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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Annick Kayitesi-Jozan est une survivante des évènements qui se sont déroulés en 1994 au Rwanda. Des hommes, des femmes, des enfants, ont été massacrés de manière particulièrement sanglante par leurs voisins, leurs amis, des inconnus, parce qu'ils n'étaient pas de la même ethnie. Juste parce qu'ils étaient Tutsis. Il y a un mot qui résume cela: génocide. Ce terme est lourd de sens, chargé historiquement, alors on comprend aisément qu'être «survivante d'un génocide» doit être un fardeau à porter. Alors quand Annick Kayitesi-Jozan devient maman elle comprend vite que ce fardeau va se matérialiser sous la forme de questions posées par ses enfants. A commencer par son aîné, son fils. Ses «pourquoi» et autres questions vont vite devenir une souffrance supplémentaire qui fait écho à ses propres questionnements et aux souvenirs qui la hantent et qu'elle ne sait pas trop comment gérer. L'oublie ne se décide pas. Comment continuer à vivre avec ces évènements constamment à l'esprit? Que faire de ces morts qui sont partout avec elle puisque sans sépulture ils n'ont nul part où reposer?
Annick Kayitesi-Jozan cherche à trouver des réponses à ses questions et à ceux de son fils, elle recherche un forme de paix intérieur, de répit, sans pour autant condamner ses morts, ses «quelqu'un» à l'oubli. Écrire. Son livre est une thérapie, elle se raconte, couche sur papier les évènements monstrueux qui avant n'avaient d'existence que dans sa tête. Peut être pour ne plus en être la seule dépositaire.

Ne pas censurer, écouter, lire, laisser parler les témoins de l'horreur est essentiel. pour autant même si le contenu du livre est essentiel et qu'il est nécessaire de ne pas faire comme si cela n'avait jamais eu lieu je n'ai pas du tout aimé la forme. J'ai trouvé l'écriture sans originalité, très factuelle. Il y a également un gros manque de fluidité. Tout cela participe à rendre les faits encore plus crus et difficiles à lire. L'ensemble est très brouillon. J'étais complètement perdu dans la chronologie des évènements. On sent bien que les souvenirs de l'auteure l'obsèdent mais les répéter sans cesse rend le récit redondant.

Ce livre est essentiel en tant que témoignage dans le cadre du devoir de mémoire mais l'ensemble est beaucoup trop intimiste pour un documentaire. En prenant du recul par rapport au thème abordé, qui rend difficile toute critique, je n'ai rien appris de plus sur le génocide rwandais. le récit m'a horrifié plus qu'il ne m'a touché et l'empathie qu'on éprouve pour Annick Kayitesi-Jozan reste limitée. Elle maintient une distance avec le lecteur compte tenu de sa façon d'écrire. La lecture, en ne parlant que de la forme, a été laborieuse.

Malgré tout il faut saluer le courage d'Annick Kayitesi-Jozan pour avoir été jusqu'au bout de sa démarche et avoir réussit à coucher l'horreur sur papier sans faillir, ce qui en soit est déjà remarquable.
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"Se souvenir, se construire et vivre"

J'ai lu ce document dans le cadre du Jury du Grand Prix des Lectrices Elle 2018.

Annick Kayitesi-Jozan nous livre ici son témoignage sur le génocide du Rwanda qu'elle a vécu lorsqu'elle avait quatorze ans. En 1994 lors du génocide des tutsis, sa mère a été massacrée sous ses yeux, sa soeur et son petit frère ont été tués à coups de machette et jetés dans la fosse commune. Une grande partie de sa famille a disparu lors des cent jours d'horreur qu'a duré le génocide. Elle a échappé par miracle au massacre avec son autre soeur gravement blessée.

Comment accepter la mort des siens quand on n'a pas de sépulture sur laquelle se recueillir? Comment pleurer un mort dont on ne voit pas le corps? Comment survivre? Comment se reconstruire? Réfugiée en France, Annick Kayitesi-Jozan se retrouve maintenant confrontée aux questions de ses enfants mais comment leur transmettre l'histoire de sa famille?

