C'est avec un plaisir immense que j'ai dévoré ce livre ! A la fois essai et journal de bord, ce livre nous fait entrer dans le quotidien d'une famille américaine qui a fait le pari fou de vivre quasiment en autarcie sur leur ferme, en privilégiant le bio et le local.
Barbara Kingsolver est une femme comme j'aimerais en rencontrer plus souvent. Intelligente, engagée, toujours prête à réfléchir en profondeur sur un sujet ou un projet qui lui parait digne d'intérêt, lucide et critique envers son pays, et pourtant enthousiaste et optimiste.
Quand la famille se lance dans l'aventure, tout le monde est partant, aussi bien le mari, prof de biologie que les deux filles.
Barbara Kingsolver nous livre sa vie rythmée par les travaux du potager, ponctuée par la préparation des repas, les rencontres entre amis, les réunions de famille, le changement de saison. Les réussites, les échecs, les bonnes idées, les constats, tout est relaté entre recettes de cuisine bien alléchantes et considérations plus scientifiques signées par Monsieur. Même la fille aînée a participé à la rédaction.
Les lecteurs - enfin certains - pourront découvrir que oui, certains Américains sont dotés d'un cerveau, qu'ils réfléchissent, s'engagent et ne se prennent pas pour les maîtres du monde !
Si son discours sur le thème "consommez local et bio" m'était extrêmement familier, j'ai été très intéressée de découvrir ce qu'il en était réellement au sujet de la nourriture aux USA. Je me suis aperçue avec une certaine stupeur que les filières bio ont autant de mal à émerger que chez nous, mais pire encore, à quel point les lobbies de la nourriture industrialisée sont puissants. En revanche, plus réjouissant, les petites fermes, les réseaux locaux consommateurs-producteurs, les ventes directes m'ont semblés plus structurés qu'en France et donc plus prometteurs. Néanmoins, quel que soit le pays où l'on vit, nous sommes tous confrontés au même problème : il devient difficile de pouvoir manger des produits sains cultivés dans le respect de la nature.
Une expérience comme celle-ci est cependant un signal fort.
Barbara Kingsolver, tout comme moi d'ailleurs, à un niveau un peu plus modeste, a choisi d'entrer en résistance : pas besoin d'être propriétaire terrien pour se lancer dans le potager bio, quelques mètres carrés suffisent. Et même un jardin collectif, un balcon... tout est bon pour semer les graines de la résistance !
En lisant ce beau témoignage, je me disais que vivre de son potager bio implique plusieurs choses : certes la priorité est donnée à la santé et au respect de la nature, mais pas seulement. Il y a aussi le plaisir de cuisiner, pour soi et pour les autres, une activité qui n'est pas anodine... le plaisir de retrouver du temps, de vivre un peu plus au rythme de la nature, de privilégier l'essentiel, de balayer le superflu. Et de retrouver le goût du lien social, des échanges véritables entre les gens.
Barbara Kingsolver évoque fort bien le fossé qui sépare les citadins des agriculteurs. Mais voilà que le concept du "consommez local et bio" réduit les distances et les frontières, fait tomber les préjugés : on rencontre d'autres partisans de ce type d'agriculture, on fait connaissance avec les producteurs locaux, on échange des idées, des graines, on s'entraide pour que survive la production locale... bref, on établit des rapports humains autour d'une nécessité universelle : bien manger en protégeant notre environnement.
Autour de moi, je rencontre encore trop de gens qui hésitent à consommer bio, qui prennent pour argent comptant toutes les bêtises véhiculées par les lobbies pour décrédibiliser le bio, qui me disent ne pas avoir le temps (hé, j'habite en zone rurale où le chômage domine...), bref qui ont toujours de bonnes raisons pour ne pas se lancer dans l'aventure... Pourtant, des initiatives existent, il faut de la bonne volonté et de l'optimisme. Et de la joie de vivre. Toutes choses que l'on ressent en lisant
Un jardin dans les Appalaches.
A faire circuler, en mentionnant "bon pour la santé" !!
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