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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Livres, livres chéris, méfiez-vous de mes insomnies ! Lorsque, réveillé bien trop tôt, je ne parviens pas à me rendormir par mes méthodes habituelles de décontraction positive, il arrive que mon esprit s'enflamme sur vous. Dans ces moments d'apparente lucidité, vos défauts peuvent devenir éclatants à mes yeux encore fermés et stimuler une sorte de méchanceté d'où sortent des formules qui me marquent en achevant de me réveiller. Ce matin : « Étienne Klein ne nous mène pas en bateau, mais son navire semble naviguer prudemment à bonne distance du dangereux iceberg de la critique Kantienne et du tourbillon des incertitudes quantiques. »

Heureusement, plus loin dans ma lecture, j'ai été détrompé. C'est juste que j'étais impatient, alors que les questions intéressantes arrivent plutôt vers la fin. le début du livre installe posément la problématique : n'y a-t-il pas un espace commun où philosophes et physiciens pourraient s'éclairer mutuellement par des angles d'attaque différents ? Les chapitres suivants ont été pour moi d'un intérêt croissant : allant de questions bien conventionnelles sur le temps et son rapport à l'espace (hors critique Kantienne de notre perception du temps et de l'espace, toutefois), par l'inspection du vide quantique, jusqu'à la discussion de la causalité et de la nature des lois physiques, de la perception, du hasard, pour finir sur l'intrication et la non-localité. L'avant-dernier chapitre se conclue par une citation d'Einstein « En un sens, donc, je tiens pour vrai que la pensée pure est compétente pour comprendre le réel » (à rapprocher de celle encore plus célèbre du même physicien : « Dieu ne joue pas aux dés »). Hélas, le dernier chapitre donne tort à Einstein : sa critique de la physique quantique est invalidée par une nouvelle expérience qui prouve un effet de non-localité. de nombreuses et passionnantes questions à la limite de la métaphysique restent donc ouvertes par ces derniers chapitres, dont « Ce réel, qui se cache derrière les choses et que les physiciens ne font jamais qu'entrevoir, est-il le seul réel digne de ce nom ? »

Beaucoup de chapitres commencent par des rappels de questions philosophiques qui m'ont semblé artificielles à distance de la physique*. Quand on s'en approche, elles prennent du poids, il y a Matière à penser**. Il y a aussi à apprendre, pour qui n'est pas familier avec la physique d'après 1905. Ces sujets ont été bien vulgarisés et quelques présentations sont trop superficielles (la relativité restreinte dynamite la notion de temps, mais l'auteur ne nous dit pas pourquoi, alors que rappeler une petite expérience de pensée bien connue à propos de voyages lointains aurait suffi), mais globalement le livre résume efficacement et pédagogiquement un siècle de recherches en physique et les questions qu'elles posent au philosophe et au physicien que ne rebute pas un peu d'épistémologie.

Cet essai est rendu plus facile et surtout très vivant par de très nombreuses citations*** (avec peut-être un abus d'Einstein, le physicien le plus connu fait recette) et par un humour qui tombe en général assez juste****. Il s'adresse à un assez large public curieux : pas besoin d'avoir une formation de philosophe ni une connaissance précise de la physique théorique d'après 1980 ; avoir lu quelques articles scientifiques dans la presse générale ces vingt dernières années peut toutefois aider.
Je ne vous rappelle pas à chaque fois que mes lignes ne représentent que mon humble avis pas très autorisé ; ici chacun aura compris que je suis encore plus incompétent en philosophie qu'en physique.


*Que ce soit à propos du temps, du vide, de la causalité, tous ces débuts historiques m'ont semblé un peu verbeux.
** Matière à penser : en effet, de quoi s'occupe la physique : de matière, d'énergie, d'espace, de temps.
*** E Klein a reconnu que l'accusation de plagiat à propos d'un livre précédent pouvait se justifier : pressé, il avait fait des citations sans le préciser. Ici, il se rattrape superbement.
****Mais son analyse du retard d'avion auto-explicatif fait un flop, en plus d'être à mon avis fausse.
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Un premier contact avec Etienne Klein, à la radio : c'était il y a une dizaine d'années ; il faisait la promotion de son excellent « le facteur temps ne sonne jamais deux fois », que je fonce alors acheter chez mon libraire…
Il m'arrive également de suivre « la conversation scientifique » sur France Culture.
Il y a des personnages, comme ça qui vous captivent. Actuellement, Jean-Claude Ameisen, sur France Inter, dans le passé, et dans un autre genre, Claude Villers, Chabrol… Et Etienne Klein...
Une masse critique, et me voilà possesseur (j'en remercie Babélio et les Editions de l'Observatoire) de « Matière à contredire », le dernier opus de l'auteur qui se propose, rien de moins, de rapprocher deux modes de pensée à priori différents : la physique et la philosophie !
« Matière à contredire », un petit ouvrage gigantesque dans la mesure où il revisite façon philo-physique, des notions telles que le temps et sa flèche, le vide qui ne l'est pas autant qu'on le croit, la causalité et la corrélation… avec un humour propre à Etienne Klein.
Plus facile d'accès que « le facteur temps… », un bouquin qui, loin d'apporter des réponses aux questions posées, nous amène à nous hisser dans une réflexion qui ne valide pas toujours nos modes de pensée instinctifs. Décapant ! Et puis croiser Einstein à toutes les pages, si ça ne rend pas meilleur, ça rend probablement moins c… Tout est relatif, n'est-ce-pas ?
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Le célèbre philosophe des sciences français est de retour dans les rayonnages de nos librairies avec Matière à contredire : Essai de philo-physique publié aux Editions de l'Observatoire. L'occasion pour les lecteurs de s'accorder une petite visite à la frontière de deux territoires pourtant pensés comme très éloignés : celui de la philosophie et celui de la physique.


