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3,83

sur 894 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le roman d'Aline Kiner est tout à la fois un petit joyau d'érudition du Paris médiéval et une oeuvre littéraire somptueuse et délicate. le style est tout en finesse, si soigné et empreint de minutie que les sentiments, les émotions, l'environnement, l'atmosphère, tout est ressenti avec une force intense. le talent littéraire de l'auteur est indéniable et l'on regrette qu'elle ait disparu trop tôt car elle aurait certainement commis d'autres oeuvres magnifiques.
L'intrigue, qui se déroule au crépuscule de l'âge d'or capétien, est également au rendez-vous, le destin de femmes aux parcours contrariés nous tient en haleine jusqu'au bout et je ne regrette que la conclusion du roman qui m'a un peu laissé sur ma faim. En effet, à mesure que les chapitres s'effacent les uns après les autres, l'histoire se dévoile avec suffisamment de subtilité, mais néanmoins annonciatrice d'inquiétants présages, que l'on se prépare intérieurement à affronter une fin d'un funeste romantisme, ce qui n'est pas tout-à-fait le cas.
Un très beau roman cependant qui met en avant un moment méconnu de l'Histoire, où une communauté de femmes, les Béguines - des laïcs n'ayant pas prononcées de voeux à perpétuité - ont pu acquérir une liberté de pensée, de modes de vie, d'autonomie au sein d'une société très masculine et jalouse de ses prérogatives, au point que celle-ci y mette plus ou moins un terme après quelques décennies seulement d'existence. Cette nuit des Béguines est aussi annonciatrice d'une obscurité qui tombera bientôt, avec la fin de l'optimum climatique médiéval, l'arrivée de la Peste noire et la guerre de Cent-ans.
Vous l'aurez compris, je recommande vivement la lecture de ce roman écrit par une femme sur les femmes qui nous fait découvrir un pan méconnu de la vie religieuse du Moyen âge et qui, par certains aspects, fait écho avec notre époque.
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La Rolls Royce du roman historique

Amateur du genre, si vous ne l'avez pas déjà lu il vous faut vous précipiter sur « La nuit des béguines ». Franchissez la porte du grand béguinage royal de Paris.

Aline Kiner fait revivre une communauté de béguines dans le Paris moyenâgeux. Ces femmes mi laïques mi religieuses, "ni totalement contemplatives ni totalement actives", qui refusaient avec audace le mariage comme le cloître, sont les héroïnes de cette histoire.

Autour d'Ysabel la vieille herboriste, d'Adé la lettrée, de Maheut la fougueuse, l'auteure a construit une intrigue intelligente, un récit addictif navigant avec brio entre fiction et faits historiques.

La justesse de la restitution de l'atmosphère et la précision historique embarquent le lecteur pour une véritable plongée au coeur du règne de Philippe le Bel, une immersion totale dans les enjeux politiques et religieux de l'époque.
Oeuvre d'imagination remarquable par son souci d'exactitude, « La nuit des béguines » est tout à la fois passionnant, divertissant et érudit.
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Il est rare qu'il s'écoule autant de temps entre le moment où je lis un livre et celui où je partage mon ressenti. La nuit des béguines est l'un des premiers titres qui m'ont intéressée dans les programmes de la rentrée, l'un des premiers que j'ai achetés. J'adore le Moyen-Âge depuis toujours mais les romans qui s'en inspirent se sont fait rares ces dernières années d'où ma hâte de retrouver des thèmes qui m'ont laissé d'heureux souvenirs de lecture. Pourtant, plusieurs mois se sont écoulés avant que je ne me décide à en parler. Une lenteur à l'image de l'atmosphère qui se dégage de ce roman où l'on prend le temps d'installer l'intrigue, de contempler le décor, de réfléchir à la condition des personnages qui le peuplent. Où la vie spirituelle trouve sa place malgré la violence du monde extérieur. Et un constat : cette lecture est toujours bien présente en moi, malgré toutes celles qui lui ont succédé.

