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Cinq étoiles !!! normal en général pour des généraux...très bonne bande-dessinée qui nous plonge au temps du putsch des généraux ...un pan de l'histoire de France qui m'est méconnu mais que cet ouvrage me donne envie d'éclaircir... Très bon travail d'historien de Nicolas Juncker quant à François Boucq égal à lui même : toujours très bon.. sauf bémol, la compréhension peut être difficile tant le contenu historique est dense et précis...il me faudra me documenter plus pour savourer cette BD à sa juste valeur.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Les personnes ayant vécu les événements du 13 Mai 1958 sont, par force, de moins en moins nombreux. Par ailleurs, la jeune génération ne cherche pas à s'informer à ce sujet. Qui donc s'intéressera à cette BD, qui est publiée 64 ans après les faits ? je l'ignore... Personnellement il s'agit d'un cadeau que j'ai reçu de la part d'une personne qui n'a pas oublié que j'ai habité à Alger entre 1959 et 1962: une période juste postérieure au 13 Mai 1958 et complètement folle. J'ai vu beaucoup de vilaines choses et, quoiqu'étant très jeune, j'ai bien compris une bonne partie des problèmes. Par la suite, j'ai beaucoup lu sur la guerre d'Algérie: je me considère comme informé sur ce sujet.
Je suis impressionné par la pertinence et la justesse de cette BD. Sous des dehors très humoristiques, elle retrace avec fidélité l'enchainement des événements qui ont abouti au retour au pouvoir de De Gaulle et, donc, à la fondation de la Vème République. Tout le monde est là: Salan, Massu, Pflimlin, Mollet et même des personnages influents mais plus discrets (comme L. Delbecque). Tous les personnages sont caricaturés d'une manière aigüe mais appropriée par le dessinateur, qui me semble très doué. Bien entendu, les auteurs ne se gênent pas pour enfoncer le clou de l'antimilitarisme, qui nous parait justifié grâce à tout le recul que nous avons pris. Les dirigeants politiques de la IVème République, notamment G. Mollet, sont aussi malmenés.
Avec cette BD, on voit précisément comment le problème d'apparence insoluble posé par la rébellion algéroise (et aussi par les tractations des militaires) a trouvé une solution assez rapide grâce au recours à l'homme "providentiel" dont personne ne voulait au départ. Au nom des intérêts supérieurs de la France, De Gaulle finira par "trahir" les ultras d'Alger.
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C'est une BD qui revisite le putsch d'Alger de mai 1958 ainsi que le retour de De Gaulle au pouvoir.
Le putsch des généraux et la création du comité de salut public interviennent au moment où l'Etat français est prêt à discuter avec les nationalistes algériens. Les "Pieds noirs",eux, veulent que l'Algérie reste française. C'est au cours de cette période d'instabilité gouvernementale, de décolonisation débutée en Asie, et de violences grandissantes en Algérie, que De Gaulle, paisible retraité à Colombey-les-Deux-Eglises est sollicité pour sortir le pays de l'impasse.
Boucq et Juncker en font un événement tragi-comique.
Les dessins sont savoureux. Les militaires ont des "gueules" d'idiot. Salan ressemble étonnamment à un gradé du film "On a retrouvé la 7ème compagnie" (Est-ce un film culte des auteurs ?). De Gaulle est représenté démesurément grand, tel le Corcovado, au dessus du panier de crabes que sont tous les militaires et les politicards qui voudraient prendre le pouvoir pour le bien de la Nation. le général ne leur laissera que des miettes.
J'ai bien aimé l'effet comique de deux vignettes mises côte à côte : l'une représentant une tablette de lavabo sur laquelle on voit deux verres contenant deux dentiers, l'autre, De Gaulle dormant près d'Yvonne ; le généralissime ressemblant plus à un défunt sur son lit de mort, à qui on a retiré son dentier, plutôt qu'au futur dirigeant de la France.
Juncker, le scénariste, s'amuse en faisant un va et vient entre le gouvernement français en métropole et les membres du comité de salut public d'Alger. Les décisions de l'un influençant les décisions de l'autre. Nous sommes aussi les témoins des allées et venues comiques du général Massu, par un souterrain, entre le QG des forces armées de l'Algérie et le bureau de Salan, putschiste.
C'est très amusant de lire cette BD qui traite un moment grave de l'histoire de France avec beaucoup de légèreté et de pédagogie.
Bravo aux auteurs.


