AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,29

sur 526 notes
Ce n'est pas pour rien qu'on dit de ce roman qu'il est le plus ambitieux de Barbara Kingsolver. Elle s'attaque au gros morceau du colonialisme, du fanatisme religieux au Congo. Quand on s'y penche, il y a de quoi écrire en effet.
J'ai un peu regretté ce ton si vivant, piquant, humoristique de son premier roman mais celui possède aussi sa force. A travers les quatre voix des filles d'un prêcheur baptiste complètement fou furieux on découvre la vie au dans un petit village Congolais au début des années 1960 dans la période charnière de l'indépendance.
Les incompréhensions vont croissantes entre cette famille blanche menées par un homme sûr de son bon droit et les villageois qui en ont vu passer d'autres. Les quatre filles vont évoluer chacune à leur façon et nous dévoiler les différentes visions d'une Afrique tour à tour hostile, accueillante, vivante, aimante, trompeuse...
Une chose est sûre: aucun membre de la famille, ne sortira inchangé de cette rencontre.
Commenter  J’apprécie          150
Un magnifique roman plein d'humanité et de sensibilité dans lequel l'auteur dénonce violemment le fanatisme religieux qui conduira un pasteur illuminé et borné à la perte de sa famille. Sans doute avait-il oublié la phrase "Aide toi, le ciel t'aidera", ce pasteur... car pour croire que Dieu pourvoirait à tout et que sa seule bible suffirait à faire vivre sa famille, il fallait une bonne dose d'irresponsabilité.
Parallèlement à l'histoire de cette famille progressivement détruite, Barbara Kingsolver évoque l'histoire turbulente et violente du Congo Belge manipulé par les puissances occidentales pour ses richesses, et la dégringolade dans la violence . Émouvant et passionnant.
Commenter  J’apprécie          140
1959 - la famille Price quitte Bethlehem en Géorgie et leur vie confortable aux Etats-Unis pour s'établir au Congo. En effet le père, Nathan, est révérend et vient d'engager sa famille dans une mission d'évangélisation de la petite ville de Kilanga, dans ce qui était à l'époque le Congo belge (le Zaïre aujourd'hui), en passe de devenir indépendant, et donc en proie à des tensions certaines entre ethnies, tensions en plus alimentées par des intervenants extérieurs.
Les voilà donc partis, Nathan et sa femme Orleanna, accompagnés de leurs quatre filles, l'ainée Rachel 15 ans, les jumelles Leah et Adah, 14 ans et enfin Ruth May 5 ans.
On découvre vite les travers du père, violent, intransigeant, concentré sur son envie de baptiser tout le village, aveugle aux difficultés de sa famille et à la culture, aux traditions et aux croyances des villageois.
Le roman étant un roman choral, avec des chapitres narrés alternativement par les 5 femmes de la famille, l'autrice nous permet de comprendre chaque personnage, leurs angoisses, préoccupations et opinions sur ce nouveau monde qu'elles découvrent.
J'ai beaucoup aimé ces cinq personnages féminins, très différents certes, mais avec une personnalité bien tranchée et très bien décrites par l'autrice.
Le contexte historique est également passionnant, triste cependant de voir encore une fois la manière abjecte de manipuler des pantins qu'ont pu utiliser les Etats-Unis.
J'ai surtout beaucoup aimé la confrontation du père et la réalité sur le terrain : plein de certitudes et de préjugés, cet homme déterminé à importer et imposer ses valeurs s'est heurté à une population qui n'était absolument pas prête à abandonner les siennes.
Une hostilité donc face à cette intrusion de religion mais aussi une vraie solidarité de la population envers la famille, qui peinait à s'adapter et à trouver à manger (surtout après la déclaration d'indépendance).
On suit le devenir de la famille jusqu'à environ 1986 et c'est vraiment prenant de voir le chemin choisi par chacun(e).
Une excellente lecture, une autrice engagée que je vous recommande!
Commenter  J’apprécie          134
Abandon en page 55. D'ordinaire, j'attends au moins la page 100. Ici, le rythme dodelinant de la narration, partagée entre 5 narratrices dont aucune n'a su capter mon attention ni susciter ma sympathie, a eu raison de ma patience et de mon intérêt. Il y a parfois des lectures à côté desquelles on passe complètement. La rencontre n'a pas lieu. Dommage... mais j'ai d'autres choses à lire, alors pas de regrets !
Commenter  J’apprécie          120
Un roman sur le thème de l'Afrique, de la décolonisation, de l'évangélisation des populations locales par des pasteurs américains ignorants tout des pratiques et des croyances religieuses des autochtones,... le fanatisme religieux d'un pasteur le conduira à la folie et à l'éclatement de sa propre famille. Écriture magnifique. Barbara Kingsolver excelle.
Commenter  J’apprécie          110
L'histoire s'étale sur une quarantaine d'année et elle est racontée de plusieurs points de vue par les femmes membres d'une même famille, une mère et trois de ses filles.
Orléanna, la mère, est l'épouse du pasteur Price qui a accepté une mission au Congo à la fin des années 50. Il y a entraîné non seulement sa femme mais aussi leurs quatre filles dont la plus jeune a peut-être 4 ou 5 ans. Il y a Rachel, l'aînée, quinze ans, qui accorde énormément d'importance à l'apparence et les jumelles Léah et Adah, cette dernière souffrant de mutisme et d'un handicap moteur dû à une atrophie de certaines parties de son cerveau (?).
On suit tout d'abord leur installation au village de Kilanga et leur découverte de la misère dans laquelle vivent les indigènes, tiraillés par la faim, une terre ingrate et une forte mortalité. Nathan Price est un idéaliste déconnecté de la réalité qu'il cherche à tout prix à conformer à son idée. Ses tentatives d'évangélisation se heurtent à d'autres croyances d'une part mais aussi à une mauvaise appréhension de la langue et de la culture locale.
Il y aura des catastrophes, la mort de la plus jeune des filles, la séparation des soeurs à l'âge adulte et des choix de vie différent mais toutes, comme leur mère vont être marquées par l'Afrique et ses quelques années où elles auront côtoyé la mort et d'autres valeurs que celles de la culture américaine.
J'ai énormément aimé ce texte si riche et complexe, bien écrit, et suivre l'évolution du caractère et de l'existence de cette famille, de cette fratrie (je ne sais pas si un terme similaire existe pour uniquement des soeurs à part sororité). L'histoire d'Orléanna depuis sa rencontre avec son pasteur de mari et son dévouement jusqu'à la mort de sa benjamine Ruth May. La relation particulière entre les jumelles si différentes mais brillantes, intellectuellement, chacune à leur manière ; leurs engagements d'adultes, la relation de Léah à cette partie de l'Afrique, ses peuples et leur histoire, la relation d'Adah aux mots, au corps, à la foi et à la vérité.
Mon résumé n'est pas très détaillé quant au récit car il est tellement touffu que ça ne rendrait pas compte de sa richesse. C'est en tout cas un livre qui ne laisse pas indifférent, suit le lecteur et le hante, suscitant pas mal de sujets de réflexion. Je ne peux que vous le conseiller chaudement !
Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
Commenter  J’apprécie          112
Nathan Price, pasteur baptiste américain au fanatisme redoutable, part en mission au Congo belge, en 1959.
Le choc culturel est terrible pour lui ainsi que pour sa femme et leurs quatre filles. La gente féminine va, cependant, s'ouvrir aux autres, avec plus ou moins de bonheur et de réussite. Mais lui, Nathan, aveuglé par la recherche de son propre pardon et par son extrémisme, passe complètement à côté des us et coutumes des Congolais.
Ce comportement ainsi que la faim, les pluies, les fourmis et surtout la mort de Ruth May (la fille cadette) vont désagréger cette famille.

