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3,83

sur 894 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est le genre de romans que j'affectionne particulièrement.

Un roman historique, qui se passe au moyen-âge et qui aborde des thèmes et un contexte qui font écho à d'autres lectures. Le procès de l'Ordre des Templiers, sous le règne de Philippe le Bel, lu dans la série « Les Rois Maudits », de Maurice Druon. Et puis il y a le titre du roman, les béguines, cette communauté de femmes entre deux eaux. Ni épouses, ni nonnes, que j'ai eu l'occasion de découvrir dans « Les âges sombres », de Karen Maitland. Sauf que dans les âges sombres, il s'agissait d'une communauté établie en Angleterre, alors que dans le présent roman, elles sont à Paris, dans le Clos Royal.

Etonnant qu'il ait pu exister une telle communauté de femmes au 14ième siècle. Qu'elles aient pu jouir d'une relative liberté était un concept plutôt moderne, dans une société où la femme devait obéissance et soumission soit au père, au frère puis à l'époux, ou bien à un ordre religieux, si elle choisissait la vie monastique.

Les béguines vivaient entre-elles, solidaires, et avaient un habit distinctif, proche de celui des nonnes. Elles priaient, certes, mais avaient aussi la possibilité de sortir, de travailler, de disposer de leurs possessions et de les léguer à qui elles voulaient.

La trame tissée par l'auteure intègre des personnages fictifs, pour les besoins de la petite histoire, et fait référence à d'autres, historiques, dans la grande histoire.

Sa plume est sensible, douce, profonde. Elle décrit souvent les odeurs, de la terre, des plantes, des rues, les bonnes et les moins bonnes. Les bruits aussi, et tout ce qui renvoie aux sens, créant ainsi une ambiance intimiste, comme suspendue dans le temps.

La période est dure, cruelle, féroce, mais l'histoire de ces femmes, racontée par Aline Kiner, est présentée avec beaucoup de délicatesse.

Une auteure que je vais suivre, assurément.

Bonne lecture.



Lien : http://lebouddhadejade.blogs..
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J'ai adoré me plonger dans cet univers clos. Tout y est : le contexte historique, l'idéologie religieuse, la place de la femme.

Les béguines étaient des femmes libérées de la tutelle des hommes et c'est ce qui a causé leur perte.

L'auteure s'est documentée, elle a su faire vivre les héroïnes.

Un excellent moment de lecture
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Une communauté de femmes libres, qui administrent leurs biens, qui peuvent les transmettre, qui ne sont sous l'autorité de personne ? En plein Moyen age ? Impossible ? Et pourtant... Ces sont les béguines, femmes pieuses qui ne dépendent ni d'un couvent, ni d'un homme. Et ça commence à sévèrement irriter les autorités religieuses. D'autant que l'une d'elles est condamnée pour hérésie. La sorcellerie n'est pas loin. La fin des béguinages non plus.
Et est-ce un hasard, peu d'entre nous en on entendu parler. Aline Kiner s'est donnée comme objectif de faire sortir de la nuit les béguines de Paris, une communauté de femmes qui vivaient pour elles, à la fois dans le siècle et dans la réclusion. Veuves, célibataires, ce sont des femmes fortes et libres, enseignantes, soignantes, commerçantes... qui ne dépendent que d'elles. Y compris spirituellement : elles n'ont pas de directeurs de conscience, mais respectent l'Église. Elles sont inclassables, dans un temps où chacun doit avoir une place définie ; où l'Église et le pouvoir politique veulent assoir leurs pouvoirs.
A travers 5-6 personnages de béguines, c'est toute une époque qui se joue devant nous, tant du point de vue de la religion que des moeurs sociales. La fermeture des béguinages se joue aussi dans un moment où les droits des femmes sont sur le point de disparaître complètement, aux portes de la Renaissance. Ce n'est pas uniquement un roman historique mais également un roman psychologique, dans le sens où les jalousies, les dépits, mais aussi la compassion et l'intelligence ont une grande part dans la narration.
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Etant du nord de la France, les béguinages, je connais. Leur version ancienne comme les sites qu'on peut visiter à Gand, Bruges ou Courtrai ; comme la version plus actuelle où chaque village (de là-haut) désormais accueille son béguinage où vivent des personnes âgées (attention il ne s'agit ni d'ehpad ni de maisons de retraite !).
En revanche je me suis rendue compte que l'histoire des béguinages, ces communautés de femmes vivant ensemble, ni laïques ni religieuses, m'était inconnue. Leur philosophie je la connaissais. En fait c'était révolutionnaire pour l'époque : vivre à l'abri des hommes, en communauté, à gérer leur indépendance et leur bien sans l'autorité d'un homme (mari ou prêtre) ! Trop révolutionnaire presque....

