AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

François Ricard (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782070411764
219 pages
Gallimard (22/02/2000)
3.62/5   462 notes
Résumé :
Car tel est bien l'amour de Jean-Marc et Chantal : un espace aménagé en marge du monde, à l'écart de la vie, contre la vie, en fait, et donc " une hérésie, une transgression des lois non écrites de la communauté humaine ".
François Ricard

Autre présentation:
Confondre l'apparence physique de l'aimée avec celle d'une autre. Combien de fois il a déjà vécu cela ! Toujours avec le même étonnement : la différence entre elle et les autres est-... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 462 notes
Kundera utilise une banale histoire d'amour et ses banals doutes pour nous interroger sur l'identité.
L'identité de celui que l'on aime.
L'aimerait-on de la même façon s'il était différent ? Aimerait-on autant quelqu'un qui lui ressemblerait en partie ? L'aimera-t-on encore quand le temps l'aura changé ? C'est ce type de questions qui harcèlent Jean-Marc, le personnage masculin principal, à propos de Chantal. Mais Chantal fait naître aussi des interrogations : aime-t-on l'autre pour ce qu'il est ou pour ce qu'on imagine à son sujet ?
Alors, quelle est notre identité réelle ? Sommes-nous ce que nous voulons être ? Sommes-nous ce que nous prétendons être ? Jean-Marc se dit marginal et anticonformiste. Il vit au crochet de sa femme, dans le confort. Chantal, pour sa part, a l'impression d'avoir deux visages : dans le privé, elle est sympathique, ouverte, anticonformiste également ; au bureau, elle se plie au protocole de sa boîte de pub, où l'efficacité froide prime sur l'humain, où l'on sourit à tous, même si on souhaiterait en tuer la moitié.
Ce roman est attachant surtout pour ces questionnements dans lesquels il nous entraîne sans lourdeur. Ce ne sont pas de grandes envolées philosophiques, mais des dialogues, des situations qui posent les sujets et apportent des réponses, propres à chaque personnage. Aucune de ces réponses n'est définitive, assenée comme LA grande vérité. Elles ressemblent plus à des invitations à chercher nos propres réponses.
Le style, quant à lui, n'est pas désagréable à lire, mais on sent qu'il n'est qu'un outil pour véhiculer des idées, faire avancer l'intrigue (car il y en a une, et on veut savoir jusqu'où iront les deux personnages dans leur quête de leur véritable identité et dans leur rejet des autres identités qu'on leur prête ou qu'ils se sont inventés). Il n'y a donc pas de chaleur ni de poésie dans l'écriture, mais une efficacité à conduire son sujet et à nous entraîner derrière lui qui, finalement, nous fait passer un bon moment. Mais un moment troublant. Comme sont troublants les doutes que l'on peut concevoir sur soi-même.
Commenter  J’apprécie          401
Une fois encore j'ai été dérouté par l'écriture de Kundera. Un babéliote m'a dit et c'est tout à fait vrai, que Kundera est un auteur à tiroirs et qu'il y avait toujours quelque chose à découvrir dans ses livres, qu'il ne raconte pas à proprement parler une histoire et que pour lui c'était une découverte à chaque page. Il ajoutait que ce n'était pas un auteur qu'il recommandais. Je le rejoins sur tous ces points c'est vrai que Kundera à une écriture atypique qui déroute mais qu'il vaut la peine d'être lu.
Commenter  J’apprécie          400
Une histoire intellectuellement complexe. Les personnages se posent des questions, beaucoup de questions. Ce monde de Kundera que je découvre pour la première fois me semble chargé, pesant, étranger à toute spontanéité mais pourtant authentique et fondé. Une illustration de ces trois visages qui sont les nôtres : celui que nous faisons voir, celui que nous pensons avoir et celui qui est vraiment le nôtre ; tout cela pétrit des petits secrets qui nous habitent et que nous ne laisserons jamais sortir de la chape dont nous les couvrons, bref notre identité...
Vient se greffer par-dessus une histoire abracadabrante qui n'est finalement, ou peut-être, qu'un cauchemar dont on ne sait pas vraiment à quel moment il commence dans le fil de ce roman.
Ce jour là, j'ai acheté deux romans de Kundera. Je sens que je vais avoir du mal à me décider à lire le second…
Commenter  J’apprécie          357
Un homme, une femme… Chabadabada, chabadabada… Ah non. Ça c'est Lelouch. Ici, c'est Kundera