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Boucq le dit lui-même : une bd c'est un dessin. Un dessin qui court dans une histoire qui file de la 1ère à la dernière page. Ce dessin - je laisse au lecteur le soin de le découvrir - est exemplaire de cet album ô combien réussi et vaut son pesant de... flanelle !
1958. La 4ème République n'en peut plus des alliances et désalliances partisanes. L'Algérie française, encore un rêve pour certains, vire au cauchemar pour d'autres. Et si la France se cherchait un destin... Et si elle le trouvait ?
Comment passe-t-on du putsch d'Alger à l'Elysée, du refus de la dictature à la République, la 5ème, auto-proclamée ? Suivez le guide : ce scénario mené tambour battant avec des dialogues dignes d'Audiard et, bien sûr, du Général, mis en scène par un Boucq des grands jours. Moebius avait par son trait hissé la bande dessinée au rang de 9ème art : Boucq fait de l'histoire, la petite au creux de la grande, à peine caricaturée, un tableau vivant qui nous prend du début à la fin, entre Astérix, Achile Talon et Iznogoud. La vérité historique en plus.
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Coup d'état de 1958 : Un joyeux foutoir, un sacré bordel, mais tout ça, c'est de l'Histoire avec un grand H.

Le graphisme est assez réaliste mais tend vers le burlesque. Ces généraux, c'est des trognes, comme Boucq aime tant le représenter, les dialogues, c'est du Audiard, mais c'est aussi de la réalité, comme disait le Général de Gaulle, : “Tous des cons.” Ou encore : “Et Massu ! Un brave type, Massu, mais il n'a pas inventé l'eau chaude.” Alors notre duo d'auteur n'hésite pas à le représenter comme tel. Les évènements sont suivis rigoureusement, c'est édifiant sur notre histoire, tant de bêtise qui coûta quand même la vie à quelques personnes, même si cet aspect reste discret dans cette bande dessinée. Boucq et Juncker en ont fait une pantalonnade, une comédie de Boulevard, que ça soit les politiques ou les militaires, ils ne sortent pas grandis dans cette histoire, à part peut-être De Gaulle, le seul à avoir su garder son sang froid, et sans doute un peu moins con que les autres. Mais avec leur humour, il nous font découvrir un récit édifiant, une vision peu glorieuse de l'Histoire de France, à l'image de l'assaut du Capitole du 6 janvier 2021 aux Etats-Unis.

J'ai vraiment ri avec cette lecture, il ne faudrait pas, je sais, ça aurait pu avoir de funestes conséquences, il y avait quand même de vrais fachos dans le coup et de vrais crétins.
J'ai appris beaucoup de choses, à mon époque, ces évènements n'étaient pas au programme d'Histoire, et cela restait assez flou dans ma tête, sans doute que la vraie histoire n'était pas aussi burlesque, encore que la prise de Bastia est tellement ridicule qu'elle n'a pu être inventée.

C'est une lecture que je conseille à tout le monde, elle réunit les passionnés d'Histoire aux amateurs de comédies de boulevard, c'est digne d'une aventure d'Astérix du meilleur tonneau. D'ailleurs, c'est étrange, Astérix a été créé à cette époque…

Salan : "Vous savez, Massu ?… je me demande si on a pas fait une connerie…"
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Une BD sur la Guerre d'Algérie, le faux putsch des généraux, le retour au pouvoir de De Gaulle et le coup d'envoi de la 5ème république…. Dur pour un dimanche !

1958 donc, l'Algérie s'embrase et l'Assemblée Nationale prend feu… Entre complots ourdis, coalitions inattendues, décisions imprécises voire idiotes, Boucq et Junker nous raconte une drôle d'Histoire.

Les portes claquent, les trognes sont caricaturales mais bien ressemblantes, les situations sont dignes d'un Vaudeville et on est partagé entre effarement et fou rire. Mais y avait-il un autre moyen de traiter ce moment de l'histoire de France ? Boucq et Junker s'appuient sur les faits (presque à 100%) et le boulot est formidable !

