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3,75

sur 480 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Retrouver Yasmina Khadra c'est retrouver une écriture soignée, appliquée et malgré la lourdeur du propos, le ton reste toujours chic et élégant. Car le propos est bien noir. le cadavre d'une jeune fille est retrouvé dans un bois près d'Alger, nu et affreusement mutilé. La commissaire Nora, une femme donc, enquête avec son équipe: le lieutenant Guerd qui déteste être sous les ordres d'une femme et l'inspecteur Zine, impuissant suite à un grave traumatisme. Ces trois personnages tracent grossièrement l'image que veut donner Khadra de l'Algérie moderne. Car ce dont celui-ci nous parle, au delà de l'enquête sur meurtre, c'est bien de cette adversité qui dépasse l'entendement. de cette corruption étatisée et cynique qui a mis le pays sous scellés et cloué les espoirs au pilori comme l'auteur le dit si bien. C'est une longue dénonciation de ce qui se passe dans ce pays où plus rien ne vaut la peine semble t-il, où le peuple est résigné et au bord de l'abime. " En Algérie, les génies ne brillent pas, ils brûlent. Lorsqu'ils échappent à l'autodafé, ils finissent sur le bûcher. Si, par mégarde, on les met sous les feux de la rampe, c'est pour mieux éclairer les snipers." (p. 148). Et malgré l'élégance de son écriture, Yasmina Khadra n'est pas toujours tendre. "Les déserteurs traitent de criminels les héros, les génies se font bouffer par les crétins, les vendus se paient la tête des intègres, les vauriens paradent sur les tribunes et la nuit mange les étoiles. " (P. 289). Et malgré tout ça, il nous propose une fin où l'espoir est possible, où la petite lumière peut se transformer en véritable embrasement.
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Yasmina Khadra à travers l'enquête sur le meurtre d'une jeune femme dénonce les travers de la société algérienne (mais qui pourrait je pense s'appliquer à beaucoup de pays) : corruption, pouvoir, influence, trafics et malgré tout quelques hommes et femmes qui tentent de garder une conscience de la justice, de la vérité.

Je ne lis désormais que très peu de romans policiers, thrillers etc....  L'intrigue est intéressante mais ce n'est pas le plus important dans ce récit car elle n' est que le prétexte à une dénonciation des manipulations de son pays, qu'il connaît parfaitement pour avoir longtemps été au sein de son armée pendant en particulier la lutte contre le GIA.

Même si j'ai lu et suivi avec intérêt l'enquête de Nora, la commissaire épaulée par l'inspecteur Zine, deux êtres investis dans leur travail, incorruptibles et désabusés, se démenant au milieu de ripoux, hommes de pouvoir et hommes de mains etc.. je ne suis pas forcément un bon public pour juger un tel récit. L'intrigue est bien menée  (même si le dénouement est assez "grandiose" et moraliste), les différents acteurs prennent leurs places, devenant tortionnaires de plus faibles qu'eux. 

Je reconnais malgré tout à l'auteur le talent de mêler une intrigue policière, une écriture efficace, des rebondissements et une maîtrise du contexte politique et géographique, qui rendent la lecture facile et intéressante.  Mais décidément ce n'est pas une littérature que j'apprécie peut-être à sa juste valeur.
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Dans ce roman, Yasmina Khadra nous donne à voir un portrait sombre voire même assassin de l'Algérie d'aujourd'hui.

L'intrigue du roman se présente sous la forme d'une enquête policière : une jeune fille de vingt ans, magnifique, habillée de manière festive, est retrouvée morte dans une forêt, près d'Alger. C'est un livre haletant, dont l'intrigue est bien menée. le narrateur est omniscient ce qui permet au lecteur de faire la part des choses, d'en savoir plus sur l'enquête que la police elle-même et pourtant de rester surpris par ses nombreux rebondissements.

L'auteur avec une prose des plus délicates, use de métaphores poétiques qui contrastent avec la noirceur de l'histoire. Les personnages sont complexes. Certains sont tantôt virulents, pédants, cyniques, grossiers ; quand d'autres leur sont plutôt soumis, passifs, peureux. L'amour de soi, la réussite, l'argent, le pouvoir paraissent être les seules choses qui comptent.