Néanmoins, il s'agit bien ici d'un homme et d'une femme. En l'occurrence, Jean-Marc et Chantal, mari et femme pour le meilleur et pour le pire. Et le pire pour Chantal se résume dans une simple déclaration : « Les hommes ne se retournent plus sur moi… ». Aurait-elle autant changé ?
Peut-on aimer l'autre tel qu'il est (devenu) ou tel qu'il était, ou qu'on pense qu'il était, ou tel qu'il se montrait ? Et si à la longue, on finissait par ne pas le (la) reconnaitre, notamment sur une plage où on est sensé se retrouver…
« l'identité »… « l'identité de l'individu est, en psychologie sociale, la reconnaissance de ce qu'il est, par lui-même ou par les autres. » (Wikipédia). Et si l'observateur, du fait unique de son observation, venait modifier « l'identité » de l'observé ; de l'observée, on l'occurrence ? Cette expérience, Jean-Marc va la vivre en vraie grandeur… Jusqu'au cauchemar…

Après avoir tant apprécié, il y a bien longtemps, « L'insoutenable légèreté de l'être », je suis peut-être un peu déçu par ce petit « roman », et rempli de questionnements… Mais comment pourrait-il en être autrement quand un livre de 165 pages ne contient pas moins de 230 points d'interrogation ?

Malgré tout, un Kundera reste un Kundera et n'est jamais « léger », tant par la qualité de la prose (« l'identité » a été rédigé en français) que par le questionnement métaphysique.
Commenter  J’apprécie          320
Quelle belle surprise, que ce livre!

Pioché un peu au hasard dans ma bibliothèque, un jour où je n'avais plus réellement de lecture en vue et où je me sentais l'âme à me cultiver.
J'ai donc choisi Kundera. L'identité. Un thème que j'aime, que je pratique, que j'enseigne.

Tout d'abord: ce que le français est beau, manié par un auteur d'origine étrangère. On oublie, parfois, sa beauté simple.

Jean-Marc et Chantal, mari et femme, doivent se retrouver en bord de mer. Mais ils se ratent. Il devait la rejoindre mais ne la retrouve pas, parmi les passants. Pire, il croit la reconnaître, court vers elle, s'imagine un instant la perdre et, au comble d'une angoisse fugitive, se rend compte, à quelques mètres d'elle, que ce n'est pas elle. Hésitation. Que se passerait-il si il ne La reconnaissait plus? Si Elle devenait une autre, au propre comme au figuré?
Plus tard, en voulant la rassurer sur le fait qu'elle plaît encore aux hommes, il va finir malgré lui par la tester. Tel sera pris qui croyait prendre.

A force de s'aimer et de penser se connaître, ils vont aller de malentendus en quiproquos. Et le surréalisme va se mêler au réel.


