En 1995,
Jon Krakauer est un bon alpiniste amateur et exerce le métier de journaliste reporter. Il a cessé les ascensions dangereuses mais le magazine "Outside" lui propose une commande : un article sur l'ascension de l'Everest, le plus haut sommet du monde. Après un an d'entrainement pour avoir les conditions physiques requises, Krakauer rejoint l'expédition de Rob Hall, guide chevronné qui va l'emmené, ainsi que plusieurs autres amateurs, au sommet de la plus haute montagne du monde. Une expédition qui sera marquée par des évènements tragiques.
Environ six mois plus tard, l'auteur, toujours traumatisé par cette expérience, revient sur le récit de l'expédition.
Le récit commence avec l'explication des motivations de l'auteur à se lancer dans cette expédition et se termine dans les semaines qui ont suivi son retour chez lui.
Le récit comporte deux parties. Dans la première, l'auteur présente les personnes, le contexte, le fonctionnement des camps, l'articulation entre les différentes expéditions, il explique des notions de base de l'alpinisme, les réactions du corps humains à l'altitude, le tout au travers de la narration des semaines d'exercices d'acclimatation à la haute altitude. La seconde partie se déroule sur 3 jours seulement, c'est celle de l'ascension jusqu'au sommet et surtout, de la redescente. le tout terminé part un épilogue sur les mois suivants.
L'écriture est très réussie. L'auteur s'applique à donner des explications claires et accessibles à tous. Il prend un soin méticuleux à retranscrire les évènements avec beaucoup de précision, partant chercher auprès d'autres personnes les informations dont il ne dispose pas ou une version à laquelle confrontée ses souvenirs embrumés par le manque d'oxygène.
Mais le plus réussi est, selon moi, qu'il arrive à partager ses émotions, ses sentiments, mais aussi ses avis tout en laissant toute liberté au lecteur de se forger sa propre opinion sur les évènements, le contexte, les personnes. Il arrive à conjuguer son parti pris personnel et l'espace de libre pensée du lecteur.
Dans la première partie, j'ai pris une grande claque. J'avais l'image, sans doute cliché, du petit groupe de grimpeurs s'attaquant seul à la montagne, isolé pendant des semaines. Ce que Krakauer raconte, c'est la multitude d'expéditions commerciales qui se présentent sur les flancs de l'Everest au printemps, des camps étendus, des embouteillages d'alpinistes ! J'ai également été étonnée par le rôle des sherpas. Je savais qu'ils avaient une place importante dans les ascensions. Ici, j'ai appris qu'elle n'était pas importante mais plus qu'indispensable. J'ai été très étonnée par les descriptions des personnes se lançant dans le défi de cette ascension.
Dans la deuxième partie, je n'ai pas pu lâcher mon livre ! La tension grimpe au fur à et mesure que l'auteur progresse vers le sommet et peu après qu'il rebrousse chemin vers le camp, la situation bascule, un engrenage terrible s'enclenche composé de tellement d'éléments et de "et si..." On ne peut pas fermer les pages sans savoir qui arrivera à redescendre, dans quel état, et après avoir traversé quoi.
J'ai été prise par ma lecture au point de frissonner de froid alors que la température de la pièce était très douce et à faire jouer mes orteils pour vérifier que je les sentais toujours ! le livre fermé, je m'attendais presque à me levée fourbue de courbature.
En bref : à lire ! Pour le récit, pour le témoignage, pour l'Everest, mais aussi pour l'écriture fébrile dans laquelle suinte le besoin d'exorciser, de comprendre, de s'excuser mais aussi celui de faire savoir, faire comprendre, à tous.