Je n'ai plus l'habitude de finir des livres le jour même où je les commence. Encore moins quand le jour en question est celui de leur sortie...
Si Reworld media est en plein ravalement de façade pour les recueils « Noir et polar », leurs romans et que le dernier recueil érotique en prenait le chemin, heureusement, la maquette de la collection vintage n'a pas (encore ?) bougé. On retrouve donc un livre en couleur, avec six couvertures vintage pour illustrer les nouvelles. C'est toujours aussi beau. Quant aux histoires, si deux d'entre elles sont contemporaines, leur style résolument rétro les fond parfaitement au milieu des autres. Toutes ont d'ailleurs en commun le thème des secondes chances.
Ceci dit, j'ignore si l'on peut parler de « belle » histoire dans « Ce bonheur que j'attendais » tant l'ambiance est lourde, avec une veuve qui a choisi le mauvais mari et été abusée par sa belle-famille, l'ayant fait interner et privée de sa fille. Heureusement que son premier amour est là pour jouer les chevaliers blancs.
Proche toxique également dans « Transie d'amour », où une secrétaire éprise de son patron découvre celui-ci dans un cadre plus informel. La romance arrive très tardivement, mais à point nommé pour conclure une nouvelle nous confrontant volontairement à un personnage détestable. le moins qu'on puisse dire, c'est que Laurent Kerenflec'h a réussi son coup...
Ambiance pesante aussi dans « L'homme qui convenait », où un couple s'éloigne pour mieux se retrouver. J'ai eu du mal à accrocher à ces deux égoïstes en puissance qui, finalement, vont très bien ensemble...
La meilleure nouvelle du livre, c'est sans hésiter « Mon petit sanctuaire », parue en 1980 et narrant davantage l'émancipation de son héroïne que la réconciliation du couple en difficulté, et incroyablement moderne, même aujourd'hui.
Difficile en revanche de s'attacher à l'héroïne de « Une grande jalousie », qui ne l'est certes pas sans raison, mais vaut à peine mieux de son côté.
Enfin, « L'amour fou » frôle avec les tabous puisqu'il s'agit d'une romance entre une élève certes majeure et un professeur largement conscient de leur différence d'âge, en plus d'être marié... Pas étonnant dans ces conditions que le père de la demoiselle réagisse, même s'il se révèle finalement bien plus toxique pour elle que l'élu de son coeur.
Ellen Guillemain a réussi à soulever les aspects problématiques de la relation tout en rendant cet amour crédible, et c'est la raison pour laquelle cette histoire fonctionne très bien.
Tous les textes suivent le même schéma : un bonheur envolé, auquel s'ajoutent parfois des thèmes extrêmement lourds (entourage abusif, tentative de suicide...), mais offrent un happy end qui redonne le sourire. Si « Mon petit sanctuaire » et « L'amour fou » sont largement au dessus du lot mais « Une grande jalousie » en dessous, on a affaire, globalement, à un recueil de bonne qualité.