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3,62

sur 466 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Donc Mary arrive d'Irlande pour devenir lingère puis peu à peu se découvre des talents de cuisinière. Elle va travailler pour de grandes maisons bourgeoises mais elle va surtout semer la mort. Pourtant, au début elle ne rendra compte de rien (même si nous lecteurs nous nous rendons donc compte vite des erreurs qu'elle va commettre mais à son insu). Un portrait de l' Amérique , un portrait de la médecine, de ces grands pontes qui ,on va dire, s'acharne sur Mary (des tests, à n'en plus finir, jamais de réponses, de la lassitude et peut-être une lueur d'espoir au final).

Je suis tombée au hasard sur ce livre, le sujet me paraissait curieux (même si je ne suis pas portée du tout sur la médecine ). le début de ma lecture a été difficile , un arrêt d'un mois puis suite à des avis plus qu'enthousiastes , je me suis dit bon on continue et je n'ai pas été déçue du tout
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Aussi haletant qu'un thriller, cet ouvrage retrace le bouleversant destin de Mary Mallon, surnommée en son temps" la femme la plus dangereuse d'Amérique", " la porteuse de germes".....
Passionnant....Un véritable cas pour la science.....
L'auteur réalise cette biographie romancée avec un talent indéniable....un regard incisif, piquant, une plume alerte et incisive, convaincante,vivante,même si ce n'est que son deuxième roman....
Comme tant d'autres immigrés Irlandais,Mary arrive très jeune à New- York, à la fin du XIX° siècle.
Cette ville connaît alors de gros problèmes de propreté et d'insalubrité .....
Mary commence à travailler comme blanchisseuse, puis se découvre une véritable passion pour la cuisine.
Malheureusement, dans toutes les maisons bourgeoises où elle est employée, les gens contractent la Typhoïde, Mary, quant à elle, ne présente aucun symptôme de la maladie -au contraire sa robustesse est presque indécente-...
La médecine commence à faire des progrés, un médecin, le docteur Soper émet l'hypothèse du "porteur sain", en particulier pour la typhoïde.
Il mène son enquête et suit Mary à la trace, un jour, il l'aborde, lui explique qu'elle transmet la maladie en faisant la cuisine....
Mais Mary n'est pas un personnage ordinaire, dotée d'une forte personnalité, d'un caractère bien trempé, elle ne se laisse pas faire, elle vit avec Alfred qu'elle aime et soutient malgré son alcoolisme récurrent....
Elle va être arrêtée et exilée à North Brother, une île , au nord de Manhattan,commence alors un ardent combat pour la liberté pour cette femme indépendante et insoumise....nommée "Mary Typhoïde".....
Elle est mise à l'isolement, en quarantaine, soumise à une série de tests chaque semaine...par les autorités sanitaires...
Soutenue par son avocat, maître O Neill,elle obtiendra sa libération,au bout de trois ans,sous
Condition :en aucun cas ne plus cuisiner pour autrui...
Mais pourra t- elle respecter cette injonction et s'empêcher d'exercer ses talents?
Mary courageuse et obstinée, travailleuse, pragmatique, dotée d'une vraie conscience professionnelle, dévouée à son compagnon,à ses patrons,"celle par qui le scandale arrive", ne peut croire qu'elle donne la mort ,sa volonté est de survivre, sa fierté de gagner honnêtement sa vie, à la sueur de son front, son besoin d'amour se transforme en dévouement...
Elle va se heurter violemment au milieu scientifique Américain dans une montée d'incompréhension mutuelle et de mépris,dans un milieu où les inégalités sociales étaient grandes....
Le porteur sain qui transmet la maladie est une idée novatrice que le citoyen normal comprend mal...la mesquinerie, le manque de dialogue,l'indifférence encouragent Mary qui se braque avec fureur....
L'auteur, talentueuse,avec intelligence parvient à encourager l'empathie du lecteur à l'égard de Mary qui se bat seule contre la société "qui l'isole et l'emprisonne injustement"mais nous comprenons également la position scientifique et judiciaire vu le danger qu'elle représente.....
Le rythme de ce récit ne ralentit jamais, il fixe le destin de Mary l'impertinente,l'indomptable....dans notre mémoire, ce combat d'une autre époque -encore que.-....nous fait penser à d'autres combats scientifiques, actuels ceux - là....
Un ouvrage passionnant de bout en bout ,riche d'enseignements qui nous aide à croire au pouvoir de la littérature....

