AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,28

sur 562 notes
5
37 avis
4
23 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis
Ces hommes sont vraiment fous ! Peu importe ce qui les motive – soif de gloire, de conquête, goût de l'aventure, fascination pour le risque suprême, l'argent, un romantisme désespéré, ou bien tout cela à la fois – ils sont prêts à toutes les souffrances, tous les sacrifices pour accomplir leur rêve démesuré : marcher sur le toit du monde.
8848 mètres ! A cette hauteur, nous avons quitté l'atmosphère pour rejoindre la troposphère où l'oxygène est une denrée rare. Mais pour fouler des pieds cette pointe d'aiguille balayée par le vent glacial, pour avoir vraiment la tête dans les nuages, que d'épreuves, de tourments, de risques encourus, de dangers écartés de justesse, de frayeurs surmontées… Les marches interminables et harassantes à travers les roches grises ; les contournements risqués des glaciers qui se déplacent ; les crevasses à traverser, les parois à grimper ; le vent glacial et le soleil brulant à supporter ; l'oxygène qui se raréfie et les membres qui s'affaiblissent. C'est au bord de l'apoplexie, au bout de l'épuisement que l'on atteint enfin la « zone de la mort ». Située à 7500 mètres d'altitude, l'homme y est indésirable, et c'est pourtant là que tout commence. Sagarmathaji, la déesse-mère de la terre, ne se laisse pas facilement approcher, et le chemin qui mène au toit du monde est semé de cadavres.
En bon journaliste d'investigation, John Krakauer commence par énumérer la longue liste de tous ces écervelés qui, dès le XIXème, ont tenté, pour le meilleur et pour le pire, la Grande Aventure, jusqu'à ce jour tragique du 10 mai 1996 où le « toit du monde fut l'objet d'une véritable hécatombe. » John Krakauer nous livre de la manière la plus objective possible les derniers moments sur l'Everest de ces alpinistes chevronnés aux horizons et aux motivations différents, mais qui ont ensemble ce point commun : un désir fou, une quête de l'impossible – de leur Graal – plus fort que la raison. A leur retour trop tardif vers le camp de base, ils sont surpris par un blizzard terrifiant. Certains sont avalés par la montagne ; d'autres parviennent à se sortir de cet enfer. Incapables de venir en aide à leurs compagnons, ou leur ayant tout simplement tourner le dos pour sauver leur peau, les survivants devront endurer le poids du remord.
Un roman-témoignage, un roman-enquête, d'une grande force qui parle de ces hommes submergés par leur passion, par ce quelque-chose de plus important que leur propre existence.
Commenter  J’apprécie          9712
Ce n'est pas nouveau, j'adore tout ce qui parle d'escalade et de montagne.
Tragédie à l'Everest... j'avais vu le film, il me fallait lire le livre.
.
L'auteur, Jon Krakauer, journaliste américain pour le magazine Outside, participe à une expédition commerciale dirigée par Rob Hall.
Son rival en affaires, Scott Fisher, décide de guider son groupe de clients jusqu'au sommet le même jour.
D'autres groupes choisissent également cette date pour tenter de rejoindre le toit du monde.
.
À tous les clients, dont certains sont inexpérimentés, s'ajoutent les sherpas et les guides.
.
Ça en fait du monde sur cette montagne et forcément, on n'accède pas au sommet par 50 chemins, d'où des encombrements dignes de l'ouverture des grands magasins un jour de soldes.
.
Tout le monde sait que le 10 mai 1996 fut meurtrier sur l'Everest...
.
Dans ce livre auto-biographique, l'auteur nous raconte en détail le déroulement de l'escalade.
Il évoque également chaque participant de manière précise et c'est appréciable, on a l'impression de les connaître, sans toutefois s'y attacher parce qu'ils sont bien trop nombreux.
.
J'étais d'ailleurs complètement perdue dans les noms / prénoms, mais ça ne m'a pas empêchée d'apprécier le récit.
.
Jon Krakauer nous parle aussi de l'état du pauvre Everest, avec toutes ces allées et venues. Les tonnes d'ordures, les cadavres laissés sur place...
.
Il tente bien de déterminer pour quelles raisons l'hécatombe a eu lieu, mais on ne saura jamais vraiment. L'horaire de descente pas respecté, les cordes non posées, et bien entendu la tempête qui s'est déchaînée.
.
J'ai beaucoup aimé ce livre, mais ça fait déjà un moment que ma colère couve contre la détérioration de ce site d'exception.
.
D'autre part, je ne comprends pas qu'on décide de monter à plus de 8 800 mètres alors qu'on est juste grimpé sur un caillou à Fontainebleau.
Franchement, je nage très bien, c'est pas pour autant que je vais entreprendre de traverser l'Atlantique avec une bouée canard !
.
Je ne comprends pas non plus pourquoi des alpinistes chevronnés acceptent d'accompagner des novices dans une telle aventure.
.
Et à propos d'argent, je ne comprends pas pourquoi les sherpas sont si mal payés avec tout le gros du boulot qui leur échoit.
.
En tout cas, l'homme ferait bien de se rappeler qu'au bout du compte, c'est toujours la nature qui gagne.
.
*******
.
Le mot de la fin : L'auteur n'a pas recherché la beauté du style, il énonce les faits en mode brut de décoffrage. Les chapitres courts sont addictifs, et j'ai dévoré ce livre, n'ayant qu'une hâte, le retrouver quand je devais m'en éloigner.
.
.
Commenter  J’apprécie          6233
Ça faisait longtemps qu'un livre ne m'avait passionné à ce point !

