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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Larmes blanches est un roman aussi étrange que surprenant. La quatrième de couverture et la lecture des premières pages ne sauraient dire à quel point cette histoire est inclassable.

Le récit d'Hari Kunzru est aussi méticuleux que nébuleux, son style aussi travaillé que filandreux. Déstabilisant, pour le moins, mais c'est clairement une volonté de l'auteur.

Il est parfois aisé de parler d'une lecture. Celle-ci me donne un peu de fil à retordre, à l'image de la lecture, qui n'a pas été d'un parcours aisé. Il faut dire que le trajet n'est pas, comme souvent, balisé et qu'il laisse une large part à l'interprétation avant de pouvoir appréhender le fin mot de l'histoire.

Cette amitié, entre un sans-le-sou asocial et un héritier qui refuse son statut de caste, réserve bien des surprises. Elle est improbable, à l'image de l'intrigue, et pourtant on s'y attache. du moins si on a l'esprit ouvert à l'irrationnel et qu'on aime lire entre les lignes.

Larmes blanches a plusieurs niveaux de lectures, mieux vaut avoir l'envie de naviguer entres les flux narratifs qui s'entrechoquent. Ce fut mon cas, même si parfois les circonvolutions de l'auteur m'ont perdu en route, trop quelquefois. Un chemin recouvert de chausse-trappes que j'ai pourtant aimé parcourir.

Il faut dire que le début du roman m'a appâté, moi l'amateur de musique. Les deux personnages principaux sont obsédés par leur passion, bien au-delà de l'excitation normale envers un art. Obnubilés par leur collectionnite aiguë (d'albums comme de sons divers), ils vont peu à peu perdre pied. L'étrangeté du récit va vite les engloutir (et le lecteur avec).

Si vous recherchez un livre linéaire, facile à suivre, sans trop demander d'efforts, passez votre chemin. Appréhender et comprendre Larmes blanches se mérite. D'autant plus qu'Hari Kunzru est allé très loin dans ses recherches et que le propos « musical » est souvent très pointu.

Cette singularité est un réel atout, même si l'écrivain a eu parfois eu tendance à se perdre dans son excentricité narrative, à mon sens. Mais les concepts frappent l'esprit, au fil de la compréhension de cette sombre intrigue. Il faut parfois savoir s'égarer pour mieux comprendre.

Ce récit de blancs obsédés par la musique noire, va bien au-delà de ce qu'on pourrait imaginer. Il est question d'appropriation, de classes. Et de tant d'autres sujets non divulgables ici.