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Avec La cuisinière, le lecteur se plonge dans le New York du début du 20ème siècle. Il s'agit déjà d'une très grande ville, en pleine expansion, mais qui malheureusement connait de gros problèmes de propretés et d'insalubrité, notamment dans certains quartiers. Les épidémies y font parfois légions. Mais voilà, la médecine commence à faire des progrès, surtout en matière de recherches. Un médecin va commencer à émettre l'hypothèse du porteur sain, en particulier pour la Diphtérie. Et quand des épidémies se déclarent dans les beaux quartiers, il va mener son enquête, et suivre Mary à la trace.

Mary est un personnage moderne pour son époque. Elle a un caractère bien trempé, et elle sait ce qu'elle veut. Elle vit "librement" avec Alfred, un homme qui pourtant ne la mérite pas, mais elle l'aime plus que tout. Mary est d'origine Irlandaise, et quand elle arrive à New York, elle commence à travailler comme Blanchisseuse, mais bien vite, elle se découvre une vraie passion pour la cuisine.

Un jour, un Médecin, le docteur Sopper, l'aborde et lui parle de la Typhoïde, il lui explique qu'elle propage la maladie en cuisinant. Mary refuse de le croire et de se soumettre. Mais le docteur est tenace, il ne la lâchera plus, jusqu'à son arrestation et son exil forcé sur North Brother Island au large de Manhattan.

J'ai vraiment apprécié cette lecture, d'un côté on a un peu de mal à comprendre Mary, pourquoi continue-t-elle à cuisiner, n'a-t-elle pas le moindre doute quant à sa condition de porteur sain ? Elle a pourtant vu des personnes mourir autour d'elle. Mais en même temps, à cette époque, la médecine n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui, et Mary n'avait jamais eu la Typhoïde, alors comment aurait-elle pu être immunisée.Et d'un autre côté, j'ai été révoltée par l'arrestation de Mary, et surtout par son bannissement. Elle est mis à l'isolement, soumis toutes les semaines à une batterie d'examens, dont elle n'a jamais les résultats.Durant notre lecture, nous apprenons à connaitre Mary, son passé, sa vie. Nous avons l'impression de mener le combat pour sa liberté, avec elle.

Mary Beth Keane, nous livre ici un roman historique d'une époque pas si lointaine, ou les inégalités sociales étaient grandes. New York si elle était en pleine essor, restait une ville ou il ne faisait pas toujours bon vivre, en particulier pour les classes sociales les moins aisées.

L'écriture de ce roman est simple mais juste, certains passages ont un rythme assez lent, mais ça ne m'a pas dérangé, ils collent parfaitement avec la vie en autarcie de Mary sur North Brother Island.

En bref, j'ai aimé le côté historique de ce roman que j'ai vraiment trouvé bien travaillé.L'histoire de Mary m'a paru tout aussi intéressante. Je vous le recommande.

Ce roman a été publié en Février 2014 aux Editions Presses de la Cité.
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Basé sur une histoire vraie, ce roman retrace le destin de Mary Mallon, surnommée en son temps "la femme la plus dangereuse d'Amérique".