La lecture de ce témoignage m'a été très pénible, à certains moments insoutenable, car l'auteur, dans un récit que j'ai trouvé assez désordonné mêlant les époques, revient sans arrêt sur les massacres qui l'obsèdent. de plus des éléments historiques plus conséquents expliquant la genèse de ce génocide m'ont manqués. J'ai déjà lu des romans sur le Rwanda que j'avais beaucoup appréciés ("Petit pays" de Gaël Faye, "J'ai longtemps eu peur de la nuit" de Yasmine Ghata) et surtout l'excellent livre de Jean Harzfeld "Un papa de sang" qui m'avaient plus apporté que ce récit sans doute trop intime. Ce témoignage, écrit de plus d'une écriture vraiment très ordinaire, n'a pas selon moi le niveau pour prétendre à un prix littéraire.

Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Avril 1994. Au Rwanda, une guerre ethnique oppose les Hutus aux Tutsis, faisant 800 000 morts, principalement Tutsis. "Zouzou" a 14 ans à l'époque. Elle voit sa mère se faire tuer sous ses yeux avant que son corps ne soit livré aux chiens ; sa soeur et son petit frère sont massacrés à coups de machette. Elle échappe à la tuerie avec son autre soeur qui est, elle, gravement blessée. Elle perdra au cours des jours suivants d'autres membres de sa famille, tués de façon tout aussi épouvantable.

Il est évident qu'il faut raconter, parler. Parler de ces morts, qu'elle appelle "Mes quelqu'uns", qu'elle n'a jamais vus puisqu'ils ont été – au mieux –jetés dans une fosse commune. Parler pour continuer à vivre, avec ses fantômes et ses souvenirs. Comment s'y prendre ? Comment faire son deuil sans sépulture auprès de laquelle se recueillir ? Comment dire à ses propres enfants la façon dont ses parents sont morts sans leur cacher sa peine, et quoi taire ? Ces interrogations sont en filigrane tout au long de ce récit évidemment terrible et émouvant.

Cependant, le choix de l'auteur de raconter ses souvenirs de façon déconstruite, en passant de son arrivée en France au présent de sa vie avec son mari et ses deux enfants, des épisodes de son enfance au le récit du massacre, rendent le récit décousu et parfois confus : le lecteur se perd dans la chronologie. Par ailleurs le style est assez ordinaire, voire parfois relâché (lors de l'épisode de la rencontre avec les parents de Raphaël par exemple).
Enfin, il y a l'horreur. Des massacres, mais aussi de leurs conséquences. Huit ans après le génocide, l'auteur rencontre les tueurs, qu'elle a vus s'acharner sur sa tante, son oncle et leurs enfants. Elle discute "à la façon rwandaise", chacun sachant que l'autre sait qui il est. C'est une situation absolument incompréhensible pour nous, européens : comment peut-on converser avec les assassins de sa famille, qu'ils ont tuée si sauvagement, alors qu'ils reconnaissent la qualité des défunts, et même s'interrogent à voix haute sur les raisons de ce carnage ? Comment peut-on accepter que leurs femmes portent les vêtements de sa tante et de ses cousines massacrées ? Comment peut-on accepter de jouer le jeu à ce point ? de les entendre dire par exemple, p.135 : "Pour les empêcher de fuir, il a fallu leur couper les tendons. Ensuite, il a été clair que ce n'était pas la peine de les achever, elles finiraient par se vider de leur sang…" Insupportable. de même, une jeune guide enceinte fait visiter une église transformée en musée, en face duquel elle vit… à côté des tueurs Hutus qui ont exterminé sa famille.

