Que fait la police ? Au choix : ce qu'on lui laisse faire ou ce qu'on veut qu'elle fasse...
Une fois n'est pas coutume,
Yasmina Khadra s'essaie au roman policier ; si le terme paraît d'abord excessif, il se confirme au fil de l'enquête qui, d'obstructions en dénouements, ne manque pas de rebondissements. Celle qui la mène est une femme, brillante et dévouée, dont le profil contraste avec les us et coutumes d'une
Algérie contemporaine mais toujours en voie de développement, notamment par rapport à des moeurs ancestrales contre lesquelles les valeurs modernes n'ont que peu de prise. Question obsessionnelle :
qu'attendent les singes pour devenir des hommes ? La culture est un long processus qui ne se transforme pas en un claquement de doigt.
A travers plusieurs histoires parallèles, l'intrigue prend vite forme, dans un pays où la corruption est hautement de mise, à bien des échelons de la société. Les indices ont beau s'accumuler, c'est tout un système qui se met ou plutôt se maintient en place, vicieux et savamment entretenu, dans lequel chaque puissant est aussi le larbin d'un autre qui, un cran au-dessus, dispose de bien des droits jusqu'à, parfois, le pouvoir suprême, celui de vie et de mort. Comment inculper ceux dont la seule loi est l'impunité ? Alors que l'action se déroule en 2013, dans l'un des rares romans de l'auteur où l'on pourra lire les mots iPhone et sitcom, les paradoxes éclatent et laissent entrevoir les limites d'un appareil politico-judiciaire régi par des fantômes rois pas particulièrement désireux de changement ni d'ouverture sur le progrès.
Ah, quelquefois, si l'homme pouvait être aussi évolué que le singe...