J'en suis encore à me demander si je viens de lire un recueil de nouvelles ou un roman choral dont chaque chapitre prend l'appellation « nouvelle »…
Mary Robinette Kowal est une autrice américaine de science-fiction qui s'est notamment illustrée en France avec son roman
Vers les étoiles, publié aux éditions Denoël, et dont le présent titre,
Lady Astronaute, reprend un personnage-phare ainsi que plusieurs personnages, lieux et faits déjà évoqués dans le roman.
Nous sommes en présence d'atompunk – ou de raypunk : le débat est ouvert -, soit un genre uchronique dans lequel la société s'est arrêtée aux énergies, à la politique, la mentalité, etc. du début de la Guerre Froide. L'énergie nucléaire est relativement nouvelle, les cartes perforées sont la base de toute la technologie ; la Lune, Vénus et Mars sont globalement colonisées et il se peut même que Thomas Dewey soit le 33ème Président des Etats-Unis d'Amérique depuis 1948, là où en réalité c'est son adversaire
Harry S. Truman qui a occupé la place sur deux mandats consécutifs. Une série vidéoludique comme Fallout reprend beaucoup de codes de l'atompunk – ou du raypunk – dont la musique. Mais le visuel des Martiens dans Mars Attacks! de
Tim Burton est également inspiré des pulp SF des années 50-60. Voilà : même si vous ne savez pas ce que sont l'atompunk ou le raypunk, vous en avez déjà rencontré sans le savoir.
Lady Astronaute est un recueil de cinq nouvelles – mais en est-on vraiment sûrs ? - qui se passent durant la Guerre Froide. Mars, la Lune et Vénus ont été colonisées, les cartes perforées sont une technologie indispensable, et Elma York est une pionnière de l'exploration spatiale, car elle est la première à avoir posé le pied sur Mars dans les années 1950. Personnage central dans le roman
Vers les étoiles que je n'ai pas lu, elle est mentionnée dans la nouvelle L'Expérience Phobos, présente au second plan dans le rouge des fusées et revient sur le devant de la scène dans la très belle et très émouvante
Lady Astronaute de Mars.
Mary Robinette Kowal sait écrire une nouvelle : certes, ça reste très classique, mais en peu de pages, en peu de mots, elle sait insuffler une humanité dans ses histoires, au point qu'on à l'impression non pas de lire, mais de vivre lesdites histoires. Et la fiction devient très vite autofiction, voire témoignage. C'est puissant, c'est très poétique, ça me donne tellement envie de lire le roman qui a fait découvrir Elma York.