Lorsque la jeune Mary débarque dans la grosse pomme en 1884, elle a tout juste 15 ans. Orpheline, elle vivait jusqu'alors avec sa grand-mère qui la confie désormais à sa soeur, la grand-tante Kate et à son grand-oncle Paddy. Ils lui laissent le temps de s'acclimater à la vie citadine et au bout de quelques semaines, Mary franchit la porte d'une agence de placement. Sans qualification et très jeune, même si elle ment sur son âge, se vieillissant allègrement de dix ans, ce qui ne trompe pas tout le monde, elle n'a accès qu'à des emplois de blanchisseuse, un travail usant et plutôt mal payé.

A l'âge de 17 ans, elle rencontre son grand amour, Alfred. Il a quelques années de plus qu'elle et c'est le coup de foudre. Il a beau avoir tendance à tomber le nez dans la bouteille et ne pas être très assidu au travail, elle accepte tout de même de vivre avec lui sans se marier, l'amoureux n'ayant pas envie de connaître les joies de l'hymen non plus.

Mais, Mary a de l'ambition, elle est belle et ne s'en laisse pas compter, beaucoup la trouve même hautaine. Elle aspire surtout à une vie meilleure et demande à Kate de lui apprendre à cuisiner, et très vite, elle se révèle douée pour exécuter plats, soupes, sauces et desserts, et va au fil des mois et des années, être placée dans certaines des familles bourgeoises new-yorkaises les plus en vue.

Malheureusement, où Mary passe, les autres trépassent.

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A l'instar de milliers d'autres immigrés irlandais qui arrivèrent aux Etats-Unis durant la seconde moitié du 19ième siècle, Mary Mallon était en quête d'une vie meilleure lorsqu'elle débarqua à New-York. Sans réelle expérience de travail ni relations professionnelles, elle finit par s'engager comme blanchisseuse, un emploi qui lui permit de gagner juste assez d'argent pour survivre. Mais Mary était aussi une cuisinière de talent et il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que cette activité pourrait lui rapporter davantage d'argent que celle de lingère. Ses compétences culinaires et sa détermination la conduisirent ainsi peu à peu à travailler au service de nombreuses familles New-Yorkaises aisées. Pendant de nombreuses années, Mary Mallon a ainsi vécu une vie relativement heureuse auprès d'un immigré allemand nommé Alfred Briehof. Mais la vie de Mary bascula brutalement en 1907, lorsque le Dr Sopper, un expert investiguant pour le compte des services sanitaires, établit un lien entre la jeune femme et les cas de typhoïde qui se déclaraient dans son entourage professionnel. Face au refus de Mary de se soumettre à des examens médicaux, c'est par la force que les autorités vont finalement la capturer afin de la mettre en quarantaine à l'hôpital de North Brother Island, aux côtés de patients tuberculeux. S'engage alors pour Mary une lutte acharnée et de chaque instant pour pouvoir espérer retrouver sa liberté.

A la lisière entre oeuvre de fiction historique et biographie, Mary Beth Keane nous brosse dans « La cuisinière » le portrait saisissant d'une femme hors du commun et, à travers elle, celui de toute une époque de l'histoire des Etats-Unis.

Mary Mallon n'est pas le seul porteur sain de la fièvre typhoïde, mais elle est le premier cas authentifié comme tel aux Etats-Unis au début du XXème siècle. A l'époque, près de 400 personnes véhiculant la maladie sans en présenter eux-mêmes les symptômes ont été identifiés aux Etats-Unis mais aucun ne furent confinés à l'isolement comme elle…

Au début des années 1900, on ne dispose pas d'antibiotiques pour traiter la fièvre typhoïde et les autorités sont assez démunies, ne sachant vraiment comment agir au mieux pour endiguer ces petites épidémies. Qui plus est, la théorie de porteur sain fait tout juste son apparition dans le milieu médical. Comment dès lors, faire accepter une notion aussi nouvelle et « abstraite » à une jeune femme n'ayant pas eu une éducation lui permettant de disposer des acquis nécessaires à la compréhension d'un tel concept ?

