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Todd - The Ugliest Kid on Earth tome 1 sur 2
EAN : 9781607067771
96 pages
Image Comics (20/08/2013)
4.75/5   2 notes
Résumé :
This critically acclaimed hit series (now ongoing!) brings its first story arc to the trade paperback format. Follow the misadventures of the Belluomo family and their infectiously optimistic, paper-bag-wearing son. Irreverent and politically incorrect, Todd tickles every taboo in one wild ride filled with ax murderers, cults, celebrity stalkers, and a neo-Nazi prison gang.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série qui en compte 2. Il comprend les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2013, écrits par Ken Kristensen, dessinés et encrés par M.K. Perker avec une mise en couleurs de Cemal Soylemen. Il bénéficie d'une brève introduction de Danny Trejo, l'acteur ayant interprété Machete. L'histoire se conclut dans Todd, the ugliest kid on earth Volume 2 (épisodes 5 à 8) par les mêmes auteurs.

En exergue, les auteurs ont intégré 2 citations : l'une de Stanley Kubrick sur les satiristes, l'autre de Pablo Picasso sur le mauvais goût. Un jeune couple vient d'emménager dans ce quartier de maisons résidentielles ; leur fille Kim joue sur la pelouse avec ses poupées Barbie & Ken. Todd vient se présenter (avec son sac papier sur la tête qu'il ne quitte jamais tellement il est laid) mais il est interrompu par Mike Zapp et sa clique qui le bouscule et lui fait porter le chapeau pour avoir mis un produit collant au niveau du pubis des 2 poupées. le soir, alors qu'il sort les poubelles, il se retrouve face à Maniac Killer, le tueur en série du quartier.

À partir de là, ça part en vrille pour de bon. Todd est envoyé chez le principal par la professeure madame Handel (celle qui s'est fait faire une ablation de l'utérus tellement ses élèves la dégoutent). Par un concours de circonstances, il est pris pour le tueur en série, arrêté par l'inspecteur chef Hargrave et envoyé en prison dans le quartier des adultes. La célèbre actrice Belinda Fairchild revient dans sa ville natale, et Gus Belluomo (le père de Todd) s'arrange pour se faire passer pour son chauffeur de limousine. Peggy Belluomo (la mère de Todd) va prendre un verre dans un bar en espérant lever un beau mâle. Et le vrai tueur en série court toujours.

À la vue de la couverture, le lecteur n'a pas de doute : une parodie de l'affiche de Usual supsects, avec des criminels ayant conservé leur arme (du katana au lance-flamme, en passant par le pistolet laser), allant du néonazi au loup-garou en caleçon. Au milieu d'eux se trouve le petit Todd, sur un tabouret, avec son sac en papier sur la tête qu'il garde tout du long de ces 4 épisodes. Il s'agit donc d'une parodie, et même d'une satire (la citation de Kubrick atteste en tout cas des intentions des auteurs). À bien regarder le soin avec lequel plusieurs visages sont représentés, le lecteur se dit qu'il doit s'agir de caricatures d'acteurs connus (mais pas par ce lecteur à la culture peu étendue en la matière). Dès le début, le lecteur comprend également que la deuxième citation n'est pas là pour faire genre. Donc, le petit Mike Zapp a mis de la colle sur les poupées de la pauvre Kim, pour simuler une forme d'accouplement. Ça continue avec une remarque insultante sur les japonais, à laquelle Kim répond qu'elle est d'origine coréenne. Todd finit par être accusé à tort, et Mike Zapp s'en sort sans problème (= une victoire pour les petits durs du bac à sable). Alors que la télé annonce qu'un tueur en série rôde dans le voisinage, les parents de Todd l'obligent à sortir pour aller vider la poubelle. Etc. Et ce n'est que le début.

Pendant ces 4 épisodes, les auteurs font feu de tout bois en termes d'humour, de sous la ceinture à une satire sociale. Donc le pauvre Todd se retrouve en prison (il doit avoir entre 10 et 13 ans et il est pré-pubère). Ça ne rate pas : il se retrouve dans la situation peu enviable de devoir ramasser le savon dans les douches communes, au milieu d'adultes tatoués, des repris de justice endurcis. Côté satire sociale, il y en aura pour tout le monde. L'inspecteur chef Hargrave effectue ses enquêtes en se basant uniquement sur les statistiques (73% des crimes d'enfants sont commis par un membre de la famille). le lecteur est confronté à la méchanceté gratuite des enfants (ils écrasent un papillon que Todd allait relâcher dans les bois), à l'actrice qui récite ses réponses indépendamment de la question posée (par exemple en vantant les mérites de la scientologie), à l'intervieweur qui en profite pour poser des questions provocatrices en sachant qu'elle ne les entendra pas (sur ses faux seins par exemple, ou sur son vagin), la fouille anale masculine, l'absence de papier dans les toilettes, etc. Ça n'arrête pas.

