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Inspiré des écrits laissés par deux femmes, une allemande (anonyme) et une soviétique, Elena Rjeskaia, jeune officier des services de renseignement, Nicolas Junker croise l'histoire de ces deux femmes sur la période du 20 avril au 18 mai 1945 à Berlin. Ce roman graphique est dessiné tout de gris, à l'exception de rares vignettes de couleur (par exemple pour signifier l'explosion d'une saveur oubliée en croquant dans une pomme) ou d'autres teintées de rouge associées à l'arrivée de l'armée soviétique à Berlin. Il relate, d'une du point de vue de la jeune Allemande, l'occupation d'un peuple vaincu par une armée de vainqueurs (qui n'a pas oublié les souffrances endurées). Son vécu comme clui des autres femmes, ce sont les viols à répétition, les combines pour choisir la situation la moins pire, pour manger, tout simplement survivre. L'expression du visage et de la posture de la protagoniste allemande traduit toute la douleur, le martyr endurés. D'autre part, nous participons à la recherche active par les services de renseignements soviétiques du corps d'Hitler, de l'identification de ses restes, et à la découverte par Eléna de l'agissement de ces compatriotes. Les deux femmes auront l'occasion de cohabiter quelques nuits, chacune découvrant à travers les écrits de l'autre (journal intime / carnet de guerre) consultés en cachette les différentes facettes de cette période de fin de guerre et d'occupation à Berlin. C'est un roman graphique saisissant sur ces semaines meurtrières, et deux portraits de femmes remarquables.
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Une lecture difficile, ô combien, mais indispensable. Berlin est en ruines, sans électricité, Berlin est affamée, Berlin n'a plus de chefs - ils se sont suicidés - et surtout plus d'armée. Seuls se terrent dans les caves quelques enfants fanatisés des jeunesses hitlériennes, des hommes trop vieux pour aller au front, et des femmes, beaucoup de femmes. Elles sont seules, car sans famille, sans logement, sans nourriture, sans protecteur ; seules face aux soldats soviétiques, ou, plutôt, face aux hordes de Moghols que décrit la propagande.
La mémoire allemande a longtemps tu les souffrances de ces femmes, violées en masse, esclaves sexuelles des Soviétiques. Il fallait reconstruire le pays, relever l'économie, juger les criminels de guerre et demander pardon, et, surtout, se taire face aux souffrances des déportés et des prisonniers de guerre, taire l'indicible pour ne pas être accusée de prostitution.
C'est aussi une réflexion sur la propagande et le bourrage de crânes qui réussissent à imposer à des jeunes gens de quinze ans d'aller se battre, qui manipulent les opinions avec ce qu'on n'appelle pas encore fake-news, qui déshumanisent les adversaires en les dépeignant comme des bêtes, qui effraient aussi avec la toute-puissance des services secrets et des polices politiques ; les deux camps sont montrés comme étant exactement les mêmes dans ce domaine.
Le dessin de Nicolas Juncker ne montre pas frontalement les viols, il suggère avec pudeur, en mettant au centra du récit ses personnages féminins. Ces deux femmes parlent chacune la langue de l'autre, elles auraient pu être amies, sans la guerre et sans les divisions idéologiques imposées par la propagande. Les visages des personnages sont très creusés, leurs yeux ressortent, exprimant avec force toute la souffrance, la rage, la haine. Malgré tout, la dernière case apporte un peu de légèreté et d'espoir, étant la seule en couleurs.
L'histoire s'empare peu à peu des souffrances des Berlinoises, et lève peu à peu le tabou sur des souffrances qui auraient touché peut-être 90% des femmes de Berlin en 1945.
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Pendant 12 ans, Hitler règne sur l'Allemagne et sur l'Europe. Il dicte sa loi et souhaite créer un nouvel empire, invincible.
En 1945, il se suicide devant cet empire en ruine et face à une armée rouge aux portes de Berlin.

Dans ce Berlin du printemps 45, Ingrid est une jeune allemande bilingue qui travaille pour la croix rouge allemande et est mariée à un soldat SS. Elle pense pouvoir servir d'interprète lorsque les soviétiques seront là. Ça y est ils sont là ! Mais une jeune femme, dans un pays en ruine, face à des soldats endoctrinés et mûs par la haine, même si elle parle leur langue, n'est qu'une proie parmi toutes tant autres...
Evgeniya est une jeune femme, interprète pour le NKVD. Elle arrive dans l'armée triomphante à Berlin. Sa mission , traduire tous les documents officiels permettant de trouver Hitler. En parallèle, elle écrit et archive tout ce qu'elle peut trouver sur la période pour témoigner.
Elle est prise dans ce tourbillon et croit aux principes de son armée, une armée de libération pas d'oppression.