On se demande même s'il n'y a pas une sorte de complaisance à vivre dans le souvenir des morts : "Je me dois d'être sa tombe, aussi longtemps que ses os traîneront quelque part sur ces collines. Vivante, elle m'a portée dans son ventre, elle m'a nourrie de son sein, elle m'a portée sur son dos, elle m'a aimée. Morte, je la porterai, dans mon ventre, sur mon dos.", écrit l'auteur p.113.

Enfin, contrairement à l'ensemble du récit, sa dernière partie évoque en détail le soir du massacre – comme s'il avait fallu toutes ces pages et ces allers-retours entre présent et passé pour qu'Annick Kayitesi-Jozan puisse enfin raconter entièrement et s'alléger un peu. Mais son témoignage est devenu une sorte de thérapie : la démarche trouve là ses limites.

Livre lu dans le cadre du Prix littéraire des Lectrices de Elle.

Lien : http://www.usine-a-paroles.f..
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Comme il est rappelé dans sa biographie, l'auteur de ces lignes est rwandaise, et rescapée du génocide de 1994.Réfugiée en France, elle y a étudié, et construit sa vie.
Lorsque l'on traverse une épreuve aussi terrible, que l'on a vu les siens massacrés, écrire semble être le moyen le plus naturel pour "se laver", se dépouiller d'une partie du sentiment de culpabilité d'être encore vivant, de rendre hommages aux disparus, et tout simplement pour témoigner encore et toujours.

C'est ce à quoi s'est essayé Annick Kayiseti-Jozan dans ce court récit non linéaire qui semble avoir été construit au fil de la remontée des souvenirs de son auteur.

Sur la forme, cela donne un ensemble assez déstructuré dans un style qui à la longue m'a semblé maladroit, et sans relief.

Sur le fond, il y a la violence, l'horreur même. Mais, parce qu'il y a un gros mais, cela m'a toujours maintenue éloignée du sujet.

La réalité, c'est qu'avant elle, il y eu Scholastique Mukasonga, plus récemment Gaël Faye, Yasmine Ghata qui à mon sens ont nettement mieux su s'exprimer à ce sujet. En outre, Jean Hatzfeld, a effectué un remarquable travail journalistique à propos du génocide rwandais, qui à mon sens est ce qu'il y a de mieux pour appréhender tous les aspects du sujet.

Alors évidemment, l'ouvrage dont il est question ici parait bien fade à côté du reste, et surtout sans grand intérêt ; en tout cas pour moi. C'est pourquoi cet ouvrage ne fera pas date ; il n'apprend rien de plus.


Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Le récit d'une survie après le génocide des Tutsis par les Hutus en 1994 au Rwanda. Annick KAYITESI-JOZAN a alors 14 ans lorsqu'elle assiste impuissante au massacre de sa mère, de son petit frère, d'une partie de sa famille, elle ne retrouvera que plus tard sa soeur gravement blessée. Comble de l'horreur, elle ira servir de bonne à la famille à l'origine du massacre.
Comment survivre ?
Plus qu'un récit ce témoignage est une thérapie ; les faits sont incontestables, certaines pages sont insoutenables.
C'est une fois devenue mère, lorsque ses enfants questionnent sur « la maman de leur maman » que ce témoignage voit le jour. L'auteure se voit comme un fardeau que ses enfants ne méritent pas, la douleur est trop présente pour oser raconter l'inénarrable constatant amèrement que seule sa grand-mère est morte de sa belle mort, de vieillesse.
Le récit est parsemé de poèmes en kinyarwanda, sa langue maternelle, seul répit à la lecture.
Si les faits relatés sont sans conteste, j'ai trouvé pesant ce témoignage, trop de phrases saccadées, d'allers retours entre le présent, le passé ; c'est une thérapie dont le lecteur ne sait que faire. Un « je ne sais quoi » m'a dérangée me laissant un peu en retrait.
J'ai été d'avantage touchée et véritablement émue par le roman de Gaël FAYE, « Petit pays ».
Lu dans le cadre du Jury Lectrices de Elle 2018
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