Ce livre est l'histoire des béguinages, leurs habitantes, leur mode de vie. S'il s'agit d'un roman, il utilise cette forme pour accrocher son lecteur autour de l'histoire de quelques béguines et ainsi présenter L Histoire au sens plus large de cette communauté.
J'ai trouvé ce roman passionnant et l'histoire/Histoire contée attractive (impossible de lâcher ce roman !). J'ai apprécié la description de ce Moyen-Age plutôt intolérant envers la différence (une femme qui veut vivre sans mari, et sans être religieuse était à la limite du scandaleux !)
J'ai vraiment passé un bon moment de lecture : je me suis intéressée aux personnages et j'ai appris bcp de choses sur cette période de l'histoire et sur la fin des béguinages (quand je disais trop révolutionnaire ! )
Excellent en un mot !
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Au Moyen-Age, aux environs des années 1300, l'église et les nantis du royaume s'inquiètent de voir que certaines femmes commencent à revendiquer le droit de savoir lire, écrire, compter, apprendre le latin... Ils s'inquiètent de l'érudition de quelques unes.
Les béguinages de France sont alors vus d'un mauvais oeil par les dirigeants du Royaume et les prélats de l'église catholiques car ils encouragent les femmes à vivre sans hommes. Celles qui ne veulent ni d'un mari, ni de la vie religieuse peuvent y vivre en communauté et mener leur vie sans soumission à quiconque. Mais l'église veille toujours au grain et chaque béguinage est surveillé par un "chaperon" qui a un regard sur toutes les actions menées par ces femmes mi-laïques, mi-religieuses.
C'est dans le béguinage de Paris que Maheut trouve refuge après avoir fui un mari violent. Et c'est en nous racontant son histoire qu'Aline Kiner retrace les grands événements historiques liés à la traque des Templiers, à la chasse aux sorcières, à l'hérésie combattue par l'Inquisition. La petite histoire se mêle à la grande Histoire pour en faire un grand roman avec ses personnages attachants ou mystérieux.
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J'ai beaucoup aimé ce livre. J'aime la période. J'aime le vocabulaire. J'aime l'ambiance. J'ai beaucoup lu dans ma jeunesse Georges Duby, Régine Pernoud, Michèle Perrot et même les Rois Maudits. Ici, on raconte les faits sous l'angle des femmes. Pas n'importe quelles femmes. Des femmes libérées du joug des hommes : veuves, célibataires, échappées, blessées, des femmes qui décident de vivre au même endroit, qui travaillent, certaines sont herboristes, d'autres copistes, elles prient mais ne sont pas enfermées. Une vie en communauté, dans de petites maisons individuelles, entourées de jardins médicinaux, dont elles pouvaient sortir comme elles le voulaient pour vaquer à leurs activités professionnelles, soigner les malades dans les hôpitaux ou faire l'aumône aux mendiants.
Les personnages sont attachants : Ysabel, la doyenne, herboriste et infirmière qui a beaucoup d'intelligence et d'humanité, Maheut la Rousse, belle fille sensuelle, violée par son mari, en fuite, Ade, qui pleure toujours la perte de son enfant, Jeanne du Faut qui a quitté le béguinage pour monter son entreprise de tissus, Juliotte la muette qui comprend tout, la petite Leonor, et même Clémence, l'amoureuse par qui la trahison est arrivée, toutes ces femmes ont eu une autre vie dont elles ne veulent plus. Ni mariage, ni couvent est leur devise.
Les hommes voient cette liberté d'un mauvais oeil. Seul Humbert, le Franciscain aux cheveux noirs qui fait peur, les comprendra, les aimera même, et mourra avec honneur.
J'ai beaucoup aimé me plonger dans cette histoire habitée, où se côtoient Philippe le Bel, Clément VII et Jean XXII, les Templiers, les amantes de la Tour de Nesles...On ne pourra plus oublier les béguines, ni sorcières ni saintes, mais femmes assurément.
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lu 2020 05_aline kiner_la nuit des beguines

L'histoire : 1310, à Paris, dans une communauté de béguines. Ce jour-là, quand deux d'entre elles rentrent, elle trouve devant la lourde porte du béguinage une toute jeune fille en piteux état...



