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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Vingt-cinq ans après avoir émigré, Kapka Kassabova, auteure bulgare vivant en Écosse, revient dans la zone frontière entre la Bulgarie, la Grèce et la Turquie et nous conte ses pérégrinations.
Elle parcourt les villages de la Lisière à la recherche de leur histoire et de celles de ses habitants. Histoire souvent tragique, car cette zone disputée a été le théâtre de multiples conflits, et même les périodes de paix n'ont pas été de tout repos. A l'époque communiste, cet endroit sauvage était souvent choisi par les fuyards pour passer à l'Ouest. Aujourd'hui les migrations se font dans l'autre sens, les réfugiés viennent du Moyen-Orient, et la Bulgarie les attire, maintenant qu'elle fait partie de l'UE.

La première partie du livre parle de la la période communiste, lorsque la Bulgarie était la Côte d'Azur de l'Europe de l'Est, et que les plus désespérés venaient profiter de la situation géographique du pays pour échapper au monde communiste. Mais les dictatures de l'Est étaient toutes paranoïaques et faisaient tout pour empêcher leurs sujets de rejoindre le monde libre. Les gardes-frontière bulgares veillaient au grain, ils étaient nombreux, bien équipés, et avaient le droit de tirer à vue sur les fugitifs. L'Allemagne de l'Est versait même une prime à ceux qui tuaient des fuyards allemands.

La suite du livre est un mélange de lieux et d'époques, dont la chronologie échappe un peu au lecteur. On y parle des réfugiés actuels, majoritairement syriens, et des réfugiés du passé. La Turquie héberge les musulmans expulsés de Bulgarie tandis que les chrétiens ont fait le chemin inverse. Enfin, pour ceux qui avaient réussi car beaucoup ont perdu la vie au passage. Quant au logement, les expulsés ont parfois pu s'installer dans les maisons libérées par ceux qui venaient de se faire expulser dans l'autre sens.

Le livre nous parle aussi du sort des Bulgares de la région, dont la situation économique est sinistrée. Tout ce qui fonctionnait à l'époque communiste est tombé en ruine, mais les habitants font preuve d'un attachement indéfectible à leur région d'origine. L'auteure nous parle aussi du mysticisme et des croyances de la lisière, mais je n'ai pas réussi à adhérer à cette partie.

La seconde partie du livre est une énumération de lieux et de personnages et le récit tourne un peu en rond. J'avoue que j'ai lu toute la fin en diagonale car je n'arrivais plus à m'intéresser au destin de tous ces cas particuliers et j'étais content d'arriver à la fin. Dommage de terminer ce livre qui commençait bien avec une impression de soulagement.
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Kapka Kassabova prévient son lecteur dès le départ : le territoire frontalier entre Bulgarie, Turquie et Grèce, fait de montagnes et de forêts impénétrables, exerce sur le voyageur qui s'y plonge une emprise implacable. A la fin de la lecture de ce récit, j'ai l'étrange sensation que l'auteure a pleinement réussi à me faire éprouver, en tant que lecteur dans mon activité de lecture, les mêmes impressions que celles qu'elle décrit comme voyageuse retournant sur sa terre natale de longues années après l'avoir quittée, c'est-à-dire un cheminement pas à pas dans un récit touffu. Lisière est un récit qui ne se lit pas "vite", car chaque page est un défrichement, un coup de machette pour se frayer un chemin dans une forêt difficilement praticable.
Il est fascinant de découvrir qu'un territoire aussi proche de nous puisse être à ce point hostile. On navigue en permanence entre son hostilité naturelle (reliefs, forêts, absence de voies de communication) et son hostilité façonnée par l'homme (histoire du déclin de l'empire ottoman, histoire de la guerre froide ayant aménagé de sinistres "no-man's land").
L'histoire des états et de leurs politiques fut sur ce territoire une immense fabrique à déracinement et à exil. Malheur aux populations qui se sont retrouvées « à cheval » sur les tracés de frontières. Elles ont souvent été arrachées à leur terre, leur langue, leur vie sociale. L'histoire leur a souvent arraché la vie d'ailleurs, tout comme aux étrangers voulant transiter par cette frontière pour fuir le bloc soviétique.
L'homme semble donc victime des frontières. Et pourtant, Kapka Kassabova fait la démonstration de l'omniprésence de la vie dans son récit, car chaque personne rencontrée est un(e) rescapé(e), un individu qui s'est battu, qui a résisté à l'adversité, aux difficultés et aux dangers. de la famille revenue dans un village déserté au gardien autoproclamé d'un monastère risquant d'être pillé, c'est la vie qui semble l'emporter. Avec la conscience et la douleur de tout ce qui a été perdu.