Excellent roman qui met également en scène la fin du colonialisme au Congo belge (Zaïre) et l'arrivée au pouvoir de Mobutu (à la solde des Américains).
Commenter  J’apprécie          110
Je vous demande pardon par avance pour cet article qui prendra certainement position, mais vraiment c'est plus fort que moi.

Car Les yeux dans les arbres, de Barbara Kingsolver, c'est l'Afrique. Je n'y ai jamais mis les pieds parce que je ne suis pas sûre que j'aurais envie d'en repartir, mais un jour peut-être...

Les filles de la famille Price, elles, quand elles arrivent dans le Congo belge qui vit ses derniers mois de colonisation, n'ont qu'une envie : retrouver au plus vite leur Géorgie confortable et bien connue. Il y a la mère, Orléanna, Rachel la jeune fille superficielle, Léah et Adah les jumelles à l'esprit torturé, et la petite Ruth-May. Toutes là pour suivre Nathan, le père, venu en mission laver l'âme des sauvages noirs dans l'amour de Jésus (et accessoirement dans une rivière infestée de crocodiles).

Les yeux dans les arbres, c'est une histoire de femmes, leurs doutes et leurs aspirations, leurs peurs de vivre sous la coupe d'un homme fanatique. C'est un choc de cultures, de blancs essayant de vivre une vie de blancs dans une Afrique noire aux codes totalement différents. C'est tenter de planter des haricots dans une terre qui ne tolère que le manioc et les orangers. Les yeux dans les arbres, ce sont les ravages de la colonisation et de pays soit-disant civilisés, se disputant sans vergogne les richesses enfouies sous la terre, sans un regard pour ceux qui la foulent. C'est la dictature et la guerre.

