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sur 947 notes
Je ne pensais pas être aussi captivée par ce récit et pourtant ... Maylis de Kerangal nous fait rentrer dans une sorte de communauté, celle impliquée dans la construction d'un pont. Il y a les protagonistes ouvriers, sans le sou, peu ou pas qualifié. Il y a aussi les "petits chefs" ambitieux. Il y a des hommes et des femmes. Il y a des noirs et des blancs. Tous ont un même objectif : voir ce pont s'ériger. C'est aussi le conflit entre nature et civilisation , entre environnement et pollution, entre désintéressement et course à l'argent. C'est un récit captivant.
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de la genèse d'un ouvrage d'art

Une écriture juste, fluide, riche sans être pédante. Un sujet à priori peu féminin, mais passionnant : un grand chantier.

Ici on connaît, ils se succèdent et on sait à quel point ils bouleversent à tout jamais les structures sociétales locales. le dernier en date c'est un pont qui relie la Guyane à l'état de l'Amapa au Brésil, et qui mène encore plus nulle part que le pont de Coca.


De Kérangal met la focale sur quelques uns de ces travailleurs venus d'un peu partout et la construction s'anime, devient une histoire d'hommes et de femmes.

Si je n'ai pas mis une meilleure note c'est que j'ai moins aimé les chapitres sur cet isthme imaginaire et sur les indiens. Elle le voulait universel, mais à tout mélanger, climat à la fois continental et forêt primaire peuplée d'indiens, nom de la ville trop connoté, c'est devenu un fourre-tout au fil des pages qui pour moi ont nuit à la force du récit.
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Il est curieux de se plonger dans ce nouveau roman qui traitre d'un pont, et au moins par le titre, on ne peut s'empêcher de se rapprocher du Goncourt des lycéens, de Mathieu Esnard (Parle leur, de batailles....).
Il s'agit donc dans ce roman de la construction d'un pont entre les deux berges d'une ville traversée par un fleuve gigantesque, dans un pays imaginaire, que l'on verrait bien sud américain.
Evidemment, comme souvent, la ville imaginaire de COCA, riche, aseptisée, occidentale, sur une rive, fait le contrepoint à son autre moitié, pauvre, tiers- mondiale, peuplée par les "indiens", mal en point.
Le maire de la ville, surnommé le Boa, décide de laisser à la postérité son nom par un bel ouvrage, et ce sera un pont, symbole s'il en est, devant réunir les deux univers si différents de la ville de Coca, toujours séparés par une traversée en barge de trente minutes.
L'auteure narre donc l'histoire de ce pont depuis les premiers projets architecturaux, jusqu'à l'inauguration. Elle convoque pour faire vivre cette épopée, un panthéon de personnages assez crédibles malgré les stéréotypes : l'architectecte, visionnaire décalé, le chef de chantier (Diderot, il fallait oser) bon vivant solitaire, à l'intelligence vive et vrai meneurs d'hommes, Summer, la jeune intello-occidentale hyperinvestie dans son job de spécialiste du béton, Sanche le grutier, la belle russe "mi pute, mi déesse", l'écolo-ethnologue, Jacob, un peu illuminé, Katherine la belle ouvrière conductrice d'engin, mère courage des temps modernes, et tant d'autres.
Le pont dès lors n'est qu'un prétexte à la narration de dizaines d'histoires à l'intérieur du roman,et à une foule d'évocations diverses de sujets chers à l'auteure. La vraie force de ce livre est double : d'une part un travail documentaire probablement colossal pour décrire avec tant de précision les différentes étapes de la construction de l'ouvrage, d'autre part, un style brut, court, incisif, rogue, factuel, simple, au final très "vrai". Ce style est le moteur du roman, il lui donne l'ampleur temporelle et cadence les relations interhumaines toujours musclées de cette histoire. Rien n'est simple, tout est lutte, peut être comme dans la vraie vie. Les femmes et hommes de cette histoire sont finalement seuls au monde, même si parfois ils viennent à se rencontrer de près.
Les plus : le rythme, le style, l'absence totale de fioritures, une lecture tonique et vivace avec des phrases couperets. Un livre que l'on lit avec grand plaisir tant il sonne début du XXI° siècle : tension nature-industrie,profits mondialisés, riches (très riches) et très pauvres, illusions occidentales et vérités intemporelles.
En moins : Peut être un peu plus d'étoffe autour des protagonistes pour certains limite stéréotype.