Quatrième de couverture :


La physique et la philosophie sont-elles deux genres de pensée différents ? Pas si sûr? Étienne Klein, à partir d'exemples, montre bien que ces deux disciplines se répondent sans cesse et permettent une approche beaucoup plus affinée.
La physique et la philosophie sont-elles deux genres de pensée différents ? Oui, mais...
Est-il si certain que la physique et la philosophie ne se percutent jamais ? Elles partagent en tout cas une même ambition, celle d'augmenter et de perfectionner, chacune à sa façon, la « connaissance » au sens large. Cela ne suffit-il pas pour qu'elles aient matière à conversations ?
Dès lors qu'on la prend au sérieux, la physique nous écarte de nos pensées les plus ordinaires, secoue nos idées pourtant les plus évidentes et inquiète nos certitudes. Certains de ses résultats modifient même les termes en lesquels certaines questions philosophiques se posent, par exemple à propos du temps, du vide, de la causalité, de la matière, du statut du réel.
Dans cet essai de « philo-physique », Étienne Klein nous entraîne dans une aventure intellectuelle qui invite à « reconstruire la raison ».


L'actuel dirigeant du Laboratoire de recherche sur les sciences de la matière, un organisme dépendant du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), continue son oeuvre de vulgarisation avec ce nouvel ouvrage. Un travail de vulgarisation commencé en 1991 avec Conversations avec le Sphinx, les paradoxes en physique publié chez Albin Michel puis ensuite en 1994 chez le Live de poche. Depuis 24 ans, Yves Klein nous invite donc à interroger notre quotidien, à nous questionner sur des thématiques toujours proches de la physique classique et qui jusqu'alors pouvaient rebuter même les plus téméraires par leur complexité.


Physique quantique, notion de temps, matière noire etc. Cette fois, Etienne Klein s'empare à nouveau de ces thèmes mais les aborde d'une manière radicalement différente : celle de la philosophie. Toujours prompt à nous forcer à quitter nos pensées les plus élémentaires, Etienne Klein invite ses lecteurs à jeter un oeil du côté de la philosophie et du rapport entretenu entre « philo » et physique. Dans la veine d'un Jean-Claude Ameisen, Etienne Klein s'amuse à faire passer les connaissances, à transmettre ses acquis à des lecteurs qui ne peuvent qu'accueillir cela avec grand plaisir.


C'est érudit, c'est captivant quoique parfois bavard, mais une fois n'est pas coutume, Etienne Klein délivre un ouvrage qui touche au but avec, en prime, un Albert Einstein qui habite presque chacun de nos pages. Plusieurs questions trouvent des réponses intéressantes et notre rapport aux thématiques abordées dans ce livre se trouve souvent bousculé. Nul besoin d'un diplôme supérieur en physique, aucune base indispensable à avoir en philosophie : l'ouvrage se laisse lire et se ponctue souvent par des citations et des formulations qui orientent facilement le débat avec une légèreté de ton bien sentie et jamais trop pesante.

« Tel est le paradoxe existentiel du néant : penser « le rien » n'est jamais penser « à rien ». »

« A rechercher dans le passé des précurseurs, nous risquons d'en faire nos fils tout en croyant qu'ils sont nos pères. »


Retrouvez la chronique dans son intégralité sur Lettres it be

Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Passé, présent, futur, temps, espace, vide, masse, matière, cause, effet... des notions qui paraissent triviales tant qu'on ne se penche pas sur elles ;-)
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Très bon livre qui évoque des sujets très intéressants et sur des questions qui n'ont toujours pas de trouver de réponse alors qu'on en parle depuis longtemps.
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Bien écrit.
Sans surprise, les chapitres sur les thèmes que j'ai vu en conférence m'ont donné le sentiment de déjà vu tout du long. Mais c'est différend de lire. Je suis satisfait de cet achat. Il n'est pas trop long, idéal pour le lire à nouveau. En Suisse il est affreusement cher parcontre. Je l'ai payé 10€ de plus que le prix imprimé au dos.
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