Hari Kunzru est un auteur étonnant, comme l'est son roman noir, Larmes blanches. Un voyage à l'aveugle dans le monde des sons. Un périple par les mots dans l'univers de la musique noire et de ce qu'elle représente réellement.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Larmes blanches de Hari Kunzru m'a été envoyé par J.-C. Lattès et net galley.
Comme souvent, je l'ai demandé sans regarder le résumé, juste car je trouvais la couverture surprenante.
Le contenu est tout aussi surprenant que la couverture :)
C'est un roman dont je vais avoir du mal à vous parler !
Deux amis que tout opposent, mais dont l'amitié est pourtant forte. La musique est très présente tout au long du roman. C'est un roman noir, une histoire d'amitié, mais pas seulement, on a du fantastique dans cet ouvrage.
Bref, un Objet Littéraire Non Identifié comme on on lit parfois.
Je vais vous laisser la surprise de la lecture, en espérant qu'il ne vous perde pas trop car je dois avouer que parfois je me suis un peu perdue. Un OLNI c'est bien, mais il peut arriver que l'on se perde dans les méandres de l'histoire non conventionnelle.
J'ai aimé ce livre, sans avoir de coup de coeur, mais je le recommande et je lui mets quatre étoiles :)
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Toute la musique qu'ils aiment, elle vient de là, elle vient du blues... Larmes blanches est l'histoire de l'obsession de deux jeunes américains pour le son parfait et la musique la plus pure qui soit, à savoir celle du blues des origines. le livre de Hari Kunzru, dont on connait la splendeur du style, débute de façon plutôt classique avec une narration conduite par Seth, l'un des deux garçons, le moins riche, le moins séducteur, le plus loser du duo. le jour où ils s'amuseront à créer un faux morceau de vieux blues et le balanceront sur la toile sera le premier d'une déchéance et d'un aller simple vers l'enfer. Un temps, le roman tient parfaitement la note, se réinventant en thriller bien noir. C'est palpitant et toujours extrêmement documenté au rayon musical. Et puis c'est le drame. Tout bascule dans la dernière partie du livre dans un halo cauchemardesque et paranoïaque où les couches temporelles se télescopent. Larmes blanches devient un film d'horreur, opaque, pour illustrer une vengeance d'outre-tombe. Fallait-il cette lourde symbolique pour illustrer le thème de l'appropriation de la culture noire par les blancs ? Peut-être pas mais même en perdant un peu notre attention dans les dernières pages, le roman de Hari Kunzru est le plus souvent captivant par les thèmes qu'il développe, l'érudition qu'il montre et le rythme qu'il impose.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Hari Mohan Nath Kunzru, né à Londres en 1969, est un écrivain et journaliste anglais. D'origine anglaise et indienne (Cachemire), Kunzru a grandi dans l'Essex. Il a fait ses études à Oxford et obtenu un Master of Arts en philosophie et littérature à l'Université de Warwick. Il a travaillé comme journaliste depuis 1998, écrivant pour des journaux tel que The Guardian et The Daily Telegraph. Il a été correspondant pour le magazine Time Out, et a travaillé comme présentateur TV, faisant des interviews pour une chaîne anglaise. Un premier roman en 2003 et Larmes blanches, son cinquième qui vient de paraître.
« Carter et Seth, âgés d'une vingtaine d'années, appartiennent a des mondes opposés. le premier est l'héritier d'une grande fortune américaine, l'autre est sans le sou, introverti. Ils forment un tandem uni par une passion commune, la musique, qu'ils écoutent dans leur studio. Seth, obsédé par le son, enregistre par hasard un chanteur de blues inconnu dans Washington Square. Carter, enthousiasmé par la mélodie, l'envoie sur Internet, prétendant que c'est un disque de blues des années 20, un vinyle perdu depuis longtemps, oeuvre d'un musicien obscur, Charlie Shaw. Lorsqu'un vieux collectionneur les contacte pour leur dire que leur faux musicien de blues a réellement existé, Seth accompagné par Leonie, la soeur de Carter, partent dans le Mississipi sur les traces de ce personnage. »
Il y a des bouquins qui vous vont droit au coeur dès les premières pages et dont vous savez quasi immédiatement que vous ne vous en séparerez jamais, pépites secrètes de votre bibliothèque. Larmes blanches est de ces livres.
Le début du roman m'a fait penser à un film (Blow Out de Brian de Palma avec John Travolta) et un autre roman (Haute Fidélité de Nick Horny) : Seth enregistre des sons dans les rues, au hasard de ses promenades et en réécoutant attentivement ses bandes, il va s'engager en terrain miné… Carter, lui, est un fou de blues, monomaniaque toujours en quête de disques rares (78 tours), hyper calé sur les références et les musiciens les plus obscurs. Rien que ce début m'a mis en transes pour des raisons personnelles (je suis moi aussi amoureux de blues et j'ai moi aussi connu à une époque ce genre de recherches mais à un niveau moindre néanmoins).
La suite du roman se complique nettement et risque de faire fuir certains lecteurs potentiels car s'il ne s'agit pas d'un roman classé « fantastique/surnaturel », il s'appuie pourtant sur un cas de possession, dans le sens psychiatrique du terme, avec une finalité de vengeance posthume. Bien entendu je ne m'étendrai pas sur ce point essentiel, au coeur de la forme narrative adoptée par l'auteur. Sachez quand même qu'elle offre surprises, mystères, incompréhensions intrigantes et toute la gamme de prise de tête pour le lecteur qui ne sait plus très bien où il est (à New York ou dans le Mississipi), ni à quelle époque (aujourd'hui ou dans les années 20)… Etourdissant quand on aime ce genre, saoulant quand on n'adhère pas. Pour ce qui est du fond du roman, Hari Kunzru traite de la culture Noire pillée par les Blancs et donc du racisme.
Si j'ai adoré ce roman, je comprendrais très bien qu'il ne fasse pas l'unanimité.
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Merci à Babelio - via sa Masse Critique - et aux Editions JC Lattès de m'avoir fait parvenir cet ouvrage et, par la même occasion, de découvrir Hari Kunzru.