Dans le cas de Mary, la situation semble d'autant plus inextricable que la jeune femme témoigne d'une force de caractère hors du commun. Les preuves qui s'accumulent contre elle ne parviennent pas à la convaincre et elle réfute systématiquement toutes les accusations portées à son encontre.Et le manque d'expérience, de tact et de diplomatie avec lequel les autorités sanitaires traitent son cas ne la braquent que davantage. La mise en quarantaine de la cuisinière semble dès lors s'imposer comme la seule solution permettant d'endiguer l'épidémie.

Pourtant, il ne fait aucun doute que si Mary avait été une jeune fille issue d'une famille aisée et ayant bénéficié d'une bonne éducation plutôt qu'une immigrée irlandaise vivant en concubinage avec un homme oisif et alcoolique, les autorités sanitaires et les tribunaux l'auraient traitée avec moins de brutalité et de mépris.

Un paradoxe dont a pleinement conscience Mary, qui éprouve rapidement le sentiment d'être littéralement traquée par les autorités sanitaires et de bénéficier de leur part d'un traitement impitoyable en raison de sa condition sociale précaire et de son mode de vie atypique pour une femme de l'époque. Car à l'image de son tempérament, la vie personnelle de Mary est tout aussi peu conventionnelle. Après avoir rencontré Alfred en 1885, le couple s'installe rapidement ensemble sans jamais éprouver le désir de se marier ni d'avoir des enfants. Mais alors que Mary travaille sans relâche dans l'espoir d'une vie meilleure, Alfred quant à lui, enchaîne les emplois précaires, et sombre dans l'alcoolisme puis l'addiction à l'opium et à l'héroïne.

En ce sens, le cas de Mary est ainsi révélateur des fortes inégalités sociales et de la condition ouvrière particulièrement difficile de l'époque, avec des journées de travail de 12 à 14 heures, des salaires faibles, des logements insalubres. Dans son roman, l'auteure restitue avec un réalisme saisissant ces conditions de vie précaires, dans des villes surpeuplées, sales, où flotte en permanence une odeur nauséabonde, rôde la menace de la maladie à chaque coin de rue, et où l'espérance de vie ne dépasse pas les 45 ans.

Comme de nombreuses personnes de leur condition, Mary et Alfred se sentent prisonniers de leur statut social et des préjugés inhérents à leur condition. L'épisode du chapeau est d'ailleurs révélateur de cet état de fait. Lorsque Mary dépense une grosse somme d'argent pour s'offrir un magnifique chapeau qui, par le fruit du hasard, va se révéler être parfaitement identique au modèle porté par sa patronne, cette dernière aura tôt fait de rappeler à la cuisinière que toutes deux en dépit des artifices n'appartiendront jamais au même monde.

Un épisode qui marquera longtemps Mary et qui la fera définitivement se convaincre que tout ce qui lui arrive, des accusations qu'on lui porte à son enfermement sur l'île, en passant par à la manière infantile dont on s'adresse en permanence à elle, n'est que la conséquence logique et inévitable de sa condition modeste et de son mode de vie.

Dans une société où il est difficile de s'extraire du quotidien auquel votre statut social vous destine, Mary apparaît donc comme une femme ambitieuse et déterminée, prête à tout pour s'en sortir et dont la force de caractère frôle parfois l'obstination.

Après avoir trimé dur pour gravir les échelons, passant du poste de simple blanchisseuse au statut de cuisinière, Mary ne conçoit pas de devoir abandonner sa passion et son revenu sur la base d'accusations qu'elle réfute de façon virulente et émanant de médecins dans lesquels elle n'a aucune confiance. Car si Mary peut parfois sembler insupportable tant elle apparaît bornée, le monde médical qu'elle a face à elle, se montre pour sa part sans pitié. A une époque où la médecine progresse à grands pas, découvrant la notion de porteur sain ou la sérothérapie, on se soucie en revanche peu des considérations éthiques ou de ce que l'on a le droit de faire au nom de la santé publique. Dès sa rencontre avec le Dr Soper, Mary a ainsi conscience du gouffre qui les sépare. L'expert évolue dans un monde à mille lieues du sien et de la réalité de son quotidien. Au nom du bien collectif, le Dr Soper n'hésite pas à enfermer Mary dans un hôpital, et à la soumettre à des examens quotidiens, faisant peu de cas de ses sentiments ou même des droits de la jeune femme.

