Grâce aux personnages d'Ysabel, Maheut, Ade, Agnès ou encore Jeanne, Alice Kiner raconte la vie quotidienne de femmes au mode de vie très moderne pour l'époque et, par conséquent, propice aux pires rumeurs et fantasmes. Célibataires, veuves, les béguines menaient une vie retirées pour certaines, très ancrées dans la société pour d'autres, mais marquée par une indépendance qui ne plaisait pas forcément à tout le monde. Indépendantes financièrement, libres de gérer leurs biens, elles devaient malgré tout compter sur la tutelle des hommes, au moins pour guider leurs consciences (que voulez-vous, des femmes entre elles, c'est forcément source de péché et de tentation !). A travers l'histoire de ses femmes, on se rend vite compte que la liberté des femmes à disposer de leur corps, de leur conscience, de leurs biens, est bien un combat de tout temps !
Historiquement, le roman est ancré autour de personnages et faits réels, de
Marguerite Porete dont j'ai totalement découvert l'existence au célèbre Jacques de Moley, dernier maître de l'ordre des Templiers. A travers leur destin, c'est aussi la puisse de l'Eglise catholique qui est décrite, une institution qui surveillait étroitement la diffusion du savoir et des idées. Plus largement, on est immergé dans une société où les croyances l'emportent sur la raison, où les convenances régissent la vie, où le savoir est encadré. Et gare à celui qui voudrait s'en écarter...
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