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D'un style d'écriture concis et incroyablement moderne, le narrateur nous décrit par les yeux d'un Fabian lucide, ironique et désespéré une déliquescence collective qui laisse pantois. A croire qu'il faille être sur le reculoir pour mieux percevoir, c'est toute la thématique du spectacle du monde liant acteurs et spectateurs qui traverse cette oeuvre d'autant plus incontournable qu'elle ne pointe elle-même du doigt la venue de l'abime.
Lien : http://news-nouvelles-fant.m..
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Quel curieux livre ! Rédigé en 1930 en Allemagne, il décrit une société névrosée, où règnent le chômage, la misère sexuelle, la violence et le désir d'ordre. Il n'y a pas d'espoir dans cette société, qui ressemble de façon troublante à la nôtre, et le protagoniste principal s'y débat en suivant sa propre morale, oscillant entre désinvolture et bonté. Car il y a, heureusement, des fulgurances d'amour et de beauté, et d'humour insolent, qui font de ce court roman une tranche de vie saisissante dans un monde désolant.
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Nous sommes à Berlin, au début des années 30.
Fabian, le héros de ce livre, cultivé, brisé par la première guerre mondiale, employé dans une agence de publicité, bientôt chômeur , un rien cynique, sans ambition, résigné et mélancolique, erre dans les rues de la capitale, avec son ami Labude, un universitaire ..
Il observe ses contemporains avec attention, leur besoin frénétique de s'étourdir et les moeurs bizarres qui se déploient dans des cabarets minables, la nuit venue, même les mères de famille éprouvent le besoin de prendre un amant lorsque le mari VRP est parti travailler! Les histoires d'amour sincères ou tarifées, les personnages secondaires tels que que madame Irène Moll, ----une nymphomane ----
Fabian vit dans un appartement meublé, exigu, à la merci d'une logeuse acariâtre, il aide un inventeur qui refuse les ravages de la production industrielle, une enfant en difficulté ....... Il montre beaucoup d'amour pour sa mère , tombe amoureux d'une jeune fille ........
Désespéré, épris de justice, capable de tendresse , lucide , le moraliste Fabian se révèle incapable d'agir, de réagir et de s'engager .
Traîner dans Berlin signifie aussi être témoin des heurts entre nationaux - socialistes et communistes, c'est côtoyer la misère sociale , l'angoisse diffuse, l'entre - deux, la profonde dépression morale liée à la crise économique, la décrépitude dans une ville apathique et folle !
Cet ouvrage est une satire féroce, une critique âpre, lucide de la société allemande sous la république de Weimar,lieu de tous les compromis et lâchetés , qui voulait servir d'avertissement , signaler l'abîme vers lequel l'Allemagne et l'Europe toute entière se dirigeaient , forcer les consciences à entendre et à voir avant qu'il ne soit trop tard !
Un ouvrage à la plume magnifique à la fois poétique , abrupte et ironique ! La fin est simplement déroutante ! Ce livre sera censuré à sa parution, en 1931, brûlé par les nazis en 1933! Puis réédité beaucoup plus tard dans son intégralité .
Il m'a fait penser à " -Seul-dans-Berlin "de Hans Fallada .
Merci à Marie, ma libraire !

