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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous sommes à Berlin, au début des années 30.
Fabian, le héros de ce livre, cultivé, brisé par la première guerre mondiale, employé dans une agence de publicité, bientôt chômeur , un rien cynique, sans ambition, résigné et mélancolique, erre dans les rues de la capitale, avec son ami Labude, un universitaire ..
Il observe ses contemporains avec attention, leur besoin frénétique de s'étourdir et les moeurs bizarres qui se déploient dans des cabarets minables, la nuit venue, même les mères de famille éprouvent le besoin de prendre un amant lorsque le mari VRP est parti travailler! Les histoires d'amour sincères ou tarifées, les personnages secondaires tels que que madame Irène Moll, ----une nymphomane ----
Fabian vit dans un appartement meublé, exigu, à la merci d'une logeuse acariâtre, il aide un inventeur qui refuse les ravages de la production industrielle, une enfant en difficulté ....... Il montre beaucoup d'amour pour sa mère , tombe amoureux d'une jeune fille ........
Désespéré, épris de justice, capable de tendresse , lucide , le moraliste Fabian se révèle incapable d'agir, de réagir et de s'engager .
Traîner dans Berlin signifie aussi être témoin des heurts entre nationaux - socialistes et communistes, c'est côtoyer la misère sociale , l'angoisse diffuse, l'entre - deux, la profonde dépression morale liée à la crise économique, la décrépitude dans une ville apathique et folle !
Cet ouvrage est une satire féroce, une critique âpre, lucide de la société allemande sous la république de Weimar,lieu de tous les compromis et lâchetés , qui voulait servir d'avertissement , signaler l'abîme vers lequel l'Allemagne et l'Europe toute entière se dirigeaient , forcer les consciences à entendre et à voir avant qu'il ne soit trop tard !
Un ouvrage à la plume magnifique à la fois poétique , abrupte et ironique ! La fin est simplement déroutante ! Ce livre sera censuré à sa parution, en 1931, brûlé par les nazis en 1933! Puis réédité beaucoup plus tard dans son intégralité .
Il m'a fait penser à " -Seul-dans-Berlin "de Hans Fallada .
Merci à Marie, ma libraire !

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La lecture de pareil ouvrage inscrit au fond de son lecteur une forme de malaise. Celui-ci a été publié pour la première fois en 1931, partiellement censuré par son éditeur qui le jugeait par trop indécent, et brûlé par les nazis en 1933. Mais l'inquiétude qu'il inflige à son lecteur est en rapport avec un rapprochement que l'on serait tenté de faire avec le contexte géo politique du moment sur notre vieux continent.

Quand dans les années 30 les plus lucides, ou les plus courageux, voyaient poindre la sourde menace de la montée du nazisme, et des conséquences funestes que l'on connaît, l'époque que nous vivons nous laisse quant à elle envisager quelques similitudes avec cet autre dictateur, un peu plus à l'est celui-là, et qui met l'Europe à l'épreuve de sa démocratie.

Le héros de Erich Kästner évolue dans une société qui par insouciance affichée veut en réalité d'une part se purger du souvenir de la terrible guerre passée d'à peine quelques années, mépriser la crise économique qui s'en est suivie et se voiler la face quant à la terrible menace à laquelle son pays et l'Europe entière devaient faire face.

Rééditer de nos jours dans son intégralité cet ouvrage est non seulement révélateur de l'état d'esprit de la société allemande dans les années trente mais aussi une alerte sur la fragilité de la paix. En tout temps. Avec ce titre qui a valeur d'urgence permanente, espérons encore que la démocratie parvenue au bord du gouffre ne fera pas pour une fois un grand pas en avant. L'auteur a pour ce qui le concerne voulu donner à son ouvrage un dénouement qui coupe court à toute supputation et laisse le lecteur tirer les enseignements de ce qu'humaine nature est capable de faire. La légèreté du style est parfois plus alarmante que toute gravité dans le discours.