Les deux femmes vont se rencontrer...

Je n'ai pas été tout de suite pris par le dessin, assez particulier, et puis je m'y suis fait. L'histoire prenant le pas sur le dessin pour moi. Il est très intéressant de voir cette face plus méconnue de la Deuxième Guerre mondiale, les femmes dans la guerre. Et plus précisément les femmes d'un peuple vaincu lorsque l'ennemi arrive.
C'est le sort de milliers de femmes allemandes qui est ici évoqué à travers le personnage Ingrid et c'est violent mais nécessaire.
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Certains livres laissent de froides impressions et sentiments de nausée à leur lecture. Seules à Berlin s'inscrit dans cette catégorie.

La ligne est volontairement gauche et presque caricaturale servie par une bichromie assez cruelle, quelques fois rompue par un trait plus précis, plus réaliste suivi d'une explosion de couleurs... une mise en scène du climax qui participe à l'inimaginable horreur des situations vécues et souligne avec force son évocation. Et quand l'image ne parvient plus à contenir autant de violence et de haine, les écrits prennent le relais sous la forme de notes manuscrites, glaçantes, crues, sans espoir aucun.

La place des femmes dans la guerre, civiles comme militaires, qu'elles soient du côté des vaincus ou des vainqueurs est dépeinte d'une cruelle simplicité. La folie des hommes et les ravages de la haine n'ont jamais paru aussi absurdes et révoltants.

Il y a mille sujets, mille thèmes abordés dans ces quelques pages, le mieux est encore d'aller les pécher par vous-même.
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A partir de deux témoignages, Une femme à Berlin (anonyme) et Carnets de l'interprète de guerre d'Elena Rjevskaïa, Nicolas Junkler imagine cette rencontre entre ces deux femmes, Ingrid, une interprète de la croix rouge allemande et, Evgeniya, une interprète russe du NKVD. le parti pris graphique demande un temps d'adaptation mais la force du récit l'emporte dans un monde sans espoir où une dictature laisse sa place à une autre. Un monde où les femmes ne sont pas à la fête.
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Avril 1945. le Reich n'est plus et Berlin est en ruine, dévasté. Les Allemands se sont réfugiés dans des caves alors que les bombardements se poursuivent avec rage à l'extérieur et que l'Armée Rouge s'apprête à envahir la ville. Parmi eux, Ingrid, une jeune allemande dont le mari SS est toujours au front et qui tente de survivre seule à l'horreur de la guerre.

Puis, nous faisons la connaissance d'Evgeniya, dix-neuf ans, officier interprète chargée par son pays de mettre la main sur la dépouille d'Hitler. En mission à Berlin, elle fait la connaissance d'Ingrid avec laquelle elle va devoir cohabiter et avec qui, elle se lie d'amitié.  

Dans ce roman graphique, Nicolas Juncker s'inspire librement de deux témoignages réels pour nous restituer cet épisode terrible de l'Histoire. Deux journaux intimes servent ainsi de trame au récit et s'intercalent aux événements dramatiques qui se déroulent dans la ville suite à l'arrivée des Russes.  

L'auteur tire son épingle du jeu grâce notamment aux deux points de vue qui s'entrechoquent ici. Deux regards différents pour ces deux camps ravagés par le conflit. 

On découvre également les destinées tragiques des femmes durant cette guerre aussi bien du côté russe que du côté allemand. La dureté du coup de crayon de Nicolas Juncker dévoile les visages creusés par la faim et les souffrances endurées au travers de teintes grisâtres qui matérialisent habilement la noirceur de cette période.

Un récit d'une grande force, poignant qui aborde avec talent un sujet difficile par le biais de ces deux portraits de femmes. Un one-shot vraiment saisissant.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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Je n'aurai pas les mots pour dire mieux que certains ne l'ont déjà fait, l'effroi, la peur, l'inéluctable de ce récit. Cependant, je ne pouvais pas ne pas laisser ici une trace de cette lecture éprouvante bien que nécessaire. J'ai tremblé et pleuré en découvrant le destin de ces femmes dans ce roman graphique unique. Sa qualité artistique, le travail sur les expressions, les gros plans, le jeu des couleurs nous font partager les souffrances et les violences physiques, psychiques, sexuelles des femmes dans le Berlin de 1945... Ces témoignages, récits de survie, sont d'une puissance rare. *-*
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Je n'ai jamais lu une BD aussi dure, bouleversante et déchirante.