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Erich Kästner, je connaissais ce nom...Bien sûr ! Enfant, j'ai dû lire Deux pour Une, Lise Lotte Liselotte, une dizaine de fois !
Bon, pour la littérature enfantine, avec Vers l'Abîme, on repassera.
Ce texte édité et réédité est, si j'ai bien saisi les postfaces, la version non expurgée de Fabian. Die Geschichte eines Moralisten (Fabian. L'Histoire d'un moraliste, pour les non germanistes) Car le texte initial (le nôtre, donc) est sorti en 1931 allégé de beaucoup de scènes trop olé olé ou trop satiriques pour le public allemand de l'entre-deux-guerres.
Nous suivons Jakob Fabian, jeune homme revenu de la guerre avec une faiblesse cardiaque, dans le Berlin chaotique du tout début des années 1930 (avant la prise du pouvoir par Hitler. ) Fabian souffre d'un mal du siècle aisé à comprendre. Berlin est en roue libre, des groupuscules communistes ou d'extrême droite se combattent sur fond d'indifférence, de chômage, de crise, de léthargie post traumatique...Ce peuple qui dans deux ans élira Hitler semble ne se voir aucun avenir, et n'avoir plus de passé. La jeunesse et l'âge mûr, d'ailleurs, se consument dans une quête morbide de plaisirs immédiats. de bordels en bordels, post coitum animal triste, comme disait l'autre. Même les femmes au foyer cherchent de jeunes amants ! Où va le monde, sacrebleu !Fabian erre dans les rues et les clubs de strip-tease la nuit, travaille le jour comme publicitaire, mais son poste ne tient qu'à un fil, que son insolence peut briser en un instant. Ensuite, c'est le chômage à l'infini. Il est instable, mélancolique, ironique et amer. Mais c'est un moraliste, il veut un monde meilleur, des hommes et des femmes honnêtes, créer de véritables liens avec une jeune fille...Il a un ami, Labude, et une mère qui l'aime, ce qui l'empêche de sombrer...Cependant il sent -il a le nez creux-que cette société déliquescente va sombrer dans l'abîme...
Cette peinture de Berlin avant l'apocalypse est très belle, très intéressante, et sent son chef-d'oeuvre à travers les deux personnages masculins principaux, Fabian et Labude, qui sont construits d'une matière littéraire géniale qui les met à l'abri de la rouille du temps. Idem pour Berlin, ses immeubles et ses rues sombres, son atmosphère que l'on pénètre par la magie d'une écriture parfaite. Un bémol pour les personnages féminins, toujours difficiles d'accès pour les auteurs nés au XIXème siècle et pétris de patriarcat. Pourtant, Kästner fait un effort de réflexion. Il essaie quelque peu d'éviter la maman et la putain, mais c'est compliqué pour lui. Cet aspect du texte donne à Fabian, le moralisateur, un aspect plus Fabian , le conservateur : où va-t-on, grands dieux, si les jeunes filles travaillent et les mères de famille prennent des amants...
Néanmoins c'est un texte magnifique, à découvrir, qui nous éclaire sur cette période si importante qui précède l'arrivée au pouvoir d'Hitler, sur les ravages du traité de Verdun, de la grande guerre, sur l'inexorabilité de la seconde. A mettre en rapport avec Ivresse de la Métamorphose, de Zweig, et Seul dans Berlin, de Hans Fallada.
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Bien, mais encore? Vers l'abîme, titre a postériori... C'est bien de ressentir une époque malheureuse, mais en rester là, c'est discutable. Toutefois, le personnage principal est beaucoup plus profond qu'il en a l'air. A découvrir.
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vers 1930, dans Berlin décadent traînent Fabian et son ami Labude.
Les deux hommes brisés par la première guerre,cultivés, cyniques èrent dans les rues de la capitale.
Ils participent aux plaisirs faciles, aux soirées extravagantes, côtoient la misère et l'angoisse.
Le héros Fabian , chômeur, moraliste , épris de justice et capable de tendresse reste lucide et desespèré. Il se révèle incapable d'agir dans cette société fondée sur l'hypocrisie et l'égoïsme.
Dans ce monde superficiel, violent et noir couve le drame.
"Vers l'abîme " roman autodafé par les nazis en 1933, est un livre passionnant , poétique , à découvrir
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Une vision désenchantée de l'humain avec le personnage de Jakob Fabian qui traverse en regardant cette sombre période allemande de 1931 tout en gardant un fond très humaniste
Un superbe livre qui n'est pas sans rappeler Seul dans berlin de Hans Fallada
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J'ai découvert ce roman mais aussi cet auteur grâce à la Masse Critique (merci aux éditions d'Anne Carrière et de Babelio).
Interdit en Allemagne dans les années 30, ce roman était considéré par les nazis comme subversif. Intriguée, je me suis plongée dans ce roman qui décrit parfaitement le Berlin après la première guerre mondiale. La crise financière, la difficulté sociale, le chômage, l'esprit de revanche mais aussi cette vie sociale nocturne remplie d'interdits. Ce roman m'a fait songe par certains aspects à Berlin Alexanderplatz de Döblin par cette évocation de Berlin entre les deux guerres. Dans Vers l'abîme, j'ai beaucoup aimé cette description des tensions entre les nationaux-socialistes et les communistes qui peuvent aller jusqu'à des agressions en pleine rue.
Au-delà de l'intérêt politique et historique du roman, j'ai découvert également une vraie oeuvre littéraire avec un réel attachement pour Fabian, le héros ainsi que son meilleur ami. Une génération désoeuvrée, emplie de désillusions dans ce présent angoissant annonciateur d'un futur sombre. Une solidarité existe encore comme cette main tendue à cet "inventeur" pas si fou, cette amitié forte entre Fabian et son ami qui malheureusement ne sera pas suffisante. Une jeune génération désabusée donc où l'amour peut être bafoué malgré des sentiments forts, où l'engagement est difficile presque vain... Un livre sombre dont la fin m'a laissé sans voix.
Un roman à lire et à relire pour sa capacité à nous emporter mais aussi pour ne pas oublier qu'une censure d'une oeuvre peut être dommageable pour toute une génération mais aussi ne paraître bien exagérer !
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Merci aux Editions Anne Carrière et à Babelio, via sa Masse Critique, de m'avoir fait découvrir non seulement ce livre mais, également, cet auteur.