En effet, sous l'apparence de ce thriller, se cache une réflexion encore plus profonde sur l'Algérie, ce pays que l'auteur aime tant mais dont les dérives le désolent.
Il critique le journalisme : source de mensonge, d'in-faible-mation qui formate les esprits et paralyse la pensée rationnelle.
Il dénonce aussi la condition de la femme au travers d'une commissaire de police, homosexuelle qui ne cesse d'être ébranlée par ses collaborateurs.
Il accuse vigoureusement toutes les sortes de corruption et notamment celles qui existent au sein du corps policier. Il s'agit alors pour lui de montrer la corrélation qu'il existe entre influence et richesse. C'est avant tout une satire du pouvoir : de la cupidité, de l'avidité des élites. Car sous prétexte d'avoir oeuvré pour l'indépendance du pays, le pouvoir reste entre les mains d'une poignée d'hommes appelés « les rbobas » qui demeurent intouchables, privilégiés et mêmes invincibles. Toutefois sous la forme d'une réflexion de cause à effet, il démontre que l'on ne devient puissant que grâce aux gens autour qui se soumettent. Il en ressort alors que les hommes eux-mêmes font de leurs semblables des êtres puissants ou misérables selon l'image qu'ils leur donnent et la manière qu'ils ont de se comporter avec eux. D'un style très incisif, l'auteur dénonce avec courage la pyramide des privilégiés jusqu'à la faire tomber pour en faire ressortir, décortiquer et anéantir les images les plus sombres, les secrets les plus honteux de l'Algérie. Tout cela pour mieux faire l'éloge des moins puissants, ces humbles citoyens, le peuple algérien qui garde la foi et le courage.

Alors qu'attendent les singes pour devenir des hommes ? Ou qu'attendent les hommes pour cesser d'être des singes ?
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C'est un thriller qui a la particularité de se dérouler dans l'Algérie contemporaine. le cadavre d'une jeune étudiante algéroise est retrouvé dans une forêt et la commissaire Nora (une femme !) est chargée de l'enquête. Mais ce n'est pas une affaire ordinaire ! Rapidement, les pistes mènent à l'entourage de Hadj Saâd Hamerlaine, un “r'boba”, c'est-à-dire un homme de l'ombre qui tire toutes les ficelles et qui est en réalité plus puissant qu'un ministre; ce très vieil homme soumet à son pouvoir presqu'absolu non seulement ses propres âmes damnées, mais aussi la presse de caniveau et tout l'appareil d'Etat. Ainsi, au-delà du suspense d'une enquête dangereuse, se profile une critique au vitriol de l'Algérie, le pays d'origine de l'auteur. Yasmina Reza va très loin quand il dénonce la corruption et la manipulation qui étendent leurs tentacules sur tout le pays. Si ce qu'il évoque était entièrement vrai, ça dépasserait l'imagination; mais je ne peux pas en juger.

Tout le long de cette aventure, il y a beaucoup de cadavres. Mais la sinistre vérité se dessine peu à peu. Juste avant la fin, Hamerlaine parait avoir gagné sur toute la ligne, conservant la totalité de son pouvoir. Mais un petit policier profondément écoeuré par tout ce qu'il a découvert refuse un tel dénouement et, sortant de la légalité, va exorciser le mal que représentent les corrupteurs criminels qui gouvernent en sous-main le pays. Cet étonnant roman s'achève sur un hymne à tous les Algériens qui résistent encore à l'injuste oppression qu'ils subissent; ils éradiqueront un jour la tyrannie souterraine des “r'boba”. Une fin peut-être trop optimiste, après les horreurs qui ont été décrites auparavant.
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Mon premier roman policier de Yasmina et aussi ma première fois de retrouver ses écritures penchent la flèche vers le sexe ! tout tourne autour du pouvoir et du sexe et toujours l'Algérie au noyau de l'histoire, ce que j'apprécie.

Une petite beauté vierge retrouvée assassinée avec un sein qui lui manque. L'Affaire est pris en main par la commissaire Nora, prête à piétiner ses supérieurs et faire faces aux grands « dieu » de l'Algérie pour déchiffrer le crime.

Pas de suspense mais rien est clair non plus
dans cette histoire, avec l'écriture magnifique de l'auteur on s'y perd vite dans la lecture.


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Une histoire qui tient la route : le meurtre d'une jeune femme en toile de fond pour mieux décrire une Algérie corrompue de partout.
Beaucoup de personnages, à commencer par une femme flic et homo. On y trouve un impuissant, des valets, des journalistes, un tout-puissant, et tous les intermédiaires, qui décrivent un pays où celui qui a l'argent et le pouvoir, peut balayer à coup de cartouches, ceux qui le dérangent.
En revanche, tous les personnages tiennent tous le même registre littéraire. de ce fait, ils perdent un peu de leur personnalité. J'ai trouvé certains dialogues cassants un peu trop faciles.
Malgré ce détail, la plume de Yasmina Khadra est toujours impeccable, il maîtrise admirablement la langue de Molière.
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Ne cherchez pas dans ce roman un policier haletant répondant aux canons du genre. le déroulement de l'enquête est plutôt plat (mais sanglant) et son avancée est plus marquée par les liquidations successives que par les rebondissements de l'intrigue.

Mais vous trouverez dans ce livre une critique "au bord des lèvres" d'une société névrosée, aux richesses vampirisées par une bande de vieux caciques repus et pervers, dont les tactiques de survie consistent à éradiquer la beauté, l'intelligence, et jusqu'à l'âme d'un peuple; pour faire leur lit de la médiocrité et de la lâcheté.

Vous y trouverez souvent la magnifique écriture de Yasmina Khadra.
(Même si par moment il en fait un peu trop dans la sophistication du texte qui peut en devenir pesant).