Cette plume est incroyable! D'une part, jamais je n'ai rencontré un auteur capable de si bien décrire des sons par les mots, on croirait presque entendre la mélodie et, d'autre part, le style et la forme de l'auteur sont si fluides que c'est un réel bonheur de le lire.

L'histoire est également réellement intéressante, avec plusieurs thématiques magnifiquement abordées : évidemment, d'abord la musique, mais également les liens familiaux et amicaux, la différence de classes sociales dans la société blanche newyorkaise, le racisme et le ségrégationnisme, etc.

Hari Kunzru parvient, de cette manière, à nous plonger dans la vie de Carter, Seth et du musicien obscur Charlie Shaw; son livre devenant, pour moi, un vrai pageturner et peinant à le reposer.

J'étais sur le point de lui attribuer un coup de coeur mais, malheureusement, les cinquante dernières pages sont venues - légèrement - gâcher mon plaisir. En effet, j'ai trouvé ces dernières relativement brouillons et peu en ligne avec le reste du récit.

Néanmoins, Hari Kunzru est, à mes yeux, un très grand auteur que je suis ravie d'avoir découvert et dont, sans nul doute, je suivrai la trace.

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Une couverture psychédélique, une larme au centre, des sillons noirs qui ressemblent à ceux des vinyles... Hari Kunzru, célèbre plume de la critique musicale britannique, nous propose un roman très singulier sur - notamment - l'appropriation par les Blancs de la musique noire. Ni contemporain, ni historique, ni thriller, ce livre ressemble fortement à un roman noir, très noir.

Son sujet principal ravira les passionnés de musique. Nous suivons en effet deux amis musiciens qui sont à la recherche permanente du son, du bon son. le roman est truffé de références musicales (McKinney's Cotton Pickers, Cab Calloway, Harlem Hamfats et bien d'autres). C'est une ode au son, à la musique. Plus particulièrement à la musique noire, créée par des chanteurs Noirs anonymes tombés dans l'oubli. Ce blues qui faisait partie de leur identité a été pillé par des collectionneurs Blancs en quête de sensations, de frissons.

Mais Larmes blanches va encore plus loin que ça. Quête identitaire, immersion dans un passé sombre et dangereux, et dans un présent bobo de jeunes Blancs New-Yorkais collectionneurs de vieux disques. La réalité et le fantastique se mêlent, illusion, rêves et cauchemars se côtoient. Vous l'aurez compris, Larmes blanches est un roman particulier, mais captivant. On veut savoir ce qu'il va arriver à Seth et à Carter, amis unis par la musique, et aspirés tous deux dans une spirale infernale à cause d'un blues fredonné par un inconnu :

"Oh oui vraiment un jour j'm'achèterai un cimetière.

C'était une voix magnifique, assez haute, avec quelque chose de rauque quand elle était poussée, comme sur le "vrai" de "vraiment" que le chanteur décomposait en trois notes, celle du milieu montant dans l'aigu en bourdonnement perçant.

Oh oui vrai-ai-ai-ment, j'vais m'acheter un cimetière
Et ce jour-là j'mettrai tous mes ennemis en terre" (page 25)

Seth, un jeune homme introverti, passionné de sons et d'électronique, passe la plupart de son temps à enregistrer des sons de la rue, autour de lui. Alors que Seth est issu d'une famille modeste, Carter lui, est son opposé : issu d'une famille aisée, cultivé, stylé, dans l'air du temps. La passion pour la musique noire des années 20 les unit. Ils fabriquent des sons dans leur studio d'enregistrement et ils rencontrent un certain succès. Un jour, en se promenant à Washington Square, Seth enregistre un chanteur Noir qui fredonne un blues sorti de nulle part : « Oh oui vraiment un jour j'm'achèterai un cimetière. Et ce jour-là, je mettrais tous mes ennemis en terre ». Seth et Carter vont enlever les sons environnants et le "modifier" jusqu'à produire l'effet d'une chanson authentique des années 20. Ce chant puissant va modifier le comportement de Carter jusqu'à l'obsession.

