers.

Un auteur que j'ai adoré découvrir avec des personnages bien travaillés ! À lire !
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Ce que j'ai ressenti:

Je m'accroche à la brillance de l'étoile montante David Joy. Il fait partie de mon ciel, de mon univers du Noir dans lequel j'adore me retrouver. Je me consume d'admiration à chaque nouveau roman. Je ne sais pas s'il y a Ce lien entre nous, mais chaque année, je me fais une joie de découvrir l'histoire qui me mènera sur des chemins brumeux, quelque part en pleine nature, où la violence et la beauté se rencontrent et font des étincelles. Les Appalaches ont quelque chose de fascinant, de vraiment fascinant et magique, et grâce à la plume intense de Joy, je saisis un peu de l'ambiance de ces lieux. Ces immensités donnent le vertige et ont une force d'attraction terrible: elles peuvent même faire trébucher les hommes, endurcir leur coeur, les mener sur des pistes animales, les faire prendre les chemins du désespoir…Les Appalaches sont aussi splendides que dangereuses, et avec cette histoire de vengeance, le cadre naturel prend encore plus d'espace et pesanteur. Jusqu'à saisir une certaine conscience…

Il avait toujours été dérouté par le fait qu'une telle cruauté puisse survivre au milieu de tant de beauté. Pourquoi avait-Il imposé au monde une telle souffrance?

C'est une histoire d'hommes, ni bon ni mauvais, mais qui prennent des décisions irréversibles. Rien n'est jamais évident dans ces choix, mais ça les fait dévier de leurs destinées de manière irrévocable. Alors, bien souvent il faut jouer avec de nouvelles règles que l'autre nous impose. Des balles perdues aux refuges cachés, de l'amour enfoui à la rage dévoilée, de la volatilité à la fumée, dans leurs quotidiens de misère rien ne sera jamais plus pareil, parce qu'on leur a enlevé leur essentiel. Mais jusqu'où peuvent-ils aller comme ça? Jusqu'à quel enfer vont-ils se confronter? Jusqu'à quel trou vont-ils se regarder? le face à face est inévitable, puisque chacun à y perdre…Je vous laisse découvrir ce roman noir tout à fait remarquable…

Il y avait de la magie dans ce monde.

J'ai adoré. Encore une fois, David Joy nous fait vibrer, nous emmène avec talent et sensibilité, au plus près de l'âme humaine, dans ce qu'elle a de pire et de meilleur aussi. Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça me déchire le coeur, mais comme j'aime cette sensation aussi, profondément. Il nous dévoile la force et la fragilité des hommes, les merveilles de la nature et son éclatante beauté. Je ne me lasse pas de sa manière de nous raconter le monde quand il s'ouvre et se referme, je ne me remets jamais tout à fait de sa façon de nous mettre en lumière avec autant de poésie, le coeur brisé des hommes…Bref, je ne sais pas s'il y a Ce lien entre nous, mais je me fais une Joy, de lire ses romans…

Tout ce qu'il aimait s'était dissous dans ses bras, et le monde était désormais vide.


Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Je remercie Masse Critique et les éditions Sonatine pour l'envoi du dernier roman de David Joy.
Autant le dire, je n'étais pas en terrain inconnu, j'ai déjà lu ses deux premiers romans que j'ai appréciés, et c'est donc un auteur que je suis.
Ce troisième roman m'a plu comme les deux premiers. L'auteur situe son action dans une petite ville perdue en Caroline du Nord, où les habitants ne peuvent compter que sur eux pour se défendre, s'entraider ou se venger.
Le coeur de cette histoire est bien la vengeance mais aussi d'assumer ses choix. Darl et Calvin ont-ils fait le bon choix en cachant le corps de l'homme tué accidentellement par Darl au lieu d'appeler la police, un choix qui va s'avérer très dangereux.
Jusqu'au peut-on aller pour l'être qui représente toute votre vie, que feriez-vous pour le venger ou pour le sauver ? L'art et la manière de se retrouver dans une situation inextricable qui s'impose à vous d'une façon brutale.
Un roman qui comme les autres est placé sous le signe la violence. Les comptes se règlent à l'ancienne : oeil pour oeil, dent pour dent. Même le "méchant" arrive à attirer un peu la sympathie du lecteur car derrière sa vengeance Il se cache tout simplement une énorme douleur face à une perte irrémédiable.
La nature est omniprésente dans les romans de David Joy et celui-ci n'y échappe pas, elle joue son rôle à la fois hostile et lieu central de l'action, un personnage à part entière.
Une écriture et une ambiance qui me rappelle un peu celle de Ron Rash, autre auteur qui a ma préférence, un roman que je vous invite à découvrir, ainsi que les précédents.
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- Dieu sait pertinemment ce qu'ils ont fait, et moi aussi.
- Que savez-vous de Dieu ?

David Joy écrit sur ce qu'il connaît. Son pays, la Caroline-du-Nord, les Appalaches, les Blue Ridge Mountains. Mais surtout sur ceux qui y vivent ou y survivent, entre reproduction du modèle local traditionnel et adaptation à la rudesse galopante d'un monde qui avance sans eux.

Des hommes – car il y a peu de femmes chez Joy - viscéralement attachés à cette terre du Deep South qui les a vu naître ; des hommes unis entre eux par ce lien avec un État pas comme les autres ; mais des hommes aussi unis ou réunis par des secrets qui les lient à jamais.

« Ici, le sang était lié à l'endroit, de la même manière que certains noms étaient liés aux montagnes et aux rivières, aux combes et aux vallons, aux arbres et aux fleurs et à tout ce qui valait qu'on lui donne un nom. Les gens et les endroits étaient inséparables, liés depuis si longtemps que personne ne savait comment les séparer ».

Comme pour ses deux premiers livres, Ce lien entre nous - traduit par Fabrice Pointeau – est un livre noir, très noir. Démarrant sur un drame sanglant vite résolu, David Joy déroule ensuite le fil des conséquences qu'il va entraîner sur ses protagonistes, dressant au passage un fulgurant portrait de deux binômes d'hommes.

Dwayne et son frère Carol dit Sissy, la victime qui appelle vengeance. Et Darl et son pote Calvin, braco maladroit qui s'enfonce. Quatre hommes à la vie déjà compliquée, entre mobile-home, vie précaire, désir de partir jamais assouvi et avenir sombre. Quatre hommes désormais engagés dans la spirale inarrêtable d'une fuite en avant guidée par la vengeance.

Dans un style mélangeant l'efficacité du noir le plus sombre à la beauté du nature writing où l'amour du pays s'exprime à chaque page, Joy se glisse dans les pas de Rash pour nous dire à son tour combien il est impossible de comprendre les hommes de ce coin d'Amérique sans comprendre le lieu particulier où ils vivent, comme une inéluctable évidence d'un destin marqué par la violence, le désespoir et la résignation.

