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sur 688 notes
Un livre à lire absolument alors que le monde se déchire.
Dans ce livre, écrit à la fin des années 30, Arthur Koestler analyse un régime totalitaire, en l'occurence celui de l'URSS stalinienne.
L'individu n'est rien, c'est le zéro, le parti est tout, c'est l'infini. le JE n'existe pas seul le nous compte : c'est la fiction grammaticale. le parti est "l'incarnation de l'idée révolutionnaire". Il va illustrer son analyse en mettant en scène le procès de Roubachof, bolchévik de la première heure. Cela nous renvoie aux procès de Moscou, organisés par Staline, de 1936 à 1938, dans le cadre des grandes purges. Eliminer les vieux bolchéviks, tous les cadres qui ont participé ou continuent de participer à l'oeuvre du parti. Staline veut des sous fifres dociles. Toute personne ayant une idée opposée aux idées de Staline se trouve écartée du parti, effacée et executée.
Par ailleurs, comme la famine sévit et tue des millions de personnes, il faut trouver des coupables qui seront les boucs émissaires et qu'il faudra châtier. et surtout, qu'il faudra châtier après des procès orchestrés. En effet, l'échec de la politique agricole ne peut être imputée au Parti, car "le parti ne peut pas se tromper".
La révolution doit continuer, avoir des ennemis pour ne pas sombrer dans le conformisme, et donc Staline invente des traîtres. Donc, Roubachof, cadre du parti, doit être jugé et condamné. Lors de son emprisonnement, il va repenser aux personnes qu'il a envoyées à la mort. "La fin justifie les moyens". Quand on n'a pas la foi inconditionnelle dans le Parti, on n'a rien à faire dans ses rangs". " Pour le Parti, il n'y a pas de marcje commune avec les modérés. Ce sont les modérés qui ont trahi le mouvement". (Cette citation me ramène tellement à notre époque). Roubachof écrit dans ses notes "Nous sommes semblables au grand inquisiteur dans la mesure où nous ne considérons pas que le mal se limite aux seuls actes, mais nous l'avons traqué jusque dans les pensées de l'homme. Il repense à sa maîtresse Arlova qu'il n'a pas soutenue et qui a été exécutée, à Richard qui n'a pas distribué des tracts du Parti mais ceux de sa section locale écrits par Richard, qui lui aussi a été exécuté, au petit Loewy qui s'est pendu car désavoué par le Parti suite à un compte rendu de Roubachof. La culpabilité s'insinue dans la tête de Roubacho. "Le pouvoir et l'arbitraire n'ont aucune limite. On éradiquela liberté de la presse, d'opinion, de mouvement. Nous avons construit (Cette citation me ramène tellement à notre époque). Nous avons construit le plus grand état policier de l'histoire". le premier juge à l'interroger, Ivanof, est son alter ego, ils font partie tous les deux des vieux bolchéviks, le second Gletkine, est plus jeune, plus rigide, plus brutal. Il dit "Il faut donner aux masses des causes simples et tangibles aux ensembles complexes et difficiles à comprendre. L'humanité ne s'en est jamais sortie sans boucs émissaires" (Cette citation me ramène tellement à notre époque). Il faut donc des traîtres, inventer des ennemis, qui vont avouer des crimes inventés et ce, sous la pression (tous les moyens de pression sont bons), et leurs aveux galvaniseront les foules et maintiendront la révolution alors que la famine sévit. de multiples allusions à la révolution française et tout particulièrement à Danton qui semble être devenu un modèle pour Roubachof.
Un livre terrifiant qui n'a été plublié en France qu'en 1945 !!!
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Ce livre a été écrit en 1940. Soit seulement quelques années après les grands procès staliniens. Or, la lucidité dont fait preuve ici Koestler, qui a abandonné son engagement communiste après la signature du pacte germano-soviétique, est proprement hallucinante. Il perce le mystère des aveux dans un livre empreint d'amertume, d'ironie et de désespoir. Mais nous, nous ne désespérons pas parce qu'il y eut des Koestler.
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Roubachov est un ancien de la révolution et du parti communiste soviétique.
Il s'est battu, il a eu des responsabilités…
Mais les temps au changé.
Il faut accabler ceux qui sont maintenant des contre-révolutionnaires.
Ceux qui sont « contre » Staline et la nouvelle garde du parti.
Emprisonné, Roubachov doit-il s'incliner ? avouer ? se révolter ?