« Tragédie à l'Everest » ou le récit d'une expédition sur le toit du monde qui a mal tourné.

Jon Krakauer, écrivain et alpiniste, travaille pour le magazine Outside qui lui commande un article sur l'Everest, il accepte de l'écrire à une condition qu'on lui laisse un an pour sa préparation physique. le journal accepte et le 29 mars 1996, il s'envole vers une aventure désespérément périlleuse. Il rejoint un groupe totalisant 8 personnes avec comme guide l'illustre Rob Hall d'origine Néo-zélandaise. Sur ces 9 personnes, cinq arriveront au sommet, mais un seul en reviendra vivant.

Quelques semaines après son retour, Jon Krakauer écrira son article, recoupant les témoignages de ceux qui tentaient l'ascension à cette période, c'est à dire début mai 1996.

La tragédie s'est produite le 10 mai, une tempête de neige s'abat sur la montagne, les éléments se déchainent et les alpinistes, pris au piège devront lutter pour résister au froid, à la fatigue, au manque d'oxygène et à l'individualisme. Cette lecture nous en apprend énormément sur l'expérience des aventuriers, leur préparation, les périodes d'acclimatation en haute altitude, la concurrence qui se joue entre les diverses expéditions commerciales. Les guides, anciens aventuriers, qui à un moment donné se voient contraints d'arrêter l'escalade sponsorisée, car trop dangereuse. Qui pourrait imaginer que pour attirer les sponsors, il faut surenchérir, aller toujours plus haut et quand on est allé au sommet, recommencer avec plus de contraintes.

Il faut beaucoup de détermination pour atteindre le sommet, il faut beaucoup d'intelligence pour faire demi-tour à quelques dizaines de mètres seulement. En tant que lectrice qui n'a jamais pratiqué l'escalade, je pensais que le plus dur était d'atteindre l'objectif. Ce à quoi je ne pensais pas, c'est qu'une fois arrivé, il faut redescendre. Franchir une seconde fois tous ces passages périlleux en ayant accumulé la fatigue de la montée, de ces jours où l'oxygène s'était raréfié. Je pensais bien aux gelures des doigts, du nez, mais pas aux oedèmes. Je m'imaginais les tensions qui pouvaient naître au sein du groupe, je n'imaginais même pas la compétition entre équipes. Je m'imaginais des alpinistes aguerris, j'étais loin de penser que les tickets pour l'Everest s'achetaient très cher, l'appât du gain augmentant les risques pris par le groupe. Un seul homme ou une seule femme ne sachant plus se gérer seul devient un danger pour les autres. D'ailleurs, on apprendra dans ce récit qui l'école russe, pousse les alpinistes à ne pas s'occuper des plus faibles, le but étant de monter et de rester en vie, pas de secourir autrui.

Il y a tant de choses dont je voudrais encore vous parler, mais le mieux, c'est de lire ce livre, qui vient de passer en tête de mon classement des lectures de l'année. C'est une histoire passionnante, prenante, enrichissante et qui vous fera voir l'alpinisme extrême d'une autre façon.

Vous l'aurez compris, « Tragédie à l'Everest » de Jon Krakauer, vient de rentrer dans ma catégorie coup de coeur. Et pour couronner le tout, Jon Krakauer qui est également l'auteur d"'Into the wild" possède une écriture très rythmée qui fait que l'on ne s'ennuie pas une minute.