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Alors que ce roman peut sembler, de prime abord, partir dans tous les sens, il permet en réalité à Maylis de Kerangal de faire briller, une fois encore, toutes les facettes de son talent.
La première impression vient du fait que l'on suit de multiples personnages, tous impliqués dans la "naissance d'un pont" : ouvriers, cadres, dirigeants, opposants. Sans suivre les milliers d'opérateurs engagés pour la construction, l'autrice en sélectionne quelques-uns, de profil variés, et leur donne vie en retraçant pour chacun et chacune, le parcours qui a mené jusqu'au chantier du pont. On part alors dans de multiples recoins de la planète et dans des milieux sociaux disparates.
Cette manière de tisser plusieurs fils en parallèle peut faire tiquer les lecteurs habitués à une cohérence d'horloge suisse. Mais l'autrice parvient tout d'abord à dessiner des personnalités hautement réalistes et qui offrent chacune une manière différente d'appréhender le projet de ce pont titanesque. Par ailleurs, elle dévide chacune de ces existences jusqu'à leur point de rencontre et les agence les unes par rapport aux autres avec précision et finesse. Pas de caricatures, pas de facilités, juste des humains réunis face à la matière qu'ils doivent dompter pour produire un ouvrage d'art.
Il est d'ailleurs inévitable de remarquer à quel point l'autrice a intégré tous les éléments liés à son sujet, qu'il s'agisse de la technique ou des rôles de chacun. Ce n'est pas étonnant, quand je me souviens de sa maîtrise du monde médical dans Réparer les vivants ou des méthodes picturales dans Un Monde à portée de main. le plus étonnant est sa façon d'intégrer ces données techniques dans son texte sans qu'aucun passage ne semble artificiel.
Une fois exposées toutes ces qualités de l'autrice, il me faut pourtant évoquer ce qui, à mon sens, constitue sa force la plus remarquable : son éloquence.
Outre la structure de ses phrases, souvent très longues, images parfaites de l'agitation des esprits, des corps, des engins de chantier, elle a une manière unique de dompter le langage : images inattendues et si parlantes, vocabulaire atypique, bigarré, puisant à de multiples registres, transcription précise et vivante des idées, des angoisses, des désirs, représentation puissante et convaincante des décors et des actions.
Cette maitrise de toutes les possibilités de l'écriture fait de Maylis de Kerangal une autrice réellement inimitable. Et cette nouvelle lecture ne fait que me le confirmer.
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Un concept vraiment original sur la genèse d'un pont en Californie qui malheureusement n'arrive pas à caractériser ses protagonistes de façon crédible. Si l'écriture est parfois dense et confuse - ce qui parait plus intentionnel qu'accidentel- ce sont malheureusement les nombreux personnages, principaux et secondaires, qui sonnent vides et peu cohérents, et jamais vraiment à la hauteur des intentions du roman. Une certaine perspective beaucoup trop française encadre ce melting pot culturel californien et manque toutes les nuances des personnages aux origines et vies si variées, et l'on tombe bien vite dans certains clichés. Les meilleures parties sont celles qui traitent du pont en lui-même, qui en devient une présence silencieuse, imperturbable et implacable, presque maléfique.
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Et bien voilà !
Deuxième tentative avec cette auteure, deuxième échec.
Sauf que cette fois je ne suis pas allée au-delà d'une trentaine de pages.
Phrases trop longues alambiquées.
Vocabulaire clinquant, intellectuel à outrance, comme plaqué.
Et pourtant j'aime les beaux mots, les mots rares.
Mais ici, ils n'ont rien de naturel et de spontané..
Il y a décidément incompatibilité entre Mme de Kerangal et moi.
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La construction d'un pont dans une cité sauvage et violente de Californie du sud « Coca » met en jeu une foule d'acteurs. Les décideurs plus ou moins véreux et mégalomanes de la ville, l'écosystème, le fleuve, les indiens originels, faune et traditions. Des hommes et des femmes très divers : le directeur du projet, un ingénieur breton baroudeur (Diderot), une américaine mal mariée (Katherine Thoreau) et bien d'autres. C'est un roman global, choral, universaliste tout à fait passionnant, très lié au concret. Un grand livre.
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Voilà un livre dans lequel j'ai eu beaucoup de mal à entrer : il en a fallu e peu pour que j'abandonne ma lecture en cours de route! Je me suis finalement accrochée et... je ne le regrette pas!