Aline Kiner recrée pour nous la vie du grand béguinage royal qui, au 14ème siècle rassemblait dans son enceinte des centaines de femmes désireuses de vivre hors de l'autorité des hommes. Au coeur du Marais, ces femmes étaient sous la protection du roi et formaient une communauté des plus modernes, travaillant, étudiant, soignant, mais dont le statut ni vraiment religieux ni tout à fait laïc était sujet à controverse. Des femmes affirmant leur autonomie... imaginez la tête de l'Eglise mais également des familles encore régies par la figure patriarcale ! C'est d'ailleurs sa famille et un mariage imposé que fuit la jeune Maheut, recueillie par Ysabel, l'une des doyennes du béguinage faisant également office de médecin grâce à sa connaissance des secrets des plantes. Au dehors, on brûle Marguerite Porete, l'une des leurs, accusée de sorcellerie par des évêques ulcérés qu'une femme ait osé les défier par ses écrits. le béguinage est de plus en plus menacé et Ysabel va devoir faire preuve de diplomatie et d'intelligence pour tenter de protéger au mieux la communauté.

Le premier plaisir apporté par ce livre c'est la plongée dans une époque que l'auteure parvient à recréer de superbe manière grâce à une documentation précise dont la densité s'efface derrière la passion. Peut-être le fait d'avoir des images en tête facilite-t-il l'immersion ? J'ai parfaitement identifié le quartier qui abritait le béguinage et j'avais aussi à l'esprit d'autres béguinages visités à Bruges ou à Amsterdam qui, même s'ils étaient architecturalement différents fonctionnaient sur le même principe. du coup j'ai eu l'impression de voir soudain s'animer des lieux qui étaient restés pour moi à l'état de concept. Deuxième grand plaisir : une atmosphère à la croisée des chemins entre deux oeuvres lues avec un immense plaisir quelques décennies auparavant, La chambre des dames de Jeanne Bourin et Les Rois maudits de Maurice Druon. Enfin, dernier plaisir, la découverte passionnante de ces communautés de femmes éprises de liberté, féministes avant l'heure et bien décidées à s'émanciper au mieux des tutelles imposées. C'est un des éléments qui me font aimer le Moyen-Âge, période foisonnante où se mêlent sophistication et rusticité, délicatesse et brutalité. On ajoutera à tout cela une intrigue bien ficelée qui permet d'explorer les multiples facettes des contraintes qui pesaient alors notamment sur les femmes et l'on comprend que l'on se trouve face à un roman vraiment très intéressant.

Un livre délicat, des héroïnes marquantes et la découverte d'un monde oublié. de quoi occuper quelques belles heures de lecture.
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Une belle découverte ! Attiré par le contexte de ce roman, je me suis plongé dans cet univers féminin et libre malgré un contexte oppressant de l'Inquisiton.
L'équilibre précaire entre l'église et la société, la bonté si bien décrite tentent de résister dans les tourments financiers d'un roi dévot mais avec un trésor vide, et des moines peu enclins à l'ouverture d'esprit.
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Nous parcourons le XIVème siècle avec l'histoire de ces béguines libérées de l'autorité des hommes où nous suivons la destinée de la mystérieuse Maheut la Rousse accueillie par Ysabel au sein du béguinage royal.

Un roman féministe qui se déroule au Moyen-Âge, c'est assez surprenant. On sent qu'Aline Kiner s'est beaucoup documentée sur le règne de Philippe IV le Bel, sur l'histoire des templiers, sur l'hérésie et l'histoire des béguines.
L'auteure possède aussi une très jolie plume. Pour les amoureux du Moyen-Âge, je recommande chaudement.