Construisant son récit sur des évènements factuels tout en se plaçant du point de vue de Mary Mallon, Mary Beth Keane met ainsi à la disposition de son lecteur des éléments décisifs afin de lui permettre de comprendre page après page les choix faits par l'héroïne… Libre à lui ensuite de se forger sa propre opinion.

S'inspirant du destin bouleversant de celle que l'on surnomma « Mary typhoïde », Mary Beth Keane livre un roman passionnant et bien documenté, à la frontière entre biographie et fiction historique.

Porté par une écriture maitrisée, et balayant un grand nombre de thématiques, « La cuisinière » est un roman brillant tant du point de vue du sujet que par les questionnements qu'il soulève. Car à travers le thème central du roman de Mary Beth Keane, à savoir l'affrontement permanent entre les autorités sanitaires au nom de la santé publique et le combat d'une femme pour sa liberté, c'est finalement la question de la primauté de l'intérêt collectif sur les libertés individuelles que pose l'auteure.

Un roman brillant, à lire absolument !
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Dans ce roman, l'auteur réalise une biographie romancée de Mary Mallon, surnommée « Mary Typhoïde » au XIXème siècle parce qu'elle était porteuse de cette maladie et qu'elle la transmettait tout en étant « porteur sain ». L'histoire commence avec l'arrestation, l'enlèvement même, de Mary. Elle est arrêtée et suspectée d'avoir contaminé et tué plus d'une vingtaine de personnes en étant cuisinière à leur service. Mary est gardée et examinée (analyse de sang, d'urine,...) pendant plus de deux ans dans un hôpital avant qu'un avocat ne parvienne à obtenir sa libération à la condition qu'elle n'exerce plus son métier de cuisinière et qu'elle se rende à des examens médicaux réguliers.
L'auteur dresse dans ce roman un portrait vraiment captivant d'une femme battante qui réfute les thèses selon lesquelles elle serait la source des décès qu'on lui impute et qui se bat pour sa liberté. Si au départ Mary n'est pas particulièrement sympathique, on finit néanmoins par s'y attacher et par avoir envie qu'elle s'en sorte. L'auteur nous décrit aussi extrêmement bien l'époque, la vie dans les quartiers populaires surpeuplés de la ville de New York, l'insalubrité, le manque d'hygiène, les épidémies, les conditions précaires des ouvriers. de plus, c'est vraiment très bien écrit.
Malgré quelques longueurs, un bon moment de lecture instructif !
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Voici un roman qui repose sur l'histoire vraie de Mary Mallon dite « Mary Typhoïde ».
Cette immigrante Irlandaise arrive sur le sol américain en 1884 où elle exerce avec passion le métier de cuisinière. Mais la fièvre typhoïde suit Mary comme son ombre et frappe certains des membres des familles dans lesquelles elle officie.
Le récit prend place dans la ville de New York où plusieurs événements réels sont relatés et viennent enrichir la lecture.
Et l'on découvre quelles mesures prennent les autorités sanitaires de l'époque, ainsi confrontées pour la première fois au cas d'un « porteur sain » :passionnant !
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La cuisinière est le premier roman de Mary Beth Keane publié en France. Elle y retrace le bouleversant destin de Mary Mallon, surnommée en son temps "la femme la plus dangereuse d'Amérique". Dans ce roman captivant, à mi-chemin entre fiction historique et chronique judiciaire, l'auteur raconte le combat inégal d'une femme indépendante et insoumise pour sa liberté.