Todd se rend dans la boutique de monsieur Fonger, un aveugle qui vend des animaux aveugles, mais qui n'en a pas conscience. Ce n'est pas toujours très fin, c'est parfois en dessous de la ceinture, mais l'abattage est impressionnant et fait sourire le lecteur même s'il ne reconnait pas les caricatures. Ken Kristensen n'a aucune prétention de faire réaliste. Les parodies de série télé ne sont pas toujours assez absurdes, mais à nouveau l'accumulation permet d'emporter le morceau. Les tentatives de l'inspecteur en chef Hargrave pour ne pas avoir à se charger de l'enquête de décapitation sont pathétiques, mais il fait preuve d'une belle opiniâtreté, avec une belle inventivité dans ses prétextes. Todd Belluomo se retrouve au milieu d'individus mâles prêts à le transformer en victime sans aucune arrière-pensée. Alors que le scénariste aurait pu se vautrer dans des blagues pédophiles pénibles et pas drôles, il évite soigneusement cet angle d'attaque, pour se limiter à confronter l'innocence de Todd, à la débauche de ces criminels endurcis.

M.K. Perker dessine de manière réaliste, avec une attention pour les visages, afin de leur donner un niveau de ressemblance satisfaisant avec leur modèle. Cela aboutit à des visages très réalistes, avec des expressions mesurées, pas toujours très parlantes. Il dessine des individus avec des morphologies variées qui ne sont pas héritées des comics de superhéros. Les proportions sont réalistes, avec des individus présentant un embonpoint, ou au contraire très fins. Les femmes ont également un physique réaliste, et l'opération de la poitrine aboutit à une taille de bonnet qui reste raisonnable. Todd est représenté avec le corps d'un jeune enfant, de manière naturaliste. Par contre son sac à papier sur la tête conserve la forme d'un parallélépipède rectangle régulier, ne se déformant ni sous l'action des chocs, ni sous l'action de l'eau de la douche.

Comme tous les dessinateurs de comics, M.K. Perker sait jouer du cadrage pour éviter de dessiner les arrière-plans dans toutes les cases, mais il n'en abuse pas. Au fil des séquences, il arrive à donner corps à une pelouse bien propre devant une maison de banlieue, une palissade en bois, une salle de classe, une cellule de prison, une cour de prison avec son mirador et ses barbelés, un bar en journée, une chambre d'hôtel, ou encore une chambre à coucher. le lecteur note que ces lieux respirent le cliché, et le décor en carton-pâte. Il y a assez de détails pour ne pas se tromper sur le lieu représenté, mais pas assez de substance pour croire à un véritable endroit. L'intérieur de la prison manque de concret et de cohérence pour être crédible. Les façades des pavillons semblent avoir été choisies au hasard pour une unique apparition. D'une manière générale, les volumes de chaque pièce ne sont pas crédibles. Chaque endroit est trop spacieux, ou l'angle de vue donne l'impression d'une hauteur sous plafond irréaliste. le tout finit pas dégager une impression de série télé tournée en studio.

Le dessinateur découpe chaque planche sur la base de rectangles bien tracés, mais aux dimensions variables d'une planche à l'autre, au nombre tout aussi variable, donnant parfois une impression de composition case par case, sans plan prédéfini. Lors des dialogues, il arrive que l'artiste se contente d'alterner les plans poitrine, sans mise en scène particulière, se focalisant sur les expressions des visages, sans travail sur le langage corporel et délaissant les décors. La narration visuelle donne l'impression de flirter avec l'amateurisme à quelques reprises, mais elle porte bien le récit et il n'y a pas d'incompréhension ou d'agacement devant des problèmes de proportions ou de représentation.

À l'issue de ces 4 épisodes, le lecteur sait qu'il reviendra pour le deuxième tome. Tout n'est pas parfait, le travail d'équipe entre le scénariste et le dessinateur gagnerait à être plus développé. Les dessins gagneraient à s'éloigner des canons artistiques du magazine MAD pour se rapprocher de ceux d'une narration visuelle plus traditionnelle car il s'agit d'un récit au long cours et non d'une suite de sketchs. L'humour est parfois un peu gras ou en dessous de la ceinture. Mais le rythme compense ces défauts, ainsi que l'impertinence des auteurs qui ne se contentent pas de réchauffer des blagues toutes faites. Ils racontent une vraie histoire avec une intrigue, tout en jouant sur plusieurs registres de comique, avec une moquerie pénétrante de plusieurs travers de la société du spectacle (soit sous forme de parodie égratignant les conventions en vigueur, soit sous forme de critique sociale des habitudes du showbiz). le tome se clôt avec un lexique d'une cinquantaine de termes argotiques des prisons américaines qui valent le temps passé à les découvrir (même s'il n'est pas possible de se faire une idée sur leur réelle authenticité). 5 étoiles pour une histoire drôle, qui n'hésite pas à s'éloigner de la bienpensance pour provoquer.
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