Nul besoin, j'en suis assuré, d'explique à nos lecteurs pourquoi le premier article consacré ici à un moderne est une brève étude touchant l'art de Pierre Fauconnet. Les regrets qu'inspira la mort de se sensible artiste justifieraient, et au-delà, notre affectueux tribut d'admiration. Il n'est plus, ce beau peintre français que ses pairs saluaient déjà du titre de maître ; il nous quitta sans bruit, après avoir rêvé et créé. Le public l'ignorait; quelques intimes savaient seuls le chemin de l'humble atelier ou il travaillait en silence. Et, dans la fleur de son âge, il s'est éteint doucement.
L'art est un signe avant d'être un jeu. Peut-être est-ce là une vérité presque de tous les temps méconnue, non certes par les vrais artistes, - si rares - mais par la foule des gens de métier - si nombreuse ? La plupart, oubliant de se donner, n'ont pour but que la Curiosité.
Le poète Charles Vildrac a publié naguère un spirituel article intitulé l'Art couturier, titre à ce point heureusement choisi qu'il contient à la fois et son sens immédiat et son développement, qui sont de marquer l'effort de maints artistes actuels, de se révéler à chaque maison sous un aspect nouveau, comme si l'art obéissait à des fantaisies modales.