On débute avec De Gaulle dans le calme de la Boisserie à Colombey, le parallèle avec la fureur algéroise est saisissant ! Au milieu c'est Les Tontons Flingueurs… et à la fin, la boucle est bouclée, De Gaulle peut faire le V de la victoire…

Au final, même si ce n'est pas un coup de coeur pour moi, c'est un grand album de ce début d'année, à n'en pas douter. Un regard pertinent et caustique sur un moment fondateur de notre Histoire !
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Comme il est agréable d'apprendre les dessous du retour au pouvoir du général De Gaulle en mai 1958 avec cette truculente bande dessinée !
Même si on finit par s'y perdre parfois, ce qui doit être l'intention du scénariste Nicolas Juncker pour rendre l'atmosphère d'une période bien embrouillée, c'est une belle leçon d'histoire qui nous est donnée là, avec l'aval en fin de volume des commentaires d'un spécialiste de la guerre d'Algérie.
Des dessins hauts en couleur de François Boucq émerge l'inénarrable général Massu, celui-là même que De Gaulle aurait apostrophé ainsi :
- Alors, Massu, toujours aussi con ?
Pour apocryphe qu'elle soit, cette citation fait le bonheur du lecteur car les auteurs s'en sont donné à coeur joie avec ce personnage que l'on voit effectuer de multiples aller-retours dans un tunnel sans jamais savoir quelle partition jouer.
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de Gaulle et Boucq : une évidence ? En tous cas, cette histoire de la prise de pouvoir du général au cours du coup d'état des généraux à Alger, est drôle et c'est l'une des premières lectures un peu souriante de cette actualité plutôt croquée du coté réaliste voire dramatique (parce que cela l'était). Les cotés burlesques et excessifs sont narrés avec un plaisir manifeste, Difficile à raconter mais joussif à lire. Et le réalisme? On a le droit à un résumé didactique à la fin de la BD. Voilà, ca ne plaira pas à certain vu le sujet un peu clivant, mais en toute subjectivité, j'ai apprécie.
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Quel chaos que cette IVème République !

Le Front de Libération National (FLN) algérien se bat pour l'indépendance, ce qui n'est pas au goût des Pieds-Noirs, Français installés depuis longtemps sur le territoire, qui se révoltent eux pour que l'Algérie reste française. Au sommet, le président de l'Assemblée est complètement dépassé par la situation, et n'a de toute manière pas assez de pouvoir pour rétablir l'ordre. Des généraux sur place se lancent alors dans un coup que personne n'a vu venir : le putsch d'Alger du 13 mai 1958.

En parallèle de ce chaos ambiant, nous avons de temps en temps une planche sur la petite vie de de Gaulle qui profite de sa retraite tranquille : petit déjeuner en peignoir, ballades dans le jardin, lecture du journal... le contraste est plus que flagrant. Sans un mot, il devient l'homme providentiel que tout le monde appellera pour sauver la situation. « Françaises, Français, je vous ai compris ! »

J'ai beaucoup appris sur ces événements grâce à cette BD. Je ne sais pas comment j'ai pu ignorer qu'il y avait eu un coup d'État si récemment ! La guerre d'indépendance de l'Algérie est une des lacunes en histoire que je dois le plus urgemment combler, et j'ai trouvé que cette BD était une excellente porte d'entrée.
Au début, ça a été assez dur de m'y retrouver, et c'est normal vu la complexité de la situation politique. Les gens de l'époque ne s'y retrouvaient sans doute pas non plus cela dit. Mais ce qui aide, c'est que toute cette succession d'événements est racontée avec beaucoup d'humour. le style graphique rappelle d'ailleurs les caricatures de De Gaulle de ces années.

Concernant le fond, je n'arrive même pas à savoir qui est incompétent ou non, car dans une situation pareille, même en connaissant parfaitement le dossier, il est difficile d'éviter tous les faux pas pouvant envenimer encore plus la situation. le président d'assemblée ne maîtrisait rien, et de ce que j'ai compris cela était dû à son statut trop faible pour lui permettre de gérer la crise. C'est grâce à ce contexte que De Gaulle obtient les pleins pouvoirs pendant six mois.
Y aurait-il eu d'autres alternatives pour mettre fin au chaos sans tomber dans la dictature ? Comment s'assure-t-on que ces pleins pouvoirs ne soient bien que temporaires ? Je m'interroge encore, et cela va nécessiter d'autres lectures.