Lien : http://que-lire.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          555
Contesté et peut-être contestable, Tragédie à l'Everest est le témoignage passionnant de Jon Krakauer sur la mortelle ascension du sommet à laquelle il participa le 10 mai 1996.

Ce jour-là, ils furent une trentaine à partir avec leurs piolets, 24 à parvenir tout en haut, mais 8 de moins à redescendre. La faute au blizzard, à l'encombrement des voies d'accès en ce jour d'affluence, aux mésententes entre les guides ou les sherpas, aux mauvaises décisions, aux candidats incompétents, mal préparés ou trop équipés, à l'ivresse des cimes qui empêche de renoncer...

Jon Krakauer décrit tous ces petits grains de sable dans les rouages qui seraient anodins en plaine mais se révèlent catastrophiques dans la 'zone de la mort', cette partie de la montagne au-delà de 7500m d'altitude où le manque d'oxygène, le froid, le vent et les crevasses empêchent de vivre très longtemps. C'est son interprétation qu'il donne, apparemment différente de celle que d'autres survivants ont donné dans d'autres livres, mais elle est bouleversante et fascinante.

En alpiniste passionné et compétent, il raconte aussi l'histoire de la conquête de l'Everest, les rêveurs et les inconscients qui s'y sont attaqués, les différents camps pour y parvenir, les phases d'acclimatation à respecter, les dérives des expéditions commerciales, le rôle des sherpas, la pollution, la polémique sur les bouteilles d'oxygène, le quotidien morose des alpinistes rythmé par les douleurs ou les malaises, l'impossibilité de penser correctement quand on est si près du but, la concurrence entre les équipes, l'individualisme ou la connerie de certains...

Je ne sais pas si c'est très normal ou moral d'avoir autant apprécié un témoignage sur la mort de 8 personnes dans des conditions glaciales et glaçantes. Mais le fait est que j'ai énormément aimé cette lecture, bien plus que Into the wild du même auteur.