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Quel curieux livre ! Rédigé en 1930 en Allemagne, il décrit une société névrosée, où règnent le chômage, la misère sexuelle, la violence et le désir d'ordre. Il n'y a pas d'espoir dans cette société, qui ressemble de façon troublante à la nôtre, et le protagoniste principal s'y débat en suivant sa propre morale, oscillant entre désinvolture et bonté. Car il y a, heureusement, des fulgurances d'amour et de beauté, et d'humour insolent, qui font de ce court roman une tranche de vie saisissante dans un monde désolant.
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Publié en 1931, Vers l'abîme met en scène deux jeunes amis dans la République de Weimar : Jakob Fabian et Stephan Labude. le premier travaille dans une agence de publicité, le second est plutôt aisé grâce à son père avocat. Jakob traverse la vie sans beaucoup d'illusions. Avoir traversé la guerre de 14/18 a laissé quelques traces chez le jeune homme, aussi bien physiques puisqu'il a une maladie cardiaque que psychiques. Et puis la situation économique du pays en ces années 30 est plutôt préoccupante. Jakob et Stéphan multiplient les sorties dans les cabarets, les ateliers d'artistes ou les bordels, fréquentant des jeunes femmes très libérées et ont de nombreuses conversations sur l'avenir de l'Allemagne alors que le nazisme monte.

Ce roman, devenu un classique, a eu une histoire mouvementée ! Censuré en 1931, il fera partie des ouvrages voués au feu en 1933. Il nous est pourtant heureusement parvenu, dans une édition complète agrémentée de plusieurs postfaces de l'auteur et de l'éditeur qui éclairent l'oeuvre.

Le titre laisse évidemment peu de doute sur le pessimisme de l'auteur et le contenu le confirme. Jakob est le témoin d'une époque décadente et d'une catastrophe annoncée. Il est aussi un personnage plutôt apathique, qui assiste sans beaucoup de réaction à ce qui se passe. C'est d'ailleurs un jeune homme sans beaucoup d'ambition, qui travaille sans chercher à faire carrière et qui subit plus qu'il n'agit.

Mais cela ne l'empêche pas de jeter un oeil lucide et désabusé sur ses contemporains et sur ce monde qui se délite. Les dialogues entre Jakob et Stephan sont emprunts de cynisme et d'un réalisme désenchanté quant aux moeurs de leurs contemporains. Leurs errances, de jour comme de nuit, vont conduire le lecteur au coeur d'une société interlope où tous les vices sont présents et où l'égoïsme est la norme.

Erich Kästner se fait ici un observateur très fin d'une époque qui a conduit vers l'inéluctable. Il précise toutefois dans la préface qui accompagne la nouvelle édition datée de 1946 et qu'il reprendra en 1950 : “ Ce livre, qui dépeint ce qu'était autrefois la grande ville, n'est pas un album de photographies mais une satire. Il ne décrit pas ce qui existait, il exagère. le moraliste ne cherche pas à rendre une image fidèle de son époque, il lui tend un miroir déformant. Et pour ce faire, il ne peut trouver mieux que le procédé légitime de la caricature.”