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Au début de l'été 1310, au coeur d'un Paris bruissant, le grand béguinage royal ouvre ses portes à une jeune fille, en fuite, rousse, quasi muette, manifestement violentée. Son arrivée marque le début d'une profonde mutation d'un monde alors clos et protégé. Ainsi, cette communauté féminine se trouve à la croisée de mouvements contraires : la position des femmes libérées du lien du mariage, la lutte contre l'hérésie galopante et l'émergence de la pensée du Libre esprit.
Ysabel, la vieille sage, Ade la copiste aux élans maternels inassouvis, Maheut la mutique tracent, chacune à leur manière, une voie individuelle au sein d'une congrégation plus hétérogène qu'il n'y parait, alors que le règne de Philippe le Bel s'attache à réprimer toute forme de liberté. Les hérétiques sont brûlés en place publique, les manuscrits délictueux interdits, leurs copistes pourchassés, l'indépendance des béguines réduite à une peau de chagrin.
Dans ce beau roman, les débats d'une époque fiévreuse se reflètent dans les tourments secrets de ses héroïnes. Cet écho gagne en subtilité et en profondeur par la large part donnée aux sens. A l'intellect, à travers les controverses mystiques et le pouvoir si puissant des livres et des manuscrits en circulation. A l'odorat, par la transcription des parfums des fleurs qui embaument les enclos, mais aussi les odeurs pestilentielles des hôpitaux. Au touché, des lourdes soieries et des éclatantes broderies vendues sur la place de Paris, de la peau des vélins utilisés dans les scriptoriums. Plus largement, cette sensualité, et une certaine mélancolie, s'incarnent dans la manière d'exprimer le temps qui passe sur lequel les femmes et les hommes ont si peu d'emprise. Ainsi cette fresque romanesque se transforme délicatement en une oeuvre méditative, puissante bien qu'intime.

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Veuves ou jeunes filles de bonne famille : les occupantes de ce lieu où nous emporte Aline Kiner avaient des profils très variés... mais un statut identique : celui de béguines. Ni épouses ni nonnes, elles ne vivaient pas sous la coupe d'un mari, mais ne suivaient pas pour autant la règle d'un ordre religieux. Séparées de la ville, mais libres de leurs mouvements en dehors des murs du béguinage, elles avaient leur organisation propre, leurs maisons, leur église, leur hôpital, leurs occupations personnelles.
Sans partager la vie d'un homme étaient-elles pour autant libres ? Non, bien sûr ! Quelle idée ! Car les femmes, incapables par leur nature, de se défendre face aux dangers extérieurs et plus encore face à leurs propres passions, avaient besoin d'un cadre... masculin, évidemment.
Phillipe le Bel comme protecteur, les dominicains du coin comme guides spirituels, le Pape comme opposant majeur à ce statut louche de béguine : tels étaient ceux qui regentaient leur vie... sans parler des frères et pères qui, tout en vivant loin du béguinage, y exerçaient leur pouvoir, ne serait-ce que par l'endoctrinement imposé à ces femmes : sois soumise, humble, pudique, calme... et ne ternis pas l'honneur de la famille !
Pas de rebondissements hollywoodiens dans ce roman : même si l'autrice sait créer tensions et surprises, elle offre surtout une immersion dans le Paris du XIVe siècle, ses règles et ses usages, ainsi que dans les réflexions et sentiments de ses personnages. L'intelligence, l'amitié, l'entraide, la volonté caractérisent certains, tandis que d'autres se montrent cruels, fourbes ou trop limités pour mesurer la gravité de leurs paroles.
Cette lecture apporte ainsi un éclairage très précis sur cette époque et cette communauté. Elle fait aussi réfléchir sur ces sociétés ancrées sur la religion, où penser, aimer, vivre hors du cadre conduit à la mort. Monstrueuse incohérence de ces dogmes qui rabâchent les mots pureté et amour mais placent le respect de la vie après le respect de la règle.
Et le monde n'en est toujours pas sorti.
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"Quelle que soit la petitesse de chacune de nos vies, elles relèvent toutes d'un vaste ensemble, les mouvements et les troubles de l'âme dépendent de ceux du monde, la violence ne s'arrête pas à ceux qu'elle vise, elle rebondit comme un caillou sur l'eau dure et frappe, frappe encore, les peurs collectives s'amplifient des bassesses individuelles, les grandes ambitions se conjuguent aux plus médiocres "

Pourquoi ai-je dû attendre 28 ans pour apprendre l'existence des béguinages ??

