J'aurais aimé avoir une vie où on ne laisse pas derrière soi une traînée de morceaux cassés.
Ils constituaient une classe nouvelle de nomades cultivés, qui élevaient des enfants sans vraiment pouvoir répondre à la question de savoir où ils avaient grandi.
Une planète à bout de ressources, ça leur fout les jetons, quand ils ont passé leur vie à penser que le placard ne serait jamais vide.
Il était en train de mesurer l'horreur absolue de la prochaine étape dans leur série de désastres familiaux.
Mettre un nom sur cette asphyxie prolongée qui la transformait en morte-vivante : la pauvreté.
Quand une maison ne constituait plus un abri, elle valait en fin de compte exactement la somme de ses parties.
Willa allait devoir doser son effort pour venir à bout de cette journée. Nick était ans doute insupportable à lui-même. Il n'était sûrement pas facile d'avoir en tête toutes ces rancunes individuelles contre tant d'objets, personnes, doctrines disparates. Il serait sûrement plus simple d'avoir une théorie de haine unificatrice qui couvrirait tous les sujets d'un seul coup.
Je dis que cette maison est notre seule certitude. Même si certaines parties s'écroulent. S'il le fut, nous mettrons des bandes jaunes de protection et nous éviterons les zones effondrées. Nous nous ferons tout petits dans l'espace restant. Désolée si je te semble folle. Mais nous n'avons pas d'autre endroit où aller.
- Aucun endroit n’est parfait. Ne sois pas si susceptible
- Eh bien, ça a été une sacrée semaine, Tig. Je viens d’apprendre que notre maison est programmée pour la démolition
- Maman. Le permafrost est en train de fondre. Des millions d’hectares
Willa essaya de trouver un lien. « Et je m’inquiète seulement pour ma maison. C’est là que tu veux en venir ? »
Tig secoua la tête. « Ca fait tellement, tellement peur. Des incendies et de la pluie, voilà ce qui nous attend, maman. Des tempêtes qu’on ne pourra pas contrôler, des tas de gens sans abri, mais sans nulle part où aller. Les villes englouties sous l’eau et après ? On ne peut plus aller aux abris quand il n’y a plus d’abri.
Comment deux personnes travailleuses pouvaient-elles se retrouver dans le dénuement à cinquante ans passés, après avoir tout fait dans les règles ?