J'ai trouvé que le marqueur le plus significatif de la densité du récit résidait dans la description des croyances et rites. Sur cette terre de confluence entre christianisme orthodoxe et islam, c'est peut-être autre chose, un paganisme venu du fond des âges et qui échappe à toute logique politique ou étatique, qui exprime le plus intimement le lien entre les hommes et leur territoire. En tout cas, Kapka Kassabova fait l'expérience de cette dimension qui la marque intimement, et elle en marque son lecteur.
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Kapka Kassabova raconte ses voyages à la frontière entre la Bulgarie, la Turquie et la Grèce, dans une région où les montagnes côtoient les vieilles âmes solitaires. Chaque chapitre est introduit par une notion du cru, un mot, et concerne un endroit particulier, un peu magique parfois, effrayant par moment. Kassabova raconte les gens d'aujourd'hui, ceux d'hier, la frontière qui fut fermée, puis franchie allégrement lors de diaspora forcées ou aujourd'hui, par des réfugiés en quête d'Europe.

Alors que le livre commence sur les chapeaux de roues avec une histoire qui touche aux croyances profondes de la Strandja, puis qu'on enchaîne dans l'ésotérisme avec un temple égyptien perdu dans les Balkans, les historiettes continuent plus avec la route que l'autrice poursuit, au dam d'une histoire plus qui ne parle plus que d'elle, d'une manière ou d'une autre. À travers des rencontres pas toujours intéressantes, Kassabova perds plus qu'elle ne trouve. On se réjouit qu'une histoire enfin capte notre attention, mais ce n'est hélas pas tout le temps, et le gros du livre se trouve enfui sur des passages historiques redondants, de l'auteur qui n'arrive pas à s'extirper d'elle-même et quelques personnages rencontrés moins intéressants.
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La montagne enfante des personnes, la plaine enfante des citrouilles.

Kapka Kassabova nous livre ici une série de portraits de celles et ceux qui habitent, hantent, et survivent aux rudes montagnes et aux froides forêts nichées entre les frontières bulgares, grecques et turques.
Une région au lourd et riche passé, traversée d'histoires troubles et par les sombres moments de l'Histoire. Une région au présent encore tourmenté. Une région aux lisières de plusieurs cultures et héritages, qui s'effleurent, s'épousent, se heurtent, collisionnent et éclatent. Une région aux différents visages qu'on apprend à tâter et découvrir.
Une région dont je ne connaissais que trop peu L Histoire foisonnante et sa géo(politico)graphie pour ne pas me perdre dans cette complexité, d'autant que le tout manquait souvent de liant avec l'impression de passé du coq à l'âne.
Je suis donc resté un peu à l'écart du voyage.

Mais l'autrice sait capter la complexité et l'ambivalence des individus, et surtout l'ambiance brumeuse, presque fantomatique, de ces montagnes et forêts pleines de mystères et de légendes. Et de tristes réalités.
Où fouler la terre revient souvent à marcher sur des morts, qu'on honore ou qu'on pille. Ou à les croiser.

Une région dont l'on ne revient pas. Ou alors changé·e.
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Un livre lu dans le cadre d'un masse critique de Babelio, j'ai été intriguée par la quête identitaire qu'entreprend l'autrice dans cette zone géographique que je connais si peu.
Les chapitres se succèdent sans fil conducteur, se focalisant sur une région particulière. A chaque fois, nous faisons le point sur la situation socio politique et l'histoire du lieu, nous abordons un mythe ou un élément folklorique propre à cette région, et enfin, rencontrons des personnages habitant cette zone.
L'autrice est ouverte d'esprit, curieuse et sensible, elle partage avec nous ce voyage intime dans les Balkans à la rencontre de son peuple et de la nature sauvage. Des thèmes importants sont abordés, comme la religion, la guerre, l'immigration, la tradition...
Ne connaissant que très peu cette région j'ai appris beaucoup de choses. Cependant, je me suis rapidement sentie "non concernée" par le récit, j'avais peut être trop de méconnaissance du sujet pour m'y retrouver. de plus, l'alternance des chapitres, passant d'une idée à une autre, d'une problématique à une autre, m'a parfois fait perdre le fil.
Une quête identitaire bien écrite et dépaysante... mais peut être un peu trop.
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Ma redécouverte de sa region d'origine de Thrace par une écossaise. On y decouvre la vie locale de chacun des côtés des frontières qui parsèment la region : Grèce, Bulgarie, Turquie. On apprend des regions, de meurs histoires, de leurs croyances.
Ce qui est un peu pesant c'est la destructuration du récit, une passe d'une idée à l'autre, d'une region à l'autre, le tout entrecoupé de reflexions de l'auteur sur ve qu'elle fera de sa vie. On s'ennuie un peu parfois mais la découverte de la region nous porte jusqu'au bout.
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