Voici un roman qui ose s'intéresser à l'histoire du début du XIVe... rare et dépaysant.
Aline Kiner restitue bien le contexte jusqu'à son écriture, sans pour autant tomber dans le travers d'imiter la langue de la fin du moyen âge.
Intéressant ce statut de la femme libre, à demi dans le monde, à demi monacale, avec une liberté (toute relative) gagné contre la tyrannie des mâles. Une sorte de réforme avant l'heure, des personnages pré-humanistes qui sont attachants jusque dans leurs faiblesses.
Une histoire terrible aussi, où les dominicains emportent la partie, où l'on torture, où l'on condamne au bûcher, avec en arrière fond la terrible répression contre les Templiers.
Le livre est un peu linéaire, il n'y a pas véritablement de niveaux de récit, même si les personnages bien typés ont tous leur personnalité et leur propre logique. Mais la fin est nettement perçue dès le deuxième tiers du livre.
La documentation est sans faille, mais il semblerait qu'
Aline Kiner ait un peu péché par excès de zèle.
Comme
Victor Hugo dans
les Misérables (il y a quand même des comparaisons moins flatteuses !) l'auteure cède à la tentation de l'érudition, au point que l'on peut se perdre dans un
Paris qui n'existe plus, mais dont on essaie de dresser un tableau précis, jusque dans les moindres détails.
Chronique d'une histoire de femmes au pays des hommes et des inquisiteurs, des personnalités fortes, des destins tragiques, et une empathie des personnages principaux (Ysabel, Jeanne du Faut, Ade et Maheut la rebelle, sans oublier le courageux frère Humbert) qui nous attache à leurs pas.
Une bonne lecture, un style fluide, un bon livre pour les soirées d'hiver.
M. le Guen de K.