Challenge Multi-Défis 15/52
Commenter  J’apprécie          472
Jon Krakauer, est-il vraiment journaliste ? Il écrit trop bien ! Dés le début , il m'est apparu que " La tragédie à l'Everest " est construit comme "Marie Antoinette" de Stefan Zweig : la fin est annoncée au début du livre, et elle est répétée tout au long du récit, ces 2 tragédies sont une succession de maladresses, la montagne est aussi rude et incontrôlable que le peuple de Paris, Kraukauer, tout comme Zweig, essaye de donner des arguments psychologiques à ses personnages à partir de faits réels. J'ai souffert pour Marie Antoinette et j'ai souffert pour les montagnards. le poids de faits réels crée une tension qui captive. le récit a changé ma vision des exploits himalayens.
Commenter  J’apprécie          451
Tragédie à l'Everest est un ouvrage unique parmi les livres d'alpinisme.
Si vous entamez cette lecture, autant vous prévenir : ce que vous y trouverez n'est pas très joli.
Je serais tentée de vous mettre en garde et de vous dire : "Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance." Toute espérance et toute foi en l'être humain.
Jon Krakauer raconte, de l'intérieur, un drame qui s'est déroulé sur l'Everest en 1996 ; drame qui a coûté la vie à huit personnes, dont deux guides chevronnés. Un drame qui aurait pu, qui aurait dû, être évité.
À l'origine, l'auteur, journaliste pour un magazine d'aventure et excellent alpiniste lui-même, devait faire un reportage sur les expéditions commerciales.
Que viens faire le commerce avec l'alpinisme de haute altitude me direz-vous... et vous aurez raison !
Mais la nature humaine étant ce qu'elle est, la volonté de profit à tout prix, et la bêtise de penser que tout peut s'acheter se sont rencontrées et ont donné naissances aux agences commerciales spécialisées dans l'Everest.
Vous rêvez de vous "payer" le toit du monde ? Si votre compte en banque est suffisamment garni, aucun problème. Il suffit de vous inscrire, et l'agence organise tout pour vous : la mise disposition d'un guide, le recrutement d'une équipe de sherpas, la logistique... bref, tout, absolument tout.
Vous n'avez pas le niveau physique et encore moins mental pour vous lancer dans l'aventure ? Pas grave ! Vous payez, c'est tout ce qu'on vous demande.
Il va sans dire que les différentes agences se font une concurrence féroce, et essaient à tout prix d'avoir les meilleures statistiques, les meilleurs taux de réussite pour attirer le client. D'où des risques inconsidérés et des décisions déraisonnables, quelquefois lourdes de conséquence, à des altitudes où cela pardonne rarement.
Alors, que nous raconte Krakauer ? Toute l'histoire, et pas seulement celle de la tragédie, mais celle de toute l'expédition.
Après un bref rappel historique, l'auteur démarre le récit des évènements de 1996. L'arrivée à Katmandou, l'installation au camp de base, la progression dans les différents camps supérieurs. Un récit banal si j'ose dire, pas au sens péjoratif, mais au sens d'habituel, comme on peut en lire dans d'autres ouvrages. Une qualité d'écriture en plus, car Jon Krakauer écrit vraiment bien. Son livre est une chronique précise, vivante et humaine de l'aventure ; pleine d'émotion également, car l'auteur a écrit ce texte quelques mois seulement après les évènements.
Krakauer détaille les dangers et les conséquences physiologiques et psychologiques de la très haute altitude, en particulier dans ce que l'on appelle couramment la "zone de la mort", au-dessus de huit mille mètres. On comprend alors très bien pourquoi les sommets de plus de huit mille mètres forment une catégorie à part, et pourquoi ils sont réservés à des alpinistes spécialement entraînés physiquement et mentalement. On comprend également pourquoi dans l'ascension de l'Everest, à partir du moment où l'on atteint ce palier fatidique, il faut se dépêcher, et ne pas rester trop longtemps dans cette zone hostile à l'homme : la survie en dépend.
On comprend parfaitement bien, grâce au récit de Jon Krakauer, l'enchaînement des évènements qui ont conduit à la tragédie.
Du fait de l'encombrement lié au trop grand nombre d'alpinistes (dont certains, absolument pas au niveau, sont plus ou moins tirés et poussés par des sherpas) attaquant le sommet le même jour, les différentes cordées doivent faire la queue pour franchir le ressaut Hillary. Absurde ! Vous imaginez ? Une queue, comme à un remonte-pente d'une station de ski. À plus de huit mille mètres d'altitude ! L'heure limite raisonnable (14 heures) à ne pas dépasser pour entamer la descente dans de bonnes conditions se trouve en conséquence largement dépassée, et de nombreuses personnes, au lieu d'être à l'abri au camp, sont encore dehors lorsqu'une tempête se lève, et que la nuit tombe. On connaît le résultat.
Tragédie à l'Everest est un vibrant réquisitoire contre la dérive des expéditions commerciales. Que penser, lorsque l'on connaît l'histoire, de ces mots d'un guide de l'une de ces entreprises : "Nous avions décidé de fixer à 14 heures l'heure limite. Quiconque n'était pas tout près du sommet à cette heure-là devait faire demi-tour et redescendre. C'était à Scott d'obliger les clients à faire demi-tour. Nous en avions parlé et je lui avait dit qu'en tant que troisième guide je ne me sentais pas à l'aise pour dire à des clients qui avaient payé 65 000 dollars de redescendre." Voilà. C'est à désespérer, non ?
Si cette histoire vous intéresse, je vous conseille la lecture du livre de Lene Gammelgaard, "Là-haut. Une femme sur le toit du monde" Elle y donne un autre éclairage de la tragédie, ayant été elle-même membre d'une expédition commerciale, concurrente de celle dont faisait partie Jon Krakauer. Elle était de plus une alpiniste chevronnée, entraînée, dont la présence sur l'Everest était tout à fait légitime.
Enfin, si vous vous intéressez à l'alpinisme pur et authentique, je vous recommande vivement le livre d'Edmund Hillary "Au sommet de l'Everest". Vous revivrez la conquête de l'Everest, par des pionniers qui ont dû batailler pour trouver leur chemin, qui ne bénéficiaient pas de cordes et d'échelles fixes... de vrais aventuriers, de vrais alpinistes. Un livre magnifique !
Commenter  J’apprécie          426
C'est avant tout le récit, le témoignage d'un drame, drame de la montagne, drame des comportements des hommes et des femmes participant à ces expéditions vers le sommet de l'Everest dans lesquelles l'aspect commercial a réellement primé au mépris des mesures de sécurité basiques.

Sagarmatha, la déesse, l'Everest en népalais, n'a pas admis que ces expéditions viennent la souiller, de leurs bouteilles d'oxygène, de leurs objets et vêtements perdus, et finalement de leurs corps, gelés, quasiment momifiés suite à trop d'erreurs.

