Aucun amour ne survit au mutisme. (p.105)
L'amitié est indispensable à l'homme pour le bon fonctionnement de sa mémoire. Se souvenir de son passé, le porter toujours avec soi, c'est peut-être la condition nécessaire pour conserver, comme on dit, l'intégrité de soi. (p.61)
Le regard de l'amour est le regard de l'esseulement.. (p.53)
Il aime raconter que dans la littérature des années vingt, en Allemagne ou je ne sais où, il y avait un courant de poésie du quotidien. La publicité, selon lui, réalise a posteriori ce programme poétique. Elle transforme les simples objets de la vie en poésie. Grâce à elle la quotidienneté s'est mise à chanter. (p.39)
Or, notre siècle nous a fait comprendre une chose énorme : l’homme n’est pas capable de changer le monde et ne le changera jamais. C’est la conclusion fondamentale de mon expérience de révolutionnaire. Conclusion d’ailleurs acceptée tacitement par tous. Mais il y en a une autre qui va plus loin. Elle est théologique et elle dit : l’homme n’a pas le droit de changer ce que Dieu a créé. Il faut aller jusqu’au bout de cette interdiction.
“La douleur qu’il éprouve n’aspire pas à se faire calmer, au contraire, elle veut exacerber la plaie et la porter comme on porte, à la vue de tous, une injustice.”
“Par ta mort, tu m’as privée du plaisir d’être avec toi, mais en même temps tu m’as rendue libre. Libre dans mon face-à-face avec le monde que je n’aime pas. Et si je peux me permettre de ne pas l’aimer, c’est parce que tu n’es plus là. Mes pensées sombres ne peuvent plus t’apporter aucune malédiction.”
ne pense pas que je ne t’aime pas ou que je ne t’ai pas aimé, mais c’est précisément parce que je t’ai aimé que je n’aurais pu devenir celle que je suis si tu étais toujours là.
Elle ne voulait plus embrasser le monde. Elle ne voulait plus le monde.
Comment peut-on souffrir de l’absence de celui qui est présent ? (Jean-Marc saurait répondre : on peut souffrir de nostalgie en présence de l’aimé si on entrevoit un avenir où l’aimé n’est plus ; si la mort de l’aimé, invisiblement, est déjà présente.)