Les non spécialistes dans mon genre vous décriront souvent le moyen âge comme une période sale et obscure et surtout pas comme une époque où les femmes, même peu nombreuses, ont eu des libertés ou le droit de prendre leur vie en main. Sans doute parce que c'est ce qu'on en comprend étant petit quand on nous parle de cette époque...et qu'on ne cherche pas tellement plus loin.
En tout cas ce sujet m'a énormément intéressée et m'a donné l'envie d'en savoir plus à la fois sur les béguines et sur le moyen âge.

J'ai fort apprécié que le roman s'appuie sur des dates et événements réels. Je pense notamment au manuscrit de Marguerite Porete ou au contexte historique en général (politique et religieux).

Je dois avouer d'ailleurs que j'ai lu ce roman plus comme une tranche d'Histoire qu'en tant qu'oeuvre de fiction. Pas dans le sens où L Histoire n'est pas romancée, bien sûr.

Mais tout simplement parce qu'on a beau suivre les mêmes personnages tout le long du roman, on les suit comme de loin. On prend leur histoire en cours de route, il y a beaucoup d'ellipses temporelles et lorsque le livre se termine, leur histoire n'est pas vraiment terminée (à mon sens). Les ellipses temporelles m'empêchaient parfois, sinon de comprendre l'intrigue, de m'intéresser aux personnages.

Car l'intrigue de ce roman ne tient pas tant aux personnages que l'on suit qu'à L Histoire, au contexte, même si je me suis un peu attachée à certains d'entre eux.

En résumé, j'ai vraiment adoré le cours d'histoire, très accessible, un peu moins le roman.
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La nuit des béguines est un roman historique qui s'intéresse à l'histoire du grand béguinage royal à Paris. Nous suivons plusieurs béguines, ces femmes qui vivent sans la présence d'hommes, indépendantes, libérées du joug de la société et des hommes, qui ne sont pas forcément liées à Dieu. La vie de cette communauté est bouleversée quand une jeune femme se réfugie au sein du Béguinage. Cette femme a des cheveux roux qui font d'elle une victime de beaucoup de violence et de discrimination. Elle a sur son corps des marques de sévices, preuves d'un passé violent. Ysabel est une femme âgée qui connaît bien le secret des plantes et qui s'occupe de l'hôpital du Béguinage, elle va prendre sous son aile cette jeune femme et tenter de l'aider.

L'histoire s'intéresse aussi au sort des Templiers à cette époque, et à un fameux manuscrit interdit, écrit par une béguine aux idées progressistes et jugé hérétique par des religieux. La narration est classique, on sait ce qui va arriver dès le début, mais cela ne gâche rien à la lecture. le roman se lit avec plaisir. J'ai adoré être plongé dans cette époque moyenâgeuse et j'ai surtout aimé découvrir cette fameuse communauté des béguines que je ne connaissais pas du tout. On sent le gros travail de recherche de l'autrice et la bibliographie à la fin du livre est fort appréciable
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Le Moyen Âge nous apparaît souvent comme une époque sombre où les règles sociales sont dures avec une hiérarchie très marquée. Les femmes avaient certes une place très restreinte, mais certaines d'entre elles ont fait le choix du béguinage. Il s'agit d'un statut instauré par Louis IX, les femmes étant autorisées à vivre célibataires sans pour autant être des religieuses.
Ce roman nous décrit leur vie alors que la chrétienté et le royaume sont ébranlés par des affaires graves. L'autrice nous plonge au coeur de Paris et de ses intrigues, entre le lieu de vie des béguines, les ateliers de tissage de l'une d'entre elles et les souvenirs de province. Ce n'est pas une histoire haletante dans le sens où le suspense est insoutenable. le résumé parle de se battre, mais ce n'est pas le cas. C'est plus une résistance morale de la part de quelques-unes. Cependant, on se pose beaucoup de questions quant à l'avenir du béguinage et comment les personnages vont aider les femmes ou au contraire les faire plier.
On suit plusieurs béguines, Ysabel étant le lien entre toutes. Elle fait figure de grand-mère bienveillante et protectrice. Maheut est trop mystérieuse pour qu'on s'y attache, comme si elle n'appartenait pas vraiment à ce monde. Il y a une sorte de force qui entraîne tous les personnages, comme s'ils n'étaient pas maîtres de leur destin.
Lien : https://voulezvoustourner.bl..
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