"Il fredonnait ça depuis des jours. Je l'avais entendu le passer en boucle, la voix a cappella chantant ses paroles mélancoliques et menaçantes. Un an plus tôt, elle n'aurait pas eu un tel impact sur lui. Elle était apparue au moment où il y devenait réceptif. Toute musique après la Seconde Guerre mondiale avait disparu de sa vie." (page 49)

Carter décide de diffuser ce morceau sur Internet en affirmant qu'un certain Charlie Shaw, un chanteur de blues oublié, en est l'interprète. le succès est immédiat et les collectionneurs prennent contact avec eux. Mais l'un d'entre eux retienne leur attention. Il semble connaître le véritable chanteur du morceau, Charlie Shaw...

" — Ils y croient. C'est dingue, non ? Nous l'avons fabriqué et ils croient que c'est authentique.
— Est-ce que c'est vraiment très malin ?
— Qu'est-ce que tu racontes ? C'est génial ! Ces connards pensent que cette musique a été enregistrée en 1928 alors que c'est nous qui l'avons créée. (...) Cette merveille est à nous !"
(page 93)

Dès l'instant où Seth et Carter s'approprient ce blues, les choses dérapent. Qui est Charlie Shaw ? A-t-il vraiment existé ? Seth, avec la soeur de Carter, part à la recherche de ce mystérieux Charlie Shaw et il ne s'imagine pas au départ à quel point ce passé ségrégationniste du Sud des Etats-Unis va le rattraper. La mécanique d'une vengeance brutale et violente se met en marche.

La réalité se mêle parfois au fantastique, le passé et le présent se mélangent, les faux-semblants s'accumulent, au point que ce morceau de blues risque de perdre les âmes des personnages à tout jamais.

"Quelque chose s'était agrippé à Carter et à moi, une vrille du passé, et si nous la détachions pas de nous, nous serions entraînés dans la mort et le silence." (page 175)

"(...) la voix de Charlie Shaw descend en piqué, ancienne, ensanglantée, violente, et c'est après moi qu'elle en a, c'est moi qu'elle veut débusquer tandis que je sombre, plus loin, encore plus loin, dans les ténèbres." (page 235)

Comme le dit Hari Kunzru dans le Point, "le racisme, ce sont des petites choses, des moments de flou et de malaise". Ici, l'auteur dénonce le racisme, l'appropriation violente par les Blancs du blues, et évoque ces artistes, chanteurs, poètes et musiciens, dont les noms sont tombés dans l'oubli.

"Nous avions vraiment le sentiment que notre amour de la musique nous apportait quelque chose comme le droit à être noir, mais avant d'arriver à New-York, nous avions appris à ne pas en parler." (page 31)

"Personne ne pouvait autant aimer cette musique et avoir en soi un gramme de racisme. Malgré tout, je me sentais plein de honte. Dire ce qu'il avait dit semblait indigne." (page 221)

En bref, Larmes blanches est un roman noir, sur fond de vengeance, dans lequel s'affrontent deux temps : le présent bobo, Blanc, collectionneur ; et le passé sombre, ségrégationniste du Sud des Etats-Unis. Hari Hunzru, en plus de nous livrer une véritable ode au son, dénonce l'appropriation violente par les Blancs de la musique noire, le racisme, l'esclavage, mais aussi le pouvoir de l'argent sur l'art et la création musicale. Ce roman est déroutant par sa temporalité et son style. Il mêle passé et présent, réel et fantastique. Cependant, il est captivant et si passionnant, que l'on a impression, en refermant le livre, d'avoir vécu une aventure littéraire hors du commun. Une prouesse remarquable.
Lien : http://lesmotsdejunko.blogsp..
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