Jon Krakauer raconte cette expédition en détail, quelquefois avec confusion, répétitions, mais, en tout cas, il restitue un vécu, douloureux pour tous, les morts comme les survivants marqués à jamais par ce 10 mai 1996, journée de désastre humain.

Son texte est à lire assurément, par tout amateur de montagne, d'aventure, de risque, de démesure. Mais son récit scrupuleux des faits manque cruellement de qualité littéraire, du lyrisme que peuvent inspirer ces sommets, de réflexion sur le sens des démarches de chacun des participants y compris lui-même qui se retrouve presque par hasard au sein de cette expédition malheureuse.

La poésie des sommets, de l'ivresse des cimes, de la mort presque choisie est absente de ce livre qui se limite à un reportage malgré tout intéressant.
Commenter  J’apprécie          385
Encore une grande claque ! de froid, de vent glacial, d'adrénaline et de cerveau quasi privé d'oxygène à partir de 8500 mètres d'altitude : la zone de la mort ...Brrrrr !!!
Ce journaliste est un écrivain ! Cherchant la vérité dans les comportements les plus extrêmes des hommes. Après l'inoubliable, l'infiniment troublant Christopher McCandless d'Into the Wild, voici les alpinistes d'Into thin Air, le titre américain de ce livre. Vaincu par Tensing Norgay et Edmund Hillary en 1953 (le Sherpa en premier, pour une fois. Soyons claire, sans eux, pas d'Everest, à l'exception des deux ou trois surhommes qui montent avec la méthode alpine : sans porteurs, tout seuls comme des grands), donc, vaincu en 1953, le mont Everest est devenu un enjeu économique pour le Népal et la Chine. Chaque année, une centaine d'alpinistes, parfois peu ou pas assez entraînés, viennent défier le toit du monde. Ils sont emmenés au sommet par des guides qualifiés et des sherpas, qui portent les affaires, préparent les camps, montent les tentes, mettent les cordes sur les falaises, les glaciers, creusent les marches, disposent les réserves d'oxygène etc...Bref, balisent toute la rando jusqu'au sommet. Sauf que c'est tout sauf une rando. C'est un lieu d'un danger extrême, l'altitude de vol d'un avion en rythme de croisière. Peu d'oxygène, un froid glacial, des vents violents, et une fenêtre d'action pour escalader jusqu'en haut très étroite : après l'hiver, avant la mousson. Soit, en gros, le mois de mai...
En 1996, toute la ville est là. Des Anglais, des Américains, des Sud Africains, des Japonais, un Français, des Suisses en solitaire, j'en passe et des meilleurs, et, bien sûr, tout le monde veut monter au même moment : entre le 8 et le 11 mai. Parmi tout ce beau monde, John Krakauer, célèbre journaliste d'Outside. Il accompagne pour en faire un article l'expédition menée par le guide chevronné Bob Hall, et, étant lui-même un très bon grimpeur, il a décidé de tenter lui aussi le sommet.
Le livre est le récit de cette ascension cauchemardesque. Tout s'enchaîne, tout semble se liguer contre les humains à l'assaut du monstre glacé, jusqu'à la catastrophe.
Krakauer écrit sous la pression de sa culpabilité, mais son récit, comme dans Into the Wild, reste d'une sobriété hypnotique. Des personnages fabuleux, mus par une mélancolie et des ténèbres inexplorés, se dévoilent au fil des pages. Rob Hall, Scott Fischer, Anatoli Boukreev, Beck Weathers, Sandy Hill, John Krakauer lui-même, nul n'est innocent de gravir cette montagne et chacun sait qu'il n'y va pas seulement pour le bon air et manger-bouger.com. Non, s'aventurer dans la zone de la mort a un prix.
C'est donc un récit extraordinaire que nous livre là l'auteur, et tout imprégné de sa propre expérience, de ses propres ténèbres et sa propre folie. Une sombre démence dans un ciel bleu mortel.
Commenter  J’apprécie          357
Un témoignage qui a laissé des traces.
*
Voilà un récit écrit il y a 22 ans qui aura marqué les esprits, du moins celui des alpinistes et grands sportifs de l'extrême. Il en a même été fait un film block-buster d'images choc et animations époustouflantes.
Forcément, l'Everest est un magnifique sujet qui recèle bien des mystères.
*
Il y a eu cette tragédie, le 10 mai 1996. J'en ai entendu parler par un collègue (alpiniste qui a toujours rêvé de gravir le sommet le plus haut du monde) qui m'a conseillé de lire ce témoignage lors de sa sortie (en 1997). Je l'ai mis de côté pour le lire seulement maintenant.
Le récit est chronologique. Il démarre à Katmandou (lors de l'arrivée de John Krakauer au Népal) pour finir à Seattle USA au domicile du journaliste. Bien sûr, John s'en sort vivant. Physiquement sans séquelles mais mentalement , c'est une autre histoire. Il a toujours cette culpabilité en lui qui le ronge et qui l'amène à raconter (de manière subjective et toute personnelle) ce qui s'est vraiment passé ce jour-là.
*
Au moment de la sortie de ce livre, plusieurs détracteurs ont expliqué que ce n'était que sa version des faits. Qu'il a injustement accusé des alpinistes qui étaient avec lui. Des témoignages ne concordent pas.
Du coup, je me suis informée par ailleurs (notamment le documentaire du National Geographic Channel qui l'aborde avec neutralité).
Chacun a sa vérité. Aucune personne ce jour-là ne pouvait prédire ce qui allait arriver.
L'Everest, depuis les années 80 , est devenu:
- un enjeu commercial (un nombre grandissant de grimpeurs qui paient des guides pour atteindre coûte que coûte le sommet dont des personnes inexpérimentées qui font prendre des risques à tout ce monde agglutiné par exemple aux cordes fixes et créant des embouteillages),
- un enjeu médiatique (une pression de performance relayée ensuite au monde entier via Internet)
- un enjeu économique pour les Népalais et Tibétains, grâce à toutes ces expéditions, ces deux nations engrangent des devises étrangères, des emplois de sherpas ....
*
La tragédie arrivée donc en 1996, n'aura pas été si étonnante quand on comprend tous les problèmes qui se sont accumulés ce jour-là.
Toutes ces morts qui auraient pû être évitées (ou pas) , tel est le constat général qu'ont adopté tous les survivants de cette catastrophe.
Escalader la montagne (surtout au-delà de 8000m) n'est pas envisageable sans préparatifs préliminaires (bon équipement, organisation minutée, préparation "au mal des montagnes"). Et beaucoup de détermination.
Ce témoignage passionnant m'a permis d'apprendre un peu plus sur ces grands alpinistes rêvant de gloire, de dépassement de soi.
Et de s'interroger aussi sur le bien-fondé de ce genre d'entreprise qui "materne" le client et l'emmène sur le Toit du Monde avec beaucoup de facilité car les Sherpas (les vrais héros) sont là pour lui ouvrir la route.