Ingrid, l'Allemande qui parle russe, retrace dans son journal les heures de cauchemar qui précèdent et suivent l'arrivée des Russes à Berlin. Il ne reste que des enfants, des vieillards et des femmes. Les deux premiers on les tue, les femmes on les viole, on les tue après. Ingrid sera plus maline que certaines. Ingrid veut vivre. Mais quelle décision monstrueuse doit-elle prendre pour ça…!

Evgeniya, la Soviétique qui parle allemand, retrace dans son journal son arrivée sur Berlin, la prise de la ville, la recherche et l'identification du corps d'Hitler, les interrogatoires des Allemands, des nazis qui ne sont plus nazis.

Ingrid et Evgeniya toutes les deux puisent leur survie et leur salut dans l'écriture.

Nicolas Juncker donne corps à L Histoire à travers les écrits de ces deux femmes, retrace leur parcours, les fait se rencontrer, imagine les non-dits en faisant disparaitre les bouches, expose la violence et les abominations en exorbitant les yeux, nous laissant sur le carreau, pantois devant tant de souffrance.

Le graphisme est sans complaisance. Il est aussi violent et laid que l'histoire qu'il raconte. Et pourtant quel coup de crayon, quelle recherche artistique. On ne pourrait pas imaginer un autre choix graphique que celui-ci devant cette page d'histoire.

Vraiment, allez-y. Accrochez votre estomac à vos boyaux, suspendez-les à votre coeur, et découvrez ce travail.
Chapeau bas Monsieur Juncker!

Lien : https://carpentersracontent...
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"Berlin est un champ de gris..."
La chute de Berlin à travers le regard de 2 femmes : Ingrid, Allemande russophone et Evgeniaya, interprète russe du NKVD
C'est un récit sans concession magistralement mis en images et entrecoupé de bribes de leurs journaux respectifs, construit à partir des témoignages d'Elena Rjevskaïa (Carnets de l'Interprète de guerre) et d'une anonyme allemande (Une femme à Berlin).
La rencontre des 2 femmes, elle, est pure fiction.
Un ouvrage indispensable dont on ne sort pas indemne !
Pour en savoir plus, chronique complète sur L'accro des bulles

Lien : https://laccrodesbulles.word..
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Au départ de ce livre, deux témoignages sur la Seconde guerre mondiale : « Une femme à Berlin » (anonyme) qui raconte le quotidien d'une femme lors de la libération de la ville par l'Armée rouge : une totale misère pour la population (composée alors principalement d'enfants, de vieux et de femmes), à quoi s'ajoutent exactions en tous genre, violences et viols à répétition de la part du nouvel occupant. Et « Carnets de l'interprète de guerre » (Elena Rjevskaïa) qui raconte la recherche (souvent ubuesque) du cadavre d'Hitler, entre luttes intestines et décisions venant directement du Kremlin (je laisse ici les babéliennes et babéliens lire les critiques de ces ouvrages).
L'auteur imagine que ces deux femmes, qui ont réellement existé, se sont rencontrées l'espace de quelques jours. D'un côté nous avons donc Ingrid, jeune femme allemande mariée à un soldat absent, qui est obligée d'accepter les viols à répétition pour obtenir sa maigre pitance. Elle établira une stratégie : devenir la maîtresse d'un officier pour n'avoir plus à partager sa couche avec tous les soldats qui passent par là. Evgeniya de son côté est une jeune fille soviétique, traductrice dans l'Armée rouge, qui découvre une ville qui n'est plus que ruine. En lien direct avec son officier supérieur, elle est chargée des relations avec les citoyens de la ville pour retrouver le cadavre du Führer, l'homme ayant disparu et les rumeurs arguant le suicide. Les soldats russes sont alors prêts à fournir n'importe quel cadavre, si cela peut faire plaisir au moustachu du Kremlin, peu importe la vérité historique.
Mais la bd est principalement axée sur la relation entre les deux femmes : l'une anéantie par la guerre refuse dans un premier temps l'aide de la seconde, l'autre encore naïve par son jeune âge ne se considère pas comme l'ennemie de la population allemande et souhaite des confidences d'Ingrid pour ses projets littéraires. Mais après des années de guerre, la suspicion et l'appréhension dominent. Au final, un récit original fort, servi par un dessin terriblement efficace. Des trognes caricaturales qui expriment des sentiments exacerbés. Un style graphique original qui apporte un plus à cet ouvrage. Nicolas Juncker, en dressant le portrait de deux femmes de la guerre, signe ici sans doute son ouvrage le plus personnel.
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