« le 15 Août 2007, le New York Times annonça dans ses pages Business la construction d'un pont dans la ville de Coca, brève de trois lignes en bas de casse corps 12 qui glissa sans rien accrocher d'autres que des haussements de sourcils » et voilà, C'est parti !!!!!
Vingt ans que
Diderot, quel drôle de nom pour un bâtisseur réaliste, promène sa carcasse et bâtit à travers le monde des ouvrages d'art. « Ce qui me plaît, c'est travailler le réel, faire jouer les paramètres, me placer au ras du terrain, à la culotte des choses, c'est là que je me déploie ».
Venus de tous horizons, Chine, France, USA, Afrique, Russie, des hommes et des femmes convergent vers Coca (USA). N'imaginez pas une ville où l'on fabriquerait la dite boisson…. Non, c'est la fausse route assurée. Non, tous s'engagent vers la construction d'un pont autoroutier. Il y a, entre autre, Summer Diamantis, rare femme ingénieur spécialisée dans le béton. Sanche Alphonse Cameron, grutier hors normes, mais chatouilleux sur l'exactitude de son nom. Parmi les sans-grades nous rencontrons Katherine, mère de 3 enfants qui s'élèvent seuls et épouse d'un homme devenu handicapé et qui se soigne à coups de bière et de poings sur le visage de sa femme (je suis polie). Toutes ces humanités vont construire The Bridge afin de donner un éclairage « international » à la ville de Coca « Welcome to Coca, the brand new Coca, the most fabulous town of the moment ! » dont le maire
John Johnson dit le Boa veut que son nom s'inscrive dans l'histoire. A se faire inviter à Dubaï par les Emirs, l'on prend des idées de grandeur…..
Le pont, voilà le personnage central de ce roman fleuve (celui qu'il traverse). Il va bouleverser la vie des habitants de Coca, l'économie locale, le biotope des indiens qui vivent dans la forêt de l'autre côté. Sur ce chantier gigantesque, nous aurons une grève, l'arrivée d'un écolo, l'arrêt des travaux pendant 3 semaines pour cause de nidifications. Tout est concentré dans cette mégalopole temporaire.
Attention, dès que vous aurez ouvert la première page de ce livre-chantier, vous ne pourrez plus le lâcher.....
C'est un petit bijou, un diamant brut…… J'avais presque envie de déclamer ce livre à voix haute….. du picaresque, de l'épopée…. Ce livre vient des tripes. C'est du cru, du vocabulaire de chantier, un torrent, mais jamais vulgaire !!! Les portraits sont vivants et bien dessinés. L'écriture est très précise, les phrases longues et sinueuses, comme le fleuve, nous montrent la mécanique à la fois précise et sauvage de ce chantier et de ce qui y vivent
Donc, un nouveau coup de coeur et les jurés ont eu raison de lui décerner le prix Médicis. Une très belle découverte.