Ce tome fait suite à Todd volume 1 (épisodes 1 à 4) qu'il faut avoir lu avant. C'est le deuxième et dernier tome de la série. Il contient les épisodes 5 à 8, initialement parus en 2013/2014. Il commence par une interview de Larry King (journaliste américain célèbre à la longue carrière) réalisée par le scénariste. Suit la présentation des personnages sur une double page : 22 protagonistes avec un petit médaillon pour leur visage et 2 lignes de textes pour les présenter.
Gus a donc accepté d'héberger Sandy (la fille illégitime d'une actrice), sous son toit, portant elle aussi un sac en papier sur la tête pour conserver son anonymat. Peggy (la mère de Gus) a décidé de se faire augmenter le volume de sa poitrine, mais elle fait appel à un drôle de médecin qui n'a peut-être plus le droit d'exercer. Pendant ce temps, Gus se rend à une convention de comics et séries télévisuelles, avec son fils Todd. L'inspecteur chef de police a commencé les auditions pour remplacer son adjoint. Il privilégie les postulants afro-américains, car les statistiques prouvent qu'il sera ainsi plus rapidement promu.
Suite à la disparition de Sandy, Gus habille son fils en fille, à la suite de quoi ce dernier est poursuivi par 2 jeunes de son âge, trompés par la qualité du déguisement. Charlie Rose (l'un des présentateurs vedettes des informations d'une chaîne de télévision) doit se séparer de Felix (un de ses assistants) mais il a perdu sa table sacrificielle. Pendant ce temps-là
Tom Wolfe (l'écrivain) interroge Todd sur les aspirations de la jeunesse.
Heureusement, Marxman (un chasseur de démon anti-diable) vient en aide à la famille de Gus. Il y a aussi Craig le rejeton du diable pas très pressé de se conformer à la tradition familiale. Autant le scénariste avait maintenu l'illusion d'une intrigue en bonne et due forme dans le premier tome, autant celle-ci n'est que prétexte et sa résolution est expédiée de manière désinvolte (fin prématurée de la série, ou désintérêt ? Mystère).
Comme dans le tome précédent, les auteurs font feu de tout bois en ce qui concerne les registres de comique. Il ne subsiste pas beaucoup de personnalité dans les protagonistes. Auparavant (épisodes 1 à 4), l'auteur jouait sur l'innocence d'esprit de Todd ; ici il l'utilise à deux ou trois reprises mais sans plus. de même la bêtise de son père donne lieu à quelques piques bien senties (en particulier sur son choix du personnage dans lequel se déguiser et la façon de faire son costume). C'est finalement Craig qui fait montre du plus de caractère. Cela n'empêche pas qu'il puisse y avoir des dialogues savoureux faisant émerger la différence de points de vue entre 2 personnages, à commencer par le diable et son fils Craig.
La première séquence se déroule sur 3 pages, avec les paroles d'une chanson courant en haut de chaque case, et des images qui permettent de reprendre contact avec les personnages. Il y a est déjà question d'un professeur outrageusement travesti en femme, d'une prise de drogue, et d'un coupon de réduction pour une opération d'augmentation mammaire. Arrivé à la convention, le lecteur a le plaisir de voir quelques déguisements dont Captain America, Emma Frost et Rorschach. Il découvre alors une conférence avec des individus qui ne peuvent être que
Joe Quesada,
Brian Michael Bendis et Matt Fraction. L'artiste rend bien la ressemblance physique avec ces 3 auteurs connus. le scénariste fait exposer une stratégie inédite à Quesada : reconquérir les vieux lecteurs, puisque de toute façon les jeunes n'éprouvent aucune envie à lire des comics, d'où la démarche Marvel Old. le ton de la dérision et de la parodie est donné.
Lorsque la séquence le nécessite, l'artiste s'investit pour représenter des décors consistants : la piscine de jardin de la famille de Gus, les toilettes de la convention, les portes du dressing room de la villa des Fairchild, le comptoir d'accueil de Charon, ou encore le château du diable. Lorsque la séquence repose sur un dialogue, il se dispense de représenter les arrière-plans, une fois le lieu établi dans 1 ou 2 cases au début. Il consacre également du temps à donner une tenue vestimentaire différente à chaque protagoniste en fonction de sa personnalité. Il représente divers accessoires dès lors qu'ils jouent un rôle important ou que les personnages interagissent avec eux : aspirateur, chien robot, table avec décor de marquèterie, arbalète, arme à feu, moto, etc. Comme dans le tome précédent, l'artiste reproduit le visage de plusieurs personnalités, avec cette dimension de caricature qui rappellent MAD.
Par rapport au premier tome, la narration de celui-ci est donc un peu plus dispersée. le fil conducteur reste les avanies subies par Todd, depuis son travestissement fille, jusqu'à son séjour chez les démons. Les auteurs se montrent toujours aussi malicieux pour faire ressortir son innocence, en particulier quand il subit des attouchements. le lecteur se dit que le scénariste aurait pu conserver Todd au centre de l'intrigue tout du long, d'autant que son innocence n'est pas synonyme de bêtise (par exemple quand il se rend compte que
Tom Wolfe l'a exploité sans vergogne) ce qui donne plus d'épaisseur au personnage, sans diminuer son potentiel comique. Il voit bien également comment le scénariste a fait de Sandy le double inversé de Todd, constituant à nouveau une source de gags qui font mouche. Mais à la fin du récit, le lecteur ne peut que constater que Sandy est passée à la trappe, avec l'intrigue secondaire relative à son adoption artificielle, sans compter celle relative à sa mère qui pourtant occupait une place de premier choix dans le tome 1.
Dans cette deuxième partie, le lecteur ne doit pas s'attendre à une continuation des intrigues secondaires initiées dans le premier. Les auteurs conçoivent plutôt leur narration comme une suite de sketchs greffés sur un fil conducteur à l'importance relative. Une fois ce dispositif accepté, il peut alors pleinement profiter de l'humour protéiforme des auteurs. Il y a aussi bien de la comédie de situation qui peut devenir sale de temps à autre, que de l'humour visuel (l'excellent teeshirt de Craig, avec l'inscription : Je ne suis pas gros, je suis 3D), des caricatures, et des satires qui peuvent aller jusqu'au mauvais goût. Ils continuent donc de tenir la promesse contenue dans les 2 citations (une de
Stanley Kubrick, l'autre de
Pablo Picasso) placées en exergue de l'épisode un.