Si l'auteur revendique la caricature, le récit assume aussi sa capacité d'analyse de l'échec d'une politique qui a conduit, avec d'autres facteurs, à la montée du nazisme. Un roman à découvrir.
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« Vers l'abîme » d'Erich Kästner, traduit par Corinna Gepner (2016, Anne Carrière, 272 p.) a une histoire compliquée. C'est tout d'abord « der Gang vor die Hunde » (Le Chemin vers la Décadence) publié en 31, puis brulé durant les autodafés de Berlin (mai 33). Entre temps il a été édulcoré en « Fabian. Die Geschichte eines Moralisten » traduit en français sous le titre de « Fabian, Histoire d'un moraliste » (31, Stock, 284 p.). Mièvre texte pour complaire aux censeurs, avant le texte actuel « Et en l'an 1933 mes livres furent brûlés en grande pompe funèbre sur la place de Berlin, près de l'opéra, par un certain Monsieur Goebbels. le nom de vingt-quatre écrivains allemands, qui devaient être à jamais symboliquement effacés, furent par lui triomphalement proclamés. J'étais le seul des vingt-quatre qui me fus personnellement déplacé pour assister à cette mise en scène éhontée. » (E Kästner, «Kennst du das Land, in dem die Kanonen blühen ? » (Connais-tu le pays où fleurissent les canons?).
Kästner est aussi l'auteur de « Emile et les Détectives » histoire d'un garçon d'une douzaine d'années, Emile, à qui on vole son argent dans le train. Arrivé à Berlin, avec d'autres enfants, il poursuit le voleur, Monsieur Grundeis, et reçoit une récompense car cette personne avait déjà cambriolé des banques. Histoire très moralisatrice, vendue à deux millions d'exemplaires, et portée à l'écran. Je note cela ici, car lors d'une exposition consacrée aux autodafés nazis, devant la liste des auteurs condamnés, de jeunes allemands se sont étonnés et ont demandé pourquoi les nazis brulaient les livres tels que « Emile et les détectives ».
La ré-édition du livre initial « der Gang vor die Hunde » par Anne Carrière permet de se remettre dans l'ambiance du Berlin des années 30. Ne pas oublier que le roman est sorti en 31, alors que Hitler ne prend le pouvoir qu'en 33.
Fabian Jakob, à 32 ans, est docteur en littérature allemande du XVIIIe siècle. F.G. Klopstock et G.E. Lessing, ce sont les Roux et Combaluzier (ou Chaffoteaux et Maury) de la littérature (allemande du début du siècle). Hauts les coeurs et place à l'intelligence. Heureusement la fin du siècle rattrape le début. J.W. Goethe, F. von Schiller, puis C.M. Wieland et G.C. Lichtenberg qui viennent apporter fantastique et humour (grinçant). On est dans les années 30, chômage et misère, il n'est plus temps de rester oisif Fabian va faire de la publicité, avec une prédilection pour les bars louches et des demoiselles légères. Tout ceci avec son ami Stephan Labude (spécialiste de G.E. Lessing). C'est sans compter sans son suicide (balle dans la tête), tout ça parce que sa femme Leda le trompe. (Ce que c'est que de vivre dans un siècle romantique).
Cette impression romantique est en opposition totale avec le milieu berlinois de l'époque. C'est ce qui fait la force du livre. La première partie est une critique féroce de la République de Weimar, et du Berlin des années 30, lieu de toutes les débauches et de toutes les compromissions. Les deux compères vont de bordels en maisons de passe, toutes aussi sordides où les femmes sont souvent là parce qu'il faut bien manger. On découvre même, à travers Irene Moll, un bordel d'hommes, où les femmes viennent assouvir leurs envies. Il y a aussi ces établissements où des demeurés, voire carrément des aliénés, se produisent, à la grande joie du public.
L'ensemble me fait beaucoup penser à ces tableaux du groupe de peinture de « La Nouvelle Objectivité » (Neue Sachlichkeit) apparu en Allemagne dans les années 20, avec en particulier Otto Dix, George Grosz, Rudolf Schlichter et Hans Grundig. Directement issus du mouvement Dada, et surtout sortis de l'enfer de la Grande Guerre (cf les premiers tableaux de Otto Dix), ils décrivent très bien l'ambiance des bordels berlinois, avec ces femmes quasiment nues et obscènes, devant un parterre, souvent de notables, universitaires (avec balafre – on se battait encore au sabre) et anciens officiers.
Donc un milieu berlinois en pleine crise. Latude est au chômage, Fabian perd son travail. le mari de Irene Moll, avocat richissime, s'enfuit à l'étranger. Latude remet son travail d'érudit, il est rejeté, d'où son suicide. Fin de l'épisode. Comment pouvait on travailler sur l'Aufklärung dans lequel Dieu n'a pu créer que « le meilleur des mondes possibles » pendant cette République de Weimar où tout s'écroule ? (D'où l'intérêt de bien savoir choisir son sujet de thèse).
Il y a aussi les luttes internes à la société « Des prolétaires en uniforme, coiffés de casques à mentonnière, attendaient des prolétaires en civil ». Ouvriers plus ou moins communistes contres ouvriers, luttes avec leur lots de coups de feu, blessés (que les deux compères secourent également).