Véritable plongée dans un système totalitaire à l'arithmétique spéciale.
L'individu est un voire zéro car quand on divise par le peuple par un million, il ne reste rien. Rien qui n'a de valeur.
Roubachov sait que sa vie est en jeu. Il est condamné d'avance.
Il a le choix entre un traitement administratif ou un procès.
Un procès de l'ère Stalinienne.

Dans sa cellule, il se souvient quand lui-même, pièce du jeu politique, il excluait ceux qui déviaient de la « doctrine » d'alors.
L'isolement le conduit à réfléchir sur la révolution, le mouvement, la politique, le peuple.

À quel moment, la « raison » révolutionnaire s'est-elle dévoyée ?
Le parti a-t-il jamais compris et représenté le peuple ?
La fin justifie-t-elle les moyens ?
Moyens effroyables. On a fusillé, envoyés dans des camps pour prétendu sabotage, contre-révolution.

> Il n'existe que deux conceptions de l'éthique humaine, et elles sont diamétralement opposées. L'une est chrétienne et humaniste, elle proclame que l'individu est sacro-saint et affirme qu'on n'a pas le droit de faire de l'arithmétique avec du sang. L'autre repose sur le principe fondamental que le but collectif justifie les moyens, que non seulement il autorise, mais exige qu'on soumette l'individu à la communauté, de toutes les manières possibles, qu'on en fasse un cobaye ou un agneau sacrificiel

Quels genres d'homme peut sortir de cela. Qui est l' « homme nouveau soviétique » ?

> Nous savons que l'histoire ne se soucie pas de la morale et qu'elle laisse des crimes impunis, mais que toute erreur a des conséquences et se paie jusqu'au septième descendant.

Le livre a une portée plus universelle que la simple peinture des purges staliniennes.
Il est beaucoup question de l'usage global de la violence, du rapport au peuple, de la capacité du peuple à résister, de sa maturité face aux changements de la société

> Tout progrès technique entraîne une complexité accrue du processus économique, l'apparition de nouveaux facteurs et de nouvelles intrications que, dans un premier temps, la masse n'est pas capable de discerner et de comprendre. Tout progrès technique subit entraîne donc dans un premier temps une régression intellectuelle relative des masses, une chute du thermomètre politique de la maturité

Vaste sujet que la maturité du peuple

> le niveau de maturité politique d'un peuple détermine la dose de liberté individuelle qu'il est capable de conquérir et de conserver

Roman de son époque, il est pourtant terriblement contemporain

> Nous sommes indiscutablement confrontés ici à un mouvement pendulaire de l'histoire, de l'absolutisme à la démocratie et, dans l'autre sens, de la démocratie à la dictature absolue.

Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Super livre car c'est mon papa et ma maman qui me l'ont offert pour mon anniv (🎉) mais aussi pcq la couverture est top. Gros point négatif il y a zéro dessins à l'intérieur et comme je sais pas lire ca rend l'expérience un peu insipide. Allez bisous
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Livre siderant sur le totalitarisme et son emprise sur la pensée. Décidément la réalité est plus incroyable et fascinante que la fiction ( ça reste un roman tout de meme)Je l ai lu d une traite comme un thriller facon"page turner" voici une vingtaine d année
Je n ai pas essayé un autre Koestler et c est un tord...mais ce bouquin c'est comme un Everest de la littérature, l impression qu on est au sommet, qu on n ira plus jamais plus haut.
Enorme
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Le Zéro c'est l'individu, ramené à son néant indistinct, broyé par l'Infini du totalitarisme qui a tout pouvoir sur lui.
Ce roman commence par l'arrestation de Roubachov, ancien n°2 du Parti, et montre comment il sombre progressivement dans le renoncement, l'abdication, les ténèbres du fond de la cave où il est interrogé, sous la lumière éblouissante de la lampe braquée sur lui. Plus rien n'a de sens, ni son passé, ni ses aveux, la vérité n'existe pas dans cet État qui n'est jamais nommé mais dont les sources d'inspiration, en 1940, sont aisément identifiables. Les bourreaux d'un jour sont les victimes du lendemain, on trompe ses amis comme ses ennemis et pour ne même pas sauver sa peau. Dans l'alternance des pensées, des interrogatoires et du journal de Roubachov, l'auteur donne à voir un monde aux valeurs fluctuantes, où chacun joue sa vie sur des détails insignifiants, pensant toujours obéir à sa propre ligne mais sans jamais savoir si elle suit ou dévie de celle qu'il faut suivre absolument. Ainsi se trouve mise en évidence une partie des rouages sur lesquels repose le totalitarisme et qui n'a pas manqué d'inspirer George Orwell dans ses deux ouvrages majeurs. Les pensées du personnage reposent sur une grande base théorique, mais son propre questionnement ne manque pas d'interroger le lecteur sur les limites et l'absurdité des comportements humains, d'autant plus proches de zéro qu'ils croient tendre vers l'infini.
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J'ai lu avec beaucoup d'intérêt dans cette nouvelle traduction ( j'avais lu le livre une première fois il y a 30 ans et je me souvenais presque de rien, j'ai eu un peu honte...). le personnage principal est isolé dans une cellule, en attendant d'être - longuement, très longuement- interrogé par le NKVD. Il communique ponctuellement avec ses voisins en tapant sur les murs et cela donne lieu aux rares dialogues détendus (si non peut dire) du livre. On est à Moscou dans les années 1930, ce sont les procès de Moscou. Enfin on le suppose car le livre donne tantôt des éléments précis sur l'URSS, et parfois se situe dans un pays à la limite de l'invention. Staline est d'ailleurs appelé N°1 dans le livre. La Sibérie n'est pas nommée en tant que telle. J'imagine que cela contribue à la portée universelle de ce livre qui précède 1984 dans la dénonciation puissante du totalitarisme, même si le livre n'englobe pas exactement nazisme et stalinisme.
le livre constitue une vaste et ambitieuse réflexion sur les moyens que l'on peut employer au nom de ses idées, dans le cadre par exemple d'une révolution. Il y a vraiment des pages exceptionnelles à ce sujet. On sera presque surpris de voir Dostoïevski (celui de Crime et Châtiment) cité dans le texte pour argumenter en faveur de l'humanisme, quand on a pris l'habitude, récemment de limiter ce grand auteur à ses sentiments excessivement nationalistes.
le livre est incontestablement beau et tragique. J'ai été sensible aux pages décrivant par ailleurs les amours du narrateur avec une secrétaire, moment de poésie douloureuse dans un univers terrifiant.
Toutefois je n'ai pas été sensible à toutes dimensions du livre et j'ai trouvé un peu datées certaines pages qui tendent à ressembler à une dissertation de philosophie.
Néanmoins j'ai été impressionné par cette dénonciation puissante du totalitarisme soviétique.
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L'action se passe dans un pays totalitaire qui n'est pas nommé mais dont on peut deviner qu'il s'agisse d'un Etat de l'ancien bloc soviétique. L'auteur s'est inspiré des procès de Moscou de 1936 à 1938 qui ont eu pour but de supprimer des opposants potentiels à Staline, et d'anciens compagnons de Lénine.
Le héros, Nicolas Roubachof, est arrêté et emprisonné pendant tout le roman et il se remémore sa vie alors qu'il est dans sa cellule. S'est l'occasion pour lui à la fois de refaire sa vie mais surtout de s'interroger comme jamais il n'a été amené à le faire avant. Car si Roubachof est aujourd'hui une victime comme une autre du régime, il fut avant l'une de ses chevilles ouvrières, un terrible membre actif. « Vendu » par sa secrétaire, sa fidélité au parti est mise en doute, il se défend très peu et est jugé. Celui qui participait avant aux atrocités du régime est désormais vu comme un opposant à ce même régime. C'est désormais à lui d'en connaître le côté répressif. C'est clairement l'arroseur arrosé.
Ecrit entre 1938 et 1940 en allemand, publié en anglais en 1940 au Royaume-Uni, ce roman n'est paru qu'en 1945 en France. Il demeure très actuel par la morale qu'il contient : tout régime peut tomber et broyer ses membres.
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Roubachov, un ancien commissaire du peuple est emprisonné pour être jugé selon la technique en vigueur dans l'Urss de l'entre deux guerres. Selon la technique de l'arroseur arrosé, Koestler nous livre une vraie réflexion sur le pouvoir et la chose politique.
Sans vraiment s'en cacher, il critique le système soviétique poussé à sa plus absurde logique. Dictature du peuple, mais dictature tout de même.
Le propos peut se résumer à cette simple question : sacrifieriez-vous dix personnes si cela peut en sauver un million ? Posé comme cela, la réponse est évidente, tel un contre-feu obligatoire pour juguler l'incendie. Soit. Maintenant, je repose la question : accepteriez-vous de voir toute votre famille abattue si cela doit épargner toute la nation.
Non, évidemment, non.
On sera toujours plus touché par la mort d'un proche que par l'ensevelissement sous un tsunami ou l'anéantissement par un virus de milliers d'inconnus au bout du monde.