Le thème peut paraître un peu étrange : la construction d'un pont, mais que peut on bien dire là dessus pendant plus de 300 pages? Et bien en fait, beaucoup de choses! Un certain nombre de personnages gravite autour de la construction de ce pont : ouvriers, chefs de chantiers, architectes, grutiers, militants, cuisiniers, coiffeurs et bien d'autres. Tous ont leur histoire, et ces histoires se croisent. Ils arrivent des quatre coins du monde pour travailler sur la construction de ce pont qui ne fait pas forcément l'unanimité.

Car construire un pont, cela implique beaucoup de choses. Dégâts irrémédiables sur l'environnement mais aussi sur les populations vivant aux alentours, conflits, appât du gain... C'est tout un fourmillement de personnages et de thèmes autour de ce pont. Ces thèmes cependant ne sont qu'effleurés, jamais approfondis, parfois juste suggérés et cela fait de c e livre un étrange "fourre-tout" : on voudrait se saisir d'un sujet, d'un personnage, mais en quelques pages, quelques lignes parfois, il nous échappe déjà et ce d'autant plus que la construction du livre (à l'image de celle du pont!) est bien compliquée : un style littéraire particulier qui demande un certain temps d'apprivoisement, un aspect technique qui prime souvent sur les personnages ou les sujets sur lesquels on aimerait davantage se pencher, des chapitres qui peuvent paraître complètement décousus... Ce n'est pas spécialement facile à lire mais le moins qu'on puisse dire, c'est que le sujet est maîtrisé!

Un livre qui a bien failli me perdre en route mais qui m'a finalement appris de nombreuses choses. En toute honnêteté, ce n'est pas le genre de livres que je lirais touts les jours mais je suis tout de même contente de l'avoir lu car j'ai fini par me laisser prendre par l'histoire.
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Naissance d'un pont est l'histoire d'une poignée d'hommes et de femmes d'origines et de classes diverses, qui se rassemblent autour de la construction d'un pont suspendu géant à Coca, une ville fictive quelque part dans une Californie mythique et fantastique.
Raconté à grande échelle et rappelant les films d'aventure américains classiques, ce roman raconte la vie de ces individus, qui représentent un microcosme non seulement de la Californie mythique, mais de l'humanité dans son ensemble. Leur effort collectif pour achever (ou contrecarrer) le mégaprojet raconte l'un des plus anciens drames humains, celui de domestiquer – et de transformer radicalement – notre monde par la forme bâtie, avec toute la tension dramatique qu'il comporte : une menace de grève, une crise environnementale disputes, sabotages, accidents, évolutions de carrière, aventures amoureuses…
Ici les générations et les classes sociales cessent d'exister, et tout et tout converge vers le pont comme métaphore, une impression interculturelle de l'Amérique d'aujourd'hui.