Et dans tout ce tourbillon, il y a 2 ou 3 femmes (sans compter pour Fabian, sa logeuse et sa mère). Irene Moll, la première que l'on rencontre dans le livre. Mariée à un très riche avocat, elle a dans son contrat de mariage la possibilité de ramener qui elle veut chez elle, s'il convient au mari. Manque de chance, la voilà qui tombe amoureuse de Fabian, et que son mari la quitte. Il y a Leda, fiancée à Stefan, mais qui drague un peu n'importe qui ou quoi. Et enfin il y a Cornélia, mariée également, avec grande limousine à chauffeur (un poil indiscret). Serait ce enfin la révélation de l'amour pour Fabian ? il est surprenant que les deux compères, à la morale plus aérienne, aient finalement beaucoup de compassion envers les autres gens (scène du cendrier volé par une gamine, pour l'anniversaire de son père, que Fabian prend en charge –le cendrier, pas le père). Ou bien cet inventeur rencontré, qui va loger chez Fabian (y compris dan son armoire) parce qu'il n'a plus de toit.
On sort du livre quelque peu sonné. La débauche berlinoise parait autant une manifestation de l'après guerre que celle d'une société post-dépression boursière. On est juste après la grande période inflationniste de Weimar, avec des taux qui progressent de 1000 milliards de fois en 23. A l'époque du livre, l'inflation est vaincue, mais il n'y a plus grand-chose à acheter, du moins pour une certaine classe. L'expressionniste, pas mal décapité durant la guerre avec la mort de Franz Marc, survit encore avec les poètes Gottfried Benn (« le Ptoléméen » (95, Gallimard, 228 p.) ou « Double vie » (54, Editions de Minuit, 196 p.) et Hugo Ball (« Tenderenda, le fantasque » (05, Éditions Vagabonde, 30 p.). Les peintres se remettent des horreurs de la guerre (Otto Dix, George Grosz) avant d'attaquer les peintures crues des bordels. Mais les groupes se déplacent vers Vienne avec Oskar Kokoschka, Gustav Klimt et Egon Schiele. L'expressionnisme part de Bavière et éclate en diverses écoles dont Berlin et Vienne.
Quant au roman… Il y a bien sûr la grande fresque post 18 avec « Novembre 1918. Une révolution allemande », en 4 tomes (Bourgeois et soldats, Peuple trahi, Retour du front, Karl & Rosa) » de Alfred Döblin (initialement chez Viviane Hamy pour les 3 premiers tomes ; puis chez Agone en 4 tomes, soit 480+512+592+732 = 2332 pages). Cela commence avec les derniers jours des allemands en Alsace, puis le Berlin de la misère, des profiteurs de la guerre, et des bourgeois totalement insouciants, avant d'en arriver à la fin du rêve avec Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht. Il y a aussi les descriptions de la vie berlinoise avec le monumental « Alexander Platz » (09, Gallimard, 464 p.) ou la triste vie de Franz Biberkopf. Et encore le « A Berlin » de Joseph Roth (03, Anatolia 203 p.). Il est vrai que ses descriptions des bains publics, des gueules cassées et des cadavres dans les morgues laissent pantois. C'est un des premiers aussi à dépeindre l'industrie naissante du spectacle avec ses cabarets plus ou moins interlopes. de par son origine juive de Galicie, aujourd'hui Ukraine, il a aussi assisté à l'arrivée des émigrants juifs, pauvres. Un des rares auteurs allemands de cette époque a avoir déjà dénoncé la montée du nazisme. A signaler de ce même Joseph Roth, la sortie de petits textes « Fraises » dans les Carnets de l'Herne.
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Berlin sous la République de Weimar . Fabian promène son regard désabusé sur une société en décomposition ,on pense à « L'ange Bleu » mais aussi au désespoir souriant de la « Dolce Vita » . Au bord du gouffre , il s'accroche à l'amante , à l'ami , fragiles soutiens qui cèdent un par un ,cependant que sur les murs s'étend la floraison sinistre des croix gammées . Car le désespoir social est la véritable fabrique du monstre, ce fut vrai dans le passé ,ce pourrait l'être encore dans notre futur . Dans ce grand livre la voix d'outre-tombe de Kästner nous prévient .
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vers 1930, dans Berlin décadent traînent Fabian et son ami Labude.
Les deux hommes brisés par la première guerre,cultivés, cyniques èrent dans les rues de la capitale.
Ils participent aux plaisirs faciles, aux soirées extravagantes, côtoient la misère et l'angoisse.
Le héros Fabian , chômeur, moraliste , épris de justice et capable de tendresse reste lucide et desespèré. Il se révèle incapable d'agir dans cette société fondée sur l'hypocrisie et l'égoïsme.
Dans ce monde superficiel, violent et noir couve le drame.
"Vers l'abîme " roman autodafé par les nazis en 1933, est un livre passionnant , poétique , à découvrir
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Merci aux Editions Anne Carrière et à Babelio, via sa Masse Critique, de m'avoir fait découvrir non seulement ce livre mais, également, cet auteur.