Roubachov reconnait ce crime aux yeux des soviets : il a placé un moment l'humain au-dessus de l'humanité. Sacrilège. Et d'écrire sa confession sous la forme d'une thèse sur la maturité politique des masses, passionnante par ailleurs, qui veut que le peuple ne peut jouir d'une réelle démocratie que s'il maitrise le progrès technique. Pure chimère depuis l'ère industrielle : l'évolution technique va si vite qu'il nous est impossible de simplement suivre le train en marche. Nous serions donc tous condamnés à vivre sous une dictature.
Seulement, nous sommes des mammifères supérieurs, placés tout en haut de la chaine alimentaire et notre mode d'évolution est la stratégie K, selon les écologues McArthur et Wilson, développée en 1967 (soit 22 ans après le bouquin de Koestler) qui s'oppose à la stratégie R.
Dans le premier mode de civilisation, l'espèce mise tout sur le développement dans un cadre un tant soit peu sécurisé : une grande part est donnée à l'éducation. Nous partageons avec les primates et les prédateurs cette façon de perpétuer l'espèce. Dans le second mode, tout est basé sur une forte reproduction, à la croissance rapide et à la maturité précoce. C'est le système mis en place notamment par tous les insectes. Ces sociétés finalement assez proche du système soviétique (fourmilière, ruche). Et cela marche parfaitement : certaines espèces n'ont plus évolué depuis des dizaines de millions d'années, preuve que leur société est parfaitement équilibré et insérée dans leur environnement. L'humain ne peut et ne pourra jamais fonctionner de cette façon. Koestler en donne une preuve sans détour : le besoin qu'ont les prisonniers de communiquer entre eux, par un système de code.
D'aucuns vont penser que cela est d'un autre temps et d'un autre pays. En êtes-vous vraiment sûr ? le monde libéral et globalisé ne participe-t-il pas de la même logique ? Sous des dehors de totale liberté, nous sommes enfermés dans nos propres cellules en possédant même la clé mais ne pouvant s'en servir, ne le désirant même pas. A grand renfort de marketing et de publicité, ce monde libéral nous conditionne mieux que toutes les polices de Staline ou d'Hitler. le constat est simplement moins visible. Mais il est là : afin de gouverner les foules, on doit faire abstraction de l'individu. Machiavel n'est pas loin.
Cependant, à l'heure où refont surface dans toute l'Europe des nationalismes érigés sur des idées nauséabondes, ce libéralisme destructeur n'est-il pas le seul rempart face à une douloureuse répétition de l'Histoire ? Serions-nous condamnés à devoir choisir entre la peste et le choléra ? N'y a-t-il pas de troisième voie possible, souhaitable ? L'humain ne peut-il triompher de l'humanité ?
Notons, au passage, l'excellente idée du titre en français – chose rare – puisque l'original (ténèbres de midi) ne fait aucunement allusion au dilemme central du roman et se concentre uniquement sur l'interrogatoire qui se poursuit, par tranches, sans plus aucune notion du jour ni de la nuit.

Outre qu'il nous est bien difficile de nous identifier à Roubachov (n'a-t-il pas ce qu'il mérite, après tout ?), on ressort de ce roman avec un désenchantement qui nous colle à la peau comme une chemise glacée.
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J'ai dû lire ce bouquin à 17-18 ans, et je n'ai jamais oublié Roubachov, victime des purges staliniennes après en avoir été lui même l'instrument.
Dans sa geôle, les crimes et les trahisons qui lui reviennent en mémoire lui paraissaient nécessaires, quand il éliminait en toute bonne foi ses anciens compagnons d'armes, autant qu'elles doivent paraitre aujourd'hui à celui qui est chargé de lui faire avouer à lui, Roubachov, ancien dignitaire du parti, des crimes imaginaires.
J'ai toujours en tête la dernière phrase, une des plus belle fin jamais écrite, qui me flanque encore les frissons ...
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