Une vie minuscule est un roman, ouvertement présenté comme de large inspiration autobiographique. Il retrace la vie de Phérial, enfant de l'Assistance Publique, de la petite enfance jusqu'au début de l'âge adulte.
Je ne vais pas revenir longuement sur la teneur de l'histoire : l'orphelin, balloté d'orphelinat en familles d'accueil qui n'ont pas toutes vraiment la vocation ; l'insouciance de la petite enfance balayée très vite par les injustices administratives, jusqu'au pire, jusqu'à la révolte, jusqu'aux velléités d'autodestruction ; le sentiment d'abandon qui jamais ne fait défaut, puis l'acceptation, l'espoir ; et puis l'incroyable solidarité qui mène enfin au meilleur, et à la résilience.
Un parcours de vie qui ne peut pas laisser indifférent.
Le roman est écrit à la première personne, et de ce fait je l'ai trouvé très immersif.
J'ai aimé les chapitres et leurs titres évocateurs, parfois des sections très courtes, comme un petit poème, ou longues, dilatées, pesantes.
Souvent le style est comme un reflet de ce qui est raconté : Haché et oppressant quand ce qui est raconté est à la limite de l'indicible, une écriture ronde aux tournures de phrases enveloppantes pour traduite la douceur de vivre et la bienveillance, ou encore un ton sec et brusque quand par exemple le jeune Phérial se retrouve dans une famille d'accueil dénuée de toute empathie.
J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire au tout début. le style que j'ai trouvé un peu décousu de la période de l'orphelinat m'a déroutée. Finalement je pense que c'était volontaire de la part de l'auteur, afin que le lecteur soit aussi désorienté que le petit garçon dont il lit le récit. N'empêche que le premier quart du livre m'a semblé laborieux.
Je n'ai pas toujours été réceptive aux brèves envolées philosophiques, parfois poétiques, qui, disséminées tout au long de l'ouvrage, tombent - parfois - un peu gauchement dans le récit. Mais il s'agit peut-être d'illustrer aussi cette envie du narrateur de s'échapper de sa propre vie.
J'ai aimé les chouettes portraits de femmes, brossés très simplement, en filigrane, de ces bonnes fées qui veillent sur le petit puis le grand Phérial.
Un bon premier roman, qui révèle une vraie sensibilité, une plume fine et vive. On peut espérer que
Philippe Krhajac ait encore beaucoup de choses à raconter.
J'ai reçu cet ouvrage dans le cadre de l'évènement-rencontre organisé par Babelio. Merci.