Je recommande donc cette BD aux férus d'Histoire autant qu'aux néophytes ignares tels que moi !
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C'est une courte phrase, sibylline, qui est entrée dans L Histoire. Un "Je vous ai compris" qui a retenti autant pour bâtir la légende d'un homme, général anonyme au début des années 1940 en qui s'est incarnée une nation, que pour donner une impulsion nouvelle à un conflit de décolonisation dans lequel la France était enlisée. le moment historique auquel cette phrase intervient est décisif : depuis le début du mois de mai, les généraux en poste en Algérie se sont mis en mouvement pour initier un putsch qui aurait pour but de sauver l'Algérie française et, selon leurs dires, la République française. Quatrième du nom, celle-ci est un système parlementaire dans lequel, en un rythme effréné, les oppositions défont les gouvernements pour, elles-mêmes, tenter (sans succès, évidemment), de diriger un pays ingouvernable. Et, dans un climat de crise comme celui de mai 1958, cela n'arrange rien, et laisse à L Histoire les mains libres pour écrire une page des plus étonnantes et des plus comiques, si l'on peut dire. de ces événements extrêmement confus, François Boucq et Nicolas Juncker tirent un récit enlevé, qu'ils placent dans le registre de la farce. Cependant, la lecture se double d'une dimension politique qui nous parle évidemment, pourtant plus de soixante ans après que ces événements se soient déroulés.

Les auteurs, il faut le noter, ont fait le choix de la confiance à leurs lecteurs. Ainsi le récit débute in media res, sns un mot ou presque pour les quatre années de conflit qui ont précédé. de la même façon, aucun personnage ne viendra résumer les faits dans une sorte de monologue incongru à destination essentiellement du lecteur. A la place, Junker et Boucq déroulent leur narration sur un rythme élevé, passant de Paris à Alger, du gouvernorat général à l'Assemblé Nationale ou aux palais parisiens de la République, ou encore à une petite propriété haut-marnaise sans répit pour le lecteur. du rythme, il en faut pour caser ce mois agité qui fit vaciller la République. Il fallait aussi un dessin à la hauteur de l'ambition, ce qu'apporte - c'est une heureuse habitude pour lui - François Boucq, qui a l'art de donner une grande apparence de réalisme à ses scènes, tout en croquant les gueules de ses personnages à qui il sait donner à qui la bêtise, à qui une envergure démesurée, a qui l'outrance de la colère. Sans verser dans la caricature, Boucq réussit néanmoins à donner à ses personnages un caractère théâtral, qui colle parfaitement avec le ton de l'album : tout ceci n'est qu'une farce.