Car là-bas, « c'était le diable qui traçait la ligne entre les altruistes et les égoïstes, si bien que souvent, on ne savait pas de quel côté on se trouvait ». C'est beau, c'est fort, c'est Joy.
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Un démarrage presque classique avec ce braconnier qui tire sur un homme accroupi, croyant à un sanglier. L'originalité arrive de suite parce que la victime ramassait du gingembre et que les deux étaient là parce que le propriétaire, qui a posé une caméra dans l'allée principale, était absent pour quelques jours. Darl appelle son pote pour l'aider à se débarrasser du corps. Seulement son frère, qui le protège, va le venger de sa manière à lui. Bienvenue à Ok Coral mais à notre époque. Bien écrit, bien construit. À la manière de Ron Rash en alternant le terrible à de beaux paysages, ici celui des Appalaches. Lu grâce à la critique de Crossroads.
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« Un coeur simple » est une nouvelle de Flaubert que j'aime beaucoup parce que je ne suis pas sûre qu'il faille y trouver la moindre ironie (ça repose): la servante Félicité semble y faire sienne la parole de St Bernard, elle travaille comme elle prierait, et met par sa bonté les évangiles en actes.
« Ce lien entre nous » est aussi un récit biblique qui transpose le texte sacré dans la vie quotidienne, mais qui tire (à tous les sens du terme) davantage du côté de l'Ancien Testament et qui se montre un (gros) poil plus bourrin.
Dwayne Brewer trouve que la Création a commencé à dérailler avec l'apparition de l'homme (femme comprise) et que Dieu a un sale humour comme le prouve son acharnement sur Job car c'est « seulement après tout ça, que le Seigneur a finalement dit : “D'accord, je suppose que ça suffit.”  » Dwayne estime donc qu'à lui aussi Dieu a tout pris , et puisque Dieu a été capable d'envoyer son propre fils se faire trucider sur Terre, Dwayne considère que son boulot est de repérer les Christ en ce monde et de filer à leur place des mandales aux méchants pendant qu'ils se contentent de tendre l'autre joue.
Or Jesus a été crucifié (spoiler) et le frère de Dwayne, Sissy, est tué lui aussi. Mais Sissy, pourtant sorti du tombeau, ne ressuscite pas, obligeant Dwayne à faire justice de la plus cruelle des façons.
C'est que le roman de Joy porte sur la grâce. La grâce, c'est-à-dire l'aide apportée par Dieu au pécheur pour lui permettre d'échapper à la damnation. Et le roman se fait l'écho des querelles théologiques qu'elle a suscitées : suffit-il d'observer la loi divine pour être sauvé? Là-dessus, Dwayne est très clair: ceux qui pensent être suffisamment purs pour pouvoir échapper au péché ne sont que de sales privilégiés égoïstes qui se vautreront tout autant dans la fureur démoniaque dès que l'occasion se présentera.
D'ailleurs Calvin, brave garçon s'il en est, a renié toute morale pour un plat de lentilles, en tout cas pour s'éviter une petite année de prison… sauf qu'avec un prénom pareil, notre calviniste va poser la question de la prédestination (selon les Protestants, l'homme ne doit son salut qu'à Dieu et non à sa seule volonté de faire le Bien). Il deviendra l'instrument de Dieu et celui par qui le nouvel homme adviendra.
Bon, parmi ceux qui ont eu le courage de lire jusque-là, une bonne partie doit se demander si l'approche de Noël n'a pas provoqué chez moi un délire de religiosité interprétative. Ah ben non. « À l'homme de Quail Ridge Books qui a posé des questions sur la grâce, et à Ray McManus, le Jésus de la terre rouge.  »: ça, c'est dans les remerciements. « – Et si je te disais que j'ai été envoyé pour t'enseigner quelque chose, Calvin, que c'est l'unique sens de ma vie ?  » : ça, c'est chapitre 39. Ah oui, au fait, combien de chapitres peut bien contenir ce court roman? 40 bien entendu, comme le nombre de jours nécessaires au déluge pour effacer les péchés de la Terre. Quant au nom du personnage principal, il me fait irrésistiblement penser à la parabole du grain qui doit mourir pour produire des fruits (Brewer, c'est bien « brasserie », non? Si le grain ne meurt, y'aura pas de bière de Noël !)
Donc, tout ça pour dire que le roman est intéressant mais un peu trop prêchi-prêcha à mon goût. Un peu trop « Révisons nos versets: le protestantisme pour les nuls »
Moi je suis du côté de Flaubert: je crois plus aux oeuvres qu'à la grâce. D'ailleurs je sais que pour avoir cette année religieusement écrit un billet dans Babelio à chacune de mes lectures je vais avoir un gros tas de livres déposé sous le sapin par le p'tit Jesus pour me récompenser. Alléluia
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