Commenter  J’apprécie          240

Citations et extraits (99) Voir plus Ajouter une citation
Je dirais que la quantité d'ennui , si l'ennui est mesurable , est aujourd'hui beaucoup plus élevé qu'autrefois . Parce que les métiers de jadis ,au moins pour une grande part , n'étaient pas pensables sans un attachement passionnel :les paysans amoureux de leurs terres ; les cordonniers qui connaissaient par cœur les pieds de tous les villageois ; les forestiers ; les jardiniers ; je suppose que même les soldats tuaient alors avec passion . le sens de la vie n'était pas une question , il était avec eux , tout naturellement ,dans leurs ateliers , dans leurs champs . Chaque métier avait créé sa propre mentalité sa propre façon d'être . Un médecin pensait autrement qu'un paysan , un militaire avait un autre comportement qu'un instituteur . Aujourd'hui , nous sommes tous pareils , tous unis par la commune indifférence envers notre travail . Cette indifférence est devenue passion , la seule grande passion collective de notre temps .
Commenter  J’apprécie          131
Ce n'est pas un parfum de rose, immatériel, poétique, qui passe à travers les hommes, mais les salives, matérielles et prosaïques, qui, avec l'armée des microbes, passent de la bouche de la maîtresse à celle de son amant, de l'épouse à son bébé, du bébé à sa tante; de la tante, serveuse dans un restaurant, à son client dans la soupe duquel elle a craché, du client à son épouse, de l'épouse à son amant et de là à d'autres et d'autres bouches si bien que chacun de nous est immergé dans une mer de salive qui se mélangent et font de nous une seule communauté de salives, une seule humanité humide et unie.
Commenter  J’apprécie          120
L'invention d'une locomotive contient en germe le plan d'un avion qui, inéluctablement, mène vers une fusée cosmique. Cette logique est contenue dans les choses elles-mêmes, autrement dit, elle fait partie du projet divin. Vous pouvez échanger complètement l'humanité pour une autre, n'empêche que l'évolution qui mène du bicycle vers la fusée demeurera intacte. De cette évolution l'homme n'est pas l'auteur, seulement un exécutant. Et même un pauvre exécutant puisqu'il ne connaît pas le sens de ce qu'il exécute. Ce sens, il ne nous appartient pas, il n'appartient qu'à Dieu et nous ne sommes ici que pour lui obéir afin qu'il fasse ce qu'il lui plaît.
Commenter  J’apprécie          100
Il aurait beau lui dire qu'il l'aime et la trouve belle, son regard amoureux ne pourrait la consoler. Parce que le regard de l'amour est le regard de l'esseulement. Jean-Marc pensait à la solitude de deux vieux êtres devenus invisibles aux autres: triste solitude qui préfigure la mort. Non, ce dont elle a besoin, ce n'est pas d'un regard d'amour, mais de l'inondation des regards inconnus, grossiers, concupiscents et qui se posent sur elle sans sympathie, sans choix, sans tendresse ni politesse, fatalement, inévitablement. Ces regards la maintiennent dans la société des humains. Le regard de l'amour l'en arrache.
Commenter  J’apprécie          80
La jalousie le saisit, énorme et douloureuse, non pas la jalousie abstraite, mentale, qu’il a éprouvée quand, devant l’armoire ouverte, il se posait la question toute théorique de la capacité de Chantal à le trahir, mais la jalousie telle qu’il l’avait connue dans sa jeunesse, la jalousie qui transperce le corps, qui l’endolorit, qui est insupportable. Il imagine Chantal se donnant aux autres, obéissante et dévouée, et il ne peut plus tenir. Il se lève et court vers la maison.
(p.189)
Commenter  J’apprécie          100

Videos de Milan Kundera (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Milan Kundera
Comment résumer le parcours et l'oeuvre de Milan Kundera, immense écrivain qui a traversé l'histoire européenne du XXe siècle ? La documentariste Jarmila Buzková et l'autrice Frédérique Leichter-Flack évoquent cette figure majeure de la littérature, de Prague à Paris.
#milankundera #litterature #bookclubculture
____________ Venez participer au Book club, on vous attend par ici https://www.instagram.com/bookclubculture_ Et sur les réseaux sociaux avec le hashtag #bookclubculture
Retrouvez votre rendez-vous littéraire quotidien https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrqL4fBA4UoUgqvApxm5Vrqv ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/bienvenue-au-book-club-part-2
Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
+ Lire la suite
Dans la catégorie : Littérature tchèqueVoir plus
>Littératures indo-européennes>Balto-slaves : Bulgare, macédonienne, serbo-croate>Littérature tchèque (42)
autres livres classés : littérature tchèqueVoir plus
Notre sélection Littérature française Voir plus




Quiz Voir plus

Milan Kundera

Presque tous les romans de Kundera comportent le même nombre de parties : quelle est la structure type de ses romans ?

3 parties
5 parties
7 parties

10 questions
127 lecteurs ont répondu
Thème : Milan KunderaCréer un quiz sur ce livre