Citations sur Ce genre de petites choses (111)
Il fallait des inconnus pour vous dévoiler des choses. (p. 92)
...il en vint à se demander à quoi bon être en vie si l'on ne s'entraidait pas. Etait-ce possible de continuer durant toutes les années, les décennies, durant une vie entière, sans avoir une seule fois le courage de s'opposer aux usages établis et pourtant se qualifier de chrétien, et se regarder en face dans le miroir?
En octobre, il y eut des arbres jaunes. Puis les pendules reculèrent d’une heure et les vents de novembre arrivèrent et soufflèrent, perpétuels, et dépouillèrent les arbres. Dans la ville de New Ross, les cheminées crachaient de la fumée qui retombait et flottait en mèches échevelées, étirées, avant de se dissiper le long des quais, et bientôt la rivière, aussi sombre que de la bière brune, se gonfla de pluie.
Tant de choses avaient une façon de paraître plus belles quand elles étaient un peu à distance.
Les gens pouvaient être bons, se rappela Furlong, tandis qu'il regagnait la ville; il s'agissait d'apprendre à doser et à équilibrer les concessions mutuelles d'une manière qui vous permettait de vous entendre avec les autres aussi bien qu'avec les vôtres.
Il était facile de comprendre pourquoi les femmes craignaient les hommes avec leur force physique, leur concupiscence et leurs pouvoirs dans la société, mais les femmes, avec leurs fines intuitions, étaient beaucoup plus profondes : elles pouvaient prédire ce qui allait arriver longtemps à l'avance, en rêver au cours de la nuit, et lire dans vos pensées. Il avait connu des moments, depuis qu'il était marié, où il avait presque craint Eileen, et avait envié sa fermeté de caractère, son aptitude à déchiffrer un contexte, son instinct aigu.
« Nom de Dieu », dit-il. La seule chose qu’il pensa à faire fut d’enlever son manteau, mais, lorsqu’il l’ôta et s’approcha pour le mettre autour d’elle, elle s’effraya. « Tu n’as rien à craindre, lui dit Furlong en reculant. Je viens livrer le charbon c’est tout. » Sans tact, il éclaira de nouveau le sol, braqua le faisceau sur les excréments qu’elle avait été contrainte de faire là au cours de la nuit. « Dieu te protège, petite, dit-il. Viens donc par ici. » Lorsqu’il réussit à l’amener à l’extérieur et vit l’être qu’il avait devant lui ― une fille tenant à peine sur ses jambes, aux cheveux mal coupés ― la part ordinaire de lui-même se dit, qu’il aurait préféré ne jamais s’approcher de ce lieu et tomber là-dessus. « Ça va aller, lui dit-il. Appuie-toi sur moi d’accord ?
Les 1ères phrases du livre : En octobre il y eut des arbres jaunes. Puis les pendules reculèrent d’une heure et les vents de novembre arrivèrent et soufflèrent, perpétuels, et dépouillèrent les arbres. Dans la ville de New Ross, les cheminées crachaient de la fumée qui retombait en flottait en mèches échevelées, étirées, avant de se dissiper le long des quais, et bientôt la rivière, aussi sombre que de la bière brune, se gonfla de pluie.
Ce qui le tourmentait le plus n’était pas tant l’enfermement qu’elle avait subi dans le hangar à charbon ou la position implacable de la mère supérieure ; le pire était la manière dont elle avait été traitée pendant qu’il était présent et dont il avait toléré cela et n’avait pas demandé des nouvelles de son bébé – la seule chose qu’elle lui avait demandé de faire – et la manière dont il avait pris l’argent et l’avait laissée attablée là sans rien devant elle, le lait coulant de son sein sous le cardigan et tachant son petit corsage, et la manière dont il s’était rendu, comme un hypocrite, à la messe.
Bientôt, il se ressaisit et conclut que rien ne se reproduisait jamais ; à chacun étaient donnés des jours et des occasions qui ne se présenteraient pas une seconde fois. Et n'était-ce pas doux d'être là où on était et, par exception, de laisser l'atmosphère vous ramener dans le passé, malgré le bouleversement, au lieu de toujours examiner la mécanique des journées et les difficultés futures, qui n'apparaîtraient peut-être jamais.