En conclusion, un bon roman qui peut être lu mais qui est à compléter d'un autre point de vue d'un survivant (notamment celui de Anatoli Boukreev - The Climb: Tragic ambitions on Everest )
Commenter  J’apprécie          262
Whaou ce livre est vraiment très marquant ,longtemps après l'avoir fini ,on ne peut s'empêcher d'y repenser ...J'ai connu son auteur avec "into the wild" ,que j'avais adoré mais je ne savais pas qu'il était lui-même ,en plus d'être un journaliste ,un aventurier . Il raconte le drame qu'il a vécu en participant à une expédition sur l'Everest en tant que journaliste . Une histoire vraie donc et d'autant plus touchante pour le lecteur .
Je n'y connais rien en alpinisme mais Jon Krakauer a su m'intéresser et m'immerger totalement dans son aventure . J'avais l'impression d'y être ,de faire partie de son équipe tellement les détails sont présents .
Et j'ai trouvé son ascension fascinante autant que dramatique . D'un côté je ne comprends toujours pas pourquoi on veut risquer sa vie pour grimper cette montagne mais d'un autre côté je trouve leur courage et leur persévérance exemplaire et j'en suis admirative . Jusqu'au bout ,j'ai espérer pour certains personnages et la lecture a été difficile à interrompre ...j'en sors bouleversée ,conquise et maintenant un peu plus fascinée par l'Everest qui prend la vie de tellement de braves....
Commenter  J’apprécie          250




Lecteurs (1223) Voir plus



Quiz Voir plus

Into the wild

L'auteur, Jon Krakauer, est aussi connu pour être ...

poète
bohème
journaliste
tragédien

9 questions
301 lecteurs ont répondu
Thème : Into the wild de Jon KrakauerCréer un quiz sur ce livre

{* *}