Mon avis : un très beau roman, qui sert de prétexte pour nous parler de l'histoire de la fin des béguines, à travers la communauté parisienne de 1310 à 1314. Un roman passionnant, bien écrit, très érudit et documenté, mais aussi formidablement bien vulgarisé et fluide, pour mieux aborder l'histoire souvent méconnue des béguines. On est vite plongé dans le Paris du moyen-âge, dans une ambiance bien particulière, et plus encore grâce à la plongée dans cette petite communauté de femmes libres, au statut "entre deux", non dominées par les hommes, ni religieuses ni laïques, indépendantes. Les béguinages n'ont pas duré longtemps (moins d'un siècle), mais ont formé un microcosme passionnant, très bien rendu ici, à travers l'histoire singuière qu'on suit avec plaisir de Maheut, Agnès, Ade, mais aussi Jeanne du Faut, Humbert, Giacomo, etc.

Vraiment un beau livre, pour prendre du plaisir et se cultiver en même temps. J'ai mis longtemps à me décider à le lire (je l'avais repéré lors de sa sortie en écoutant une émission de radio) tant je craignais qu'il soit "trop intello" pour moi, et finalement, pas du tout, son auteure réussit à merveille le tour de force de nous en apprendre long tout en ne donnant jamais l'impression de nous faire un cours ni nous noyer dans les détails ni nous faire sentir inculte, une performance. Super lecture !
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
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«La nuit des béguines» était dans ma PAL depuis longtemps au grand désespoir de ma collègue S qui savait à quel point ce roman me plairait. Et comme d'habitude S eut raison, j'ai adoré le roman d'Aline Kiner qui redonne la vie à la communauté des béguines de Paris.
Les béguines dans le grand Nord on connait bien, ces femmes pieuses organisées en communauté religieuse laïque. Une belle idée, une réalisation qui fâche et effraie les notables et les prélats. Au travers d'une intrigue classique, la journaliste revient sur la destinée particulière de ses femmes fortes (car à l'époque être sans mari et sans voiles, c'est couillu). Elle brosse aussi le tableau d'un changement de société au début du XIVe siècle dans ce qu'il avait de pieux et de violent.
Un vrai page turner érudit pour bronzer malin en été ou se réchauffer le coeur en hiver.
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Dans la lignée de mes lectures autour des femmes, de l'histoire et du christianisme, j'approfondis ma découverte du mouvement des béguines, initiée par l'essai de Silvana Panciera, avec ce roman très pédagogique et documenté d'Aline Kiner.
L'autrice, malheureusement décédée peu après la publication de ce livre, était journaliste, ayant assuré la direction de la rédaction de la revue Sciences et avenir. Elle s'est appuyée sur une abondante bibliographie, reportée à la fin de l'ouvrage, et les conseils d'historiens éminents, notamment la médiéviste Claude Gauvart.

On se plonge donc dans ce roman avec le plaisir d'apprendre des faits historiques sur cette époque très méconnue des "Rois maudits". On est également plongé dans l'ambiance, la perception du monde des personnages, le grouillement des rues, les odeurs de la grande ville... On sent le grand désir de l'autrice à faire découvrir cette période et à en incarner les tensions à travers ses personnages.

L'écriture est très sensorielle, la narration circule de façon fluide, accompagne avec une certaine distance les personnages qui se sentent emportés, impuissants, par un mouvement plus ample, celui du repli conservateur de la société et de l'église catholique. L'entrée dans une nuit dont les ombres nous poursuivent...
Aline Kiner replace perpétuellement les événements qui touchent ses personnages dans leur quotidien ou leur intimité dans le cadre plus large de la politique de ce XIVeme siècle. Une lecture passionnante qui nous rend proche le moyen âge.
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Très belle #lecture
J'ai beaucoup apprécié la plume, le vocabulaire riche & poétique, la précision dans les références historiques
Découverte des Béguines, de leur statut particulier & Marguerite #Porete personnage historique à connaître
Top 👍

Quartier des marais, #Paris, #MoyenAge, 1310, une institution le grand #Béguinage de Paris fondé par #LouisIX rassemble des femmes hors du commun, des femmes libres !!
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