A la fin du XIXème siècle, l'irlandaise Mary Mallon immigre aux Etats-Unis. Tout d'abord employée comme blanchisseuse, elle est très vite remarquée pour ses dons de cuisinière, une activité qui deviendra pour elle une véritable passion. Mais alors qu'elle exerce ses talents au sein de plusieurs familles, des cas de typhoïdes se déclarent. Plusieurs personnes décèdent. La robustesse et la force physique de Mary finissent par alarmer les autorités sanitaires qui s'intéressent de plus en plus à elle. le docteur Soper, chargé de l'enquête, ne tarde pas à soupçonner Mary d'être à la source des contaminations et de transmettre la maladie en manipulant la nourriture qu'elle cuisine. Lorsqu'elle refuse de se soumettre aux examens, Mary est alors envoyée de force sur L'île de North Brother où elle restera en quarantaine pendant plusieurs années. S'engage alors un combat pour sa liberté...

Si La cuisinière commence comme une simple chronique judiciaire, le roman prend très vite le ton de la tragédie. Mary Beth Keane signe le portrait captivant d'une femme indépendante et insoumise, justement ou injustement captive de la Santé Publique. Tout le problème est là. Peut-on parler d'erreur judiciaire ? Celle que l'on surnomme "Mary Typhoïde" est-elle vraiment coupable ? Pourra-t-elle respecter l'injonction prononcée par la cour au terme de son procès ? Pourra-t-elle jamais accepter de ne plus cuisiner pour les autres, elle qui n'a d'autre choix que de travailler de ses mains pour (sur)vivre ?

A travers l'histoire bouleversante de Mary Mallon, c'est le destin de toute la classe ouvrière dont il est question dans le roman de Mary Beth Keane. Grâce à un talent de conteuse hors pair, un style simple mais néanmoins percutant, l'auteure fait revivre les quartiers populaires de la ville de New York du début du XXème siècle. Insalubrité, surpeuplement, épidémies... On se rend compte à quel point il est difficile de survivre dans des conditions aussi précaires et sordides. Peu ou pas éduqués, employés dans des ateliers de misère où on les exploite, les ouvriers n'ont aucun espoir de s'extraire du quotidien crasseux auxquels ils sont destinés. Beaucoup d'entre eux, à l'exemple d'Alfred, le compagnon de Mary, sombrent alors dans l'alcoolisme ou cèdent aux sirènes de l'opium et de l'héroïne.

Dans son roman, Mary Beth Keane dresse un constat alarmant mais ô combien réaliste de la ville de New-York. D'un côté, elle donne à voir au lecteur des clichés peu flatteurs des bars, des usines, des logements insalubres et de l'autre, des belles demeures cossues et des premiers gratte-ciels qui sortent de terre. Assailli de bruits, d'odeurs, de couleurs, le lecteur est plongé dans l'ambiance bourdonnante et presque irréelle du New-York de l'époque. C'est saisissant de réalisme !

Mary Beth Keane a construit son roman comme le témoignage d'une époque. Mêlant intimement la fiction aux faits historiques (comme l'incendie, en 1911, de l'usine Triangle Shirtwaist, une des catastrophes industrielles les plus meurtrières de l'histoire de la ville dans laquelle périrent 146 ouvrières du textile), il est alors impossible au lecteur de distinguer quels sont les faits avérés de ceux qui servent l'intrigue poignante de la cuisinière. L'ensemble sonne si incroyablement juste et certaines scènes sont si dures qu'on comprend alors mieux pourquoi Mary est devenue cette femme froide, déterminée, au comportement si indomptable ! Et vous, qu'auriez-vous fait en son temps et à sa place ?

A propos de la cuisinière, l'écrivain Colum McCann déclare : "Mary Beth Keane est l'une de ces jeunes romancières talentueuses qui m'aident à croire, encore et toujours, au pouvoir de la littérature." Force est de constater que c'est totalement justifié.
Lien : http://histoiredusoir.canalb..
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