Une farce historique, donc, dont le cadre tragique est bien celui d'une guerre de décolonisation, dans une ville - Alger - dans laquelle, durant plusieurs mois, les parachutistes du général Massu ont mené une opération de tentative de liquidation du FLN, usant d'assassinats arbitraires et d'actes de torture. A la lecture, cependant, on comprend le choix d'un tel ton par les auteurs. En effet, sans revenir ici ni sur l'exhaustivité, ni sur la chronologie des événements qui auront conduit le général De Gaulle à revenir au pouvoir, on conviendra aisément de leur caractère farfelu, en décalage manifeste avec, d'une part, leur traitement médiatique contemporain, d'autre part avec les conséquences politiques majeures qu'ils auront eues. La pièce se joue en deux lieux. A Alger d'abord, autour du général Salan, un vent d'insurrection souffle, consécutif à la rumeur de la nomination de Pierre Pfimlin comme président du Conseil - le chef de gouvernement, dépositaire du pouvoir exécutif dans cette IVème République -, lequel pourrait entamer des négociations avec le FLN. Les négociations signifient, pour eux, la fin de l'Algérie française, ce qui est inacceptable. Très vite, dans le huis-clos du gouvernorat général, les esprits s'échauffent, militaires et civils rêvent d'un coup de force sur Paris, Massu tient prêt ses paras, cependant que Salan, obstinément loyal à la République, refuse de donner le feu vert à toute opération. Mais les signaux envoyés par Paris finissent par le précipiter dans le camp des putschistes, dans le but de sauver et l'Algérie française, et la République. Tout semble être un gigantesque quiproquo, une mosaïque de malentendus et d'attentes infondées ou déçues. A Paris, Pfimlin est investi comme président du Conseil, et doit à la fois assumer les décisions prises par l'ancien président du Conseil, Félix Gaillard, et à la fois faire face à un manque d'information criant, quant aux résolutions des putschistes. A un tel niveau de pouvoir, on attendrait mieux. D'autant que, à force de vouloir ménager la chèvre et le chou, à ne vouloir mécontenter ni les politiques français ni les généraux d'Algérie, Pfimlin finit par tous se les aliéner. Les rares hommes qui l'approchent lui apportent une aide que ne renieraient pas ses pires ennemis. Ainsi Guy Mollet, ancien président du Conseil et socialiste, lui obtient le soutien des communistes (un comble dans cette période de Guerre Froide !) et appelle même, dans un geste de défi autant ridicule que dérisoire, le général De Gaulle au pouvoir. le reste de la troupe est au diapason : depuis les civils comme Delbecque et Lagaillarde qui aiment à jouer aux petits soldats jusqu'à Massu, peint en un idiot de moins en moins utile à ceux qu'il sert (on le voit répéter, tel un perroquet, les propos de Salan ou balancer à tout bout de champ un "Vive de Gaulle" qui finit par faire croire en l'implication de ce dernier dans les événements), en passant par la poignée de militaires jurant de prendre la préfecture de la Loire en faisant croire à la presse à un soulèvement de quinze mille soldats, ou par une opération grotesque en Corse, rien n'est bien sérieux, et pourtant cela fonctionne. Presse à l'appui qui théâtralise, dans des unes grandiloquentes, des non-événements, associée à un climat social très tendu à Paris et à Alger, voilà une idée de putsch qui devient réalité.

Tout ceci pourrait tenir de la simple farce, de la fable plaisante, quoique historique, comme une manière de regarder avec un dédain amusé les déboires de nos ancêtres. Hélas, ou plutôt, fort heureusement, l'album possède une autre vertu, qui est de parler aussi de notre époque. Car, rappelons-le, De Gaulle qui arrive en 1958 au pouvoir mettra au point, avec Michel Debré, la Constitution de la Vème République ... Constitution dont notre système politique actuel dépend encore, et qui a substitué au système parlementaire un système présidentiel, basé sur la notion d'homme providentiel, le Président de la République, censé incarner la Nation. Que de Gaulle ait pu, aux heures les plus sombres de la France, en pleine Seconde guerre mondiale, personnifier la Nation, cela peut s'entendre, et c'est là le rôle des historiens de le dire. Il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui encore, l'idée dune rencontre entre un homme (ou une femme) et son peuple domine très largement la vie politique française. On constatera aussi que ce système est directement héritier de deux périodes, relatives à des crises politiques majeures : la guerre d'Algérie, en premier lieu, la Seconde guerre mondiale en second lieu, qui a donné une envergure nationale à un général anonyme exilé à Londres. L'intermède de la IVème République doit être évacué : système honni par De Gaulle, il explique la retraite paisible du général à Colombey. Son ombre plane durant une grande partie de l'album, la tranquillité de la vie quotidienne du général (la visite du tailleur, la promenade du chien, le souper ...) contrastant avec l'agitation politico-militaire. de notre époque, comme de toutes les époque, l'album raconte aussi que la politique est affaire humaine. Quoique grotesque que nous apparaisse certaines situations décrites dans l'album, le plus saisissant est peut-être que les personnages gardent, chacun, une cohérence qui détermine leurs actions. Ainsi de Pfimlin, qui confirme les pleins pouvoirs à Salan, car il le croit l'homme de la situation pour calmer les ardeurs algéroises, et qui confirme le blocus pour rassurer Paris. Tout ceci démontre que la politique, par nature, est chose fragile. Les systèmes les plus solides en apparence peuvent donc, par des concours de circonstance, par un ensemble de décisions individuelles, par un manque de communication ou par l'absence de compréhension, par le soutien, enfin, de forces inhérentes au système (les médias, notamment), dangereusement vaciller, voire s'effondrer. Au-delà de la farce, nous voilà prévenus.
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