L'écriture de de Kerangal a été largement saluée pour sa portée, son originalité et son utilisation du langage. Sa riche prose joue sur différents registres (du plus littéraire à l'argot le plus familier) ainsi que sur la vitesse et la tension par l'ellipse et l'élision grammaticale. Elle emploie un vocabulaire immense et invente de nouvelles relations entre les mots dans un usage tout à fait novateur du langage.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Au commencement…
Vertuchou! Une entrée en matière biblique!
Prix des écrivains croyants,
Dieu créa le pont...
A Coca
Sur le pont de Coca
Sur le pont de Coca...
Prix du Cartel de Bogota 
C'est amusant mais je viens de finir «Congo» de Vuillard auquel je trouvais des accents très vaillants et céliniens et ici je retrouve ce même style
Un style enlevé, va-t-en guerre, rentre dedans que je qualifierais de viril (mais j'hésite) surtout que, le monde du béton et du ferraillage, l'un ne va pas sans l'autre, c'est encore celui des hommes même si les pubs de grandes entreprises nous montrent de jolies jeunes femmes, grandes cheffes sur de gigantesques chantiers bétonniers
Bref c'est un texte qui en a, des c…. (Derrière le «c» on peut mettre deux choses antinomiques l'une féminine pour designer des attributs masculins l'autre masculine pour l' attribut féminin le monde est vraiment mal fait!Là cela devrait interpeller les «inclusifs») ce n'est pas du volapük.
Menée tambour battant, la situation initiale est présentée comme «Mission impossible» avec le chef, ensuite les indispensables sous-fifres spécialisés, mercenaires nomades du chantier et du béton qui vont construire le pont qui sera sédentaire, lui.
Une équipe vraiment littéraire et philosophique car un pont ce n'est pas que du béton nous dit Maylis :
Georges Diderot avec un bon prénom de ministre ou de majordome qui n'a rien d'un fataliste sera le grand ordonnateur et la lumière du pont. Prix Montesquieu
Katherine Thoreau, conductrice d'engins écologiste comme son confrère
essayiste américain. Prix de la corrida (hum hum!)
Summer Diamantis un nom de call-girl qu'on verrait plus volontiers dans une mine en Afrique du Sud ou éventuellement dans une revue à Chihuahua c'est presque la Californie mais bon elle tient sa place sur le chantier la meuf! Prix du brillant ou béton ciré
Sanche Alphonse Cameron un nom à rallonge pour un petit grutier quand on est petit on rehausse le personnage comme on peut (note: ça me rappelle quelqu'un, les talonnettes Hum!)
Un commanditaire mégalomane au nom politique facilement identifiable John Johnson, dit le Boa. Prix Régine reine de nuit
Voilà nos personnages sans parler des autres et chacun avec son histoire ce qui laisse moins de place pour le pont.
Quelques mots recherchés pour anoblir son texte et l'équilibrer mots dont on a cherché la définition ( pause bien venue pour assimiler la narration dense comme un béton précontraint) dans le petit robert par exemple «dipsomane» vocable très utilisé fin du XIX siècle Maylis de Kerangal l'a ressuscité car sans doute trouvé dans le «Manuel auvergnat de la gueule de bois» Oui sable, gravier, paveur, ciment, ferraille, tablier bouh vilains mot utilitaires!Il y a encore des auteurs qui pensent que quelques mots exotiques bien placés et sentis sont synonyme d'érudition (Del Amo aime bien aussi le mot coruscant il faut reconnaître qu'il a du chien … le mot et puis bon aimer les mots c'est bien). C'est d'ailleurs amusant tous ces mots pompeux et précieux pour un sujet plutôt terre à terre. Une tentative d'introduction de la classe ouvrière en littérature peut-être ?
Prix de la Langue française
Ensuite dans une critique de «Un pont sur la brume» de Kij Johnson je regrettais de ne pas avoir lu celui de Maylis de Kerangal
Voilà c'est fait. C'est lu et c'est la même brume

Extrait:( avec l'aimable autorisation de l'auteure j'espère)
«c'est fête, festin, la panse qui éclate, l'oignon grillé et la salicorne bouillie, les patates croquantes …»
Et ça sent la morue
Jusque dans le coeur des frites
Que leurs grosses mains innnvitent….(aurait complété Jacques Brel)
Prix Jacques Brel
«le téton au garde-à-vous dans le creux des corsages, les bites à pleines mains, à pleines bouches, et du sexe en veux-tu en voilà...»
Ils boivent à la santé
Des putains d'Amsterdam
D'Hambourg ou d'ailleurs (à Coca aurait complété Jacques Brel, encore lui )
Ah la vache! Prix Virilo

les Prix de la page 111 et Prix de la page 112 ne pouvant être attribués en raison de page blanche et de titre de chapitre on remplacera par le Prix Goncourt des animaux pour «Shakira émet un rire de jument stupéfaite»

Conclusion les auteures ne devraient pas parler de techniques de construction et surtout prendre un pauvre pont en otage pour nous raconter les turpitudes soulographiques de leurs personnages. Qu'est-ce qu'ils boivent ces ouvriers maintenant lorsque on passe sur un pont on s'angoisse.
Un pont c'est le plus beau des ouvrage d'art il mérite mieux que ça!
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