J'ai été particulièrement sensible au point de vue de Léah, la fonceuse, la passionnée, qui tombera amoureuse de cette terre difficile et mystérieuse, mais pourra t'elle lui appartenir totalement ? Une blanche peut-elle vraiment devenir Africaine ? Je veux croire qu'un jour, fort lointain il me semble, le spectre de la colonisation sera enfoui plus profondément encore que les mines de diamants, et ne viendra plus biaiser les relations entre Noirs et Blancs. Que chacun respectera les croyances et religions de l'autre, sans chercher à le convertir à ce qui lui semble la seule vérité, mais là je rêve.

De façon plus subtile, ce sont les mêmes enjeux au sein de la famille Price. Domination, culpabilité, complexe de supériorité, désir d'indépendance, peur de l'Autre.

J'ai été passionnée par ce roman, empreint d'une brutale délicatesse (oxymore) qui ne peut laisser de marbre. Mais je pleure sur l'Afrique. de tout mon coeur de Blanche incapable néanmoins de soutenir le regard des yeux dans les arbres.
Lien : http://oxybeurresale.canalbl..
Commenter  J’apprécie          102
Ce livre est une perle magnifique rencontrée sur ma route de lecteur. J'en suis ressortie avec une émotion si forte que j'ai mis du temps à m'en remettre, et je pense que je ne m'en remettrai pas. Quelque part, au fond de moi, me hantent encore les voix des cinq femmes Orleanna, Rachel, Leah, Adah et Ruth May.
Lorsque cette famille part au Congo pour une mission évangélique, c'est leur vie qui s'écroule peu à peu. Isolée dans un village congolais sans aucun accès mis à part un petit avion qui arrive par intermittence, en proie au climat aléatoire qui va de la sécheresse aux pluies diluviennes, cohabitant avec des animaux sauvages comme les serpents et les tarentules, la famille s'effrite peu à peu.
L'histoire est racontée du point de vue des cinq femmes de la famille. Chacune, avec un ton différent, un humour à elle, et surtout une certaine lucidité, décrivent cette expérience désastreuse et tragique. Nathan, le père, qui était craint par ses filles, perd au fur et à mesure sa crédibilité et son autorité. Il est tellement aveuglé par la religion qu'il ne voit pas ce qui se passe autour de lui: les villageois ne comprennent pas son message; sa famille sombre dans le chaos; la situation politique s'envenime jusqu'à ce que survient une terrible tragédie qui brisera à jamais la famille.
L'histoire est longue car l'auteur s'attarde ensuite sur les conséquences de cette tragédie. Jusqu'au bout, chacune d'elles portera les séquelles, différemment mais toujours avec cette culpabilité sous-jacente. Elles essaieront d'expier chacune à leur manière ce qui est arrivé.
L'auteur décrit ici le fanatisme religieux poussé à son paroxysme. Jusqu'au bout, le père s'accrochera à ses convictions religieuses quitte à sacrifier toute sa famille. Il n'a jamais essayé de comprendre la culture des autres, les traitant avec mépris et condescendance. A travers ce roman, l'auteur dénonce aussi le colonialisme et ses conséquences. L'auteur évoque aussi le contexte politique de l'époque après la décolonisation du Congo Belge. avec l'arrivée de Patrice Lumumba au pouvoir et ensuite le coup d'Etat de Joseph Mobutu.
Le style d'écriture est magnifique, avec chaque fois, une voix différente qui parle selon les chapitres. Les personnages principaux sont finement ciselés, si bien décrits qu'on a l'impression de les côtoyer au quotidien et de les connaître intimement. J'étais emportée dans cette histoire inoubliable, sublime qui m'a fait pleurer toutes les larmes de mon corps.
A découvrir de toute urgence !!!
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
Commenter  J’apprécie          80
En 1959 une famille dont le père est prédicateur baptiste quitte la Géorgie ségrégationniste pour une mission évangélisatrice d'un an à l'heure où le Zaire s'appelait le Congo belge, sa capitale Kinshasa, Léopoldville. le chef de famille, homme rigoriste et puritain, arrive en terre africaine avec pour seul guide les Saintes Écritures et handicapé par une méconnaissance profonde des us et coutumes de l'Afrique et par une tournure d'esprit rigide qui va rendre impossible sa mission évangélisatrice.


La narration est tour à tour prise en charge par les représentantes féminines de la familles, l'épouse vivant sous la coupe despotique d'un mari austère et les quatre filles avec leur tempérament spécifique. La couleur de la narration est sympathique, espiègle et humoristique. On y découvre une Afrique riche en mystère, généreuse, terre de superstition, pleine de dangers, de maladies, où les hommes pour survivre font preuve d'une grande ingéniosité, d'un bel esprit d'adaptation.
Le récit évoque aussi la mémoire de Patrice Lumumba, père de l'indépendance du Zaïre, assassiné par les sbires de Joseph Mobutu, marionnette de l'ingérence des États-Unis dans les affaires africaines, orchestrant le pillage d'un pays riche en ressources.

Un beau récit, attachant, avec le destin de ses femmes marquées de manière indélébile par leur rencontre avec l'Afrique.
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (1515) Voir plus




{* *}