Conseillé, je commence à lire ce roman avec de bonnes dispositions, cadre familier du Nord-Est des USA, université haut de gamme, banlieue cossue dont on imagine qu'elle cache de multiples turpitudes, ou de plus sombres desseins, nous ne sommes pas loin de
Salem et de Providence, lieux maléfiques ou supposés tels. L'excellence universitaire abrite en son sein des esprits brillants, profonds, là où vous et moi n'irons jamais, flirtant avec l'absolu, concept nébuleux dans lequel l'on peut jouer à Dieu sans risque d'être contredit, amusements d'étudiants débordants d'énergie, d'hormones en roue libre, jusque là prisonnières de cadres familiaux empreints d'une hypocrite religiosité. La pression se relâche, pas totalement, les associations estudiantines veillent à la tradition, travail et morale sont les piliers d'une élite auto-proclamée, les anciens passent le flambeau au travers de rites secrets, via les sororités ou les fraternités, nulle obligation mais fortement conseillé, les esprits rebelles ne sont pas légion, ils existent, ostracisés, le carcan des sororités peut s'avérer douloureux. Thème chéri des romanciers US, les confréries étudiantes, fêtes et bacchanales qui tournent mal, causes mystérieuses, dissimulent des infamies, libertinages et autres vices qu'il est de bon ton de taire, tout débordement se doit de rester invisible aux yeux de l'institution.
Critique acerbe d'une bonne société, habillant de vertu ses plus belles plantes, le roman nous entraîne sur de fausses pistes, jouant avec nos nerfs de lecteur, suspense et réponse très tardive dans le déroulé de l'histoire. Les 650 pages sont un peu bavardes, quelques redites dans les descriptifs de personnages, stéréotypes nécessaires mais le tout est accrocheur, se lit facilement, non loin de
Stephen King, socialement plus incisif, et la dent très dure envers la gente féminine, roman écrit par une femme. Attention aux poupées, messieurs...