Vous y trouverez un cri d'espoir et d'amour pour son peuple, survivant tant bien que mal à la lapidation de sa dignité et de ses espérances.

Et peut-être la crainte prémonitoire d'une fin de cycle qui sera marquée par une nouvelle éruption de violence.
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Khadra retourne ici dans le roman noir avec un assassinat dont les pistes conduisent les flics jusqu'aux gros pontes de l'état Algérien. Pourtant l'enquête patine, puis s'accélère soudain et se termine vitesse grand V, tandis que des diatribes surgissent et brisent le rythme du bouquin sans véritablement de logique.
Et c'est de là qui provient le malaise, car on se sait pas bien si Khadra a brodé autour de cette enquête uniquement pour régler des comptes et tirer à boulets rouges ( à tort ou à raison ) sur l'Etat algérien, les politiques corrompus, et tout cela alors que le pays s'apprêtent à élire un nouveau président.
Un réel malaise donc.
Mais si Khadra désirait montrer une image de l'Algérie moderne, objective ou subjective, il y est parvenu.
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Description sans concession de l'appareil d'Etat algérien totalement corrompu et dominé par des caciques au pouvoir sans limites sur leur entourage et pourris d'argent. L'intrigue se tient... et nous tient bien en haleine vers la fin. Mais je n'ai tout de même pas été convaincue : cette noirceur est décrite avec une certaine complaisance, ou plutôt une certaine emphase, qui m'a agacée, et la fin très patriotique et en quelque sorte « testostéronée » (je n'en dis pas plus pour ceux qui n'ont pas encore lu ce livre) m'a un peu déçue…
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Yasmina Khadra nous dépeint un tableau féroce de l'Algérie de nos jours. Plongés au coeur du Mal et du pouvoir, nous apercevons le Bien qui tente désespérément de se faire une place. Y arrivera-t-il ?

Les 150 premières pages posent le décor, l'ambiance (sombre) et les personnages, ce qui est beaucoup trop long à mon goût. En effet, je me suis délectée des toutes premières pages mais ensuite le manque d'action m'a ralenti, j'ai donc eu du mal à accrocher malgré la très belle écriture de l'auteur. J'ai senti le besoin de faire une pose et de lire autre chose, et puis j'ai repris ma lecture et d'un seul coup, l'enquête a véritablement démarré et le soulagement a surgi en moi…

Tout le temps de l'enquête au sujet du meurtre d'une belle jeune fille près d'Alger, j'ai été happée, je n'ai quasiment plus reposé le livre jusqu'à la fin. C'est une véritable plongée aux tréfonds des âmes sombres, un portrait peu glorieux d'une Algérie en proie à la corruption et aux abus de pouvoir. L'auteur ne fait pas dans la dentelle, et ce dès le chapitre 2 avec une peinture pessimiste de la capitale.

« Ah ! Alger…
Blanche comme un passage à vide.
Elle n'est plus qu'une ruine mentale, pense Ed Dayem en retrouvant la mythique capitale enlisée jusqu'au cou dans ses propres vomissures. Ah ! Alger, Alger… Inscrits aux abonnés absents, ses saints patrons se cachent derrière leurs ombres, un doigt sur les lèvres pour supplier leurs ouailles de faire les morts ; quant à ses hymnes claironnants, ils se sont éteints dans le chahut d'une jeunesse en cale sèche qui ne sait rien faire d'autre que se tourner les pouces au pied des murs en attendant qu'une colère se déclare dans la rue pour saccager les boutiques et mettre le feu aux édifices publics. Hormis une minorité de snobinards qui emprunte à Paris ses pires défauts, c'est l'abâtardissement métastasé. Même le vice s'effiloche dans la platitude ambiante, et les allumeuses, qui d'habitude faisaient courir les culs-de-jatte, sentent les draps mortuaires et la sueur fauve des mauvaises passes. »

Au fil de l'enquête, le gouvernement, la Presse et la Criminelle sont tour à tour touchés par ce portrait algérien peu reluisant. Toutefois, une poignée de personnages se débat avec honnêteté et force et nous livre un véritable combat pour tenter de redresser la barre d'un pays à la dérive. Et l'intérêt est justement ici, dans cette lutte entre le Bien et le Mal. Mais quand les grands dirigeants détiennent la suprématie absolue et noient un pays pour assouvir leur soif de pouvoir, comment se frayer un chemin, comment leur résister sans y laisser sa peau ?

Qu'attendent les singes est une fresque politique et humaine poignante, une morsure dans une société où quelques hommes prennent le dessus sur tous les autres, où un peuple se débat comme il le peut face au « roi » et ses sbires. Quand les singes sont devenus des Hommes, ils ont emporté avec eux l'alliance de la fraternité et de l'égalité, ils ont détourné un monde où les « petits » se taisent face aux « grands » et où les pires crimes se commettent. Ils ont inventé les ténèbres et nous prouvent encore et toujours que « l'homme est un loup pour l'homme ».
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