Le pays qu'habitait Albert Einstein

Voilà un très joli livre. Une balade amoureuse imaginée pour traverser le temps et l'espace.

Etienne Klein, grand admirateur de deux des plus grands génies de l'épopée scientifique – Galilée et Einstein – nous propose de remonter le temps par un voyage dans la géographie européenne : relier à vélo les villes de Suisse et d'Europe où Einstein a grandi, où il fut éduqué, formé, où il a travaillé, aimé, discuté, échangé, enseigné et les circonstances qui lui ont permis de formuler les plus grands textes de la physique du XXème siècle.

Quelle belle idée ! J'ai lu ce livre comme on découvre une pépite. le ton est juste, le texte précis et riche, drôle parfois, les explications scientifiques accessibles, et le récit particulièrement touchant. On devient l'ami d'Albert en pédalant aux côtés d'Etienne !

L'épigraphe du dernier chapitre est bouleversante. Albert Einstein confie en guise d'adieu : « Je suis véritablement un “voyageur solitaire”, et je ne me suis jamais senti pleinement chez moi, ni dans mon pays, ni dans mon foyer, ni avec mes amis, ni même dans ma famille proche. »

La rigueur de la physique et la sensibilité propre à la littérature semblent fusionner (sous l'effet de la gravitation ?) pour offrir au lecteur un texte sur ce que l'esprit humain fait de mieux.

Bravo, Monsieur Klein !

Le Pays qu'habitait Albert Einstein / Etienne Klein
Ce livre n'est ni une biographie ni un livre de vulgarisation : c'est une sorte d'original pèlerinage aux sources en côtoyant la vie de ce géant de la physique que fut Einstein. En effet, c'est en retraçant l'itinéraire et le parcourant à travers l'Europe puis le monde que Etienne Klein nous montre les différentes facettes du personnage hors norme que fut Einstein. À bicyclette ou en train ou en avion, Klein a visité tous les lieux qui furent décisifs dans le cheminement de la pensée d'Einstein.
« Albert Einstein, c'est l'audace intellectuelle alliée à une fraicheur déconcertante, c'est l'imagination ardente soutenus par une obstination imperturbable. »
Plus de 2000 livres ont été consacrés à Einstein. Né à Ulm en Allemagne en 1879, Einstein est mort aux Etats-Unis en 1955. Après avoir été de nationalité allemande, puis suisse, il a fui le nazisme et rejoint les E.U. et fut naturalisé américain. Mais il ne fut l'homme d'aucun pays ni d'aucune nation selon son affirmation, mais seulement du pays de l'imagination.
Penseur avant tout, Einstein disait avec cet humour qui ne le quittait jamais : « Je ne dors pas longtemps, mais je dors vite ! » Il aimait par dessus tout, la réflexion, qui lui apportait volupté et joie. Einstein par ailleurs « était totalement invulnérable à l'agitation alentour tant son pouvoir de concentration était puissant. Il avait cette capacité à s'émanciper de l'agitation , y compris la plus sonore, à élaborer son propre détachement en toutes circonstances, à ne jamais perdre son fil et c'est cela sans doute qui fur l'une des conditions de sa liberté d'esprit. » Les expériences de pensées d'Einstein associaient imagination et réflexion pour découvrir les lois de la nature.
le vrai génie est affaire de fulgurances et de patience. Dans le cas d'Einstein, l'acte créatif, bien qu'il fût récurrent, demeure inexpliqué. Schopenhauer disait qu'avoir du talent, c'est atteindre un but que les autres ne peuvent atteindre et qu'avoir du génie , c'est atteindre un but que les autres ne peuvent même pas voir. « de l'imagination à l'humilité, il n ‘y avait chez Einstein qu'un pas qu'il franchissait avec sa fraicheur et sa décontraction coutumières. »
Rétif à toute forme d'autorité, Einstein connut des périodes difficiles au cours de ses études et plus tard dans ses travaux aux côtés de maîtres autoritaires. Il n'était jamais pressé ni impatient ce qui pouvait exaspérer certains.
Passionné de musique, Einstein disait que le violon était l'une des plus grandes joies de sa vie. Il avait « un immense besoin de s'évader de la vie quotidienne, de sa douloureuse grossièreté et de sa désolante monotonie. » Einstein redoutait particulièrement l'excitation médiatique (dont il fut l'objet naturellement !), « l'hédonisme institué en règle de vie et l'eschatologie consumériste de notre société. »
C'est en 1905 que Einstein installé à Berne livra au monde des scientifiques sa théorie de la relativité restreinte. Envisageant l'incroyable possibilité d'une nature à la fois ondulatoire et corpusculaire de la lumière, Einstein ouvrait en grand les portes à la physique quantique. Cela lui valut en 1921 le prix Nobel de physique. Lorsqu'en 1919 Einstein annonça que la lumière ne se propage pas en ligne droite du fait de la courbure de l'espace-temps, le monde resta stupéfait. Cette découverte allait aboutir à l'énoncé de la théorie de la relativité générale. Plus tard Einstein consacra beaucoup de ses recherches à l'unification des théories concernant la gravitation et l'interaction électromagnétique, persuadé qu'il était qu'elles étaient étroitement liées.
En résumé, un livre passionnant, bien écrit et de lecture facile qui nous montre épistémologiquement quel homme fut Albert Einstein de son enfance jusqu'à la consécration et le départ vers les E.U.