A noter que ce roman, écrit en 1931, a d'abord été censuré à sa parution, descendu par la critique à sa sortie et, finalement, brûlé dans les autodafés nazis. le voici, enfin, à nouveau ré-édité en 2016.

Le héros principal voit, au fil des pages, son pays, tout comme sa vie, partir en miettes: le chômage, le manque d'argent et de nourriture, les conflits politiques, etc. ternissent son quotidien et celui de la population entière.

Personnage moraliste, à la fois spectateur mais aussi acteur et observateur, Jakob Fabian assiste à la perte des valeurs éthiques de la société dans laquelle il vit; dressant un tableau sombre, non seulement de son avenir personnel mais, également, de cette Allemagne qui se dirige lentement et sûrement "Vers l'abîme".

Bien sûr, ce roman se veut une satire mais pas uniquement. Certes, l'auteur exagère ses propos, versant parfois dans l'excès et la caricature mais le tout se révèle magnifiquement construit et abouti.

La plume est adroite, juste et efficace. le style, tantôt caustique tantôt poétique, emporte le lecteur dans une valse frénétique, de page en page, avec l'envie de connaître le sort de ce héros (néanmoins) sympathique.

Autant dire que je suis entièrement conquise par ma lecture qui, sans spoiler, se termine de manière abrupte et ironique, tellement en ligne avec le style de l'auteur.

Bref, mille mercis encore aux Editions Anne Carrière et à Babelio!!!

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Erich Kästner est plus connu du grand public pour ses oeuvres de littérature jeunesse ("Emile et les détectives", "Deux pour une", "Le 35 mai"...) mais il exprimait ses opinions dans d'autres ouvrages bien plus subversifs, au point de faire partie de ceux dont les livres ont été brûlés lors des sinistres autodafés de 1933. Dans "Vers l'abîme", Kästner dresse un portrait au vitriol de la société allemande de 1931, soit deux ans avant l'accession d'Hitler au pouvoir. Par le prisme du regard de Jakob Fabian, jeune homme ultra diplômé, mais qui peine à garder un emploi à cause de son sarcasme, le lecteur a un panorama de l'Allemagne de la fin des années Weimar. Chômage, sexualités exacerbées, jalousies mesquines, misère, faim de tout, luttes politiques... Certains passages résonnent de manière particulièrement violente dans l'esprit d'un lecteur d'aujourd'hui car ils font un écho saisissant à la dégradation actuelle de notre propre société... et nous donnent à craindre le pire pour l'avenir.
Fabian est employé dans une agence de publicité. Son audace, aussi bien comportementale que professionnelle, le met à mal aux yeux de son patron. Il vit dans une modeste chambre meublée et vit pleinement sa sexualité. Son seul ami, avec lequel il partage le même point de vue sur cette société délétère (voir les scènes hilarantes où ils choquent la bonne bourgeoisie dans les bus), est un universitaire. On pourrait trouver Fabian cynique mais il ne l'est pas : il aide une enfant en difficulté dans un magasin, montre beaucoup d'amour pour sa mère et tombe amoureux d'une jeune fille qu'il croit naïve. Il a encore espoir. Mais ses expériences tournent mal. Les personnages qui gravitent autour de lui, à l'exception de Labude, sont tous complètement pervertis et corrompus. Et ce sont eux qui s'en sortent...
Dire que ce livre m'a glacée n'est pas exagéré. Certaines phrases auraient pu être écrites aujourd'hui. Europe vieillissante, au système de valeurs désormais inadéquat face à la violence du monde... Que le plus grand nombre lise cet ouvrage pour un dernier sursaut de lucidité !
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