A noter que ce roman, écrit en 1931, a d'abord été censuré à sa parution, descendu par la critique à sa sortie et, finalement, brûlé dans les autodafés nazis. le voici, enfin, à nouveau ré-édité en 2016.

Le héros principal voit, au fil des pages, son pays, tout comme sa vie, partir en miettes: le chômage, le manque d'argent et de nourriture, les conflits politiques, etc. ternissent son quotidien et celui de la population entière.

Personnage moraliste, à la fois spectateur mais aussi acteur et observateur, Jakob Fabian assiste à la perte des valeurs éthiques de la société dans laquelle il vit; dressant un tableau sombre, non seulement de son avenir personnel mais, également, de cette Allemagne qui se dirige lentement et sûrement "Vers l'abîme".

Bien sûr, ce roman se veut une satire mais pas uniquement. Certes, l'auteur exagère ses propos, versant parfois dans l'excès et la caricature mais le tout se révèle magnifiquement construit et abouti.

La plume est adroite, juste et efficace. le style, tantôt caustique tantôt poétique, emporte le lecteur dans une valse frénétique, de page en page, avec l'envie de connaître le sort de ce héros (néanmoins) sympathique.

Autant dire que je suis entièrement conquise par ma lecture qui, sans spoiler, se termine de manière abrupte et ironique, tellement en ligne avec le style de l'auteur.

Bref, mille mercis encore aux Editions Anne Carrière et à Babelio!!!

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Bien, mais encore? Vers l'abîme, titre a postériori... C'est bien de ressentir une époque malheureuse, mais en rester là, c'est discutable. Toutefois, le personnage principal est beaucoup plus profond qu'il en a l'air. A découvrir.
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Erich Kästner est plus connu du grand public pour ses oeuvres de littérature jeunesse ("Emile et les détectives", "Deux pour une", "Le 35 mai"...) mais il exprimait ses opinions dans d'autres ouvrages bien plus subversifs, au point de faire partie de ceux dont les livres ont été brûlés lors des sinistres autodafés de 1933. Dans "Vers l'abîme", Kästner dresse un portrait au vitriol de la société allemande de 1931, soit deux ans avant l'accession d'Hitler au pouvoir. Par le prisme du regard de Jakob Fabian, jeune homme ultra diplômé, mais qui peine à garder un emploi à cause de son sarcasme, le lecteur a un panorama de l'Allemagne de la fin des années Weimar. Chômage, sexualités exacerbées, jalousies mesquines, misère, faim de tout, luttes politiques... Certains passages résonnent de manière particulièrement violente dans l'esprit d'un lecteur d'aujourd'hui car ils font un écho saisissant à la dégradation actuelle de notre propre société... et nous donnent à craindre le pire pour l'avenir.
Fabian est employé dans une agence de publicité. Son audace, aussi bien comportementale que professionnelle, le met à mal aux yeux de son patron. Il vit dans une modeste chambre meublée et vit pleinement sa sexualité. Son seul ami, avec lequel il partage le même point de vue sur cette société délétère (voir les scènes hilarantes où ils choquent la bonne bourgeoisie dans les bus), est un universitaire. On pourrait trouver Fabian cynique mais il ne l'est pas : il aide une enfant en difficulté dans un magasin, montre beaucoup d'amour pour sa mère et tombe amoureux d'une jeune fille qu'il croit naïve. Il a encore espoir. Mais ses expériences tournent mal. Les personnages qui gravitent autour de lui, à l'exception de Labude, sont tous complètement pervertis et corrompus. Et ce sont eux qui s'en sortent...
Dire que ce livre m'a glacée n'est pas exagéré. Certaines phrases auraient pu être écrites aujourd'hui. Europe vieillissante, au système de valeurs désormais inadéquat face à la violence du monde... Que le plus grand nombre lise cet ouvrage pour un dernier sursaut de lucidité !
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