Que ce soit chance ou malchance d'être née sur cette terre, la meilleure façon d'y passer la vie est de se laisser porter, comme moi en ce moment, par une foule gaie et bruyante qui avance.
Seule une très grande intelligence est capable d'insuffler un sens logique aux idées insensées.
On peut se reprocher un acte, une parole prononcée, on ne peut se reprocher un sentiment tout simplement parce qu'on a aucun pouvoir sur lui.
D'emblée, la situation immémoriale d'une femme pourchassée par un homme est là et le fascine.
Aucun amour ne survit au mutisme.
Car l'amitié vidée de son contenu d'autrefois s'est transformée aujourd'hui en un contrat d'égards réciproques, bref, en un contrat de politesse.
Il est intelligent. Logique comme un bistouri. Il connaît Marx, la psychanalyse, la poésie moderne. il aime raconter que dans la littérature des années vingt, en Allemagne ou je ne sais où, il y avait un courant de poésie du quotidien. La publicité, selon lui, réalise à postériori ce programme poétique. Elle transforme les simples objets en poésie. Grâce à elle la quotidienneté s'est mise à chanter.
Il est impoli de demander à un ami une chose qui pourrait le gêner ou lui être désagréable.
Je dirais que la quantité d'ennui , si l'ennui est mesurable , est aujourd'hui beaucoup plus élevé qu'autrefois . Parce que les métiers de jadis ,au moins pour une grande part , n'étaient pas pensables sans un attachement passionnel :les paysans amoureux de leurs terres ; les cordonniers qui connaissaient par cœur les pieds de tous les villageois ; les forestiers ; les jardiniers ; je suppose que même les soldats tuaient alors avec passion . le sens de la vie n'était pas une question , il était avec eux , tout naturellement ,dans leurs ateliers , dans leurs champs . Chaque métier avait créé sa propre mentalité sa propre façon d'être . Un médecin pensait autrement qu'un paysan , un militaire avait un autre comportement qu'un instituteur . Aujourd'hui , nous sommes tous pareils , tous unis par la commune indifférence envers notre travail . Cette indifférence est devenue passion , la seule grande passion collective de notre temps .
Mais contre les sentiments personne ne peut rien, ils sont là et ils échappent à toute censure. On peut se reprocher un acte, une parole prononcée, on ne peut se reprocher un sentiment tout simplement parce qu’on n’a aucun pouvoir sur lui.